douloureuse

Hanche douloureuse

Painful hip

B. Chaminade, N. Lapie, F. Molinier and H. Bensafi


Institut de l’appareil locomoteur, service de chirurgie orthopédique et traumatologique, CHU Rangueil-Toulouse, 1, avenue Jean-Poulhès, TSA 50032, 31059 Toulouse cedex 9 chaminade.bruno@chu-toulouse.fr

Résumé
Une douleur de hanche sur prothèse totale fait suspecter une faillite mécanique des implants, sans oublier d’éliminer systématiquement une complication septique. Elle apparaît typiquement après un intervalle libre, elle est d’horaire mécanique et elle s’accompagne d’une altération des performances de l’arthroplastie avec boiterie, limitation progressive du périmètre de marche, raideur articulaire, et finalement une diminution de la qualité de vie du patient. La localisation anatomique de la douleur, de cuisse ou à l’aine, oriente respectivement vers l’implant fémoral ou acétabulaire. Un premier bilan radiographique standard fait le diagnostic : descellement, ostéolyse périprothétique, usure, instabilité, ossifications hétérotopiques, et dans un contexte souvent plus aigu fracture périprothétique ou rupture d’implant. En l’absence de signe radiologique évident de complication mécanique de la prothèse de hanche, une reprise chirurgicale de l’arthroplastie ne peut être proposée sans la poursuite d’une enquête étiologique exhaustive. Après avoir formellement éliminé une ostéo-arthrite septique avec au mieux des arguments microbiologiques, des douleurs de voisinage de hanche doivent êtres recherchées : douleurs de tendinopathies, douleurs articulaires, douleurs projetées d’origine rachidienne, neuropathies. L’atteinte d’autres appareils que l’appareil locomoteur peut entraîner une symptomatologie autour de la hanche : l’appareil digestif, la sphère uro-génitale, une atteinte vasculaire. Rarement, il pourra être diagnostiqué un syndrome douloureux régional complexe de type I (algodystrophie), un processus tumoral, la reprise évolutive de la coxopathie initiale. La surveillance régulière clinique et radiologique après mise en place d’une prothèse facilite cette enquête lorsqu’une révision prothétique est envisagée.




Summary

Hip pain over a total hip replacement should lead to suspicion of mechanical implant failure, although infection should be systematically ruled out. Typically, the pain appears after a pain-free period. It is activity-related and associated with altered performance of the arthroplasty, with limping, progressive limitation of walking, joint stiffness and finally, reduced quality of life for the patient. The anatomical location of pain, in the thigh or the groin, will orient diagnosis towards the femoral or the acetabular component. An initial standard radiographic study may establish the diagnosis: loosening, peri-prosthetic osteolysis, wear out, instability, heterotopic ossification, and in an acute context, periprosthetic fracture or implant rupture. In the absence of clear radiographic signs of hip prosthesis complications, surgical revision should not be proposed before carrying out a comprehensive etiological study. After formal exclusion of septic osteoarthritis, with at best evidence of microbial absence, other sources of hip pain should be investigated: tendinopathy, joint pain, referred pain of vertebral origin, neuropathy. Disorders of systems other than musculoskeletal could lead to symptoms around the hip joint (digestive system, urogenital system, vascular system). Rarely, the diagnosis may be a type 1 complex regional pain syndrome (algodystrophy), a tumoral process, or progressive recurrence of initial coxopathy. Regular clinical and radiological follow-up after total hip arthroplasty will facilitate this investigation should a prosthetic revision be considered.



Hanche douloureuse – «Descellement évident»


Le descellement prothétique au sens large (avec ou sans ciment) est l’évolution quasi naturelle de l’arthroplastie, en particulier au niveau de la hanche. Son diagnostic est parfois aisé, à partir d’une symptomatologie riche, et confirmé par les examens d’imagerie standards. Cependant, les signes cliniques peuvent être plus discrets et de nombreux diagnostics différentiels doivent alors être discutés.

La bibliographie sur la séméiologie clinique du descellement de la prothèse totale de hanche est pauvre. En revanche, elle laisse une grande place aux examens complémentaires au détriment de l’examen clinique trop souvent oublié. Celui-ci reste fondamental et s’inscrit dans une démarche qui doit rester rigoureuse et systématique. Conduit d’une manière classique, il permet d’évoquer le diagnostic de descellement prothétique qui sera secondairement confirmé par la réalisation de radiographies standard. Il guide aussi les demandes d’autres examens complémentaires et aide à leur interprétation. Cet examen clinique participe également à l’élimination de certains diagnostics différentiels et est utile pour le bilan préthérapeutique, chez une population souvent âgée, en recherchant les comorbidités et l’analyse du terrain (état cutanée, vasculaire, neurologique, etc.).

