Chapitre 3 Anévrysmes de l’aorte abdominale
ENDOPROTHÈSE COUVERTE AORTO-BI-ILIAQUE
Déroulement de l’intervention
La salle d’opération est installée en procédure ascendante (figure 3-1).
Les artères fémorales communes sont abordées par des incisions verticales transganglionnaires (figure 3-2). Le contrôle de l’artère fémorale commune et/ou de l’artère iliaque externe distale est fait en fonction des lésions athéromateuses de l’artère fémorale commune et du site de la future artériotomie. Le principe est de réaliser cette artériotomie au niveau d’une artère de calibre suffisant avec, au minimum, une paroi antérieure relativement souple. On peut donc être amené, s’il existe des lésions calcifiées de l’artère fémorale commune, à étendre le contrôle en amont sur l’artère iliaque externe distale après avoir désinséré l’arcade crurale en dehors. Le site de l’artériotomie prend en compte le siège du clampage proximal qui doit être distant d’au moins 1 cm.
Une alternative à l’abord vertical des trigones fémoraux est l’abord horizontal sus-crural (figure 3-3a). L’incision cutanée est centrée par le trajet de l’axe artériel, un travers de doigt audessus de l’arcade crurale. Après incision horizontale de l’aponévrose du grand oblique, l’artère est facilement découverte en glissant en bas dans le plan sous-péritonéal (figure 3-3b). Cet abord est intéressant en cas de calcifications importantes du trépied fémoral, si l’artère iliaque externe est de bon calibre et non calcifiée. Elle a l’inconvénient de rendre difficile la réalisation d’un pontage croisé, si nécessaire.
On se porte alors au niveau de l’artère fémorale commune gauche qui est ponctionnée et l’on met en place un introducteur de 5 French. Un guide hydrophile 0,035 est amené jusqu’à l’aorte thoracique descendante. Sur ce guide, on achemine une sonde queue-de-cochon graduée dont l’extrémité distale est positionnée en inter-rénal (figure 3-4a).
- a. Temps initial.
- b. Artériotomie.
- c. Cathétérisme de l’origine de la branche prothétique controlatérale.
- d. Cathétérisme de la branche prothétique controlatérale : vérification systématique.
- e. Déploiement de la branche prothétique controlatérale.
- f. Cross-over et capture du guide avec un lasso.
- g. Sécurisation du transfert du guide par l’inflation d’un ballon.
- b. Artériotomie.
On peut réaliser une aortographie première de repérage (20 à 30 mL à un débit de 30 mL/seconde) afin de vérifier le bon positionnement de la sonde queue-de-cochon et d’effectuer les dernières mesures et derniers repérages. On se reporte alors vers le trigone fémoral droit. L’artère fémorale commune est clampée par un tourniquet. Après ablation de l’introducteur, l’artère est clampée avec un clamp de Déra et le tourniquet est « lâché ». L’artériotomie est réalisée transversalement au point de pénétration de l’introducteur 6 F (figure 3-4b).
On se porte alors à gauche ; on réalise un échange de sonde par l’intermédiaire d’un guide hydrophile 0,035 pour acheminer une sonde vertébrale 5 F. Cette sonde permet, en effet, dans la majorité des cas de cathétériser l’origine de la branche prothétique controlatérale quelle que soit l’anatomie de la bifurcation aortique (figure 3-4c).
Après cathétérisme de l’origine de la branche prothétique gauche, le guide hydrophile 0,035 est poussé assez haut au niveau de l’aorte thoracique descendante. On réalise un échange de sonde pour acheminer sur ce guide la sonde queue-de-cochon graduée. Le retrait du guide permet de faire tourner l’extrémité queue-de-cochon au niveau des deux premiers stents du corps prothétique et de vérifier que les mouvements sont libres et donc que la sonde n’est pas située entre l’aorte et l’endoprothèse… (figure 3-4d).
L’artère fémorale commune gauche est clampée et l’introducteur retiré. Une artériotomie transversale est réalisée à sa face antérieure. L’introducteur contenant la branche prothétique gauche est acheminé en prenant soin d’avoir le chevauchement suffisant jusqu’au corps prothétique (figure 3-4e).
