des membres inférieurs

Chapitre 2 Revascularisations des membres inférieurs



ANGIOPLASTIES PERCUTANÉES



Ponction percutanée rétrograde de l’artère fémorale commune


La procédure est ascendante. Les opérateurs sont plaçés à droite du patient, l’amplificateur de brillance à gauche (figure 2-1)



Le seul repère fiable est la branche horizontale du pubis, qui marque l’extrémité supérieure de l’artère fémorale commune. En effet, le pli cutané inguinal est situé sous l’arcade crurale et correspond le plus souvent à la bifurcation fémorale. L’artère est facilement palpée en dehors de l’épine pubienne en la faisant rouler sous les doigts, qu’elle soit pulsatile ou non (figure 2-2). La ponction de l’artère est attestée par l’issue d’une goutte de sang dans le cathéter de ponction, qui est alors poussé de manière à être transfixiant. Son retrait progressif laisse apparaître un jet franc autorisant seul le passage du guide hydrophile 0,035 qui doit monter sans aucune résistance. Le repérage sous amplificateur de brillance permet de naviguer le plus haut possible jusqu’au niveau de l’aorte thoracique descendante (figure 2-3). Un introducteur de 5 ou 6 French est alors mis en place sur le guide après avoir élargi au bistouri le point de ponction cutanée (figure 2-4).





Après héparinisation générale, l’introducteur est rincé avec du sérum hépariné.



Angioplastie percutanée de l’aorte sous-rénale (figure 2-5)


Les deux artères fémorales communes sont ponctionnées. Par un des deux abords, une sonde queue-de-cochon graduée est mise en place en juxtarénal (figure 2-6a)




Une aortographie de repérage est réalisée (volume de produit de contraste de 20 à 30 mL, à un débit de 20 à 30 mL/ seconde) et la sonde queue-de-cochon est retirée en laissant un guide hydrophile 0,035.


Si la sténose est très serrée, une prédilatation peut être réalisée avec un ballon de petit calibre (figure 2-6b).


Quoi qu’il en soit, il est préférable de larguer l’endoprothèse d’emblée (figure 2-6c), l’angioplastie étant alors protégée par l’endoprothèse. Nous utilisons des endoprothèses auto-expansibles qui sont adaptables à la morphologie de l’aorte et à ses variations de diamètre. L’endoprothèse peut être surdimensionnée pour augmenter la force radiale, mais jamais le ballon de façon à éviter une rupture.


Le diamètre de l’endoprothèse est au mieux choisi en mesurant le diamètre du chenal circulant en amont et en aval de la sténose sur l’angioscanner. Après largage de l’endoprothèse (qu’il y ait eu ou non une prédilatation), une première angioplastie est réalisée avec un ballon sousdimensionné, permettant de calibrer précisément le chenal circulant. Une seconde angioplastie est alors réalisée avec le ballon adapté au millimètre près (figure 2-6d). Ceci permet une dilatation progressive et évite une surdilatation de l’aorte et une rupture éventuelle.


Lorsque les lésions athéromateuses sont anfractueuses ou lorsqu’il existe un « dépôt » pariétal, notre préférence va à une endoprothèse couverte auto-expansible (nitinol + PTFE). Ce type d’endoprothèse est chargé dans une gaine de plus gros diamètre. Il faut donc faire un échange d’introducteur pour mettre en place un introducteur de 9 ou 10 French. Le reste de la procédure est identique.



Angioplastie percutanée de la bifurcation aorto-bi-iliaque


Les deux artères fémorales communes sont ponctionnées et deux introducteurs de 6 French sont mis en place. Les deux guides hydrophiles 0,035 sont positionnés assez haut dans l’aorte thoracique descendante (figure 2-7a).



S’il existe une oblitération iliaque primitive, la recanalisation peut se faire de deux façons, soit :



Après franchissement de l’oblitération par le guide, la sonde est poussée au-delà et une injection de produit de contraste permet de vérifier qu’elle se situe bien dans la lumière aortique et non pas dans un plan de dissection (figure 2-8).



On réalise une aortographie de repérage avec une sonde queue-de-cochon 5 French positionnée dans l’aorte sous-rénale terminale (volume 20 à 30 mL, débit 30 mL/seconde). On débute par une angioplastie en kissing avec deux ballons, de 7 ou 8 mm de diamètre, inflatés simultanément (figure 2-7b).



Ceci permet de calibrer les iliaques primitives et de choisir précisément les dimensions des endoprothèses en diamètre et en longueur.


