de santé du patient

Chapitre 3 État de santé du patient



Généralités








Estimation du risque opératoire



image Risque hémorragique


De manière générale, les maladies à risque hémorragique majeur sont dépistées de façon précoce, tandis qu’un déficit léger de l’hémostase peut être asymptomatique ou masqué durant de nombreuses années.


L’évaluation du risque hémorragique repose essentiellement sur l’interrogatoire et l’observation clinique (tableaux 2 et 3). Les examens biologiques pour explorer l’hémostase sont interdépendants de l’examen clinique. En aucun cas, un examen biologique de routine est systématique [10].


Tableau 2 Objectifs de l’interrogatoire : dépistage de signes cliniques précis d’un saignement [11]











Épistaxis fréquentes, ménorragies abondantes, ecchymoses récurrentes, hématomes
Hémorragies après : Blessures cutanées superficielles
Traumatisme
Accouchement
Interventions chirurgicales
Saignements buccaux : Gingivorragies en l’absence de la maladie parodontale
Après avulsion dentaire
Post-traumatique




En dehors des quelques rares exceptions répertoriées ci-dessus et de façon non exhaustive, le risque hémorragique est le plus souvent associé à un traitement médicamenteux. Ce sont des situations préopératoires pour lesquelles l’équipe médicale doit définir la conduite à tenir :





Avec le développement des anti-agrégants plaquettaires et des anticoagulants, le pronostic des maladies thrombo-artérielles et thrombo-embolitiques a été considérablement amélioré. Il était de tradition d’interrompre ou de substituer anti-agrégants plaquettaires et anticoagulants préalablement à tout acte chirurgical, attitude remise en question depuis quelques années au vu du rapport bénéfice/risque encouru par le patient.




Point Clé




Tableau 4 Anticoagulants : les héparines et leurs relais par voies orales (antivitamines K, acénocoumarol : Sintrom®, warfarine : Coumadine®, fluindione : Préviscan®) [16]


La mesure de l’INR (indice normalized ratio) permet le contrôle du degré d’anticoagulation et, par suite, une application sécurisée des recommandations.



















Examens biologiques Dosage de l’INR Actes en pratique libérale Actes en milieu hospitalier
INR ≤ 1 Risque thrombotique
Intervention différée
Risque thrombotique
Intervention différée
1 ≤ INR ≤ 3 Avulsions
Implant unitaire
Avulsions multiples ou complexes
Chirurgie parodontale
Implants multiples
INR ≥ 3   Tout acte pris en charge en milieu hospitalier


Anti-agrégants plaquettaires


Parmi les anti-agrégants plaquettaires, les premières places sont occupées par l’acide acétylsalicylique (Aspirine®) et le clopidogrel (Plavix®) souvent prescrits en association (stent coronaire) et, en cas de contre-indication à l’Aspirine®, la ticlopidine (Ticlid®) (tableau 5). Aucun test biologique fiable ne permet de surveiller l’efficacité des anti-agrégants plaquettaires [17], le temps de saignement reste imparfait.


Tableau 5 Prescription d’un anti-agrégant plaquettaire*












Anti-agrégant Posologie
Patient sous acide acétylsalicylique À faible dose ou à dose modérée : 75 à 325 mg/j
Patient sous clopidogrel 75 mg/j

* Ne pas interrompre le traitement.


Tous les anti-agrégants plaquettaires sont susceptibles de causer des complications hémorragiques péri- et/ou postopératoires [18]. Cependant, les données actuelles indiquent que les risques sont moins importants dans notre exercice à maintenir les anti-agrégants plaquettaires qu’à les substituer ou les arrêter. Le risque thrombotique lié à l’arrêt des anti-agrégants plaquettaires est supérieur au risque hémorragique peu conséquent et facilement gérable en chirurgie orale [19].







Contrôle du saignement en pratique de ville chez les patients traités par anticoagulants ou anti-agrégants plaquettaires


La phase du bilan préopératoire englobe également la préparation du matériel et des techniques disponibles pour arrêter le saignement dans les indications suivantes :










image Risque infectieux


La mise en place d’implant(s) nécessite souvent des actes chirurgicaux préparatoires ou effectués pendant la pose d’implant(s) (greffe osseuse, comblement alvéolaire, régénération osseuse guidée). Pour les implants et les techniques chirurgicales connexes considérés comme des actes invasifs, le risque infectieux existe (tableau 6). Une stricte appréciation de l’état général du patient, ainsi que le suivi des recommandations dans l’utilisation prophylactique des antibiotiques et la conformité des conditions d’hygiène liées à l’acte opératoire réduisent la fréquence des contaminations bactériennes.


