de hanche avec couple de frottement métal-métal Spécificité des échecs et de la révision chirurgicale

Resurfaçage de hanche avec couple de frottement métal-métal Spécificité des échecs et de la révision chirurgicale

Hip resurfacing with metal-on-metal bearing Specificities of failure and surgical revision

J.-M. Laffosse1, M. Lavigne2 and P.-A. Vendittoli2


1Institut locomoteur, service de chirurgie orthopédique et traumatologie, CHU Rangueil-Toulouse, 1, avenue Jean-Poulhès, TSA 50031 31059 Toulouse cedex 9;

2Service de chirurgie orthopédique, hôpital Maisonneuve-Rosemont, centre affilié à l’Université de Montréal, 5415, bd de l’Assomption, Montréal (Québec) H1T 2M4, Canada

Résumé
Les résultats cliniques à court et moyen terme des resurfaçages de hanche (RSH) de dernière génération avec couple de frottement métal-métal sont encourageants. Cela en fait une option thérapeutique prometteuse chez le sujet jeune et actif, potentiellement à risque de révisions futures. Cependant, il semble que le RSH présente un taux de complication supérieur dans les premières années en comparaison à la prothèse totale de hanche (PTH) standard. Les problèmes per- et postopératoires peuvent revêtir des formes spécifiques au RSH, telles que les fractures du col fémoral, la nécrose de la tête fémorale responsable d’un descellement fémoral précoce, l’accrochage et les métalloses extensives. Le RSH est en effet une intervention difficile, où la rigueur technique est indispensable pour obtenir un ancrage et un positionnement optimal des implants garants de leur longévité et d’une usure faible, mais qui nécessite également une sélection stricte des patients. Ainsi, une anatomie sévèrement perturbée ou un stock osseux déficient (ostéopénie, lésions kystiques ou nécrose céphalique étendues) ne permettant pas un support fémoral suffisant ou une reconstruction satisfaisante de l’anatomie constituent des contre-indications à la procédure. De plus, l’insuffisance rénale avérée ou potentielle, ainsi que les femmes en âge de procréer, sont à éviter. Dans le cas d’échec, l’exérèse de la composante fémorale étant simple et le canal fémoral sain, la révision d’un RSH et/ou sa conversion en PTH, est généralement plus simple que la révision d’une PTH standard. Toutefois, la survie à long terme de ces implants de RSH est pour l’heure inconnue et donc le vrai potentiel de cette technique en comparaison à la PTH reste à définir.




Summary

Short- and mid-term clinical outcomes after last-generation metal-on-metal hip resurfacings (HR) are very encouraging. This procedure appears to be a promising therapeutic option for young and active patients who are potentially at risk of future revisions. However, HR presents a higher revision rate than total hip arthroplasty (THA) during the first years after their implantation. Some peroperative and postoperative complications, such as femoral neck fracture, femoral head necrosis responsible for early femoral unsealing, impingement and extensive metallosis, are specific to HR. HR remains a difficult procedure where the technique must be rigorous to obtain optimal positioning and fixation of the implant to ensure longevity and a low wear rate. This demands strict patient selection. Unfavourable anatomy or deficient bone stock (osteopenia, cystic lesions and extended femoral head necrosis) must be considered as contra-indications to the procedure because of the risk of insufficient femoral support or unsatisfactory anatomical reconstruction. Moreover, renal dysfunction patients and young women of childbearing age should be excluded. In case of failure, femoral component removal is easy and, with a virgin femoral canal, conversion to THA is simpler than the revision of standard THA. Nevertheless, the long-term survival rate of these implants is unknown, and the true potential of this procedure remains to be determined.



Introduction


Les premières générations de resurfaçage de hanche (RSH) ont été marquées par des échecs très précoces. Les taux de survie décevants de ces implants, de seulement 34 % à 10 ans [50, 62] provenaient principalement de l’association de ces têtes de grand diamètre à des cupules acétabulaires en polyéthylène (PE) à l’origine d’une usure rapide entraînant ostéolyse et descellement précoces [48]. Ces implants ont été abandonnés. L’avancement des connaissances tribologiques des couples de frottement métal-métal (MoM) a rapidement été appliqué au principe du RSH qui a alors connu un renouveau vers le début des années 1990 [19].