Nous utilisons des endoprothèses auto-expansibles qui s’adaptent mieux à la morphologie de la bifurcation aortique (variation de calibre, angulations…). On achemine les deux endoprothèses et elles sont larguées simultanément à cheval sur l’aorte terminale et les iliaques primitives. Le déploiement dans l’aorte est plus ou moins haut selon l’étendue des lésions athéromateuses (figure 2-7c). Il est complété par une nouvelle inflation en kissing des deux premiers ballons ou de deux ballons de diamètre supérieur mieux adaptés.







Angioplastie percutanée iliaque externe


Si la sténose est distante de l’artère fémorale commune, une ponction homolatérale est suffisante. L’injection de contraste se fait à la main par l’introducteur. Le reste de la procédure est identique (figures 2-14).



Si la sténose est proche de l’artère fémorale commune, un abord controlatéral s’avère nécessaire pour des raisons évidentes. L’artère fémorale commune controlatérale est ponctionnée et un guide hydrophile 0,035 long (260 cm) est positionné dans l’axe iliaque. Le cathétérisme de l’axe iliaque controlatéral se fait avec une sonde profilée adaptée, le guide hydrophile étant poussé le plus loin possible dans l’axe fémoropoplité controlatéral (figure 2-16a). On réalise un échange de guide par la même sonde ou par une sonde plus souple de type vertébral 4 ou 5 French, poussée le plus loin possible dans l’axe fémoropoplité controlatéral pour avoir le meilleur appui possible (figure 2-16b) ; en effet, le passage du guide hyper-rigide 0,035 exerce une poussée ascendante importante qui peut « déloger » le guide (figure 2-16b).





Sur ce guide hyper-rigide, on peut alors faire l’échange d’introducteur pour mettre en place un introducteur de type controlatéral armé 6 French dont l’extrémité distale (radio-opaque) est positionnée juste en amont de la sténose (figure 2-16c). On peut alors conserver le guide hyper-rigide ou changer de nouveau de guide et remettre en place le guide hydrophile 0,035, mais ceci oblige à retraverser la lésion et l’axe fémoropoplité.



La procédure est poursuivie comme elle a été décrite précédemment en n’oubliant pas d’utiliser des cathéters de ballons et d’endoprothèses longs (135 cm).


Cet abord controlatéral est évidemment indispensable pour les angioplasties percutanées des sténoses de l’artère fémorale commune.


Enfin, cet abord unique permet de dilater des sténoses sur les deux axes iliaques. Dans ce cas, nous préférons traiter la sténose homolatérale à la ponction en second, lors du retrait de l’introducteur.





Angioplastie percutanée fémorale superficielle




Angioplastie d’une artère perméable


Le cathétérisme de l’artère fémorale superficielle est fait avec un guide hydrophile 0,035 long (260 cm). Le guide traverse la lésion et après une artériographie des axes de jambe, son extrémité distale est positionnée au niveau de l’extrémité distale d’un axe de jambe (figure 2-22a). Ceci permet de caler le guide en distalité et d’éviter sa sortie intempestive de la zone sténosée lors des manœuvres.



Les lésions athéromateuses de l’artère fémorale superficielle peuvent être courtes, mais elles sont très souvent longues, ponctuées de sténoses plus serrées. Dans ce cas, l’angioplastie ne se limite pas au territoire le plus sténosé, mais doit intéresser tout le segment artériel qu’il faut véritablement recalibrer. Dans cette localisation, des ballons longs pouvant aller jusqu’à 120 mm (voire plus) sont particulièrement indiqués (figure 2-22b). Surtout, les ballons ne doivent pas être surdimensionnés en diamètre au millimètre près, au risque de disséquer la paroi artérielle. Quelle que soit la longueur du segment dilaté, les extrémités de l’endoprothèse doivent s’implanter en zones non ou peu sténosées. C’est la raison pour laquelle de longues endoprothèses sont le plus souvent nécessaires. On peut ainsi être amené à implanter deux voire trois endoprothèses, que l’on peut, contrairement aux ballons, surdimensionner de 1 mm de façon à augmenter leur force radiale. Il est impératif de disposer en amont d’un ostium et des premiers centimètres de l’artère fémorale superficielle non sténosés. Afin d’éviter une torsion d’une endoprothèse trop longue sur son axe, nous n’utilisons pas d’endoprothèses de longueur supérieure à 120 mm (figure 2-22c). Après largage d’une ou de plusieurs endoprothèses, un nouveau recalibrage est réalisé avec un ballon de diamètre adapté.





Recanalisation et angioplastie d’une artère oblitérée


Après cathétérisme du segment proximal de l’artère fémorale superficielle, la recanalisation se fait soit par voie sousintimale, soit par voie centrale.