Tableau 6 Facteurs de risque à prendre en compte











Risque endogène Risque iatrogène Risque exogène
État général du patient
Flore personnelle
Âge
Défaut de maîtrise des actes chirurgicaux Contamination exogène
Hygiène
Asepsie


Risques infectieux endogènes


Il n’est pas recommandé de faire un dépistage systématique recherchant des bactéries ou une présence virale à distance du site opératoire. De même, les prélèvements microbiologiques pour les parodontites ne sont pas justifiés lorsque l’existence d’une infection n’est pas démontrée. Il convient d’appliquer les précautions standard à tout acte invasif [23].



Antibiothérapie et risques infectieux


L’indication d’une antibiothérapie en préopératoire suit les recommandations reposant sur un accord professionnel [24] pour prévenir une infection locale, générale ou induite par le geste thérapeutique (par exemple, allongement du temps opératoire et exposition du site …) (tableaux 7 et 8).


Tableau 7 Détermination du risque infectieux











Patient sans facteur de risque : sujet considéré comme sain Patient à risque infectieux local ou général : risque A Patient à risque infectieux à distance : risque B
Certaines cardiopathies ne présentent aucun risque d’endocardite infectieuse et englobent les situations cliniques suivantes :




Immunodépression :



Pathologie non contrôlée :




Dénutrition :




Cardiopathie à risque d’endocardite infectieuse :




Implants et greffes osseuses contre-indiqués de principe faute de données en France, à la différence des recommandations européennes et de l’American Heart Association

Tableau 8 Antibiothérapie chez le sujet sain et à risque A


Le recours aux antibiotiques n’est reconnu que pour quelques interventions et dans certaines pathologies [25].


















Acte chirurgical et manifestations pathologiques Attitude thérapeutique
Mise en place d’implant(s)
Comblement alvéolaire
Greffe osseuse
Chirurgie osseuse
Antibiothérapie prophylactique
Avulsion dentaire Antibiothérapie non justifiée chez le sujet sain
Antibiotique prophylactique chez le sujet à risque A
Abcès
Gingivite ulcéronécrotique
Parodontite agressive ou réfractaire
Péricoronarite
Cellulite
Ostéite
Stomatite bactérienne
Infection des glandes salivaires
Antibiothérapie curative au préalable à tout acte pré-implantaire ou implantaire
Parodontite chronique Antibiothérapie non justifiée en première intention chez le sujet sain
Antibiothérapie prophylactique chez le sujet à risque A

En implantologie ou en chirurgie pré-implantaire, le risque infectieux est principalement local. Le traitement préliminaire de tout foyer infectieux voisin de l’intervention est impératif pour écarter une contamination du site chirurgical (figure 14).







Remarque : la mise en place immédiate d’implant(s) après avulsion dentaire est de pratique courante et donne des succès comparables aux résultats obtenus avec la mise en place d’implant(s) en technique différée [26]. Les indications de cette procédure sont largement décrites [27]. Cependant, l’intérêt d’un traitement antibiotique est peu relaté, alors même que quelques complications graves (ostéomyélites …) sont rapportées chez un patient considéré comme sain et auquel a été posé un implant immédiat [28].



Prescription des antibiotiques


Pour le praticien, il convient de distinguer une antibiothérapie prophylactique identique à celle prescrite pour la prévention de l’endocardite infectieuse, de l’antibiothérapie curative nécessaire à traiter une infection du site devant être reconstruit par un geste chirurgical à visée implantaire (tableaux 9 et 10). Le choix de l’antibiothérapie est probabiliste car il se fait en fonction de la flore bactérienne la plus habituelle qui induit une infection [29]. Plus la vascularisation du site traité est importante, plus la contamination bactérienne est active et le dosage antibiotique doit être adapté au temps d’exposition du site traité.


Tableau 9 Antibioprophylaxie : prise unique, 1 heure avant le traitement














Amoxiciline 2 g En première intention
Clindamycine 600 mg En cas d’allergie aux bêtalactamines
Pristinamycine 1 g




L’antibioprophylaxie ainsi prescrite est efficace par sa concentration tissulaire présente au moment du trait d’incision et durant tout le temps opératoire [30].




