Définition et déroulement
En ce qui concerne les thérapies à médiation artistique dont les ateliers d’écriture font partie, Widlöcher (in Manuel de psychiatrie) préfère employer la notion de « thérapeutiques psychologiques » plutôt que celle de « psychothérapies ». Avant d’aborder étape par étape la question : à qui s’adressent les ateliers d’écriture thérapeutiques, ou, en d’autres termes, quelles en sont les indications, nous pouvons d’emblée dire qu’il n’y a pas une seule réponse ; aussi, en examinant chaque situation particulière conviendra-t-il de préciser ce que nous pouvons attendre d’une telle approche thérapeutique.
Définition
En s’inspirant de l’expérience américaine du creative writing, il s’agit d’amener les patients à exprimer leurs affects par la médiation de l’écriture. Du fait de l’élaboration créative qu’elle suppose, cette pratique relève de l’art-thérapie.
Un tel atelier d’écriture doit permettre de favoriser la création à plusieurs niveaux :
• par la médiation de l’écriture entre le patient et lui-même ;
• par la médiation de l’écriture entre le patient et l’autre (le patient et/ou le thérapeute) ;
• par la discussion, au cours de l’atelier, à propos du choix des thèmes.
L’objectif est de créer une dynamique au sein du groupe qui libérera la communication tout en la mettant en forme par un travail relationnel qui contribuera à l’organisation psychique de chacun.
Historique
Selon certains psychiatres, si les écrits de patients peuvent parfois aider au diagnostic, ils n’auraient cependant aucun effet thérapeutique.
De même, les psychanalystes se sont penchés sur les productions écrites de leurs patients ; il s’agissait toutefois non pas d’écritures à visée thérapeutique, mais essentiellement d’une forme de psychanalyse appliquée (Clancier, 1973).
Définition de la médiation
Il nous paraît important de rappeler ce que recouvre le travail de « médiation ». Il ne s’agit pas de réaliser, au cours de ces ateliers, une œuvre symptomatique, avec ses caractéristiques thématiques et formelles, mais plutôt d’être plongé dans une situation originale, une rencontre entre le thérapeute et son patient qui met en jeu de nombreux paramètres liés à la fois à la spécificité du cadre de l’atelier et à ses règles (cf. partie IV, « Guide du thérapeute »), à la qualité de la disponibilité du thérapeute, et à la place et au sens de ce type d’activités comparé à d’autres moyens ou stratégies thérapeutiques.
Cette expérience ne peut être rendue à partir de la seule observation centrée sur la production terminale. D’où l’importance des grilles d’observation et/ou des comptes rendus en fin de séance, témoins des informations nécessaires à une bonne compréhension de ce travail psychothérapeutique, et aussi considérés comme un outil d’évaluation.
Si nous nous satisfaisions uniquement du plaisir esthétique ou de l’interprétation de ces œuvres, nous n’en aurions que leur aspect formel. Même si elles ont souvent une valeur esthétique réelle, cela n’est que pour le plaisir supposé du patient et une restauration éventuelle de son Moi. En revanche, si nous voulons utiliser ce travail de création pour une thérapie, alors nous devons considérer les aspects esthétiques comme étant moins importants que les différentes étapes de la création et surtout que ses différents processus de transformation .
Pour Anne-Marie Dubois (in Guelfi et Rouillon, 2007), « le terme de psychothérapie à médiation artistique paraît plus adapté et plus juste que celui d’art-thérapie ; une définition pourrait en être : toute utilisation d’une pratique artistique à des fins thérapeutiques » ; c’est dans cet axe de pensée que vont se situer nos indications.
Créativité
Rappelons toutefois que nous parlons de créativité ; faut-il être créatif pour intégrer ces ateliers afin de bénéficier d’une telle thérapeutique ? La réponse est non ; rappelons simplement que la créativité ou plus exactement l’aptitude à créer est en chacun de nous, à tout moment de notre vie, jeune, adulte, malade, en bonne santé… En référence à Winnicott, nous considérons donc la créativité comme étant non pas la création d’un produit fini, mais ce qui permet d’évoluer dans le tracé d’une expérience personnelle. Ce qui vient s’ajouter dans les ateliers d’écriture , ce sont les mouvements transférentiels triangulaires entre le patient, le thérapeute et l’œuvre – un triangle isocèle avec une circulation à double sens.