Chapitre 4 Nez déviés et septoplasties
Il suffit de considérer un scanner de nez dévié pour vérifier que l’anomalie externe s’accompagne d’une déformation septale dont le contre-angle se situe profondément dans la fosse nasale et qu’il est illusoire de vouloir redresser l’ogive nasale, sans remettre le pied de cloison en position médiane(figure 4-1).
ANGULATIONS SEPTALES ET TRADUCTION MORPHOLOGIQUE
Déformations et causes
Fractures avec un angle dièdre dont l’arête est plus ou moins verticale par rapport à la crête incisive
On constate une déviation latérale du nez, l’angulation apparaissant plus ou moins haute sur l’arête selon que le trait de fracture se termine sous l’auvent osseux ou cartilagineux. Simultanément, on peut remarquer un bombement du cartilage triangulaire «coincé» entre la cloison et l’orifice piriforme, et parfois un abaissement du seuil narinaire (figure 4-2).
Angulations avec un angle dièdre dont l’arête est plus ou moins parallèle à la crête incisive
Dans certains cas, la fracture horizontale peut être muette sur le plan esthétique, mais lorsque l’angulation est importante, elle entraîne une perte de hauteur du septum dont la traduction esthétique est une ensellure au niveau du tiers moyen de l’arête nasale (figure 4-3A-E ). La correction devra se faire en restituant toute sa hauteur au septum. Un petit greffon modelant pourrait harmoniser le dorsum, mais il ne doit pas laisser l’angulation sous-jacente intacte.
Les fractures verticales et horizontales s’associent souvent. Elles forment alors un sommet de pyramide qui vient plus ou moins s’encastrer dans la tête du cornet inférieur; à cet endroit, la muqueuse est blanchâtre, tendue et prête à se déchirer. Ce sommet de pyramide peut parfois déformer l’orifice narinaire s’il est très antérieur (figure 4-4A,B ).
Déformations liées aux fractures situées près des bords du cartilage septal
Au niveau du rebord antérosupérieur, la traduction esthétique est encore une ensellure (figure 4-3D). Le cartilage triangulaire chevauche le septum replié sur lui-même. Le défi consiste à déplier le septum pour lui rendre sa hauteur initiale.
Ces rhinoplasties d’«expansion» sont toujours plus difficiles à réaliser que les rhinoplasties de réduction. Bien entendu, tous ces traits de fracture peuvent se retrouver isolément, mais surtout rassemblés dans les nez traumatiques ou complexes (voir figure 4-4A,B).
Anomalies des jonctions chondrovomériennes et chondropalatines
Ces anomalies sont quasi constantes, et donc également essentielles à connaître. Elles constituent un véritable «verrou» à la rhinoplastie, empêchant toute mobilisation du septum. Il s’agit aussi d’un facteur de dysperméabilité nasale. Tout se passe comme si, lors du traumatisme initial, pouvant d’ailleurs être obstétrical, le cartilage septal s’était impacté sur le bloc palatin. Le léger recul de la cloison latéralise le vomer, souvent dans la fosse nasale gauche. Au fur et à mesure du développement du massif maxillofacial, ces lésions s’accentuent et prennent toute leur ampleur après la puberté. Il s’ensuit la formation d’un cal ostéo-fibro-cartilagineux, véritable corps étranger intranasal. Il empêche toute mobilisation du septum, et sa résection est une des clés de l’intervention. Cottle a parfaitement étudié les variantes nombreuses de ces jonctions (figure 4-5A,B).
STRATÉGIE CHIRURGICALE
On peut distinguer deux catégories de nez dévié :
Points communs
Dans tous les cas, il convient de :
Squelettisation
Le deuxième décollement s’effectue, après avoir parfaitement isolé l’épine nasale antéro-inférieure, le long du plancher de la fosse nasale, en sous-périosté. C’est le fameux «plan magique» le long de la crête incisive. Le décolleur remonte ensuite vers les angulations septales, rejoignant peu à peu le décollement supérieur. Ce décollement effectué, le vaste lambeau est mucopériosté en bas, au niveau du plancher et de la crête incisive; il est mucopérichondral au niveau du septum cartilagineux (voir figures 2-26C et figures 2-29).