Enfance: entre vulnérabilité et créativité


Enfance


entre vulnérabilité et créativité


Dalila Rezzoug, Thierry Baubet et Marie Rose Moro


Au même titre que tous les enfants, les enfants de migrants ou primo-arrivants peuvent rencontrer des difficultés au cours de leur développement. Celui-ci peut être émaillé, empêché par tel avatar neurodéveloppemental, interactionnel, social ou intrapsychique qui, produisant une souffrance, une carence, peut gêner l’émergence des ressources du sujet et grever ses apprentissages ou la construction de sa personnalité. La spécificité de l’enfant de migrant réside plutôt dans le contexte dans lequel s’opère son développement alors qu’il est, comme tout être en devenir, dépendant à tous les niveaux : physique, psychique et culturel.


Dans ce chapitre, nous évoquerons d’abord le contexte migratoire et les effets qu’il produit en termes de vulnérabilité pour ces enfants le plus souvent nés ici et dont les parents viennent d’ailleurs. Ce qui nous amènera à définir le bilinguisme et la bilingualité, état d’être du sujet bilingue. En effet, ces enfants qui grandissent entre deux mondes, deux langues deux cultures ont la tâche nécessaire et complexe du métissage. À l’éclairage de la vulnérabilité spécifique définie plus tôt, nous aborderons les questions de l’école, des troubles du langage et des apprentissages du point de vue de leur dynamique transculturelle. Enfin, la particularité des parcours liée à l’exil sera développée dans la dernière partie autour du traumatisme psychique et sa transmission chez les enfants de migrants.



La vulnérabilité des enfants de migrants



Le concept de vulnérabilité


Les enfants de migrants sont, le plus souvent, nés en France. Lorsqu’ils n’ont pas connu eux-mêmes le voyage, ils portent en eux celui de leurs parents. À ce titre, ils sont porteurs d’une vulnérabilité spécifique au contexte migratoire. Le concept de vulnérabilité, décrit par Anthony et coll. (1978), puis introduit en France en 1982, peut être défini comme un état de moindre résistance aux nuisances et aux agressions (Tomkiewicz et Manciaux, 1987, p. 737-42).


Anthony propose deux façons de se représenter la psychopathologie de l’enfant : tout d’abord une « vision en tunnel », qui consiste à isoler l’enfant et à le considérer comme un ensemble de structures dynamiques qui interagissent entre elles, indépendamment de la nature et de la qualité des étayages externes. La seconde façon est de considérer que l’enfant, avec son potentiel d’affects et de pensées, est inclus dans un système interactif complexe. Toute rupture au niveau d’un élément entraîne, par ricochet, des changements dans le fonctionnement de l’enfant.


Ces processus se situent entre la mère, le père, la famille, l’extérieur et l’enfant. À l’intérieur de ce système interactif, l’enfant est en développement. Les oscillations du système entre les deux enjeux interactifs de la rupture et de l’adaptation réciproque rendent le processus de développement de l’enfant vulnérable. Le fonctionnement psychique d’un enfant vulnérable est tel qu’une variation minime interne ou externe entraîne un dysfonctionnement important, une souffrance, un arrêt, une inhibition ou un développement a minima de son potentiel. Cette fragilisation se manifeste sur un plan psychologique par des « sensibilités et des faiblesses », réelles ou latentes, immédiates ou différées, « dormantes ou explosives » (Anthony et coll., 1978, p. 486). Ce concept de vulnérabilité s’oppose donc à celui de la résilience qui est la capacité à résister, à se défendre.



Conséquences psychiques de la migration chez les enfants


S’il est difficile de mesurer l’impact de la migration sur le fonctionnement psychique d’un adulte, pour l’enfant cette tâche est encore plus complexe. Souvent l’enfant ne vit pas cet événement lui-même, mais en subit les conséquences. Pour lui, deux facteurs interviennent : le voyage parental et la situation migratoire. Ceci le contraint à vivre dans un monde aux deux pôles mal assurés : la référence interne, celle de la maison familiale marquée par la culture d’origine, et la référence externe constituée par les représentants du monde d’ici.



