Familles vietnamiennes (enfants, adolescents) Pathologies


Familles vietnamiennes (enfants, adolescents) Pathologies


Brigitte Tison


Au Vietnam comme dans tout le reste du monde asiatique, religion, philosophie, sagesse (confucianisme, taoïsme et bouddhisme) ont imprégné toute la vie des populations (cfchapitre 8).


Nous ne voudrions ajouter que quelques notes, liées à notre expérience d’accueil des populations d’Asie du Sud-Est en 1977, au service social d’aide aux émigrants (SSAE), puis de prises en charge de patients de ces mêmes pays au centre F. Minkovska (CMP, de 1979 à 1983).


Nous avions dirigé précédemment un centre d’adoption et de soins, Terre des Hommes (TDH) à Saïgon, en 1973, avant la réunification du pays.



Des références de vie si opposées


Un réfugié vietnamien à propos de l’attitude de l’Occidental et de celle de l’Asiatique vis-à-vis de la vie faisait le commentaire suivant :


« La vie est envisagée par l’occidental comme un combat tandis que l’Asiatique la considère plutôt comme une soumission à un ordre supérieur. Pour le premier, les éléments qui nous entourent sont simplement à vaincre alors que le second cherche à les convaincre pour que l’être propre de chacun puisse s’affirmer et s’épanouir… Pour les Asiatiques, les rapports avec le monde doivent viser essentiellement, sinon à une bonne intelligence, du moins à un compromis, permettant aux uns et aux autres un minimum de dignité. L’occidental bannit tout ce qui échappe à la pensée rationnelle, n’est pas « logique » ; à l’opposé, l’Asiatique ne sera convaincu ou persuadé que si, au-delà des mots, il sent quelque chose de profondément sincère et vrai. En somme, celui-ci ne peut adhérer qu’à ce en qui ou en quoi il éprouve de la confiance, de la crédibilité. Et pour lui, ne sera crédible que toute parole suivie ou précédant des actes adéquats, émanant de ceux-là mêmes qui les préconisent.


L’occidental ne trouve nullement essentiel l’équilibre des choses et des êtres. La vie est ce qui évolue, change. Qui dit changement, dit séparation, rupture. Au lieu de se laisser ballotter par un destin aveugle, pourquoi n’essaierait-il pas d’agir sur les choses et les êtres ? Augmenter de la sorte sa part de liberté ?


L’Asiatique dominera non la rigueur rationnelle, mais ses sentiments, ses émotions. Aussi, s’exprimera-t-il non dans un enchaînement impeccable d’évidences bien définies, mais plutôt dans un comportement vécu et presque uniforme s’il n’est marqué de temps à autre d’une confuse et timide affirmation verbale. »


Nous ne reviendrons pas sur la présence du code confucéen dans la société vietnamienne où ce sont les traditions qu’il importe de préserver (mariages, postures d’honorabilité par l’âge et l’expérience…). Toute exaltation de la personnalité est bannie au profit d’un besoin excessif de considération de l’entourage, et cet entourage est d’abord et avant tout la famille.


Comme dans les autres familles d’Asie (Inde incluse), l’interdépendance des membres de la famille est fort importante. Les enfants sont étroitement liés à leurs parents, entre eux. L’autorité du père est incontournable.


Prendre en charge un patient vietnamien oblige à traiter avec la famille.


Dans la langue vietnamienne, il n’existe pas de terme spécifique pour dire « moi ». L’individu est avant tout perçu comme celui qui occupe une place déterminée. Tout un ensemble de règles autour des relations avec les autres existe, des règles sur les degrés de parenté, sur l’âge et sur le rang social.


Ainsi, si l’inférieur salue le supérieur hiérarchique, cela signifie qu’il doit prendre l’initiative de reconnaître, explicitement, sa position d’infériorité vis-à-vis de celui qui est en face de lui. Le Vietnamien se soumet à toute une série de normes de conduite. Cela peut aller jusqu’à se suicider. La littérature est riche à ce sujet. On relève le caractère moralisateur de la société vietnamienne. L’opinion ne condamne pas le suicidant car à ses yeux le suicide démontre l’innocence (l’exemple fut donné par les sœurs Trung dans l’histoire du pays [XIe siècle] : elles se jetèrent dans le fleuve après avoir échoué contre l’occupant chinois).

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May 18, 2017 | Posted by in Uncategorized | Comments Off on Familles vietnamiennes (enfants, adolescents) Pathologies

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