En comparaison à la prothèse totale de hanche (PTH), plusieurs bénéfices théoriques ont été attribués au RSH : meilleures amplitudes articulaires, taux réduit de luxation, meilleure restauration des paramètres biomécaniques de la hanche [18], meilleure transmission des charges au niveau du fémur proximal [16, 28], fonction de la hanche optimisée [38, 41, 42], possibilité de réaliser un remplacement articulaire en cas de déformation du fémur proximal ou de la présence d’implants non extirpables [37]. Toutefois, dans deux études randomisées – l’une comparant le RSH à la PTH tête 28 mm [58] et l’autre le RSH à la PTH avec tête de grand diamètre [30] – peu de différences dans la fonction clinique ont pu être démontrées scientifiquement. Le seul bénéfice résiduel réside donc dans la préservation du capital osseux fémoral et la reprise chirurgicale possiblement facilitée [6, 13, 26, 35]. De plus, pour être considéré supérieur à la PTH, le RSH devrait présenter des taux de complications et de révisions à court, moyen et long termes similaires à la PTH.

La technique de RSH, même si elle est rapidement devenue populaire, reste très exigeante et demande une technique chirurgicale rigoureuse. La courbe d’apprentissage est, d’ailleurs, associée à un taux plus élevé de complications [17, 26, 33, 40]. Peu d’articles ont analysé les complications des RSH amenant à leur échec à long terme [27, 50, 62] et il s’agit alors, toujours, d’implants avec cupule acétabulaire en PE cimentée dont on connaît les mauvais résultats à moyen et long termes. Ces données ne sont donc en aucune façon transposables aux implants actuels qui sont des implants hybrides (cupule acétabulaire non cimentée et cupule fémorale cimentée avec tige) à couple MoM de grand diamètre. Les séries concernant ces implants ne présentent que des résultats à court ou moyen termes dont les taux de survie (90 à 99 % à 3–8 ans) sont encourageants [2, 11, 21, 34, 36, 56]. Il peut cependant survenir un certain nombre de complications responsables d’échecs et de reprises, le plus souvent précoces [13, 17, 26, 40, 56]. Dans le présent texte, nous présenterons ces complications et les causes de révision propres au RSH et les comparerons à celles rapportées dans les PTH. Ensuite, nous rapporterons les résultats de révision de RSH dans une situation d’échec.


Épidémiologie des révisions des resurfaçages de hanche – analyse de la littérature


Les taux de survie pour les implants actuels, rapportés dans la littérature, se situent entre 90 à 99 % à 3–8 ans [2, 11, 21, 34, 36, 56]. Ils sont très variables en fonction des centres. Les données du registre australien, sur un collectif de 7 205 RSH réalisés entre 1999 et 2005, rapportent une fréquence des révisions à 3 ans augmentée pour les RSH (2,8 %) par rapport aux PTH (2 %) [4, 8]. Dans ce même registre, le taux de révisions à 3 ans est comparable chez les hommes (environ 2 %) mais est le double chez les femmes (4,2 % pour les RSH versus 2 % pour les PTH). En fonction de l’âge, les données australiennes montrent chez les sujets de moins de 55 ans (homme et femmes confondues) des taux comparables (2,0 %). Mais alors que les taux de reprises restent à peu près comparables entre les différentes classes d’âge pour les PTH standard, ces taux augmentent à 3,0 % entre 55 et 64 ans, 4,0 % entre 65 et 74 pour atteindre plus de 8,5 % après 75 ans pour les resurfaçages [8]. Le registre du Royaume-Uni rapporte quant à lui un taux de révision entre 2,2 et 3,2 % à 3 ans en fonction du type d’implant [56]; données confirmées par le registre norvégien qui rapporte un taux global de 3,12 % (2,67–3,64) à 3 ans. Cela représente d’après le registre néo-zélandais un taux de reprise d’environ 0,74 % par an [55].