Traumatisme migratoire des parents


Ainsi, la situation migratoire entraîne la perte, pour les parents, du cadre culturel et les prive d’un ensemble d’étayages culturels qui fonctionne comme cadre contenant de la pensée (Nathan, 1986). Le traumatisme migratoire est alors le traumatisme de la perte du cadre culturel interne à partir duquel est décodée la réalité externe. Ce traumatisme migratoire a un impact tout particulier quand les migrants deviennent parents.



Relations mère-enfant


Pour la femme, la première grossesse, celle qui la fera mère est dans certaines cultures un équivalent initiatique, et partout une preuve ontologique, qui transforme sa nature aux yeux des autres et aux siens. C’est un moment de crise, moment fondateur de « sa transition vers la parentalité » (Stoleru, 1989). Sa fragilité au moment de ce passage est liée à ses doutes sur ses compétences, sa trop grande « transparence psychique » (Bydlowski, 1989). La grossesse est, pour toute femme, un moment de régression, de reviviscence de ses propres conflits infantiles, mais aussi moment de questionnement de sa propre filiation (Racamier, 1979). Cette crise identitaire s’accompagne d’un désordre interne. C’est pourquoi cette étape est codifiée par le groupe culturel qui fournit à la femme et au couple des représentations et des étayages (Moro et Nathan, op. cit.). En situation transculturelle, la femme ne trouve plus les étayages externes nécessaires pour colmater son désordre interne : accompagnement des mères et des comères, sœurs, belles-sœurs, rituels et mesures protectrices. Ce qui peut entraîner la « potentialisation des mécanismes de confusion par l’exil » (ibid.).


La perte du cadre culturel va entraîner une carence d’étayage et une perte de confiance dans sa propre matrice d’interprétation de ses pensées, de ses sensations, de ses éprouvés corporels. Lorsque l’enfant arrive au monde, la mère établit avec lui des interactions, dans ce contexte transculturel instable. La mère appréhende le monde selon des catégories transmises et déterminées par la culture. La migration, d’autant plus qu’elle est récente et que le couple est isolé, induit une rupture brutale avec les référentiels et catégories antérieures, tous les repères vacillent. Les conséquences chez la mère sont de deux ordres : elle perd l’assurance quelle avait acquise dans la stabilité du cadre externe, le monde extérieur n’est plus « sécure », elle est déstabilisée dans la manière de se représenter son enfant et de s’en occuper.


Ainsi va-t-elle transmettre potentiellement à son enfant cette vision kaléidoscopique qui peut être génératrice d’angoisse, d’insécurité, et de doute narcissique, car la réalité de l’enfant se construit à travers les premières relations mères-enfants (Stern, 1985).


Cette réalité est transmise à partir d’une série d’actes techniques (petits soins aux enfants), d’actes corporels et sensoriels (interaction mère-enfant), d’actes de langage (les paroles dites à l’enfant), d’actes psychiques (représentations maternelles ) qui rencontrent les représentations naissantes de l’enfant (Moro et Nathan, op. cit.). Les parents migrants ne peuvent présenter le monde à petites doses à leur enfant, comme l’a décrit Winnicott (1969). Par conséquent ces enfants rencontrent quotidiennement ce monde de manière traumatique. C’est dans ce contexte de relative insécurité que l’enfant grandit et est amené à se séparer du milieu familial (monde du dedans) pour s’inscrire dans le milieu scolaire (monde du dehors et de l’étranger).



Construction psychique de l’enfant


La structuration de l’enfant présuppose la transmission d’un ensemble cohérent de représentations culturelles que les adultes projettent et transmettent à l’enfant à travers les techniques du corps, les modalités d’être avec, des modes d’éducation (Devereux, 1970 ; Mead, 1963).


On comprend que la complexification du bain culturel entraînée par une situation transculturelle va engendrer de la confusion, des paradoxes et des « conflits de loyauté ». « Le psychisme humain et la culture » étant « des concepts indissolublement jumelés » (Devereux, 1970), la situation migratoire est un facteur de vulnérabilité pour la structuration culturelle et psychique de l’enfant de migrant. L’enfant se construit dans un contexte d’instabilité.


