3 Techniques de création de l’abord vasculaire
LES CATHÉTERS VEINEUX CENTRAUX PERMANENTS
Les cathéters veineux centraux (CVC) permanents, encore appelés cathéters de longue durée, offrent une alternative vasculaire aux fistules et pontages artérioveineux. Ils sont indispensables à la gestion des patients insuffisants rénaux chroniques [54]. Les CVC permanents comportent des canules en polymère synthétique souple (silicone, polyuréthane), se caractérisent par une tunnellisation et une fixation sous-cutanée, et sont destinés à être utilisés plus de 90 jours [189].
En dépit des recommandations internationales soulignant les risques liés à leur utilisation [190], le recours aux CVC permanents est fréquent et variable d’un pays à l’autre [191, 192, 193]. En France, la prévalence des CVC permanents est de l’ordre de 20 à 40 % chez les patients incidents (moins de 6 mois de dialyse) et de 15 à 25 % chez les patients dialysés prévalents (plus de 6 mois de dialyse). Cette prévalence atteint 40 à 50 % en Amérique du Nord, au Royaume-Uni et en Belgique et s’avère inférieure à 5 % au Japon. Cela traduit des pratiques médicales différentes d’un pays à l’autre.
Les CVC permanents représentent néanmoins un facteur de risque supplémentaire chez ces patients [194]. Ils comportent un risque infectieux de 5 à 7 fois supérieur par rapport aux accès artérioveineux [195, 196]. Ils exposent les patients à des risques de thrombose et de sténose veineuse profonde. Ils présentent également plus volontiers des dysfonctionnements itératifs.
INDICATIONS DES CATHÉTERS VEINEUX CENTRAUX PERMANENTS
L’implantation des CVC permanents chez les insuffisants rénaux répond à deux grands types d’indications : solution d’attente temporaire; solution définitive. La solution d’attente répond à différents types d’indications :
- – prise en charge en dialyse brutale et non programmée d’un patient non suivi;
- – dysfonction de l’accès vasculaire habituel par thrombose ou sténose;
- – changement de méthode thérapeutique sans accès vasculaire confectionné : passage de dialyse péritonéale en hémodialyse, transplantation en hémodialyse;
- – attente de transplantation rénale programmée, donneur vivant par exemple;
- – néphropathies sévères mais potentiellement réversibles (hypertension maligne, syndrome hémolytique et urémique, glomérulonéphrite rapidement progressive, etc.). À noter que l’insuffisance rénale aiguë rentre actuellement dans ce cadre. Dans ce cas, les CVC permanents offrent une alternative vasculaire de meilleure qualité que les cathéters aigus ou de courte durée comportant des performances plus élevées et moins de risques de complications.
- – dysfonction de l’accès vasculaire habituel par thrombose ou sténose;
La solution définitive est retenue dans certaines circonstances :
- – âge très avancé contre-indiquant la création d’une fistule artérioveineuse;
- – dénutrition majeure;
- – insuffisance cardiaque congestive sévère;
- – pathologie systémique engageant le pronostic vital à court terme (myélome, cancer avancé…);
- – épuisement total des sites anatomiques;
- – échecs répétés par thrombose itérative des accès artérioveineux;
- – confort de certains «vieux dialysés» porteurs d’amylose à ß2M invalidante.
- – dénutrition majeure;
INTÉRÊTS DES CATHÉTERS VEINEUX CENTRAUX PERMANENTS POUR HÉMODIALYSE
Le dessin actuel des CVC permanents autorise des performances élevées :
- – débits sanguins de l’ordre de 300 à 400 mL/min;
- – faible résistance circulatoire (faible pression veineuse de retour ou faible dépression artérielle);
- – taux de recirculation réduit de l’ordre de 10 à12 % [197, 198].
- – faible résistance circulatoire (faible pression veineuse de retour ou faible dépression artérielle);
DIFFÉRENTS TYPES DE CATHÉTERS VEINEUX CENTRAUX POUR HÉMODIALYSE
Les performances d’un cathéter sont conditionnées par ses caractéristiques physiques :
- – nature du matériau (polyuréthane, silicone…);
- – longueur et diamètre interne des canules;
- – souplesse et rigidité relative du matériau (rigide, semi-rigide, souple);
- – nombre et position des lumières des canules du CVC permanent (simple lumière, double lumière : coaxial, en canon de fusil, double D, double cathéter);
- – présence ou non de perforations distales (mono ou multi-perforées);
- – positionnement distal des extrémités artérielles et veineuses;
- – type de fixation sous-cutanée (velours de dacron, fixation par haubanage sous-cutanée, arrimage sous-cutané).
- – longueur et diamètre interne des canules;
En pratique clinique, les performances d’un cathéter sont également dépendantes de la technique d’implantation, des conditions d’utilisation et de l’état du patient. Différents modèles de CVCT sont représentés sur la figure 3-1.