Les données retrouvées dans ce premier examen vont progressivement s’enrichir au fur et à mesure des consultations qui vont conduire à la décision de reprise d’une prothèse totale de hanche. Ces données sont fondamentales pour le diagnostic mais aussi pour définir la tactique et la stratégie de la reprise. Cette analyse est à intégrer dans les informations recherchées au chapitre suivant de «l’état des lieux».


Séméiologie clinique du descellement prothétique



Historique de la prothèse


L’examen clinique reste conventionnel. Il s’attache à rechercher des signes en faveur d’un descellement de l’un ou des deux composants. L’objectif étant de le localiser au cotyle et/ou au fémur et de rechercher des arguments pour une étiologie infectieuse dont le diagnostic doit toujours être redouté tant que l’on n’a pas la preuve du contraire. L’interrogatoire cherche à reconstituer l’histoire de la PTH avec ses incidents potentiels, traumatiques, infectieux, chirurgicaux ou simplement des modifications dans le rythme de vie habituel.

On note la date d’apparition des symptômes nouveaux motivant la consultation. On recherche un intervalle libre, c’est-à-dire l’existence d’une phase silencieuse avant le début des signes cliniques amenant à consulter. Il est également recherché la notion de chute, d’efforts importants anormaux ou prolongés, un état infectieux, une reprise chirurgicale récente.

L’obtention du compte rendu opératoire permet d’obtenir des informations importantes comme le type d’implant, l’utilisation de ciment, le couple de frottement. Il est également intéressant de connaître le diagnostic initial ayant conduit à l’indication d’arthroplastie de hanche (pathologie inflammatoire, dégénérative, etc.).

La thérapeutique en cours doit également être relevée : antalgique, anti-inflammatoire, corticothérapie (quantité, durée ou fréquence).

En fait, il y a beaucoup à apprendre du dossier médical et des suites immédiates de la prothèse de hanche initiale. Après la phase habituelle de 2 à 3 jours d’hyperthermie modérée, l’évolution naturelle post-chirurgicale est la normalisation de la température. Certaines suites sont entachées d’épisodes thermiques prolongés faisant évoquer, une infection urinaire, une thrombophlébite, une infection bronchique, voire un trouble du transit ou une pathologie vésiculaire…

Parfois, le bilan étiologique est négatif et il faut alors se reporter à des éléments du dossier, notamment aux caractéristiques du pansement (rougeur de la cuisse, hématome important, cicatrice inflammatoire, écoulement). Cet hématome peut s’être évacué spontanément sans avoir l’assurance de l’absence d’une complication septique. Seul l’avenir le dira. À distance de cet épisode local, on peut assister à des réveils fébriles, souvent de quelques jours, parfois résolutifs jusqu’au jour où les stigmates de l’infection réapparaissent associés à une phase douloureuse.

Si l’interrogatoire ou le dossier médical permet de reconstituer le fil de cette histoire, il sera d’une aide précieuse dans la démarche diagnostique du descellement, notamment dans un contexte septique.

Le tableau clinique peut être d’apparition brutale, évident avec douleur, impotence fonctionnelle voire instabilité (en faveur d’une infection ou d’une défaillance mécanique). Le début peut être rapporté à un fait précis (chute, première luxation…).

Il peut être chronique ou insidieux lors d’un descellement mécanique progressif sans facteur déclenchant.

Si le diagnostic n’est pas évident, il faudra éliminer les douleurs de PTH d’autre origine avec l’examen systématique du genou et du rachis et la recherche des comorbidités.


Signes fonctionnels


Les conséquences du descellement prothétique sont de trois ordres : la douleur, la boiterie et la diminution des performances de la PTH.


La douleur


C’est le «maître symptôme». Ses caractéristiques orientent vers l’étiologie et le type de descellement (uni- ou bipolaire). Il faudra préciser plusieurs points.


• Le type de douleur : statique, ou à la marche; permanente ou intermittente.


• L’horaire : douleur liée à l’activité diurne ou nocturne, même au repos, ou encore mécanique de dérouillage, d’hyperutilisation, ou inflammatoire (d’étiologie infectieuse avec une symptomatologie d’apparition plutôt insidieuse).


• L’intensité qui pourra être évaluée sur une échelle visuelle (EVA) de 0 à 10. La thérapeutique antalgique avec le type de molécule, les doses, son efficacité et son évolution doivent être notées.