On a tenté de trouver l’effet de certains facteurs sur la survie des RSH. Le registre britannique montre que le taux de reprises a tendance à être supérieur après 55 ans durant la première année post-implantation pour devenir comparable au-delà de cette période [56]. Shimmin et al. [52] rapportent que le taux de révision à 4 ans des RSH était comparable à celui des PTH standard chez les hommes de moins de 65 ans. Le genre féminin a aussi été soulevé comme facteur défavorable. Buergi et Walker [8] rapportent un risque de révision de 2 % chez l’homme et 4,2 % chez la femme. Ces valeurs sont confirmées par les données du registre du Royaume-Uni avec un taux de révisions à 3 ans de 2,3 % chez les hommes et de 3,6 % chez les femmes [56]. En terminant, certaines pathologies comme l’ostéonécrose ont été associées à des taux de survie à 5 ans sensiblement inférieurs à celui de la population ostéoarthrosique, suggérant une certaine prudence dans cette indication.

Kim et al. [26], dans leur série de 200 RSH (Conserve Plus, Wright, États-Unis) au recul moyen de 31,2 mois (12–54) ont eu 14 RSH révisés en moyenne 19,5 mois post-chirurgie (3–47). Les sujets révisés étaient significativement plus jeunes (43,8 ± 7,3 versus 48,9 ± 7,8, p = 0,019) avec un indice de masse corporelle plus élevé (29,9 ± 5,6 versus 27,4 ± 4,5, p = 0,056). Il s’agissait dans tous les cas d’hommes. Dans cette série, la majorité des reprises l’était pour descellement acétabulaire (10/14) et a toujours concerné les chirurgiens ayant une faible expérience du resurfaçage (nombre de cas par chirurgiens : 5 à 30), ce qui montre le facteur important que représente la courbe d’apprentissage dans la technique opératoire [26, 53].

Les causes de révisions de RSH rapportées dans les principales séries de la littérature (plus de 150 cas avec recul d’au moins 30 mois) sont résumées dans le tableau 1. Cette analyse bibliographique nous permet de constater que ce sont les descellements fémoraux qui sont la cause de révision la plus fréquente. Les descellements acétabulaires sont plus fréquents en début de courbe d’apprentissage et sont à mettre en relation avec la difficulté de l’implantation d’une composante acétabulaire monobloc sans possibilité de fixation additionnelle par vis. Les fractures cervicales constituent la 3e cause en fréquence de révisions de RSH et les infections la 4e cause. Les autres causes que sont les luxations, les conflits fémoro-acétabulaires, les complications vasculo-nerveuses, les incompatibilités d’implants et la rupture de l’implant fémoral restent exceptionnelles dans ces séries. Une étiologie particulière de révision est à individualiser. Les douleurs non expliquées dont une origine allergique est supposée, et dont les métalloses pseudo-tumorales semblent représenter l’expression ultime, pourraient voir leur fréquence augmentée avec le plus long suivi des patients. Il faut cependant noter que ces séries représentent l’expérience de centres de référence et peuvent ne pas refléter le type et la fréquence des complications de chirurgiens moins expérimentés. Ainsi, les registres nationaux [55, 56], qui offrent des données plus globales, se distinguent parfois des séries monocentriques. Au Royaume-Uni [56], par exemple, les descellements aseptiques (fémoraux et acétabulaires) représentent toujours la cause la plus fréquente avec 32 % des reprises, suivies des fractures périprothétiques avec 25 %. Les révisions pour douleur (sans plus de précision) représentent 23 % des reprises, les malpositions d’implants 11 %, les infections 7 %, les ostéolyses 5 %, les luxations 5 %, les ruptures de tige 3 %, les fractures de la tête 3 %, les incompatibilités implant fémoral-implant acétabulaire 2 % et les fractures de l’acétabulum 1 %. Les 20 % restant étant représentés par de multiples causes.







































































