16. Épreuve d’effort cardiorespiratoire chez le sportif
L’exploration à l’effort avec analyse des échanges gazeux du sportif de haut niveau d’entraînement est un monde familier pour les physiologistes de l’exercice et certains médecins du sport, mais mal connu par la plupart des pneumologues et des cardiologues. Si les adaptations observées sont globalement voisines de celles de sédentaires ou des patients, leurs normes sont très différentes.
INDICATIONS CHEZ LE SPORTIF
Le suivi de l’entraînement
Dans ce cadre, cet examen présente un intérêt surtout dans les disciplines aérobies. Une consommation maximale d’oxygène élevée est une condition nécessaire mais pas suffisante pour réaliser une performance de haut niveau dans ces sports. Cet examen doit donc aussi estimer objectivement d’autres paramètres comme les « seuils » ventilatoires qui, malgré toutes leurs limites, gardent un intérêt pour la réalisation d’un entraînement bien conduit. Malgré sa « démocratisation » récente, cette exploration reste plus souvent réalisée chez les sportifs de haut niveau d’entraînement. Elle paraît surtout intéressante en début de carrière ou après interruption pour blessure, pour suivre l’efficacité d’un entraînement et/ou en cas d’inefficacité inexpliquée de celui-ci. Contrairement aux « seuils » (figure 20), le VO2 max varie peu au cours de la saison et sa répétition dans la saison est donc discutable.
Exploration de symptômes à l’effort
L’épreuve d’effort avec analyse des échanges gazeux est essentielle pour expliquer une dyspnée après élimination d’une anémie ou une fatigabilité anormale à l’effort et/ou explorer une cardiopathie ou une pathologie bronchopulmonaire connue. Son intérêt en première intention dans le diagnostic du surentraînement est encore discuté.
Diagnostic différentiel du « coeur d’athlète »
Le syndrome du « coeur d’athlète » regroupe des signes cliniques, électrocardiographiques et échographiques. Facultatif, il peut s’observer en cas d’entraînement de haut niveau, c’est-à-dire au moins 6 heures par semaine de pratique intense, au dessus du seuil ventilatoire, depuis plus de 6 mois. Échographiquement caractérisé par une hypertrophie dilatation modérée et harmonieuse des quatre cavités cardiaques, le diagnostic de « coeur d’athlète » peut dans de rares cas extrêmes, essentiellement chez l’homme, se poser avec une myocardiopathie hypertrophique ou une cardiopathie dilatée débutante. L’épreuve d’effort cardiorespiratoire, en chiffrant précisément les capacités physiques du sujet, peut aider au diagnostic. Une valeur de VO2 max inférieure à 50 mL.min−1.kg−1 est peu en faveur d’un « coeur d’athlète » (tableau 18).
Discipline | Homme (mL.min−1.kg−1) | Femme (mL.min−1.kg−1) |
---|---|---|
Sédentaire | 35-40 | 30-35 |
Marathon | 65-75 | 55-65 |
Cyclisme (route) | 70-80 | 55-65 |
Football | 55-60 | — |
Rugby | 50-60 | — |
Basket-ball | 45-55 | — |
Sprint athlétisme | 45-50 | 40-45 |
Haltérophilie | 45-50 | — |
ADAPTATIONS CARDIORESPIRATOIRES CHRONIQUES INDUITES PAR L’ENTRAÎNEMENT PHYSIQUE
L’entraînement régulier, surtout dynamique, par les adaptations cardiovasculaires et musculaires qu’il induit, améliore le VO2 max, quel que soit l’âge, le niveau physique et la pathologie éventuelle. Cet effet bénéfique, qui témoigne d’une adaptation normale à l’entraînement, dépend de sa quantité et de sa qualité. Par rapport aux valeurs des sédentaires sains, une augmentation de 20, 40 et 60 % pour respectivement 2-4, 4-6 et plus de 6 heures d’entraînement hebdomadaires est normalement observée
Le VE maximal est très augmenté, jusqu’à 200 L.min−1. L’efficience ventilatoire chez le sportif est améliorée avec une pente VE/VCO2 diminuée par rapport à la normale. Outre un Vt très augmenté, des FR très élevées, jusqu’à 70-80 cycles.min−1 sont parfois observées dans cette population. Chez certains sportifs dits « extrêmes », en particulier vétérans, la ventilation peut apparaître comme un facteur limitant avec une désaturation en oxygène significative mais asymptomatique à l’effort, dont la physiopathologie exacte encore discutée est probablement multifactorielle. L’interprétation de la réserve ventilatoire chez les sujets asymptomatiques dans cette population a souvent peu de valeur, cependant la VMM est moins mal estimée par l’ équation 59.