• La localisation : il s’agit d’un facteur prédictif assez fiable, surtout si elle reste constante lors d’examens successifs. La localisation de cette douleur peut orienter vers une atteinte de la pièce fémorale ou cotyloïdienne.

Plutôt en faveur d’un descellement fémoral, il s’agit d’une douleur de cuisse, aggravée au passage de la position assise à la position debout ou lors des changements de direction et à la montée des escaliers. Le patient signale souvent des douleurs de la face externe à mi-cuisse avec une irradiation au genou.

Une douleur de l’aine ou de la fesse oriente plutôt vers l’implant cotyloïdien. Il s’agit alors d’une douleur profondément inguinale avec parfois une irradiation sur le trajet des adducteurs, à la face interne du genou ou plus rarement fessière.

Malgré les caractéristiques relativement typiques de cette sémiologie, il ne faut pas omettre de penser aux diagnostics différentiels à rapporter à des causes proximales ou plus distales.


• La chronologie de survenue :


– les douleurs précoces des prothèses non cimentées, moins fréquentes aujourd’hui avec l’amélioration du dessin, un remplissage métaphysaire et une plus grande longueur de la tige, évoquent des problèmes de calage;


– l’apparition de douleur avec un intervalle libre de plusieurs années est fortement évocatrice d’un descellement prothétique surtout sans signe biologique de type inflammatoire;


– les arguments pour évoquer un «descellement» sont une douleur de localisation unique non ubiquitaire avec le temps, survenant à la marche ou dans des positions extrêmes. L’horaire fait évoquer une cause plutôt mécanique (sauf étiologie infectieuse) avec un intervalle libre, c’est-à-dire après une période où la hanche a été indolore. Dans un premier temps, le résultat a été satisfaisant, la douleur n’est apparue que plusieurs années après l’intervention.


La boiterie ou l’impotence fonctionnelle


La boiterie est à la fois visible et audible. Ce signe est parfois difficile à mettre en évidence lorsqu’on ne connaît pas la qualité de la marche avant le début des signes ou lorsque aucune épreuve de marche de référence postopératoire n’a été réalisée. Il faut alors se fier au patient ou à son entourage.

L’association douleur, boiterie, hésitation à prendre un appui est facile à authentifier, de même que le port récent d’une canne. En revanche, la boiterie sans douleur est plus difficile à analyser. C’est la raison pour laquelle, dans le dossier, toute boiterie devrait être décrite ainsi que les aides utilisées pour assurer un suivi lors d’examens successifs.

Il peut survenir une sensation de «click» à la marche avec l’utilisation de couple dur/dur, voire une réelle subluxation avec une sensation d’instabilité évoquant une usure du polyéthylène ou une modification des rapports cotyle/tige fémorale.


Altération des performances de la PTH


Les signes les plus évidents sont : la diminution du périmètre de marche, la nécessité d’une aide fonctionnelle (reprise de la canne par exemple), une gêne dans les gestes de la vie courante, une diminution de l’autonomie.

Une instabilité peut débuter à type de subluxation ou de luxation. Celle-ci peut s’expliquer par l’usure du polyéthylène ou un déplacement des pièces prothétiques descellées visible sur les radiographies standard. Enfin, les mobilités peuvent être limitées et un réel enraidissement peut apparaître.


Signes physiques



Cicatrices


On note les cicatrices présentes rappelant la ou les voies d’abord précédentes, et leur aspect éventuellement inflammatoire. En effet, la peau de la région opératoire ne doit pas présenter de lésion dermatologique, staphylococcie ou surinfection quelconque ou encore de phlyctènes ou d’excoriations, autant de causes favorisant les complications septiques. Cet examen permet également de contrôler la position de la ou des cicatrices précédentes de même que leur aspect qui pourra témoigner de suites compliquées (reprise, sepsis, aspect inflammatoire).

Cette analyse modifie en fait peu le choix de l’abord cutané. En effet, au niveau de la région de la hanche, le panicule adipeux est important et les téguments suffisamment vascularisés pour que l’on puisse, sans risque, croiser une incision précédente. Encore faut-il que la reprise soit effectuée plusieurs mois après l’intervention initiale. En principe, sauf pour les instabilités précoces et les infections postopératoires subaiguës où il est préférable de reprendre l’incision initiale, les reprises à moyen et à long terme peuvent s’affranchir du trajet des incisions précédentes.

Cette phase d’inspection doit se poursuivre par un examen debout en statique puis à la marche réalisant alors un examen dynamique.