Tableau 1 Indications de révision dans les principales séries de la littérature
NR : non renseignée, NAV : nécrose avasculaire tête fémorale.
Étude Nombre de cas inclus Recul série globale Nombre de révisions Délai de la révision Causes de la révision
Kim et al. (2008) 200 31,2 (12–54) 14 19,5 (3–47)


descellement acétabulaire : 10


fractures col : 2


descellement fémoral : 1


douleur : 1
Mc Bryde et al. (2008) 909 5,4 ans (2–9,6) 13 3 (0,5–7,3)


descellement acétabulaire : 3


mobilisation cupule : 2


nécrose tête (effondrement) : 2


infection : 3


douleur persistance : 2


fracture col : 1
Amstutz et Le Duff (2008) 1 000 5,6 ans (1–11) 34 11,1 (1–50) fracture : 10
(53,6 mois (23–103) descellements (fémur et acétabulum) : 20




infections : 2


luxation : 1
Heilpern et al. (2008) 110 71 mois (60–93) 4 27 (16–33)


fracture : 1


NAV tête fémorale : 1


descellement acétabulaire : 1


descellement bipolaire : 1
Mont et al. (2007, série multicentrique 1 016 33 mois (24–66) NR NR


fracture : 27 (2,7 %)


descellement acétabulaire : 24 (2,4 %)


luxation : 31 (3,1 %)
Marker et al. (2007) 550 44 mois (7–75) 33 16 (1–62) fracture : 14
27 (1–67)


descellement acétabulaire : 7


infection : 4


descellement fémoral : 3


protrusion acétabulaire : 2


rupture de l’appareil abducteur : 1


rupture du composant fémoral : 1


douleur : 1
Hing et al. (2007) 230 5 ans (4–6) 2


18 mois


57 mois



descellement acétabulaire : 1


douleur chronique : 1 (NAV suspectée)

Il est nécessaire de sensibiliser les orthopédistes à la nécessité d’un positionnement optimal des pièces prothétiques, mais également à une surveillance stricte clinique et radiographique des patients. En effet, les malpositions d’implants constituent, pour De Haan et al. [13], la première cause de révision de RSH. Ils rapportent une série de 42 RSH révisés dont les étiologies de révision étaient : malposition du composant acétabulaire (27 cas) et/ou malposition du composant fémoral (7 cas), descellement fémoral (6 cas), fracture du col (4 cas), descellement acétabulaire (2 cas) et ostéolyse acétabulaire et fémorale (3 cas). Dans 7 cas, les causes de reprise étaient multiples, le plus souvent une malposition à la fois acétabulaire et fémorale. En peropératoire, ils ont rapporté la présence de conflit (14 patients), de métallose (12 cas), de rétrécissement du col (8 cas) et d’ostéolyse (7 cas). Dans cette série, la révision pour malposition de cupule (verticalisation, horizontalisation, antéversion ou rétroversion excessives) était relativement tardive, en moyenne à 22 mois (3–70) et était toujours motivées par des signes cliniques mécaniques plus ou moins invalidants. Dans une étude rétrospective, comparative et contrôlée entre deux groupes de 54 RSH de type Birmingham Hip Resurfacing™ et de 54 PTH standard, Pollard et al. [47] rapportent des taux de révision ou d’intention de révision comparables avec 6 % pour le groupe RSH au recul moyen 61 mois (52–71) versus 8 % pour le groupe PTH au recul moyen de 80 mois (42–120). Cependant, ils ont noté au niveau de l’évaluation radiographique des RSH, une migration de la composante fémorale dans 10 % des cas (5/52 dont 4 en varus) et des liserés dans 60 % des cas (31/52) autour de la tige fémorale et qui s’étendaient sur une hauteur de 1 cm ou plus. Ces données soulèvent ainsi des inquiétudes quant au succès du RSH à moyen terme et la nécessité d’une surveillance radioclinique régulière (figure 1).








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Figure 1
Liséré extensif autour de la tige fémorale faisant suspecter un descellement fémoral.



