de la plaque aréolo-mamelonnaire

Chapitre 14 Reconstruction de la plaque aréolo-mamelonnaire



La reconstruction de la plaque aréolo-mamelonnaire reste un des éléments essentiels de la qualité d’une reconstruction mammaire. Les patientes sont très attentives à la forme, à la couleur, à la taille de l’aréole, mais également à l’aspect et à la projection du mamelon.


Cette reconstruction doit pouvoir se faire sous anesthésie locale pour limiter le nombre de temps opératoire sous anesthésie générale. Les patientes sont très sensibles à cette possibilité.


Toutefois, dans bon nombre de cas, cette reconstruction sera effectuée sous anesthésie générale, lors de l’ultime temps de reconstruction. Ceci n’est possible que si les modifications sont peu importantes lors de ce temps opératoire. En effet, en cas de modifications de positionnement du sillon sous-mammaire ou de réduction importante de volume du sein opposé, la position de l’aréole se modifie en quelques mois. Il sera donc souhaitable de la faire dans un autre temps opératoire.


Les techniques de reconstruction de la plaque aréolo-mamelonnaire sont utilisables en cas de mastectomie, mais également en cas de tumorectomie centrale (ou « pamectomie »), emmenant la plaque aréolo-mamelonnaire.


De nombreuses techniques ont été décrites dans la littérapture [108–114]; elles présentent toutes des avantages et des inconvénients que nous n’évaluerons pas dans cet ouvrage. Nous allons essayer de décrire les principales que nous utilisons très régulièrement et d’autres plus anecdotiques.


Avant toute chose, il faut positionner au mieux la future plaque aréolo-mamelonnaire. Pour cela plusieurs artifices peuvent aider l’opérateur.





POSITIONNEMENT ET FORME DE LA PLAQUE ARÉOLO-MAMELONNAIRE


La position de la plaque aréolo-mamelonnaire (PAM) est essentielle. Elle est appréciée debout de face et de profil et, même si les volumes mammaires sont différents, un compromis doit être trouvé afin que la position soit le plus symétrique possible.


On demandera avant tout à la patiente de positionner de l’index la place de sa future aréole à deux ou trois reprises, les yeux ouverts puis fermés : elle est souvent très bonne.


Ensuite, on vérifie la symétrie par rapport aux différentes mesures à partir des différents points fixes que nous utilisons. Ces points fixes sont le bord inférieur de la clavicule à 5 cm de la ligne médiane (a-PAM) ou la distance manubrium-PAM (b’-PAM), la ligne médiane (c’-PAM), la ligne médio-axillaire (e-PAM) et le sillon sous-mammaire (d-PAM) (figure 14.1).



Mais nous utilisons souvent un autre artifice pour que la forme de l’aréole soit adaptée à celle du sein opposé. La périphérie de l’aréole existante est soulignée au feutre, puis calquée. Le calque est découpé, retourné et positionné au mieux (grâce à un petit collant) sur le sein reconstruit dans sa position idéale (figure 14.2). Ceci est d’autant plus important que l’aréole n’est pas totalement circulaire.



Ce positionnement doit se faire sur un sein « stable », c’està-dire à distance (deux mois minimum) d’une modification opératoire importante de la forme de celui-ci. L’association de ces trois techniques permet de fixer au mieux l’emplacement de la future aréole et de compenser les anomalies de positionnement fréquentes si on n’utilise qu’une seule technique.



RECONSTRUCTION DE L’ARÉOLE



Tatouage


Nous utilisons dans la plupart des cas un tatouage unilatéral si la teinte est facilement reproductible ou bilatéral dans le cas contraire (souvent pour les aréoles très claires). Cette technique est extrêmement simple, reproductible, ne nécessite pas de cicatrice complémentaire. On pourra facilement adapter la forme de l’aréole reconstruite à celle du sein opposé.


Le choix du tatoueur et des pigments est essentiel pour obtenir un bon résultat.


