esthétiques du traitement conservateur et de la radiothérapie locale

Chapitre 17 Séquelles esthétiques du traitement conservateur et de la radiothérapie locale



Le traitement conservateur est le traitement de référence des cancers du sein lorsqu’il est réalisable. Il représente plus de 70 % des cas de nouveau cancer. Cette augmentation est due a des facteurs multiples, en particulier : le diagnostic précoce, les techniques d’oncoplastie, la chimiothérapie néoadjuvante. Malgré l’amélioration des techniques de chirurgie et de radiothérapie, il persiste un taux incompressible de déformation du sein.


Ces déformations, également dénommées « séquelles esthétiques du traitement conservateur » (SETC), sont d’intensité variable. De petites déformations localisées aux déformations majeures avec rétraction complète du sein, la prise en charge de ces SETC est plus ou moins facile. Ces séquelles sont présentes dans 10 % à 20 % des traitements conservateurs dans la littérature, parfois plus, avec au moins 5 % de formes graves, ce qui représente au moins 2 000 à 3 000 cas par an en France. Le traitement de ces déformations reste souvent complexe en raison des séquelles de la radiothérapie et des difficultés opératoires sur ce terrain.


Dans chaque cas, un bilan préopératoire complet doit être pratiqué à la recherche d’une récidive qui peut être difficile à diagnostiquer en raison de la « déformation habituelle » du sein.


Afin de faciliter la prise en charge de ces patientes et pour éviter de sous- ou sur-traiter ces cas difficiles, plusieurs classifications de ces lésions ont été publiées. Nous utilisons une classification récente en cinq grades qui nous paraît aujourd’hui plus adaptée aux différentes thérapeutiques que nous pouvons proposer en fonction de la déformation.


Nous présentons ici les cinq grades de SETC et la prise en charge chirurgicale la plus adaptée à chaque grade.





CLASSIFICATION DES SÉQUELLES DU TRAITEMENT CONSERVATEUR ET TRAITEMENT ADAPTÉ



SETC de grade 1 image


Les SETC de grade 1 sont des déformations très localisées,le plus souvent créées par un défect ou un défaut de remodelage glandulaire, qui est ensuite majoré par la radiothérapie (figure 17.1).



Ces séquelles sont le plus souvent très bien acceptées par les patientes. Cependant, certaines femmes le supportent mal, en particulier lorsque la déformation se situe dans les quadrants supérieurs, en particulier dans le quadrant supéro-interne (figure 17.2).



Pendant longtemps, nous n’avions pas de réponse adaptée à ces séquelles modérées. L’apparition de nouvelles techniques peu invasives a permis d’apporter des solutions pour ces patientes.


Ce traitement repose sur la réinjection de graisse après centrifugation (ou lipomodelage, cf. chapitre 16). C’est une technique simple qui consiste à prélever stérilement de la graisse sur des zones « donneuses » (genou, culotte, abdomen…).


Le prélèvement est effectué à l’aide d’une canule de liposuccion traditionnelle (n° 4), sans injection préalable de sérum glacé avec vasoconstricteur, à l’aide d’un système de récupération (figure 17.3) qui permettra ensuite de retraiter la graisse afin d’en éliminer les fractions liquides : graisse et le sang.



On utilise le plus souvent un « piège à graisse » qui est fabriqué à l’aide d’un flacon à Redon. Un tuyau d’aspiration va de l’aspirateur à l’entrée du flacon et un autre tuyau en ressort jusqu’à la canule d’aspiration (figure 17.4). La graisse aspirée à l’aide de la canule tombe directement au fond du flacon, elle sera ensuite récupérée, transférée dans des canules de 10 ml qui seront introduites dans une centrifugeuse afin de séparer les différentes fractions (figure 17.5). Après trois à quatre minutes à une vitesse de rotation de 4 000 tours par minute, on récupère les seringues qui sont séparées en trois phases : en bas, les liquides et le sang (rouge); au milieu, la graisse purifiée (épaisse jaune claire); la graisse liquide en haut (jaune citrin). En général, on récupère 5 ml à 8 ml de graisse pure après centrifugation en fonction de la qualité du prélèvement (figure 17.6).





Cette graisse « purifiée » pourra être réinjectée à l’aide d’une longue aiguille à bout mousse (figure 17.7) en effectuant de multiples sillons de dépôt de graisse radiés puis croisés (figure 17.8).




On peut injecter de grosses quantités de graisse, de 30 ml à 300 ml dans certains cas, si on peut la répartir dans plusieurs épaisseurs à différents plans de profondeur et d’axe variables (figure 17.9).



Des séances itératives peuvent être pratiquées à quelques mois d’intervalle, afin d’améliorer le résultat.


Entre chaque temps, une résorption de 30 % à 40 % du volume injecté est généralement observée. Il faudra en tenir compte lors de l’injection.


Une reprise des cicatrices vicieuses ou rétractiles pourra être effectuée, avec éventuellement plastie en « Z » afin d’améliorer ce résultat.


Les résultats de cette technique simple sont souvent très convaincants, avec une amélioration du volume mais aussi de la qualité des cicatrices, de la peau en regard et même de la sclérose locale.


Une polémique sur le risque de majoration des récidives en raison de la réinjection de cellules souches fait actuellement l’objet d’études complémentaires, afin de confirmer le caractère non délétère de cette technique.


Des résultats pré- et postopératoires, après une ou plusieurs séances de lipomodelage, sont présentés dans les figures 17.10 et 17.11.





SETC de grade 2


Dans ce cas de figure, le sein traité est généralement plus petit et moins ptosé, mais il ne présente pas de déformation. Il s’agit uniquement d’une différence de volume global et de degré de ptose (figure 17.12).



La correction devra donc intéresser le sein controlatéral. En général, une simple réduction avec cure de ptose est suffisante.


Toutes les techniques de plastie mammaire peuvent être utilisées en fonction de l’importance de l’asymétrie (cf. chapitre 13, consacré à la symétrisation).


Ces techniques (péri-aréolaire, verticale pure, « T » inversé, technique externe…) devront être adaptées en fonction de la forme du sein traité et de ses « mensurations ». En effet, on prend comme guide les distances clavicule/partie supérieure de l’aréole (segment II), sous-aréolaire/sillon sous-mammaire (segment III), mais également les distances ligne médiane/partie interne de l’aréole et ligne axillaire/partie externe de l’aréole. Ces quatre distances sont reportées sur le sein non traité afin de laisser en place la même quantité d’étui cutané. L’aréole est redessinée de la même taille que celle du sein traité et le volume mammaire sera réduit, afin de ressembler au sein opposé (figure 17.13). Le plus souvent, la correction sera légèrement majorée afin de prévenir la ptose postopératoire immédiate et à moyen terme.


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May 5, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on esthétiques du traitement conservateur et de la radiothérapie locale

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