Indications actuelles du resurfaçage de hanche


En 2009, les indications reconnues du RSH découlent de l’ensemble des complications précédemment citées et des effets «collatéraux» à l’utilisation d’un couple de frottement MoM. Ainsi, ce type d’implant est déconseillé en cas d’insuffisance rénale avérée ou potentielle du fait du risque d’accumulation des ions métalliques dans l’organisme par défaut d’excrétion rénale. Le problème des allergies métalliques vraies et/ou d’hypersensibilité aux métaux reste difficile et, en l’absence de tests diagnostiques fiables, la prudence est de les contre-indiquer en cas d’allergie métallique présupposée et de privilégier alors un autre couple de frottement dur-dur ou dur-mou. Un éventuel rôle tératogène n’étant pour l’heure ni prouvé, ni exclu, la prudence doit être conseillée chez les femmes jeunes en âge de procréer. Certains auteurs suggèrent, pour les femmes jeunes désirant un enfant, de repousser la conception de 2 ans après la mise en place de la prothèse [52], correspondant à la durée de la période de rodage des implants afin de permettre la diminution et la stabilisation des taux ioniques.

Les contre-indications relatives sont liées à :


• la qualité osseuse générale. Chez les personnes atteintes de rhumatismes inflammatoires, ayant pris des stéroïdes de façon continue, les femmes âgées de plus de 50 ans ou toute personne chez qui une ostéopénie est suspectée, on devrait réaliser une évaluation de la densité osseuse au col fémoral en préopératoire. La confirmation d’une ostéopénie (score T<1,0 DS) devrait contre-indiquer l’intervention. Plus généralement, le RSH n’est pas recommandé après 65 ans chez l’homme et 55 ans chez la femme;


• la morphologie acétabulaire : les dysplasies acétabulaires et autres pathologies pouvant rendre difficile la fixation de l’implant monobloc;


• la qualité du support osseux fémoral. Il doit être particulièrement analysé. Toute pathologie ne permettant pas l’obtention d’un contact à 100 % de la composante fémorale en zone cylindrique de l’implant et sur au moins 75–80 % de la partie proximale constitue une contre-indication. C’est le cas des arthroses avec de larges lésions kystiques intracéphaliques, des ostéonécroses de la tête fémorale de toute cause, des pathologies tumorales et plus généralement toutes les pathologies pouvant entraîner des lésions lytiques du fémur proximal;


• la présence d’anomalies architecturales. Alors que les troubles architecturaux métaphysaires et diaphysaires peuvent constituer de bonnes indications au RSH, les malformations épiphysaires majeures avec des cols fémoraux trop courts, une tête sévèrement aplatie (maladie de Legg-Perthes-Calvé), un varus sévère cervico-diaphysaire et l’existence d’une inégalité de longueur des membres inférieurs de plus de 1,5 à 2 cm, qui ne peut pas être corrigée lors d’un RSH, constituent des contre-indications relatives.

Le candidat idéal pour un RSH est actuellement un homme jeune et actif présentant une pathologie isolée de la hanche, plutôt arthrosique, avec un bon stock osseux, une morphologie satisfaisante du fémur proximal et une fonction rénale normale. Ce qui, selon certains auteurs, ne représenterait seulement que 6 % des patients candidats pour une PTH [18]. La proportion actuelle de resurfaçages au Royaume-Uni est de l’ordre de 10 % [56].


Principales complications et potentielles causes de révision des resurfaçages de hanche



