4. Examen clinique
Principes généraux 100
Examen clinique du lapin 102
Examen clinique du furet 109
Examen clinique du cobaye 112
Examen clinique du chinchilla 117
Examen clinique de l’octodon 117
Examen clinique du rat 118
Examen clinique de la souris 121
Examen clinique de la gerbille de Mongolie 121
Examen clinique du hamster 122
Examen clinique du chien de prairie 122
Examen clinique de l’écureuil de Corée 125
Principes généraux
Ces petits animaux sont souvent difficiles à examiner, car ils présentent une symptomatologie frustre et subissent un stress à chaque examen. Le praticien doit donc s’adapter à ces contraintes.
L’examen à distance est important, car beaucoup de signes ne sont décelables qu’avec un certain recul sur ces petits animaux qui se placent en alerte dès qu’ils sont approchés par un inconnu. On peut y procéder pendant que l’on recueille les commémoratifs.
Le recueil de commémoratifs est un premier temps essentiel, tant la méconnaissance par les propriétaires des conditions d’entretien nécessaires à chaque espèce est fréquente et constitue souvent l’origine des troubles pour lesquels l’animal est présenté.
Les questions, illustrées dans la fiche clinique ci-dessous (tableau 4.1) portent sur le logement, la nourriture, mais aussi sur les éventuels propriétaires précédents et sur tous les autres animaux présents dans le foyer, car les propriétaires de NAC sont souvent des multipossesseurs d’animaux. L’historique médical de l’animal est ensuite envisagé : stérilisation, vaccins, traitements antiparasitaires, maladies, etc.
Propriétaire | Animal | ||
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Coordonnées Propriétaires précédents éventuels | Description Nom : Espèce : Âge : Poids : Sexe : | ||
Mode de vie | |||
Habitat Cage : Dimensions : Exposition : Litière : | Accessoires Cachettes : Jouets : Sable : Autres : | ||
Congénères ou autres animaux Espèces : Nombre : | |||
Ambiance Emplacement : Éclairement : Divers : | Nettoyage et désinfection de la cage Fréquence : Nature de l’agent nettoyant utilisé : | ||
Alimentation | |||
Type | Nature | Quantité | Fréquence |
Nourriture fraîche : Nourriture du commerce : Foin : Branches d’arbustes : Friandises : Autres : | |||
Eau Coupelle d’eau : Biberon : Rythme de renouvellement : Fréquence de nettoyage du biberon : | Supplémentation Vitamines : Calcium : Oligo-éléments : Autres : Mode d’administration : |
Il est indispensable de peser l’animal et d’enregistrer son poids à chaque consultation, car c’est la seule façon d’objectiver des variations de poids souvent minimes sur ces animaux de petit format, ce qui a souvent une valeur pronostique (figure 4.1).
L’examen rapproché nécessite de maîtriser les techniques de contention développées dans le chapitre précédent. Il peut parfois être nécessaire de recourir à la sédation sur des animaux qui ne peuvent être manipulés autrement.
Examen clinique du lapin
Examen à distance
L’animal, sous la surveillance du propriétaire, est placé sur une serviette recouvrant la table de consultation afin qu’il ne glisse pas.
Les mouvements respiratoires, qui sont altérés lors du stress de la manipulation, sont mieux observés à distance : les signes alarmants sont la respiration par la bouche, une respiration discordante ou bruyante, une position anormale d’orthopnée. Un lapin qui souffre reste prostré sur la table, adopte une posture voussée et semble irritable (figure 4.2). Il peut grincer des dents et émettre des borborygmes intestinaux lors de douleurs digestives. En cas de coliques, l’animal peut adopter pour se soulager une position de prière. Si le lapin se secoue fréquemment la tête, cela peut correspondre à une irritation auriculaire, à une gêne dans la région pharyngée ou être tout simplement une réaction à un stimulus qui l’agace. Enfin, un lapin se mordant régulièrement la région du jabot peut chercher à soulager une douleur en région gastrique.
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Figure 4.2 |
Un lapin en bonne santé a une attitude alerte, un port de tête équilibré, le bout du nez qui bouge en permanence, une fourrure en bon état et il doit produire quelques crottes dures de taille normale pendant la consultation ou en avoir déposé dans sa boîte de transport.
Auscultation
Les normes physiologiques du lapin sont regroupées dans le tableau 4.2. Les fréquences cardiaques et respiratoires sont rapides par rapport à celles des Carnivores. On peut exercer une légère pression sur la base du pharynx pour bloquer pendant quelques secondes les mouvements respiratoires afin de mieux écouter le cœur.
Température corporelle (°C) | 38,5–39,5 |
Fréquence cardiaque (battements/min) | 180–250 |
Fréquence respiratoire (mouvements/min) | 30–60 |
Palpation
On peut palper l’estomac dans la région antérieure gauche de l’abdomen. Une douleur nette et une augmentation de volume de cette zone sur un estomac dilaté peuvent traduire une obstruction de l’estomac. Une masse ferme à l’intérieur de l’estomac évoque une stase gastrique. Le contenu digestif du cæcum est palpable caudalement. Les reins sont palpables si l’animal n’est pas trop gras. Leur taille peut diminuer lors d’insuffisance rénale chronique. L’utérus sain n’est normalement pas palpable. Une masse anormale en région caudale abdominale chez la femelle peut traduire une gestation, un pyomètre ou un adénocarcinome de l’utérus, très fréquent dans cette espèce. La vessie est palpable chez les deux sexes. On en apprécie la taille, les contours, la consistance et la sensibilité. Une vessie de consistance pâteuse associée à une irritation périnéale par écoulements urinaires (figure 4.3) traduit souvent une accumulation de matériel urinaire calcique. Les traces de sang dans les urines (à différencier de la coloration rouge orangé uniforme par des pigments porphyriques) ( cffigure 2.4p. 69) peuvent être le signe de cystites, d’atteinte rénale, de calculs ou d’une atteinte de l’utérus.
