Gestes de base

5. Gestes de base



Le lapin 128


Le furet 135


Les Caviomorphes (cobaye, chinchilla, octodon) 141


Les Myomorphes (rat, souris, hamster, gerbille de Mongolie) 145


Les Sciuromorphes (chien de prairie, écureuil de Corée) 148



Le lapin



Ponction sanguine


On peut prélever au maximum 6 mL de sang sur un lapin de 1 kg.

Les sites de ponction sur un animal vigile sont :




▪ la veine marginale de l’oreille, sur laquelle, souvent après ponction, des hématomes peu esthétiques apparaissent ;


▪ la veine céphalique, dont le petit diamètre ne permet pas de récolter de grandes quantités de sang ;


▪ la veine saphène externe.

Cette dernière est le site le plus adéquat, qui permet le prélèvement de bonnes quantités de sang. La veine décrit une diagonale qui traverse le tibia (figure 5.1).


Le lapin est tenu par un assistant (figure 5.2a et b), l’opérateur stabilise la patte, en la maintenant à hauteur de la jonction tibiotarsienne, et réalise la ponction de l’autre main. On utilise une aiguille orange de 25 G et un corps de seringue de 1 mL, en faisant attention de ne pas créer une trop forte pression négative dans le corps de la seringue, car les veines du lapin se collabent très facilement. Sur un animal tranquillisé, on peut ponctionner de grandes quantités de sang à l’une des veines jugulaires.


Les normes biochimiques sanguines usuelles sont indiquées dans le tableau 5.1. Quelques particularités d’espèce sont à connaître pour interpréter correctement un bilan biochimique : la calcémie est toujours physiologiquement élevée chez le lapin par rapport aux autre mammifères. Les ALT ont une demi-vie dix fois moindre chez le lapin (5 heures) que chez le chien (50 heures). En outre, ces enzymes ne sont pas totalement spécifiques du foie comme chez la plupart des autres mammifères, car elles se trouvent également dans les tissus cardiaques. Une élévation conjointe des ALT et des AST peut néanmoins indiquer une affection hépatique. Comme chez les autres mammifères, une élévation des taux de créatinine et d’urée traduit une diminution de la perfusion rénale associée à une diminution de 50 à 70 % de la fonction rénale.





































Tableau 5.1 Normes biochimiques du lapin
Paramètres Valeurs usuelles
Urée (g/L) 0,13–0,29
Créatinine (mg/L) 5–25
Glucose (g/L) 0,7–1,6
ALKP (UI/L) 4–16
ALT (UI/L) 48–80
AST (UI/L) 14–113
Protéines totales (g/L) 54–80
Calcium (mg/L) 56–60
Phosphore (mg/L) 40–69
Potassium (mEq/L) 3,6–6,9

À la coloration, les neutrophiles du lapin prennent une couleur rosée. Ils sont qualifiés d’hétérophiles. Comparée à celle des carnivores, la formule sanguine du lapin sain (tableau 5.2) montre en général un pourcentage égal de lymphocytes et d’hétérophiles. Par ailleurs, les basophiles peuvent représenter jusqu’à 30 % des leucocytes chez un lapin en bonne santé. En cas d’infection, le nombre des globules blancs n’augmente en général pas, mais on peut constater une hétérophilie associée à une lymphopénie.


































Tableau 5.2 Normes hématologiques du lapin
Paramètres Valeurs usuelles
Numération globulaire (10 6/mm 3) 3,8–7,9
Hémoglobine (g/dL) 9,4–17,4
Hématocrite (%) 33–50
Numération leucocytaire (10 3/mm 3) 2,6–12,5
Neutrophiles (%) 33–55
Éosinophiles (%) 0–5
Basophiles (%) 1–7
Lymphocytes (%) 25–85
Numération plaquettaire (10 3/mm 3) 200–1000


Placement d’un cathéter intraveineux


L’emplacement le mieux toléré par le lapin est la veine céphalique (figure 5.3). Selon la taille de l’animal, on utilise des cathéters de 24 ou 26 G. Le placement de cathéters dans la veine marginale de l’oreille peut conduire à une nécrose du pavillon chez les races naines.



Placement d’un cathéter intra-osseux


Il est indiqué lorsque la déshydratation du lapin est telle que les veines habituellement accessibles se collabent. Ce mode de réhydratation permet une perfusion aussi efficace qu’avec un cathéter intraveineux. Il se fait sous anesthésie locale ou générale si l’animal est trop stressé. Le site de placement idéal est le fémur, via la fosse trochantérienne. On utilise un cathéter pour ponction rachidienne ou à défaut une aiguille de 20 G. Une fois dans la fosse du trochanter, on imprime à l’aiguille un mouvement de rotation et de pression vers le fût osseux jusqu’à ce que l’on sente le vide du canal médullaire. Toute la difficulté est de rester dans l’axe de l’os. Il est prudent d’effectuer une radio pour vérifier le placement correct du cathéter. Une fois l’aiguille installée, il faut la déboucher des déchets osseux accumulés à l’intérieur avec un peu de liquide physiologique sous pression. On colle à la base du cathéter une bande adhésive que l’on coud à la peau et l’on branche le perfuseur.


