Chapitre 4 Anévrysmes de l’aorte thoracique
REMPLACEMENT DE L’AORTE ASCENDANTE SUS-CORONAIRE
Un trigone fémoral est abordé verticalement par voie transganglionnaire. L’artère fémorale commune est contrôlée en s’assurant qu’il n’existe pas de lésion athéromateuse pouvant compliquer la canulation. Après héparinisation générale, l’artère fémorale commune est clampée par un clamp de Déra. Une artériotomie transversale est réalisée et une canule de 18 ou 20 F est introduite (figure 4-2). Il est important de vérifier que le flux à travers la canule n’est pas amorti. En effet, l’extrémité de la canule peut se collaber sur la paroi artérielle et un jet saccadé peut en témoigner. Dans ce cas, la mobilisation de la canule permet d’obtenir un flux satisfaisant. La canule est alors sécurisée et son débit est testé par la circulation extracorporelle (CEC).
Le clampage de l’aorte ascendante est fait par un clamp en L au pied du TABC, le plus haut possible de façon à réséquer l’ensemble de l’aorte ascendante (figure 4-3). La cardioplégie normothermique hyperpotassique est débutée en antérograde dans la racine aortique par un gros cathéter. La main droite sur le ventricule gauche permet de vérifier qu’il ne se distend pas. Quoi qu’il en soit, la décharge des cavités cardiaques peut être assurée rapidement par l’introduction d’une sonde d’aspiration dans la veine pulmonaire supérieure droite, poussée jusqu’à la pointe du ventricule gauche.
Une fois l’arrêt cardiaque obtenu, la cardioplégie peut être poursuivie par la sonde introduite dans le sinus coronaire. L’aorte ascendante est alors sectionnée au bord supérieur des ostia coronaires dont on vérifie les reflux pendant la cardioplégie (figure 4-4). En haut, l’aorte est sectionnée transversalement, 10 mm sous le clamp. La racine aortique est exposée par trois points commissuraux de polypropylène (figure 4-5). Un mesureur de valve permet de calibrer la racine aortique. En général, on utilise une prothèse d’un diamètre légèrement supérieur pour prendre en compte l’épaisseur de la paroi aortique.
L’extrémité supérieure de la prothèse est, en général, taillée transversalement pour être anastomosée à la terminaison de l’aorte ascendante au pied du TABC. L’aorte est, de la même façon, exposée par trois points de polypropylène et la suture est réalisée par trois tiers de surjet de polypropylène 4/0 (figure 4-6).
En cas de dissection aiguë, les deux cylindres aortiques sont au préalable recollés sur deux attelles circulaires de feutre de Téflon® interne et externe (figure 4-7), les sutures prothétiques s’appuyant sur ces attelles (figure 4-8).
OPÉRATION DE BENTALL
Deux boutons aortiques sont alors découpés autour des ostia coronaires, en ayant au préalable bien libéré les sinus de Valsalva (figures 4-9a et 4-10a). Le diamètre de l’anneau aortique est mesuré pour le choix de la prothèse valvulaire. Lorsque le choix se porte sur une valve mécanique, on utilise en général un tube valvé. Lorsque le choix se porte sur une valve biologique, la valve et le tube de Dacron® sont choisis séparément et suturés simultanément. Il est à noter qu’il existe depuis peu un tube valvé biologique qui est plus commode dans ce cas.
Une couronne de points en U de fils tressés de 2 ou 3/0 renforcés par des feutres de Téflon® est mise en place. Ces fils sont ensuite passés dans la collerette de la prothèse valvulaire et/ou dans le tube de Dacron de bas en haut en trois tiers (figures 4-9 b et 4-10b). Le tube valvé est alors descendu vers l’anneau aortique sans exercer de traction excessive sur l’anneau. Les fils sont noués en prenant soin d’appliquer d’abord les trois commissures. La suture est enfin testée par la ponction du tube de Dacron® et une cardioplégie antérograde.
Les ostia coronaires sont alors réimplantés respectivement aux faces antérieure et postérieure du tube de Dacron® par deux hémi-surjets de polypropylène 5/0 (figures 4-9c et 4-10c). Il faut veiller à ce que le fil de surjet soit bien tendu de façon à éviter, notamment au niveau de la coronaire gauche, une fuite toujours plus difficile à contrôler. Une nouvelle cardioplégie antérograde par ponction du tube de Dacron® est réalisée pour tester l’étanchéité de la réimplantation des ostia coronaires. La suture de l’extrémité supérieure du tube de Dacron® est ensuite réalisée telle qu’elle a été décrite précédemment. Le reste de l’intervention se déroule de manière identique.
REMPLACEMENT DE L’ARCHE AORTIQUE
Qu’il s’agisse d’un remplacement partiel ou complet de l’arche aortique, la sternotomie est associée à une cervicotomie horizontale comme cela a été décrit précédemment pour le contrôle de l’origine des troncs supra-aortiques (cf. figure 1-53). Le plus souvent, le tronc veineux innominé gauche est sectionné et ligaturé par des surjets aller-retour de polypropylène 5/0 (cf. figure 1-54). Ceci permet un écartement sternal optimal et donc d’éviter un arrachement du tronc veineux innominé gauche.