Examen statique



Attitudes vicieuses

La douleur de hanche peut engendrer une attitude vicieuse à but antalgique. L’examen statique permet d’évaluer l’inégalité de longueur des membres inférieurs directement liée à la prothèse de hanche en place mais aussi aux autres causes extra-articulaires. Il recherche :


• un bassin fixé sur une colonne lombaire soit en hyperlordose ou au contraire un effacement de celle-ci, ailleurs, une scoliose compensatrice sus-jacente, autant d’attitudes que le changement de PTH ne modifiera pas forcément et qu’il faut savoir respecter;


• le bassin peut présenter une bascule avec une incidence sur la longueur du membre inférieur. On recherche la cause de cette inégalité : raccourcissement du membre porteur de la PTH ou raccourcissement fonctionnel lié à une atteinte fixée en adduction ou encore, secondaire à une colonne lombaire fixée en attitude scoliotique. Ces données devront être interprétées avec des radiographies, de même que l’éventuelle incidence neurologique de ces troubles.

À ces déformations, peuvent s’ajouter :


• un flessum de hanche;


• une rotation externe fixée.

Bien souvent, enfin, ces patients sont porteurs d’atteintes pluriarticulaires, hanche controlatérale, genou, ayant une incidence sur la statique globale même sur le pied.


Points douloureux

La localisation de la douleur conduit la palpation afin de caractériser la zone en cause : cotyle, tige fémorale. On éliminera les différents diagnostics différentiels de douleur de hanche détaillés dans un chapitre suivant, en particulier périarticulaires, les tendinopathies du moyen fessier, du pyramidal et du psoas (points exquis ou douleur déclenchée par l’action musculaire).

La palpation de l’aine ou de la cuisse peut révéler une douleur reconnue par le patient.

Plusieurs tests sont utiles pour mettre en évidence cette douleur :


• douleur en appui monopodal;


• test clinostatique positif ou douleur à l’élévation jambe tendue;


• douleur à la compression axiale en décubitus ou à l’ébranlement du membre inférieur.



Examen dynamique


L’examen dynamique à la marche permet de noter les incidences relatives de chacune des articulations sur la démarche globale. Il visualise le type de marche : sans aide fonctionnelle ou au contraire, avec une ou deux cannes. On doit étudier :


• l’appui plus ou moins escamoté sur la hanche douloureuse;


• la perte du pas postérieur, l’appui sur la pointe du pied témoin d’un membre inférieur au moins fonctionnellement plus court;


• un signe de Trendelenburg plus visible aux épaules qu’au niveau de la ceinture pelvienne.

Cet examen dynamique montre si les défauts statiques sont liés à la hanche prothésée elle-même, parfois bloquée en adduction et flexion ou si ces perturbations sont davantage dues à un genu valgum par exemple, pouvant également perturber l’appui du pied sous-jacent. Cette analyse visuelle permet de donner des informations qu’il faut croiser avec la lecture des clichés des radiographies standard. Les anomalies ou diminutions fonctionnelles liées à la faillite mécanique de la prothèse de hanche seront, au moins en partie, sensibles à une correction chirurgicale lors de la révision programmée.

Enfin, on recherche une tendance à la subluxation par effet came avec parfois la sensation d’un ressaut. Il peut exister également une appréhension spontanée du patient qui empêche d’explorer correctement les amplitudes articulaires.

L’examen clinique doit se poursuivre par l’examen du genou et du rachis pour différencier des douleurs projetées de la hanche.

Cet examen clinique statique et dynamique aboutit à la demande d’examens complémentaires. Cette approche sémiologique permet une analyse critique et constructive des images radiographiques standard qui, sorties du contexte clinique, seraient difficilement interprétables.

En pratique, nous sommes confrontés à trois situations cliniques schématiques.


• Un patient consulte pour l’apparition d’une boiterie et/ou d’une douleur plusieurs années après la pose d’une prothèse totale de hanche. L’existence de l’intervalle libre est assez caractéristique. Cette douleur est mécanique, déclenchée dans les positions extrêmes et au lever d’une position assise. Elle peut être située à l’aine ou à la cuisse. La boiterie est de tout type (d’épaule, d’esquive ou par inégalité de longueur). À l’interrogatoire, il est parfois retrouvé des signes d’instabilité (subluxation ou luxation). L’autonomie s’en trouve réduite et le patient a repris de lui-même la canne. Enfin, il n’y a aucun point d’appel infectieux évident en première analyse. Les examens complémentaires, au premier rang desquels la radiographie, vont mettre en évidence une cause à cette PTH douloureuse.