Recanalisation sous-intimale


La recanalisation sous-intimale est faite avec une sonde droite ou une sonde vertébrale 4 French et un guide hydrophile 0,035 en J extrémité recourbée. Le trajet est suivi sous cartographie en restant dans l’axe de l’artère. Après franchissement de la zone oblitérée par le guide, on apprécie en général aisément s’il se situe bien dans la lumière artérielle (figure 2-25)et cf. figure 2-8a). On peut alors faire descendre la sonde sur le guide et réaliser une injection de produit de contraste qui confirme que l’on n’est pas dans un plan de dissection.



Une cartographie permet alors de poursuivre la navigation et de descendre le guide dans l’extrémité distale d’un axe de jambe (cf. figure 2-8d).


On peut alors continuer la procédure sur le guide 0,035 : l’inflation d’un premier ballon de petit profil permet « d’ouvrir » la lumière artérielle avant de descendre l’endoprothèse, puis de la recalibrer avec un ballon de diamètre adapté.


On peut aussi choisir de faire un échange de guide et mettre en place un guide rigide 0,014 pour travailler en « monorail ». Les ballons sont en effet de plus petit profil et permettent de passer aisément à travers une zone oblitérée très dense. Par ailleurs, cette technique apporte la commodité de travailler avec un guide plus court.


Après avoir descendu la sonde vertébrale dans l’artère poplitée sous-articulaire, une cartographie permet de faire l’échange de guide et de positionner le guide 0,014 dans l’extrémité distale d’un axe de jambe. La sonde est alors retirée et l’angioplastie est poursuivie de la même façon.





PONTAGES



Pontage à partir de l’aorte



Abord du trépied fémoral


Il se fait par une voie verticale transganglionnaire du trigone fémoral. Les repères pour l’incision sont la branche horizontale du pubis et l’artère fémorale commune (en dehors de l’épine pubienne) que l’on fait rouler sous les doigts. L’incision cutanée est centrée sur l’axe artériel, débute en haut un peu au-dessus du niveau de la branche horizontale du pubis et s’étend vers le bas sur 6 à 7 cm en moyenne (figure 2-28a). Les berges cutanées sont mises en tension par l’opérateur et l’aide ; le plan sous-cutané et la plaque ganglionnaire sont fendus au bistouri froid jusqu’à l’artère sans aucun décollement de façon à réaliser une véritable tranchée. Pendant ce temps, la palpation de l’artère fémorale commune par la pulpe des doigts de l’autre main permet de repérer en permanence l’axe de l’artère et d’éviter un décollement (figure 2-28b). Lorsque l’artère fémorale commune est exposée, l’écarteur de Beckman est mis en place et le trépied fémoral est contrôlé (figure 2-28c). La désinsertion de l’arcade crurale en dehors permet de contrôler une bifurcation haute et/ou l’artère iliaque externe distale.



En bas, l’incision peut être prolongée pour le contrôle des artères fémorales superficielle et profonde. L’écarteur récline en dehors le sartorius et en dedans le muscle moyen adducteur. Après incision de la plaque ganglionnaire, on expose l’aponévrose superficielle qui est incisée verticalement, en suivant l’axe de l’artère fémorale superficielle et qui permet de l’exposer à la demande. Le contrôle et la libération de l’artère fémorale superficielle sont faciles en s’aidant d’un écarteur de Farabeuf en bas pour récliner un peu plus le sartorius. Ceci permet d’exposer l’origine de l’artère fémorale profonde, et le tronc des perforantes après avoir ligaturé les veines transversales circonflexes et quadricipitales.



Pontage aorto-bi-fémoral par mini-lombotomie antérieure extrapéritonéale


Le patient est installé en décubitus dorsal, le côté gauche tourné de 30 à 45 degrés (billot latéral), le membre supérieur gauche dans une gouttière, un billot transversal sous les auvents costaux pour faire monter l’aorte sous-rénale. Le bassin est presque à plat, les deux trigones fémoraux exposés.


Les repères de l’incision abdominale sont l’ombilic, le rebord chondrocostal gauche et le bord externe du muscle droit de l’abdomen gauche. L’incision cutanée est oblique en S italique débutant verticalement, au bord externe du droit juste sous le niveau de l’ombilic et se terminant en arrière sous le rebord costal (figure 2-29a). Si l’écart entre la projection horizontale de l’ombilic et le rebord costal est trop court, l’incision, plus horizontale, se recourbe en arrière entre la 10e et la 11e côte, ou entre la 11e et la 12e côte de façon à assurer une ouverture satisfaisante (figure 2-29b).


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May 4, 2017 | Posted by in CHIRURGIE | Comments Off on des membres inférieurs

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