Administration de fluides


La déshydratation entraîne rapidement chez le lapin une réduction de la motilité digestive qui peut être fatale. Les besoins physiologiques de maintenance sont de 80 à 100 mL/kg et par jour. On augmente ce volume en fonction du taux de déshydratation. L’évaluation de ce taux se fait en combinant plusieurs critères : une perte d’élasticité de la peau et des muqueuses sales suggèrent un taux de déshydratation de 3 à 5 %. Ces critères, associés à une diminution du temps de remplissage capillaire, une élévation de l’hématocrite et un pouls fémoral « filant », évoquent un taux de 5 à 8 %. Une énophtalmie bilatérale, ajoutée à ces symptômes, traduit un déficit supérieur à 8 %.

Il suffit en général d’une administration sous-cutanée pour corriger les faibles déshydratations, tandis que les voies veineuses ou osseuses sont réservées aux cas plus graves.



Le fluide doit toujours être administré tiédi à la température du corps chez ces animaux très sujets à l’hypothermie. On peut utiliser du lactate de Ringer ou un soluté isotonique de chlorure de sodium, ce dernier choix étant préférable lors de troubles du transit qui amènent souvent le lapin à développer une alcalose métabolique.


Transfusion


Le volume total de sang d’un lapin est d’environ 60 mL/kg. Lorsque l’hématocrite est inférieur à 15 %, il peut être utile de transfuser un lapin. On prélève le donneur à la jugulaire, le sang est recueilli sur un tube citraté, avec une proportion de 1 pour le citrate et de 3,5 pour le sang. On l’administre au rythme d’environ 10 mL par heure.


Prélèvements urinaires


Le prélèvement par cystocentèse permet de recueillir facilement des urines de bonne qualité biologique. On place le lapin sur le dos, on repère la vessie par palpation, on la maintient entre le pouce et l’index et on introduit une aiguille de 22 ou 25 G, montée sur une seringue de 2 ou 5 mL, en direction de la vessie au niveau de la ligne blanche. Les valeurs de référence pour les analyses d’urine du lapin sont indiquées dans le tableau 5.3. L’aspect normal des urines de lapin est jaune et varie de transparent à turbide. Lorsque les urines sont colorées de rouge, il est important de faire la différence entre la présence de sang et une simple pigmentation due aux porphyrines. On peut centrifuger les urines pour en observer le culot, utiliser une bandelette urinaire, examiner les urines au microscope pour déceler la présence d’hématies, ou mettre en évidence la fluorescence des pigments porphyriques à la lampe de Wood. L’aspect crémeux des urines est en général dû à la présence de cristaux de calcium.













Tableau 5.3 Normes urinaires du lapin
Volume urinaire 130 mL/kg/jour
pH urinaire 8,2
Densité 1,003–1,036


Cathétérisation du canal lacrymal


Les obstructions du canal lacrymal, qu’elles soient infectieuses, inflammatoires ou mécaniques par rétrocroissance d’une racine dentaire (en général la racine de l’incisive ou de la première prémolaire), sont fréquentes chez le lapin. La cathétérisation et le rinçage du canal lacrymal (voir figures 5.6 et 5.7 p. 134) par du liquide physiologique éventuellement associé à un antibiotique permettent très souvent une nette amélioration des épiphoras (figure 5.4), alors que les collyres sont trop superficiels pour être efficaces. L’opération se réalise de préférence sous anesthésie générale légère. Un opérateur expérimenté peut néanmoins la réaliser sur un animal vigile après administration d’un collyre anesthésique. On peut utiliser une sonde lacrymale métallique de 19 G ou un petit cathéter intraveineux. On visualise l’orifice du canal lacrymal, situé dans l’angle oculonasal, en tirant sur la paupière inférieure de façon à extérioriser la conjonctive. On le repère au bas d’un repli en forme de V dessiné par la muqueuse (figure 5.5).






Gavage


Une anorexie entraîne rapidement un arrêt du transit digestif et une lipidose hépatique chez le lapin et beaucoup de petits Rongeurs. Le gavage est donc fréquemment indispensable chez le lapin malade. On utilise une seringue contenant l’aliment ou le médicament préalablement broyé et mélangé à un liquide appétant (compote de pommes par exemple). Une fois l’animal enveloppé dans une serviette, on introduit la seringue dans la bouche, derrière les incisives, au niveau de l’espace dépourvu de dents (le diastème) de l’arcade maxillaire (figure 5.8). Il existe des poudres de gavage spécialement conçues pour les herbivores (Critical Care®, Oxbow®), on peut à défaut utiliser de la soupe en boîte, des petits pots pour bébé, ou les granulés habituels réduits en poudre et dilués dans une infusion de foin. Le volume conseillé de gavage est en moyenne de 15 à 30 mL, 2 à 3 fois par jour pour un lapin nain. La pose d’une sonde nasoœsophagienne est possible mais est stressante pour l’animal.



Le furet



Ponction sanguine


L’intolérance du furet à l’immobilisation, l’épaisseur de sa peau et la quantité de graisse sous-cutanée rendent les prélèvements sanguins assez difficiles à réaliser. Le volume sanguin total d’un furet est évalué à 5 à 7 % de son poids, soit 40 mL pour une femelle et 60 à 70 mL pour un mâle.

Only gold members can continue reading. Log In or Register to continue

Stay updated, free articles. Join our Telegram channel

May 16, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on Gestes de base

Full access? Get Clinical Tree

Get Clinical Tree app for offline access