L’antibiothérapie curative est donc indiquée dans les infections aiguës du sujet sain ou dans les infections aiguë ou chronique du sujet à risque A dans le but d’éradiquer toute colonisation bactérienne préalablement à une greffe osseuse ou à la pose des implants.


Cependant, il n’existe pas de solution stéréotypée : l’âge du patient, son poids et la difficulté de l’intervention influencent fortement la dose d’antibiotiques à prescrire.



Risques infectieux iatrogènes


De nombreuses infections du site opératoire lors de chirurgie à visée implantaire sont rapportées avec comme point de départ un acte iatrogène [33, 34]. En outre, des études rétrospectives commencent à démontrer un large succès de séries d’implants mises en place sans antibiothérapie [35], ce qui laisse supposer que l’acte iatrogène est bien au centre du risque infectieux.


La prévention d’une infection commence dès la période préopératoire (tableau 11). La présence de bactéries pathogènes cutanées ou dans l’oropharynx n’est pas considérable mais leur multiplication est toujours possible. Une barbe non entretenue est un exemple d’un éventuel inoculum bactérien. La maîtrise de l’acte opératoire par le chirurgien et son expérience quant à la fermeture d’un site greffé constituent un préliminaire à la prévention d’une infection.


Tableau 11 Prévention préopératoire du risque iatrogène : recommandations









Conseil d’antisepsie préopératoire Brossage des dents
Bain de bouche (chlorexidine, povidone iodée …)
Dépilation, rasage (en particulier dans les greffes osseuses et lors de l’utilisation de matériel d’ostéosynthèse)
Préparation préopératoire du patient Si une anesthésie générale est programmée, une douche antiseptique doit être pratiquée la veille et dans les heures précédant l’intervention
DANS TOUS LES CAS :


Toutes les complications en chirurgie à visée implantaire n’ont pas donné lieu à des évaluations car elles n’ont pas fait l’objet de développements médicaux légaux. Parmi ces complications, et sans être exhaustif, sont à retenir les complications dont l’origine iatrogène est démontrée :










La plupart des risques infectieux iatrogènes précités sont liés a l’insuffisance de formation du praticien avec un risque plus important pour les assistants en formation qui doivent en prendre conscience et se fixer les limites mises en exergue par le bilan préopératoire (figures 15 à 19).








Risques infectieux exogènes


Un rapport de la Haute Autorité de santé sur les conditions de sécurité permettant d’écarter un risque infectieux exogène en implantologie et techniques connexes a été publié récemment [36]. Ce rapport mentionne le faible nombre de publications sur le sujet et émet, comme pour tout acte de chirurgie générale [37], des recommandations décrites dans le tableau 12. Il s’agit de précautions permettant de réduire préalablement à l’intervention le risque infectieux en prévenant une contamination trop souvent sous-estimée. Ce tableau reprend uniquement la méthodologie préopératoire conduite dans le cadre d’un bilan à visée implantaire.


Tableau 12 Adapter les actes chirurgicaux en fonction du niveau de risque















Acte à réaliser dans une salle de soins adaptée Extraction(s) avec comblement alvéolaire par substitut à l’os autogène
Mise en place d’un ou plusieurs implants
Deuxième temps chirurgical à la mise en place d’implants
Régénération osseuse guidée
Acte à réaliser dans une salle de soins spécifique ou dans un bloc opératoire Régénération osseuse guidée avec os autogène en espaceur ou avec manipulation de plaquettes riches en fibrine
Greffe osseuse autogène
Comblement sous-sinusien par fenêtre latérale
Comblement sous-sinusien par voie crestale
Cas complexe où implants et greffes osseuses sont programmés
Distraction alvéolaire
Latéralisation du nerf alvéolaire inférieur
Principe ergonomique d’une salle de soins spécifique ou d’un bloc opératoire Mobilier restreint pour réduire la flore exogène
Limitation du nombre d’intervenants
Maîtrise de l’asepsie par chaque intervenant
Environnement d’une salle spécifique ou d’un bloc opératoire Herméticité des portes
Bonne ventilation de la salle
Matériel mobile et sol désinfectés entre deux interventions

Le plateau technique – comprenant le matériel chirurgical, la lingerie, l’aspiration chirurgicale – relève de l’étape périopératoire et sa mise en œuvre est largement enseignée.

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Jun 24, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on de santé du patient

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