INDICATIONS ET SITES D’IMPLANTATION DES CATHÉTERS VEINEUX CENTRAUX PERMANENTS
Les sites d’implantation des CVC permanents répondent aux sites veineux profonds classiques : voie fémorale, voie jugulaire interne, voie sous-clavière. La voie jugulaire interne, en particulier droite, doit être privilégiée du fait de sa position, de sa localisation aisée et des risques réduits qu’elle comporte. La voie fémorale est indiquée en cas d’échec ou de contre-indication à la voie jugulaire ou chez les patients en situation aiguë. La voie sous-clavière doit être réservée aux échecs ou aux contre-indications des voies précédentes.
La voie jugulaire interne
La voie jugulaire interne est largement utilisée depuis les années quatre-vingts [56]. L’implantation par cette voie est aisée et doit être privilégiée. À titre d’exemple, la méthode d’insertion des bicathéters de type DualCath a été résumée sur la figure 3-2. Les CVC permanents pour dialyse sont insérés par voie jugulaire basse (triangle de Sédillot) sous anesthésie locale et méthode percutanée dérivée de la méthode de Seldinger. Le repérage préalable de la veine par échographie est souhaitable pour faciliter la cathétérisation et minimiser les risques traumatiques ou les échecs. Le contrôle radioscopique ou radiographique est nécessaire pour vérifier le bon positionnement de l’extrémité des cathéters.
La tunnellisation sous-cutanée est de règle avec ce type de cathéters. L’orifice de sortie du CVC permanent est réalisé dans la région pré-thoracique. Selon le type de cathéters, la tunnellisation se fait dans le sens antérograde (cathéter monocorps inséré de bas en haut à partir de l’orifice de sortie vers la veine) ou dans le sens rétrograde (cathéter bicorps inséré dans la veine puis tunnellisé de haut en bas de la veine vers l’orifice de sortie). La tunnellisation apporte plus de confort et de sécurité au patient dans la mesure où elle réduit le risque infectieux. La tunnellisation est recommandée par les guides de bonnes pratiques dès lors que la durée d’utilisation du cathéter dépasse trois semaines. L’extrémité distale intrathoracique des cathéters doit être décalée de 1 à 2 cm et si possible positionnée à la jonction veine cave supérieure et oreillette droite afin d’assurer des débits optimaux. Sur les figures 3 et 4 sont représentés l’aspect final de type de cathéters (DualCath, SplitCath) implantés par voie jugulaire interne droite. Sur la figure 5 est présentée une radiographie thoracique de contrôle après implantation permettant de visualiser les extrémités distales des cathéters.

Fig. 3-5 Radiographie de contrôle post-implantatoire d’un DualCath dans la veine jugulaire interne droite.
La voie sous-clavière
L’implantation par voie sous-clavière est parfois plus difficile et comporte plus de risques traumatiques. L’aponévrose sous-claviculaire rend difficile le franchissement du cathéter dilatateur. La tunnellisation comporte plus de difficultés techniques. La morbidité globale de cette voie est plus élevée que par voie jugulaire interne. Les indications doivent être soigneusement posées. La voie sous-clavière doit demeurer une voie de recours, en cas d’échec ou de contre-indication aux autres voies.
La voie fémorale
La voie fémorale est la plus anciennement connue et utilisée. Elle conserve des indications larges en tant qu’accès vasculaire d’urgence. L’insertion d’un cathéter fémoral se fait sous anesthésie locale avec des conditions d’asepsie optimales. Elle est en général très facile quel que-soit l’état du patient et permet de débuter l’hémodialyse dans les quinze minutes qui suivent.
Les CVC permanents sont relativement peu utilisés en voie fémorale. Ils le sont plus volontiers en situation aiguë [199, 200]. Ils représentent chez les patients chroniques 3 à 5 % des CVC permanents en France. L’implantation par voie fémorale est relativement facile au pli de l’aine. La tunnellisation peut être réalisée vers le bas à la racine de la cuisse où vers le haut sur la partie basse de l’abdomen. La morbidité globale de cette voie est plus élevée que celle observée avec les autres voies thoraciques. La voie fémorale doit demeurer de dernier recours, en cas d’échec ou de contre-indication des autres voies veineuses.
Les cathéters insérés par voie fémorale doivent avoir une longueur totale de 35 à 40 cm dont 10 cm de tunnellisation sous-cutanée pour atteindre la milieu de la veine cave inférieure. Sur les figures 6 et 7 sont représentées les positions idéales des extrémités des cathéters fémoraux tunnellisés. Contrairement aux cathéters insérés par voie thoracique supérieure, les cathéters fémoraux droits et gauches ont la même longueur [201].
IMPLANTATION, GESTION, MAINTENANCE ET SURVEILLANCE DES CVC PERMANENTS
L’utilisation des CVC permanents doit être réservée à la pratique exclusive de l’hémodialyse. Les manipulations doivent être réservées à un personnel soignant spécifiquement formé. Les protocoles d’utilisation et de maintenance doivent être soigneusement établis et respectés.