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Figure 4.3 |
Examen ophtalmique
On observe parfois une hétérochromie de l’iris chez le lapin (figure 4.4).
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Figure 4.4 |
Les yeux du lapin sont fréquemment le siège d’épiphoras, qui s’aggravent d’une pyodermite très irritante sur le trajet des écoulements. Ces épiphoras, souvent purulents, peuvent être la conséquence d’infections bactériennes, d’ulcérations cornéennes, d’occlusion du canal lacrymal ou de maladie dentaire. Une pression du doigt sur le canthus médial entraîne souvent l’expulsion de pus du canal lacrymal. La chambre antérieure peut être envahie de pus lors d’infection bactérienne. Une cataracte ou une uvéite peuvent être le signe d’une atteinte oculaire par Encephalitozoon cunicili. Une exophtalmie unilatérale évoque un possible abcès dentaire, alors qu’une exophtalmie bilatérale est le signe d’une dilatation des sinus veineux infra-orbitaires par gêne du retour de la circulation vers le cœur, par exemple lors de la présence d’une néoformation médiastinale (lymphome, thymome). Une énophtalmie unilatérale est un signe de baisse de la tension oculaire, alors qu’une énophtalmie bilatérale est un signe de déshydratation générale de l’organisme.
Il n’existe pas de réflexe de défense oculaire chez le lapin.
Examen auriculaire
La peau des pavillons auriculaires doit être saine et exempte d’excoriations. Lors de l’examen otoscopique, le conduit auditif présente une subdivision qui se termine en un cul-de-sac situé superficiellement par rapport au conduit principal (figure 4.5). Un sébum très gras, qu’il ne faut pas confondre avec du pus, tapisse toujours par endroits la surface du conduit (figure 4.6). Lors d’hypersécrétion, notamment chez les lapins béliers aux oreilles tombantes, ce sébum peut totalement obstruer la base du conduit auditif et parfois se compliquer d’abcès. La gale auriculaire se traduit par une accumulation de croûtes en feuilletage dans le conduit. On peut observer directement les parasites à l’otoscope.
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Figure 4.6 |
Examen des téguments
La peau doit être saine, exempte d’excoriations et de pellicules. Le garrot doit être particulièrement inspecté, car c’est la localisation la plus fréquente de squamosis (figure 4.7) lors d’infestation parasitaire externe. Cette zone de peau située entre les omoplates semble particulièrement sensible aux irritations ou aux alopécies lors d’infestation parasitaire ou de mue brutale. On recherche les nodules ou masses cutanées éventuelles, qui peuvent évoquer une myxomatose ou une tumeur cutanée. On retourne ensuite le lapin sur le dos pour examiner la région ventrale. Les tumeurs mammaires ne sont pas rares chez les femelles non stérilisées. On examine également la région périnéale, particulièrement fragile chez les lapins obèses, qui ne doit pas être irritée, ni souillée d’urines ou de cæocotrophes accumulées à l’anus. La découverte de lésions croûteuses des muqueuses génitales peut évoquer une syphilis, surtout si ces lésions sont également présentes sur les narines. Cette position permet également d’apprécier le dessous des pattes et de déceler une pododermatite éventuelle.
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Figure 4.7 |
Examen de la cavité buccale
Le lapin n’apprécie pas que l’on touche à cette région, car le bout du nez et les lèvres constituent pour lui une zone sensorielle extrêmement sensible. De plus, il existe chez cet animal un champ mort visuel en dessous du menton de par la position latérale des yeux. Ceci rend le toucher inopiné de la zone nasale très désagréable et peut conduire à de vigoureuses réactions de défense. On vérifie la position des incisives. Au repos, les incisives du bas viennent toucher les petites incisives vestigiales du haut, tandis que les molaires et les prémolaires inférieures et supérieures ne sont pas en contact (figure 4.8). Le prognathisme congénital est fréquent chez les races naines chez qui on a sélectionné un chanfrein très court (figure 4.9 et 4.10). La commissure des lèvres, le menton, le poil du cou et des pattes avant doivent être propres. Toute trace de salivation (figure 4.11) doit orienter vers un problème dentaire. Les arcs mandibulaires sont palpés du bout du doigt pour déceler d’éventuelles irrégularités associées à une pousse anormale des racines dentaires. Un premier examen de la cavité buccale peut se faire à l’aide d’un otoscope, l’animal étant maintenu par un aide dans une serviette (figure 4.12). On apprécie la taille des molaires, celles de la mâchoire inférieure étant plus longues que celles de la mâchoire supérieure, on recherche des plaies sur la langue ou des surdents irritant la muqueuse buccale. L’examen complet de la bouche ne peut néanmoins se faire que sous anesthésie ou sédation.