Il s’agit en général d’un mélange de deux ou trois couleurs qui sont tatouées successivement pour mimer au mieux les irrégularités de l’aréole existante et éviter un aspect monochrome de la reconstruction. Une longue expérience est nécessaire pour mimer les couleurs existantes, d’autant que la lumière des scialytiques, le saignement occasionné par le tatouage et l’utilisation de vasoconstricteur dans la Xylocaïne modifient fréquemment ces teintes.


On étale les différentes teintes et on promène le tatoueur avec une minime pression et de façon régulière sur toute la zone à tatouer. Les aiguilles au nombre de trois, six, neuf voire douze sont tenues verticalement et doivent pénétrer suffisamment pour faire pénétrer le produit, sans trop abîmer la peau. On vérifiera régulièrement la bonne prise du produit et l’état de la peau, afin d’éviter des complications dues au fait que la peau peut être abîmée et brûlée par l’agression trop intense des aiguilles. Ce qui pourrait entraîner un défaut de cicatrisation, une dépigmentation, voire une cicatrice chéloïde. Un juste milieu est nécessaire. Un pansement gras est effectué pendant quinze à vingt jours sur cette zone.


Le tatouage de l’aréole en cas de greffe de mamelon opposé est fait avant la greffe. S’il s’agit d’un lambeau local, le site du futur prélèvement est tatoué avant; il sera complété après fermeture cutanée.



Greffe de peau


On pourra utiliser n’importe quel type de peau prélevé sur la patiente dans une zone peu visible, cette peau peut être tatouée avant son prélèvement. On utilisera le plus souvent la peau du sillon génitocrural car la cicatrice est alors bien dissimulée et la couleur de cette peau est souvent très proche de celle de l’aréole à reconstruire.


La technique de prélèvement est simple, sous anesthésie locale ou générale en fonction des cas (figure 14.3).



Le dessin est effectué sur une patiente en décubitus dorsal, la jambe en abduction externe. Le dessin doit être effectué sur une peau tendue, dans la zone la plus foncé et intéresse la peau au-dessous du pli génitocrural. On évitera la zone audessus à forte pilosité. La longueur de la cicatrice est réduite au minimum, en évitant les « oreilles » latérales. On aura au préalable mesuré le diamètre de la plaque aréolo-mamelonnaire à reconstruire, ce diamètre sera reporté sur la peau tendue afin de minimiser le prélèvement et d’avoir une peau bien sous tension lors de son transfert, gage de bonne prise de la greffe.


Ce prélèvement doit intéresser toute l’épaisseur de la peau sans la graisse plus profonde (greffe de peau total).


La fermeture se fera en deux plans, afin d’assurer une bonne solidité de la cicatrice soumise rapidement à des efforts de traction à la marche et de prévenir les lymphocèles fréquentes dans cette zone proche des ganglions inguinaux.


Avant de positionner la greffe au niveau du sein reconstruit, il faudra éliminer toutes les zones de graisse profonde en ne laissant que le derme afin de faciliter la prise. Cette préparation s’effectue au ciseau fin. On pratique ensuite une désépidermisation de la future zone aréolaire en retirant la couche très superficielle de l’épiderme au bistouri froid ou au ciseau fin.


Si on décide de reconstruire le mamelon avec la peau du sein reconstruit, on tatoue cette peau (figure 14.4), puis on la repliera sur elle-même pour former un mamelon (figure 14.5). Ensuite, on positionnera la greffe de peau inguinale. On positionne cette greffe sur cette zone désépidermisée et on la fixe par huit points cardinaux (figure 14.6), qui sont laissés long afin de comprimer cette greffe par un bourdonnet en fin d’intervention. Puis, la greffe est fixée tout autour de l’aréole par un surjet de fil très fin après avoir éliminé l’excédent cutané des deux pointes externes.





Une fois fixée sous bonne tension, la greffe est perforée de quatre à huit orifices effectués à l’aide d’un bistouri fin et pointu; un lavage sera effectué à l’aide d’un cathlon et de sérum physiologique, ce qui permet d’améliorer le contact du greffon et d’éliminer le sang qui pourrait gêner la prise du greffon.


Le mamelon sera alors ressorti de sous la greffe en effectuant une petite moucheture centrale (figure 14.7).


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May 5, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on de la plaque aréolo-mamelonnaire

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