6 Stratégie et préservation du capital vasculaire
POINT DE VUE DU NÉPHROLOGUE
La protection du réseau veineux doit s’intégrer dans une politique de gestion à long terme de l’ensemble du système veineux, de façon à le maintenir le plus intègre possible, le plus longtemps possible, aussi bien dans sa quantité que dans sa qualité. C’est l’ensemble du réseau veineux qui doit être protégé, tant périphérique (veines de l’avant-bras, du pli du coude et du bras) que profond (veines jugulaires, veines fémorales et veines subclavières). Cette protection du réseau veineux doit être mise en œuvre le plus tôt possible, et poursuivie même lorsque l’abord vasculaire est créé, chez le patient hémodialysé ou transplanté, et chez le patient traité par dialyse péritonéale.
CARACTÉRISTIQUES DU RÉSEAU VEINEUX
La fragilité de la paroi veineuse
- – l’intima, ou tunique interne, constituée de tissu conjonctif et de l’endothélium;
- – la média, qui contient trois types de fibres :
- • des fibres musculaires lisses, peu nombreuses,
- • des fibres élastiques, organisées en réseaux,
- • des fibres de collagène, relativement abondantes;
- • des fibres élastiques, organisées en réseaux,
- – l’adventice, tunique externe bien développée, formée de tissu conjonctif.
- – la média, qui contient trois types de fibres :
La pauvreté du réseau veineux superficiel
Trois axes veineux principaux seulement existent à l’avant-bras. Les conséquences de la ponction veineuse au pli du coude, au niveau du M veineux, site de ponction le plus courant et le plus aisé, intéresseront un ou plusieurs axes de drainage de l’avant-bras. Le sens du courant sanguin étant de la main vers le cœur, tout traumatisme veineux retentira sur le réseau situé en amont (i.e. entre la main et le point de ponction).
MODALITÉS DE PRÉSERVATION DU RÉSEAU VEINEUX
Le réseau veineux profond
Quelle que soit la veine profonde abordée, il existe un risque de développement d’une sténose ou d’une thrombose. Ce risque apparaît plus élevé pour les veines subclavières, atteignant 50 %, pour la sténose, dans les études ayant quelques mois de suivi. Le risque de développement d’une sténose des veines jugulaires internes, apparemment moins fréquent, ne doit cependant pas être négligé [166, 167, 168, 169, 170]. Une étude récente rapporte une prévalence de 47 % après port d’au moins un cathéter jugulaire interne tunnellisé [171].
Les veines subclavières
Elles ne doivent pas être cathétérisées autrement qu’en dernière intention. En effet une sténose se développant après cathétérisme rendra difficile, voire impossible la création d’un abord vasculaire périphérique (AVP) sur le bras homolatéral. Cela concerne également la pose des port-à-caths et des stimulateurs cardiaques.
La protection des veines jugulaires internes
Elle apparaît essentielle. Elle passe par une meilleure approche de la veine jugulaire interne avec une réduction du nombre de ponctions. En effet : les variations anatomiques de la veine jugulaire interne sont très fréquentes, la fréquence des anomalies de perméabilité observées dans une population d’insuffisants rénaux chroniques atteint 35 % [172, 173], et le taux de thrombose de la veine jugulaire interne atteint 9 % [174, 175].
La fréquence de ces anomalies justifie la ponction échoguidée, ou au moins l’exploration systématique par échographie avant toute pose de cathéter. La ponction échoguidée faite de façon systématique a permis de réduire la fréquence du nombre de ponctions, la durée de la pose de cathéter et le risque de complications immédiates [172, 174]. Une méta-analyse prouve l’intérêt de la pose échoguidée [176].
Le réseau veineux après création de l’abord vasculaire
Recommandations pour la préservation du capital vasculaire
Quand commencer la protection du réseau veineux?
La politique de protection du réseau veineux doit être mise en place le plus précocement possible chez tout patient ayant une insuffisance rénale, une maladie rénale ou une maladie générale susceptible de léser le rein (diabète, vascularites, athérome, etc.) et poursuivie chez tout transplanté d’organe (rein, cœur) et chez le dialysé chronique (HD ou DP).
Faut-il protéger un seul bras?
Non. Les deux bras doivent être également protégés.
De ce fait, le don de sang ne peut être conseillé chez ces patients.
Peut-on faire les prises de sang dans une fistule artérioveineuse (FAV) en dehors des séances d’hémodialyse?
Dans quel ordre utiliser les veines profondes?
- – La voie fémorale sera réservée aux urgences et aux cathétérismes de courte durée, en utilisant les cathéters souples en silicone qui peuvent être laissés en place quelques jours.
- – La voie jugulaire interne sera réservée aux cathétérismes prolongés voire permanents.
- – La voie subclavière sera prohibée ou réservée aux situations extrêmes (urgences), ou aux patients chez qui le réseau veineux a été consommé au niveau du bras homolatéral et que la création d’un AVP ne peut être envisagée de ce côté.
- – L’utilisation de l’échoguidage sera privilégiée lors de la pose d’un cathéter veineux central.
- – La voie jugulaire interne sera réservée aux cathétérismes prolongés voire permanents.

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