Gestion des « difficultés »
Impossibilité de cathétériser l’origine de la branche controlatérale : réalisation d’un cross-over (figure 3-4f)
Parfois, le cathétérisme de la branche controlatérale s’avère impossible en raison de la conformation anatomique de la bifurcation aortique et des iliaques. Ainsi, afin de ne pas « s’épuiser » et pour éviter des temps de scopie trop importants, on peut être amené à décider de réaliser un cross-over. Dans ce cas, après avoir fini de déployer la branche prothétique droite, on achemine une sonde profilée de 5 F positionnée au niveau de la bifurcation du corps prothétique pour cathétériser l’origine de la branche prothétique controlatérale et l’axe iliaque controlatéral le plus bas possible jusqu’au niveau de l’iliaque externe si possible. Cette manœuvre peut s’avérer difficile en raison du manque d’appui et des tortuosités iliaques. Au préalable, un lasso du diamètre de l’artère iliaque primitive controlatérale est positionné un peu au-dessus du niveau prévisible d’arrivée du guide ; ceci permet de le capturer et de l’attirer progressivement à travers l’introducteur controlatéral. Le retrait progressif du guide jusqu’au niveau de la bifurcation du corps prothétique permet ensuite de le pousser le plus haut possible jusque dans l’arche aortique. Néanmoins, cette manœuvre peut s’avérer difficile parce que la progression du guide par son extrémité rigide peut s’avérer impossible ou risquée, notamment en raison du manque d’appui quand l’axe iliaque est très tortueux. Dans ces cas, nous conseillons d’acheminer, avant le retrait du guide, un ballon de 12 mm de diamètre, inflaté au niveau de l’origine de la branche prothétique controlatérale (figure 3-4g). Ce ballon permet donc de garder un point fixe dans le cathétérisme de l’origine de la branche prothétique et d’éviter la perte du guide. Une fois le ballon inflaté, le guide peut être inversé et utilisé par son extrémité souple et ceci autorise un cathétérisme sans difficulté jusqu’à l’arche aortique. C’est alors que l’on réalise l’échange de guide pour mettre en place le guide hyper-rigide 0,035 par l’intermédiaire de la sonde vertébrale de 5 F poussée le plus haut possible.
ENDOPROTHÈSE COUVERTE AORTO-UNI-ILIAQUE ET PONTAGE CROISÉ INTERFÉMORAL
Après l’aortographie de repérage, l’artère fémorale commune droite est clampée et l’introducteur retiré. On réalise alors une artériotomie longitudinale centrée sur le point de pénétration de l’introducteur et qui sera le futur site de l’anastomose proximale. L’introducteur contenant l’endoprothèse est acheminé et son déploiement est fait comme cela a été décrit précédemment. Si nécessaire, on peut acheminer une extension prothétique de façon à couvrir l’ensemble de l’artère iliaque primitive (figure 3-9a). On se porte alors vers le trigone fémoral gauche. La sonde queue-de-cochon est retirée sur un guide hyper-rigide 0,035 positionné dans l’aorte le plus haut possible de façon à obtenir le plus d’appui pour acheminer l’obturateur. L’artère fémorale commune est clampée et l’introducteur retiré. L’artériotomie longitudinale est réalisée et l’introducteur contenant l’obturateur est acheminé le plus haut possible, c’est-àdire jusqu’à l’ostium de l’artère iliaque primitive (figure 3-9b).
Après déclampage, on se porte du côté droit ; l’artère fémorale commune est ponctionnée en amont de l’implantation du pontage croisé et l’on met en place un introducteur de 5 French qui permet d’acheminer la sonde queue-de-cochon graduée pour le contrôle final (figure 3-9c). Ce contrôle permet de vérifier la perméabilité de l’endoprothèse, du pontage croisé interfémoral, des iliaques externe et interne gauches et, enfin, des trépieds fémoraux. L’introducteur est retiré et son point de ponction est suturé par un point en U de polypropylène 6/0 renforcé par deux feutres de Téflon®.