G
GALES et PSEUDOGALES
• Les gales sont dues à des acariens psoriques :
– Sarcoptes scabiei variété canis est l’agent de la Gale sarcoptique canine. Le sarcopte du chien est capable d’infecter l’homme, sans effectuer son cycle complet, et de provoquer un « prurigo » (= papules prurigineuses) sur les zones entrées en contact avec le chien galeux. Le développement chez le chat est exceptionnel et il n’y a pas de véritable gale sarcoptique dans cette espèce.
– Notoedres cati est l’agent de la Gale notoé-drique féline, exceptionnelle dans notre pays alors qu’elle n’est pas rare dans des pays proches comme l’Italie.
– Otodectes cynotis est l’agent de la gale otodectique, ou Otacariose, commune au chien et au chat, qui est essentiellement une affection du conduit auditif externe, avec rare extension possible au reste du corps, surtout chez le chat. Ces acariens ont en commun de se developer dans la couche cornée ou en surface de l’épiderme. Leur résistance dans le milieu extérieur est faible (< 2 semaines) et la contamination exige un contact avec un animal malade, surtout mais pas exclusivement en collectivité.
• Les pseudogales sont dues à des acariens proches, mais non psoriques :
– Les larves de T(h)rombicula autumnalis sont à l’origine de la t(h)rombiculose ou thrombidiose chez le chien, le chat et de très nombreuses autres espèces de carnivores, d’oiseaux et même de reptiles.
Gale sarcoptique
Clinique
– Après la contamination, dont l’origine est souvent difficile à déterminer, l’incubation varie d’une à trois semaines.
– Le prurit, initialement modéré, devient rapidement majeur. Il est exceptionnel qu’un chien galeux ne se gratte pas violemment durant la consultation ; alors que, dans les mêmes circonstances, un chien atteint d’une dermatite d’origine allergique reste généralement plus calme. Pour certains, le prurit, pourtant intense et quasi continuel, pourrait être exacerbé par la chaleur.
– Sans être pathognomonique, le réflexe otopodal (déclenchement d’un mouvement de pédalage avec le membre postérieur correspondant, déclenché par le frottement du bord postérieur du pavillon auriculaire, notamment de la région de l’oreillon, partie dédoublée du pavillon) est très fréquemment présent ; même en l’absence de lésions des pavillons. Il ne doit pas être confondu avec le réflexe auditopodal, déclenché par un attouchement du conduit auditif externe, notamment présent lors d’otite érythémateuse.
– Les lésions primaires sont rapidement masquées par l’importance des modifications secondaires. Cependant, elles méritent d’être recherchées avec soin, car leurs sièges sont des sites privilégiés pour les raclages. Outre un érythème peu spécifique, elles consistent en des papules et/ou des papulocroûtes, classiquement considérées comme le point de pénétration du parasite femelle qui creuse des galeries dans la peau. Le terme « bouton de gale » désigne une lésion punctiforme, papuleuse et rougeâtre, coiffée d’une croûte épaisse et jaunâtre.
– Les lésions secondaires — excoriations, croûtes, hyperpigmentation, lichénification — sont consécutives aux différentes manifestations destinées à soulager le prurit. Non spécifiques, elles deviennent rapidement spectaculaires et finissent par donner à l’animal un aspect misérable.
– Bien que leurs localisations ne soient pas caractéristiques, ces différentes lésions, et tout particulièrement les lésions primaires, siègent préférentiellement dans des zones évocatrices, telles que les pavillons auriculaires, la face externe de coudes, les zones ventrales de l’abdomen et du thorax. Le terme « sablé conchynien » désigne une irrégularité de la peau de la région de l’oreillon liée à la présence de multiples petites croûtes dont la palpation évoque la présence de grains de sable.
– Alors même que ces lésions ont tendance à se généraliser, il est important de souligner que la région dorsolombaire demeure généralement épargnée. Si des observations tendent à affirmer le contraire, il y a lieu de souligner qu’un chien galeux peut également être atteint d’affections cutanées associées (dermatites d’origine allergique) et que les diverses complications infectieuses (pyodermite et dermatite à Malassezia) peuvent avoir une répartition très large.
Diagnostic
– Il s’avère souvent difficile et la gale sarcoptique est globalement sous-diagnostiquée. Il n’y a pas de corrélation entre l’intensité des symptômes et la mise en évidence des sarcoptes.