Conversion intraopératoire en PTH


Le plus souvent, la planification préopératoire avec des radiographies standard (face et profil), parfois aidées d’une tomodensitométrie (figure 2) ou d’une IRM, permet de détecter les contre-indications mentionnées plus haut. Cependant, dans un nombre significatif de cas, il s’avère soit que la qualité du support osseux a été surestimée, soit que les lésions sont plus étendues que prévu. Seule l’évaluation visuelle de la tête fémorale après sa préparation chirurgicale (alésage) permet de prendre la décision finale quant à la possibilité de procéder au RSH. Devant les succès à long terme des implants fémoraux de PTH, il est inutile de procéder au RSH dans une situation «sous-optimale» et risquant d’augmenter de manière rédhibitoire le risque de complications et de reprises potentielles postopératoires. Certaines situations particulières seront discutées. Dans le cas de lésions kystiques étendues (>1 cm), le choix de réaliser un greffe osseuse ou un remplissage par du ciment alors que celui-ci va dégager une grande quantité de chaleur et qu’il risque de majorer le volume d’os nécrose se pose [23, 32]. La survenue d’une encoche peropératoire, si elle profonde et en situation supéro-latérale, impose également une conversion peropératoire en PTH [19]. La mise en place d’un RSH ne modifie que très peu l’anatomie du fémur proximal [18, 19]; la découverte peropératoire d’une malrotation importante du fémur doit faire aussi préférer une PTH qui, seule, permettra de la corriger. Enfin, l’impossibilité de mettre en place une cupule monobloc de taille déterminée, soit par défaut d’exposition, soit par défaut de stabilité primaire, impose l’implantation d’une cupule avec vis, ce qui oblige par là-même à la conversion si un implant vissable n’est pas disponible dans le système de RSH utilisé. Dans une étude randomisée comparant le RSH à la PTH, le taux de conversion de RSH en PTH intraopératoire était de 5 % (5/109) [58]. Dans cette étude, la conversion peropératoire, en PTH à tête de grand diamètre, a été décidée dans trois cas devant une anatomie défavorable (un cas de nécrose extensive de la tête fémorale ne permettant pas un appui osseux suffisant, un cas de rétroversion du col pouvant générer conflit et douleur postopératoires et dans un cas la qualité osseuse avait été jugée médiocre par le chirurgien). Dans un quatrième cas, l’anatomie du patient nécessitait une taille d’implant acétabulaire non disponible dans le système de resurfaçage utilisée par les opérateurs tandis que dans le 5e cas, la stabilité primaire de l’implant acétabulaire n’a pas été obtenue, ce qui a nécessité la mise en place d’un implant non cimenté standard vissé. On constate à travers ces situations l’importance primordiale de l’information du patient qui doit connaître ce risque spécifique au RSH.












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Figure 2
a : Patient présentant une ostéonécrose avasculaire bilatérale de la tête fémorale.b : La tomodensitométrie permet d’apprécier la qualité du support osseux fémoral entre le côté droit (nécrose de petit volume) et le côté gauche (nécrose de volume plus important).c : même patient coupe sagittale de la tête fémorale gauche afin de mieux préciser le support osseux.



Fracture du col fémoral


Cette complication est spécifique du RSH et survient le plus souvent au cours des 3 premiers mois [40] et dans 75 % des cas avant 1 an [3, 10, 13, 17, 26, 33, 40]. Sa fréquence varie entre 0,25 et 5 % selon les centres et l’expérience des équipes [11, 21, 33, 39, 47]. Il faut bien distinguer deux situations : les fractures du col localisées à l’extérieur de la cupule, situées le plus souvent à la jonction implant-col, qui sont des fractures «vraies» (figure 3), et les fractures de la tête situées à l’intérieur de la cupule et associées à une nécrose osseuse proximale à la fracture et qui correspondent à un «effondrement de la tête de fémorale» [19]. Le premier type de fracture cervicale survient précocement, en moyenne au 2e–3e mois postopératoires et semblent plutôt secondaires à un défaut de pose lors de la chirurgie ou des carences lors de la période postopératoire. Plusieurs facteurs de risque, liés au patient lui-même, favorisent clairement la survenue d’une fracture précoce du col fémoral : l’âge avancé, le sexe féminin (6,2 % chez la femme contre 2,3 % chez l’homme), ainsi que le poids des patients (risque relatif de 3,46, pour sujets avec indice de masse corporelle supérieur à 30). Concernant la technique chirurgicale, l’encoche du col fémoral peropératoire est un incident qui traduit le plus souvent une faute technique (mauvaise planification préopératoire, mauvais positionnement de la tige, mauvais choix de taille d’implant, exérèse excessive des ostéophytes, etc.). Une encoche au-delà de 5 mm et/ou en zone supérieure ou supéro-latérale du col est associée à un risque majeur de fracture précoce [19, 33]. Une tige en varus exagéré (moins de 130 degrés et/ou plus de 10° par rapport à l’axe natif du col) augmente les risques de fractures par exagération des contraintes en tension à la portion supérieure du col [57]. De plus, un enfoncement incomplet de l’implant fémoral, lors de la cimentation (souvent trop tardive), laissant de l’os trabéculaire exposé à la face supérieure du col est à risque de fracturer. Enfin, la présence de zones de fragilité comme de volumineux kystes ou défaut osseux nécrotique près de la jonction tête-col constitue des facteurs de risques de fracture. Une rééducation postopératoire trop permissive serait aussi mise en cause. Marker et al. [33] sur une série de 550 RSH rapportent 12 fractures sur les 69 premiers cas et seulement 2 fractures sur les 481 suivants (soit 0,4 % versus 2,5 % pour l’ensemble de leur série). Quant à Mont et al. [39], ils rapportent des taux très élevés (24 %) au cours de ses 50 premiers cas. Une expérience limitée étant souvent associée à des difficultés d’exposition plus grandes, un positionnement moins fiable des implants et une technique de cimentation plus aléatoire. La courbe d’apprentissage est donc un élément majeur. Concernant la prise en charge de la fracture cervicale après RSH, même si certains auteurs proposent un traitement conservateur en cas de fracture strictement non déplacée [10], dans l’immense majorité des cas, elle nécessite une révision prothétique. Le remplacement de la tête fémorale peut alors se faire comme dans une procédure de première intention avec une tige fémorale et une tête de grand diamètre compatibles avec l’implant acétabulaire en place.