• La deuxième situation est beaucoup plus frustre et silencieuse. Elle est plus fréquemment retrouvée dans les consultations systématiques de contrôle. L’autonomie est presque normale et la boiterie est peu importante. Le patient peut se plaindre d’une douleur modérée, mécanique lors des marches prolongées, de localisations diverses (aine, fesse, fémur, etc.). C’est dans ce contexte que la surveillance radiographique est fondamentale pour rechercher un début de descellement. Dans ce tableau frustre avec un intervalle libre parfois difficile à mettre en évidence, le doute avec une infection larvée est le plus grand. Il faudra s’intéresser aux antécédents et aux suites postopératoires de l’intervention (cicatrisation, écoulement, etc.). La cicatrice est en général normale, un empattement local peut être recherché. La prescription d’un bilan complémentaire s’impose le plus souvent (biologie, scintigraphie, scanner).










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Figure 2.
a. Premier épisode de luxation antérieure d’une PTH à 20 ans par usure du polyéthylène. b. Usure du polyéthylène bien mise en évidence après réduction de la luxation.


Ainsi, on retient les douleurs de cuisse pour le descellement fémoral et de l’aine pour le cotyle. La réapparition d’une boiterie avec un intervalle libre est très évocatrice. L’étiologie septique devra toujours rester à l’esprit et sera systématiquement recherchée.

Le tableau est parfois beaucoup plus silencieux et la surveillance radiographique systématique prend alors tout son intérêt.

Les données de cette étape clinique diagnostique à la recherche de la faillite prothétique seront aussi utilisées, reprises et enrichies lors du bilan préopératoire.


Imagerie


Elle repose essentiellement sur trois clichés radiologiques standard simples :


• un bassin de face couché, hanches en rotation interne si possible;


• un cliché de face centré sur la hanche montrant l’intégralité de la PTH et, s’il existe, celle du bouchon de ciment;


• un cliché de profil de la hanche prothésée avec la visualisation de la tige entière et du cotyle.

L’imagerie évolue avec sa résolution et son transport informatique. L’échelle des clichés doit être connue ce qui aujourd’hui est possible avec les images numérisées. Mais c’est un réel problème pour utiliser les calques des prothèses délivrés par les fabricants qui sont encore à l’échelle des radiographies traditionnelles (e = 1,15). Des logiciels adaptés commencent à apparaître.

À ces clichés de base peuvent être ajoutés des trois-quarts (Judet). Pour notre part, nous utilisons aussi un orthopantomogramme de face afin de contrôler les interlignes articulaires du membre inférieur, les axes et l’attitude du bassin en charge. Ce cliché comporte plusieurs pièges. S’il existe un flessum difficilement réductible ou induit par la douleur, le patient n’arrive pas à maintenir une position en extension. Cette flexion entraîne un raccourcissement automatique du membre inférieur qui n’est que fonctionnel. Il n’est pas anatomique. Il ne nécessite donc pas de correction lorsqu’on aura redonné la mobilité à la hanche. Si on ne respectait pas ces données, on obtiendrait un allongement non voulu du membre prothésé. Cette analyse doit aussi intégrer le genou s’il existe un flessum.

Il faut donc ramener ces données à l’examen clinique et avoir grande confiance dans le manipulateur radio qui est le seul à savoir si le patient avait bien sa hanche et son genou en extension, le pied étant en appui complet sur le sol. Ces principes de bonne pratique donnent toute sa valeur à cet examen.

Dans certains cas où l’on suspecte une mobilité cotyloïdienne que la radiographie ne permet pas de visualiser de façon certaine, un examen dynamique sous scopie peut confirmer le descellement en faisant apparaître cette mobilité.

Les trois radiographies de bassin et de hanche suscitées sont le plus souvent suffisantes pour confirmer la faillite mécanique d’une prothèse totale de hanche et proposer l’indication d’une reprise chirurgicale. Elles peuvent ainsi révéler le descellement d’un implant fémoral ou acétabulaire, cimenté ou non cimenté, une ostéolyse périprothétique, une usure notamment de l’insert en polyéthylène, une instabilité pouvant ou non avoir conduit à une luxation, des ossifications périarticulaires, une fracture autour de l’implant notamment fémoral et parfois une rupture de l’implant lui-même. Cette confirmation radiologique de la suspicion clinique d’un échec mécanique d’arthroplastie de hanche définit le stade D de la SOFCOT selon Pidhorz et Sedel [29].

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Apr 2, 2020 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on douloureuse

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