– La gale sarcoptique doit être suspectée devant tout cas de prurit important et/ou chronique chez le chien. La mise en évidence du réflexe otopodal conforte la suspicion, alors que son absence ne permet pas de l’écarter.
• Le diagnostic de certitude requiert la mise en évidence directe des parasites, de leurs œufs ou de leurs excréments (pellets) à l’examen microscopique de raclages cutanés. Toutefois, ce diagnostic s’avère faussement négatif dans un nombre important (> 50 %) de cas de gale avérée.
– Cette difficulté incite à effectuer les prélèvements avec rigueur. Les sites de prédilection sont le bord externe de l’oreille, l’oreillon et la pointe du coude, particulièrement lors d’épaississement cutané important. À défaut, plusieurs raclages doivent être réalisés sur et autour de « boutons de gale ».
– La peau est enduite de quelques gouttes de lactophénol d’Amman ou d’acide lactique à 10 %. Puis, l’opérateur racle la peau avec un scalpel, si possible à lame émoussée, jusqu’à la « rosée sanguine » pour récolter la couche épidermique de la peau et la partie supérieure du derme. Le matériel ainsi raboté est placé sur une lame porte-objet et mélangé à 2 ou 3 gouttes de lactophénol d’Amman puis finement divisé pour permettre, après application d’une lamelle, la lecture au faible grossissement (40 à 100 D) du microscope.
– La mise en évidence des sarcoptes peut se faire aux différents stades : adultes, au corps trapu, discoïde ou ovalaire mesurant 0,30 à 0,40 mm de longueur et munis de quatre paires de pattes, les 2 paires antérieures sont courtes et ne dépassent pas le rostre, les deux paires postérieures sont atrophiées et ne dépassent pas la partie caudale du corps ; nymphes plus petites ; larves possédant 3 paires de pattes ou œufs ellipsoïdes mesurant 100 μm de long.
• Le diagnostic sérologique est désormais possible, avec un test ELISA, sensible et très spécifique (plus de 95 % des chiens dont le sérum est positif sont réellement atteints de gale sarcoptique).
– Une limite de ce diagnostic tient à au fait que la séroconversion ne s’opère que lentement et peut exiger 1 à 3 semaines après l’apparition des premiers symptômes.
• Le diagnostic thérapeutique est une notion communément admise compte tenu des limites du raclage et de la grande efficacité des traitements modernes (« if you suspect it, treat it »).
– Il se justifie plus particulièrement lors de prurit très intense, de « sablé conchinien », de lésions inflammatoires majeures des coudes. L’âge et le passage en collectivité sont également à considérer.
• Le diagnostic différentiel, large, doit être fait avec l’ensemble des dermatites prurigineuses : dermatites par hypersensibilité ; dermatites secondaires à des surinfections, bactérienne ou liées à Malassezia ; ectoparasitoses comme la cheylétiellose ; certains cas de pemphigus foliacés ; voire des dermatophytoses sylvatiques dues à Microsporum persicolor ou Trichophyton mentagrophytes. Si toutes peuvent être confondues avec la gale sarcoptique, il reste que cette dernière demeure nettement la plus prurigineuse.
Traitement médical
• Les traitements topiques ont perdu de leur intérêt en raison des difficultés pratiques de leur utilisation, de leur toxicité qui commande de prendre des précautions pour les animaux les plus faibles, et le cas échéant, du caractère polluant pour l’environnement des excédents de solution.
– Les principaux principes actifs et produits disponibles pour un usage externe exclusif sont :
– le lindane (Acarexane), utilisé dilué (en général à 2 % : 10 mL dans 500 mL). Cet organochloré est efficace, mais toxique et polluant. De ce fait, son usage doit être restreint et objet de précautions. Il ne faut pas l’utiliser chez les très jeunes chiots, les femelles gestantes et les animaux débilités. Il doit être appliqué seul, dans une pièce aérée, à l’aide de gants.
– le dimpylate (Dimpygal), utilisé dilué (en général à 0,1 %). Cet organophosphoré est toxique et connaît les mêmes limites d’utilisation que le lindane.