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Figure 3
Fracture du col du fémur après resurfaçage.a : Radiographie du bassin de face après resurfaçage de hanche montrant l’absence de malposition ou d’encoche.b : Même patient à 3 mois postopératoire, fracture déplacée du col du fémur sans notion traumatique imposant la révision prothétique.c : Même patient après la révision unipolaire fémorale.



Accrochage postopératoire


Préservant le col fémoral natif qui est de plus grand diamètre que celui d’un implant prothétique (12–14 mm), le RSH est plus propice à l’accrochage postopératoire. Une malposition de cupule acétabulaire ou composante fémorale trop ajustée au col ou translatée laissant un offset tête-col réduit favorise l’existence de conflit os-implant [13, 29]. Ces conflits répétés entre le col et la cupule peuvent favoriser un descellement acétabulaire, une encoche du col par accrochage répété et de la douleur. Le mauvais positionnement acétabulaire avec débordement antérieur, tout comme dans la PTH, peut entraîner un conflit avec le psoas et être responsable de douleurs inguinales parfois très invalidantes et résistantes à des multiples infiltrations. Ce problème pourrait toutefois être plus fréquent dans les RSH par approche postérieure secondairement à la limitation de l’exposition associée à la position du fémur proximal lors de l’implantation acétabulaire. Dans les cas de douleurs inguinales postopératoires sans descellement prothétique, il faudra bien analyser d’une part le positionnement de l’implant fémoral et la morphologie du col et, d’autre part, le positionnement de la cupule acétabulaire et l’existence éventuelle de butoir osseux (acétabulum rétroversé, ostéophyte non réséqué lors de la chirurgie primaire, etc.). Une analyse dynamique par échographie pourrait également aider au diagnostic en mettant en évidence un conflit et pour éventuellement guider le geste chirurgical éventuel. Il faut privilégier les traitements conservateurs; ainsi, lors de l’exploration échographique, un test par injection de xylocaïne peut être réalisé associée à une infiltration. En l’absence de malposition des implants et de conflit vrai osseux, on pourra réaliser une ostéoplastie prudente au col fémoral, si le stock osseux le permet, et en évitant de générer une encoche qui pourrait favoriser une fracture [29]. En cas de malposition manifeste des implants (cupule acétabulaire rétroversée par exemple) ou si le stock osseux ne permet pas une ostéoplastie, la reprise unipolaire ou bipolaire est alors la solution de choix pour soulager le patient.

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Apr 2, 2020 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on de hanche avec couple de frottement métal-métal Spécificité des échecs et de la révision chirurgicale

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