13. En réadaptation cardiaque
L’épreuve d’effort cardiorespiratoire est indispensable dans un programme de réadaptation cardiaque. Il peut certes être possible de fonder un programme de réadaptation sur une épreuve d’effort initiale classique sans analyse des gaz respiratoires. Toutefois, les informations obtenues restent très parcellaires : le niveau de maximalité de l’effort n’est pas authentifié et il y a des risques importants d’erreurs dans le niveau initial du programme de réadaptation, dans la mesure où celui-ci doit être étroitement dépendant du niveau où apparaît le métabolisme anaérobie. Seule la mesure des gaz respiratoires permet de déterminer ce dernier point avec précision.
La méthodologie généralement utilisée est une épreuve d’effort sur bicyclette ergométrique avec, selon le cas, des paliers de 10 W par minute chez les insuffisants cardiaques ou éventuellement des paliers plus rapides chez les coronariens entraînés. Néanmoins, il vaut mieux standardiser la procédure et réaliser des paliers de 10 W par minute, qui sont plus rigoureux pour déterminer les différents seuils. L’ergomètre sur lequel est réalisé le test initial doit être au mieux celui sur lequel sera réalisé le programme de réadaptation. On peut considérer 3 indications essentielles à l’épreuve d’effort cardiorespiratoire pour la réadaptation cardiaque.
LA SÉLECTION DES PATIENTS
L’épreuve d’effort initiale permet de déterminer la capacité fonctionnelle d’un patient. Un patient avec une VO2 initiale de 35 mL.min−1.kg−1 est sûrement peu déconditionné et ne tirera probablement pas grand bénéfice d’un programme de réadaptation cardiaque. À l’inverse, un patient avec une VO2 abaissée, en particulier s’il existe une discordance entre le SV1 et le pic de VO2, abaissés, et l’état hémodynamique peu altéré, suggérant un patient déconditionné, sera une bonne indication à la réadaptation. L’épreuve d’effort détermine l’intensité du programme de réadaptation. Celle-ci est fonction de la sévérité de l’insuffisance cardiaque, de l’observance du patient et du pronostic. Outre le pic de VO2, l’élément essentiel à déterminer est le SV1 qui va déterminer le niveau auquel va apparaître la fatigue. Le SV2, s’il est atteint, détermine le niveau à partir duquel l’épreuve devient intolérable. De façon schématique, le niveau de réadaptation doit être situé entre le SV1 et le SV2. Néanmoins par principe, on essaye de déterminer le niveau initial du programme de réadaptation cardiaque en fonction du SV1, en déterminant le niveau de charge initial correspondant au SV1 ou juste en dessous. À ce niveau, on est à peu près certain que le patient pourra réaliser un exercice sur bicyclette ou sur tapis roulant pendant 15 à 20 min afin de bénéficier de l’entraînement physique. Néanmoins, il n’existe pas une adéquation parfaite entre ce seuil ventilatoire indéterminé au cours d’un protocole triangulaire et le seuil ventilatoire déterminé au cours de protocoles rectangulaires successifs de charge croissante (figures 41 et 42). C’est pourquoi on peut être amené à réaliser une nouvelle épreuve d’effort avec des paliers constants successifs si on a des doutes sur le SV1 déterminé initialement. Il est important par la suite que le kinésithérapeute vérifie la stabilité de la fréquence cardiaque au cours du palier constant déterminé et n’hésite pas à baisser la charge s’il assiste à une dérive de la FC suggérant un effort trop intense. Le niveau de charge pourra être progressivement augmenté jusqu’au SV2, sans le dépasser. En l’absence de mesure des gaz respiratoires, le niveau déterminé de réadaptation cardiaque peut être trop ou pas assez important, notamment si l’on veut appliquer des protocoles d’insuffisants coronariens à des patients insuffisants cardiaques. D’autres formules pour la détermination du niveau de réadaptation que la méthode des seuils ont été proposées. Un programme de réadaptation fixé à 50–60 % du pic de VO2 est généralement bien toléré chez des patients coronariens. Il peut être déjà trop dur chez des patients très sévèrement déconditionnés. Ces patients peuvent être détectés par un SV1 particulière-ment précoce et en particulier un rapport SV1/pic de VO2 particulièrement bas, inférieur à 40 %. Ces patients peuvent bénéficier en général d’une réadaptation segmentaire avant ou en parallèle au programme classique en endurance. Un seuil ventilatoire particulièrement précoce par rapport au pic de VO2 doit faire craindre une pathologie musculaire associée ou un déconditionnement important et faire recommander une réadaptation segmentaire en parallèle. Une pente VE/VCO2 très élevée peut faire craindre des pressions de remplissage augmentées et justifie une majoration du traitement diurétique avant le début du programme de réadaptation.