Sur le plan cognitif, Gibello (1988) établit un lien entre la situation transculturelle et les troubles du développement cognitif en proposant l’hypothèse des contenants culturels. Selon lui, les structures formelles, les contenants de pensée sont véhiculés implicitement par la culture, et partagés par tous les membres d’un même groupe . Ils participent du bon fonctionnement de processus de pensées et de la communicabilité des contenus de pensée à l’intérieur d’un groupe. Or, lorsqu’on passe d’une culture à une autre, les contenants culturels implicites changent et, même s’ils arrivent avec le temps à être perçus, ils ne sont pas intériorisés. En situation transculturelle, des éléments implicites doivent être explicitement appris par l’enfant, ils ne sont pas donnés dans son berceau, à lui de les apprendre seul.





Le concept de potentialités réversibles


Le concept de potentialités réversibles (Moro, 1998) rend bien compte de la double polarité sur laquelle se construisent les enfants de migrant en fonction du risque transculturel et de sa maîtrise conduisant dans un cas et dans l’autre à des destins bien différents. Nous avons évoqué plus haut les facteurs de protection et de résilience. La langue maternelle peut en constituer un autre.



Le bilinguisme


La question du bilinguisme et de la langue maternelle des enfants allophones ou primo-arrivants constitue un point particulièrement important si l’on veut mieux se représenter la position subjective de ces enfants. Les représentations collectives portées par la société d’accueil autour de la langue maternelle des migrants et à travers elle, de la culture dont elle est le vecteur, jouent un rôle déterminant dans la construction harmonieuse d’une identité métisse et d’une bonne estime de soi chez les enfants de migrants.


À l’école, mandatée pour socialiser et transmettre des savoirs, les préoccupations sont centrées autour des troubles du langage et des apprentissages chez ces enfants porteurs de deux langues et de deux univers culturels distincts.


Les enfants de migrants possèdent une autre langue maternelle que le français, langue de l’école, des institutions, du pays d’accueil. Le plus souvent, lorsque les deux parents sont migrants, l’enfant est immergé dans sa langue maternelle jusqu’à son entrée à l’école maternelle ou parfois plus tôt en crèche ou en nourrice. Surtout s’il est l’aîné de la fratrie ou le premier né en France, il bénéficie d’un bain de langue exclusivement maternelle. Lors de la première phase de socialisation, il entrera en contact avec le français, à travers ses échanges avec les adultes et ses pairs dans le groupe. Cette rencontre avec la langue française est donc le plus souvent consécutive à l’entrée dans le langage. À l’âge de trois ans, les enfants ont en général mis en place un langage tout à fait efficace leur permettant de communiquer.



Définition


D’abord rappelons que le bilinguisme est un phénomène fréquent dans le monde. Les pays constitués de groupes nationaux, culturels et linguistiques différents sont nombreux (Suisse, Luxembourg , Canada ). De même ceux qui sont issus de la décolonisation expérimentent le bilinguisme au quotidien et dans de nombreux domaines de la vie sociale (Maghreb , Afrique subsaharienne ). Dans certains pays monolingues, la pratique d’une autre langue est fréquente : elle concerne par exemple 18 % des habitants des États-Unis (Bialystok et coll., 2004).


Au niveau individuel, le bilinguisme peut se définir comme la capacité à utiliser deux langues avec aisance. Cette définition large est liée à l’impossibilité de préciser le seuil à partir duquel on peut considérer qu’un sujet a des aptitudes langagières véritables en deux langues à la fois.


En effet, le bilinguisme est relatif, la maîtrise des deux langues est inégale. Dans la situation idéale, le bilinguisme est équilibré, ce qui recouvre une notion d’équivalence de compétence dans les deux langues (Hamers et Blanc, 1983). Dans cette situation, la maîtrise de deux idiomes linguistiques est telle qu’elle permet une expression fluide et suffisamment riche dans les registres factuel, émotionnel et symbolique.


Lorsque le bilinguisme est dominant, la compétence dans une langue est supérieure à la compétence dans l’autre. La dominance n’est pas toujours au profit de la langue maternelle, en particulier dans les populations migrantes.


L’accès à la maîtrise égale des deux langues peut être effectif dès lors que le langage se met en place. Cette situation correspond au bilinguisme simultané. Le bilinguisme est dit consécutif lorsque, après l’émergence du langage, le sujet est immergé dans une autre langue.