Remplacement de l’arche aortique proximale
Le TABC est clampé après son origine par un clamp de Déra. La carotide primitive et la sous-clavière droites sont clampées séparément. On réalise une artériotomie transversale à la face antérieure du TABC au niveau de laquelle, on passe un point en U de polypropylène 5/0 renforcé par deux feutres de Téflon® (figure 4-11a). Une canule adaptée est introduite et dirigée vers la carotide primitive droite qui est déclampée permettant ainsi de réaliser la purge rétrograde.
La canulation de la carotide primitive gauche se fait exactement de la même façon, et les deux hémisphères sont alors perfusés à un débit global de 600 mL/minute en moyenne (figures 4-11b et 4-12). À ce moment-là, l’aorte horizontale est clampée avant ou après l’artère sous-clavière gauche qui est alors clampée séparément.
Le clamp de l’aorte ascendante est lâché et la résection de la paroi anévrysmale se fait, à la demande en général, obliquement dans la concavité de l’arche aortique (figure 4-13a et b).
Lorsque l’aorte ascendante ne peut être clampée dans un premier temps, la canulation des troncs supra-aortiques est faite d’emblée et l’aorte distale est clampée avant ou après la sousclavière gauche. Il s’ensuit la cardioplégie, la mise à plat de l’aorte ascendante et l’anastomose aortique proximale, puis la recoupe aortique distale dans la concavité de l’arche aortique (figure 4-13b).
Après la suture aortique proximale deux options sont possibles. Le même tube de Dacron® est alors taillé obliquement et l’anastomose à l’aorte horizontale est débutée à l’angle gauche de la recoupe aortique qui a été exposée par trois points de polypropylène 4/0. Cette suture se fait par trois tiers de surjet de polypropylène 4 ou 5/0 (figure 4-13c).
On peut aussi utiliser un tube séparé de Dacron® taillé obliquement et suturé de la même façon à la concavité de l’arche aortique. Les deux tubes de Dacron® sont alors anastomosés en terminal vrai par deux hémi-surjets de polypropylène 4 ou 5/0 (figure 4-13d). L’arrêt de la CEC et la purge des cavités cardiaques sont ensuite faits comme cela a été décrit précédemment. Après déclampage aortique, le TABC et la carotide primitive gauche sont décanulés successivement.
En cas de dissection aiguë, la technique est décrite p. XXX. Dans ce cas, ce sont deux tubes de Dacron® séparés qui sont utilisés et anastomosés, en renforçant toutefois les deux extrémités aortiques par des attelles circulaires de feutre de Téflon® (figure 4-13d).
Remplacement complet de l’arche aortique
Par la même voie d’abord, la plèvre gauche est largement ouverte et ceci permet en règle générale le contrôle de l’isthme aortique assez bas, voire le contrôle de l’origine de l’aorte thoracique descendante (figure 4-16a). Après le temps de la racine aortique et les canulations du TABC et de la carotide primitive gauche, l’isthme aortique est clampé par voie centrale ou l’aorte thoracique descendante en intrapleural gauche. L’aorte isthmique est sectionnée par voie centrale et, en général, une seule palette des troncs supra-aortiques est découpée en ménageant une collerette aortique oblongue. Les deux angles et la berge inférieure de cette collerette aortique sont exposés par trois points de polypropylène 4/0. Le calibre interne de l’isthme aortique est mesuré avec des testeurs de valve. Une prothèse surdimensionnée de 2 mm de diamètre est choisie. Cette prothèse est anastomosée en terminal vrai à l’isthme aortique, par trois tiers de surjet de polypropylène 4 ou 5/0.
La suture débute à l’angle gauche de la collerette aortique par un point en U de polypropylène 4/0 et se poursuit au niveau de la berge inférieure jusqu’au point d’exposition. La suture est alors poursuivie au niveau de la berge supérieure, puis reprend de la berge inférieure vers la berge supérieure (figure 4-16b).
Ce second tube de Dacron® est alors purgé par un déclampage de l’aorte isthmique.
Après les purges, les deux tubes de Dacron® sont anastomosés en règle en terminal vrai par deux hémi-surjets de polypropylène 4 ou 5/0 avec la tension nécessaire pour obtenir une néo-arche prothétique harmonieuse sans plicature (figures 4-15b, c et 4-16c).
Le TABC et la carotide primitive gauche peuvent être décanulés avant ou après cette anastomose.
Trompe d’éléphant
Premier temps
La prothèse aortique est invaginée sur elle-même et introduite dans l’aorte thoracique descendante à l’aide d’un clamp aortique courbe (figure 4-18a). La suture aortique distale isthmique est réalisée par trois tiers de surjet de polypropylène 4 ou 5/0 (figure 4-18b) et la prothèse est évaginée laissant pendre le segment distal dans l’aorte thoracique descendante.
La collerette des troncs supra-aortiques est préparée et réimplantée à la prothèse comme cela a été décrit précédemment (figure 4-18c). La circulation distale est alors reprise de façon antérograde par une canule introduite dans une prothèse implantée en latéral sur la prothèse aortique (figure 4-18d). Le réchauffement est débuté et le reste de l’intervention se déroule comme cela a été décrit précédemment.
Second temps
Il peut concerner la chirurgie directe d’un anévrysme aortique thoraco-abdominal de type I ou II de Crawford ou l’exclusion d’un anévrysme de l’aorte thoracique descendante par l’implantation d’une endoprothèse couverte (figure 4-19).