– l’amitraz(e) (Ectodex). Ce produit dispose d’une AMM pour la démodécie canine et les affections du chien à parasites sensibles. La gale sarcoptique n’est pas mentionnée spécifiquement, mais l’amitraz(e) est très actif sur les sarcoptes. Il s’utilise dilué : en pratique, quelle que soit la quantité de solution nécessaire, le rapport de 1 volume d’Ectodex pour 100 volumes d’eau doit être respecté. Les animaux de race naine et les jeunes seront traités par moitié du corps à 24 h d’intervalle. Il y a une contre-indication spécifique pour le Chihuahua. Le produit est toxique pour les poissons et doit être considéré comme un polluant des cours d’eau.
– Les chiens à pelage dense sont préalablement tondus. Tous les animaux doivent préalablement être soumis à l’action d’un shampooing destiné à éliminer les croûtes et autres débris cutanés avant de recevoir la balnéation thérapeutique.
– Les solutions sont appliquées sur tout le corps, en frottant sur les zones les plus atteintes. On n’effectue pas de rinçage sauf si la peau est très irritée, auquel cas on rincera le chien après 2 heures.
– Comme aucun insecticide n’est ovicide, il est nécessaire de renouveler régulièrement l’application des produits. Si le rythme d’application préconisé est hebdomadaire pendant 4 à 6 semaines selon l’importance des lésions et la pérennité des sarcoptes, de nombreux auteurs restent fidèles à des applications tous les 4 jours.
• Les traitements systémiques — indépendamment de la voie d’administration : voie orale, voies injectables, « pour-on » et « spot-on » — se sont imposés progressivement, tant pour des raisons d’efficacité que pour leur plus grande facilité d’utilisation. À l’exception de considérations économiques, ils s’avèrent globalement très supérieurs aux précédents.
Principes actifs et spécialités bénéficiant d’une AMM pour la gale sarcoptique canine
• La sélamectine est une avermectine semi-synthétique fabriquée à partir de la doramectine. Elle est commercialisée sous le nom déposé de Strongold, disponible en « spot-on », avec l’indication spécifique gale sarcoptique. Strongold ND est disponible en pipettes et plusieurs présentations existent pour différentes classes de poids.
L’intérêt du produit est sa totale innocuité, y compris chez les races sensibles à l’ivermectine.
• La moxidectine — présentée en « spot-on » — entre dans la composition de la spécialité Advocate ND ; produit dans lequel la moxidectine (%) est associée à l’imidaclopride (%).
Principes actifs et spécialités bénéficiant d’une AMM chez le chien, mais pas pour la gale sarcoptique canine
• La milbemycine-oxime est un macrolide antiparasitaire, commercialisé chez le chien sous le nom déposé d’Interceptor, avec une AMM pour l’indication « démodécie », elle a été testée dans la gale du chien, selon différents protocoles.
• Le fipronil (Frontline) peut également être évoqué car, bien que l’AMM du Frontline ne mentionne pas la gale sarcoptique, il est evident qu’il peut présenter un certain intérêt lié à son absence de toxicité, plus particulièrement chez les très jeunes animaux, en prévention de la gale sarcoptique et/ou de l’otocariose, lorsqu’un contact avec un animal infecté a été recensé.
Principes actifs et spécialités ne bénéficiant d’aucune AMM chez le chien, mais considérés comme efficace lors de gale sarcoptique
• L’ivermectine, produit systémique (Ivomec), a probablement été le plus fréquemment et le plus longtemps utilisé. Il s’agit d’un macrolide antiparasitaire du groupe des avermectines, utilisé comme anthelmintique chez les ruminants et le cheval.
Il n’y a pas de réel antidote connu.
La conséquence est que le Cardomec n’a pas de réelle activité contre la gale canine.
• La moxidectine, par voie injectable a été utilisée dans le traitement de la gale du chien, à la dose de 0,2 à 0,4 mg/kg par voie sous-cutanée, à raison de 2 injections espacées de 15 jours.
Prophylaxie
– Il est indispensable de nettoyer les niches, paniers, couvertures pour éviter une réinfection à partir des œufs ou des formes pré-imaginales. L’idéal est l’utilisation de l’eau chaude sous pression, puis l’application d’un acaricide dilué.
Gale notoédrique
Gale cutanée du chat, exceptionnelle en France, due à l’acarien psorique Notoedres cati.