Dans un cas comme dans l’autre, si le bilinguisme est précoce et de bonne qualité, l’individu peut parvenir à une maîtrise suffisante des deux codes linguistiques. Il peut ainsi passer d’un univers langagier à un autre avec en plus, la capacité à comparer les systèmes linguistiques et à utiliser toutes les ressources des deux langues jusqu’à faire preuve d’une créativité propre aux bilingues.


Dans les familles migrantes, lorsque les parents ne sont pas eux-mêmes bilingues (situations rencontrées lorsque les deux langues coexistaient déjà dans le pays d’origine, cas des anciennes colonies françaises par exemple), c’est la langue maternelle qui est de loin la mieux maîtrisée et qui permet les échanges les plus riches et les plus variés. De fait, les enfants de ces familles parleront mieux le français que leurs parents. Il serait délétère d’encourager la pratique du français dans le cadre familial (si celui-ci n’est pas bien maîtrisé par les membres de la famille qui le parle). Encourager les parents à la pratique de leur langue permettra à l’enfant de structurer son langage et d’être prêt à apprendre une deuxième dès son exposition un peu plus tard dans son développement.


L’expérience montre que l’apprentissage précoce et simultané de deux langues est possible. Toutefois, lorsque l’enfant n’arrive pas à appréhender le langage comme un système signifiant et structuré, les difficultés à entrer dans le français, sa langue seconde, ne constitueront qu’une suite de la difficulté préalable à entrer dans le monde du langage de façon adéquate. Ainsi, si l’on se donne les moyens d’une évaluation bilingue, les troubles du langage doivent être objectivés dans les deux langues pour permettre de bien comprendre de quoi il s’agit.


Paradoxalement, dans le milieu éducatif, on a longtemps conseillé aux parents de ne plus parler leur langue d’origine afin de faciliter l’accession au français, comme si la langue maternelle constituait un frein pour la bonne acquisition et maîtrise d’une deuxième langue .



Réalité du bilinguisme chez les enfants de migrants


Il apparaît comme une évidence que les enfants grandissant dans un contexte bilingue le sont. Cela ne rend pas compte, en réalité, de l’existence effective et de la qualité de ce bilinguisme (compréhension, production, contexte d’utilisation d’une langue ou l’autre : champ affectif, champ des apprentissages, etc.). De fait, les enfants présentant un bilinguisme équilibré ne représenteraient que 15 % des enfants dits bilingues (Moro, 1998).


Nous observons que le groupe culturel d’appartenance, le rang dans la fratrie, l’histoire familiale et migratoire sont autant de variables qui déterminent le désir des parents à transmettre leur langue et la possibilité pour les enfants à la recevoir. Il est classique d’observer que l’aîné de la fratrie parle mieux la langue maternelle que les puînés. Il est plus exposé à sa langue maternelle dans la mesure où ses parents ne maîtrisent pas encore la langue du pays d’accueil. Les autres enfants de la fratrie seront exposés au français plus précocement par le biais de leur aîné.


De plus, l’ancienneté de la migration et le fait de vivre ou pas au contact d’une communauté migratoire ancrée dans sa culture d’origine influencent la pratique et les représentations liées à la langue maternelle .


Les représentations culturelles et des langues des migrants sont liées à leur histoire singulière, familiale et collective dans leur pays d’origine et sont marquées par d’éventuelles ruptures en particulier traumatiques survenues avant la migration et pouvant être à son origine. Elles peuvent être aussi l’expression d’une intériorisation des représentations du pays d’accueil à l’égard des migrants, d’où l’importance de l’histoire migratoire et des liens entre pays d’origine et d’accueil. Le phénomène d’acculturation qui se met en place progressivement métisse les manières de faire et modifie ce qu’il semble important aux parents de transmettre ou pas.



Bilinguisme actif, passif et attrition


Lorsque le bilinguisme est actif, le sujet bilingue est capable de comprendre et de produire des actes de langage dans ses deux langues.


On observe cependant chez certaines familles migrantes des modalités d’échanges croisés : les parents s’expriment avec leurs enfants dans leur langue d’origine, ceux-ci la comprennent, mais répondent en français.


La communication est possible et se maintient lorsque les deux partenaires de l’échange ont une compréhension suffisante dans leur langue secondaire. Chez les enfants, si la compréhension passive a un intérêt certain (forme passive de bilinguisme), elle n’empêchera pas le phénomène d’attrition correspondant à l’extinction progressive de la langue maternelle au profit de celle enseignée à l’école.


Bensekhar-Bennabi et Serre (2005) considèrent cependant qu’une bonne compréhension passive ralentit le processus d’attrition, celui-ci étant d’autant plus à craindre que l’exposition à la langue maternelle est interrompue tôt dans la vie de l’enfant. Après un certain cap, que l’on peut situer au moment de l’adolescence, on considère que le risque d’attrition est très faible.


Ceci signifie donc que c’est au moment de la scolarisation et plus encore lors de l’entrée dans les apprentissages (à partir du cours préparatoire) que le risque d’attrition est le plus grand. En effet, il semble assez naturel et d’ailleurs souhaitable qu’au moment de la mise en place des apprentissages, avec en particulier le passage à l’écrit, les enfants investissent la langue de l’école et ce dont elle est porteuse de la société d’accueil. De fait, cette étape constitue une période de fragilité pour la langue maternelle si celle-ci n’est pas représentée et portée par les parents comme un outil et un objet culturel valide, stable, et précieux à transmettre. Cet investissement des parents aura parfois à résister au mouvement de l’enfant qui voudra s’en défaire, s’en démarquer. D’autre part, si les parents sont eux-mêmes dans un processus d’apprentissage du français, cette langue sera surinvestie par l’ensemble de la famille au détriment de la langue d’origine.


Les représentations sur les bienfaits de la transmission de la langue sont variées et au centre du discours éducatif et des pratiques de soins en santé mentale dans les contextes de diversité culturelle. Or, transmettre sa langue ne se conçoit pas uniquement d’un point de vue linguistique, c’est également transmettre sa culture et son histoire personnelle. Ces transmissions sont liées à la construction de la parentalité et, du point de vue de l’enfant, à la structuration de sa personnalité et de ses affiliations . À la lumière des expériences acquises auprès de patients migrants et auprès de leurs enfants, il est important d’encourager la transmission , et la pratique de la langue maternelle . En effet, la bonne maîtrise de la langue maternelle contribue à l’acquisition de la langue du pays d’accueil et permet ainsi aux enfants de bénéficier des avantages cognitifs inhérents au bilinguisme, de même que la pratique de la langue maternelle renforce l’ancrage des enfants dans leur filiation et dans leurs affiliations culturelles qui se trouvent faites de diversité.



L’enfant de migrant et l’école


Depuis le début des années 1960, des recherches portant sur les parcours scolaires en fonction de l’origine ont été mises en œuvre avec l’idée que les enfants de migrants étaient défavorisés par rapport aux élèves autochtones.


L’analyse longitudinale des parcours scolaires des enfants de migrants montre que ceux-ci font partie des élèves qui ont le plus grand risque de difficultés scolaires, d’échec, de sortie précoce du système scolaire ou des orientations vers des filières peu prestigieuses du système éducatif.


Pour tenir compte de la forte corrélation entre appartenance sociale et nationalité étrangère, certaines études se sont centrées sur les populations d’enfants d’ouvriers. Ces comparaisons ont montré que les parcours scolaires des migrants étaient assimilables à l’ensemble des enfants de catégorie sociale modeste. Les méthodes d’analyse permettent actuellement de mieux décrire, à situation sociale comparable, ce qui est lié à l’environnement familial, et ainsi ce qui relève de l’appartenance à la première et deuxième générations de migrants.


Une étude de Vallet et Caillé (1996a) s’est intéressée à comparer une population d’enfants entrant en 6e en 1989 (Tableau 10-I). Pour identifier les enfants de migrants, on a défini cinq attributs étrangers : la nationalité, la naissance hors de France, une année scolaire hors de France, aucun parent ayant toujours vécu en France et une autre langue maternelle que le français. En comparaison avec les autres élèves, les enfants de migrants ont souvent connu une scolarité plus difficile à l’école élémentaire. Le redoublement à l’école élémentaire concerne un tiers des enfants ayant deux attributs étrangers, plus de 40 % de ceux en ayant trois et plus de 50 % de ceux en ayant quatre. Cet écart tient à un effet lié aux différences de positions sociales de niveau d’éducation des parents et du nombre d’enfants.


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Jun 2, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on Enfance: entre vulnérabilité et créativité

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