La maintenance des CVC permanents doit comporter une série de gestes pratiques. Les cathéters sont fermés en fin de séance avec une solution liquidienne antithrombotique et souvent antiseptique dite solution verrou [202, 203, 204]. Les pansements des cathéters sont refaits régulièrement à l’occasion des branchements et débranchements. La peau est désinfectée, rincée et séchée en regard de l’émergence des cathéters. Des soins locaux plus spécifiques sont appliqués en cas d’inflammation ou d’infection. Le rinçage des cathéters avec du sérum salé isotonique est nécessaire avant chaque séance. La résistance manuelle est testée à la seringue. Le recours périodique à des solutions fibrinolytiques pour déterger les cathéters est indiqué lorsqu’un dysfonctionnement ou une augmentation de pression veineuse sont constatés.
La surveillance des cathéters est essentielle et double [205]. Elle repose sur la surveillance visuelle de l’état cutané en regard de l’émergence des cathéters, et sur celle des performances du cathéter (débit sanguin réel, pressions, dose de dialyse administrée, recirculation, etc.) [206, 207, 208].
COMPLICATIONS DES CATHÉTERS VEINEUX CENTRAUX PERMANENTS POUR HÉMODIALYSE
- – celles qui permettent de traiter l’épisode en conservant le cathéter, il s’agit des infections d’orifices et des bactériémies isolées sans lendemain;
- – celles qui imposent l’ablation immédiate du cathéter, une tunnelite, une thrombose infectée, une endocardite, une localisation infectieuse métastatique.
La thrombose veineuse de la veine hôte est une complication parfois bruyante par son caractère douloureux et inflammatoire (type phlébite jugulaire, fémorale…), mais plus fréquemment silencieuse ou révélée par un dysfonctionnement répété du cathéter [209]. L’ablation du CVC permanent est indiquée dans ce cas, associée à une anticoagulation systémique prolongée au minimum trois mois.
La sténose veineuse de la veine hôte est une complication plus rare mais dont la fréquence exacte est actuellement inconnue [171]. Il s’agit d’une complication volontiers asymptomatique ou révélée à l’occasion de la création d’une fistule artérioveineuse par l’apparition d’un «gros bras» douloureux. C’est l’imagerie qui permet d’en faire le diagnostic. L’ablation du cathéter est indiquée dans ce cas. Elle sera couplée ou éventuellement associée à un geste d’angioplastie veineuse avec mise en place d’un stent selon le degré de sténose et la gêne fonctionnelle engendrée.
CONCLUSION
Les indications et l’utilisation des CVC permanents se sont très nettement élargies au cours de ces dernières années. Elles concernent en premier lieu les patients insuffisants rénaux chroniques dépourvus d’accès permanents ou présentant une complication de leur accès vasculaire. Les CVC permanents sont actuellement indiqués chez les patients aigus, dans la mesure où ils permettent un traitement de qualité à risque réduit. Les cathéters comportent un risque accru de complications qui doit être connu et combattu par une gestion optimale de ce type d’accès. Les CVC permanents représentent un progrès indéniable dans la gestion des accès vasculaires des patients dialysés même s’ils sont souvent décriés [210]. L’amélioration régulière des matériaux, des méthodes d’implantation, le recours à des solutions verrous plus efficaces sont en mesure de réduire considérablement leurs complications.
PRATIQUE DE L’ANESTHÉSIE RÉGIONALE
NEUROSTIMULATION
Réponse motrice en fonction du nerf stimulé
Phrénique C2, C3, C4, C5 : | diaphragme, hoquet, abduction de l’épaule. |
Musculo-cutané C5, C6 : | flexion du coude. |
Radial C6, C7, C8 : | extension coude, poignet, doigts. |
Médian C5, C6, C7, C8, D1 : | flexion poignet, pronation. |
Cubital C8, D1 : | flexion doigts, inclinaison cubitale add-abduction des doigts. |
INDICATIONS ET CONTRE-INDICATIONS DE L’ANESTHÉSIE LOCORÉGIONALE
BLOC ÉCHOGUIDÉ DU PLEXUS BRACHIAL PAR VOIE AXILLAIRE
Réussir un bloc
► Rappel anatomique
- – le tronc antéro-externe est en dehors de l’artère;
- – le tronc antéro-interne est en dedans, entre artère et veine;
- – le tronc postérieur est lui en dehors des vaisseaux.
- – le tronc antéro-interne est en dedans, entre artère et veine;
Sous le petit pectoral, les branches terminales sont définies par rapport à l’artère axillaire.
Dans le creux axillaire, le paquet vasculonerveux est bordé par l’aponévrose clavi-coraco-axillaire en avant, par le sous-scapulaire, le grand rond et le grand dorsal en arrière, le grand dentelé en dedans, le coraco-brachial en dehors. Cette enveloppe aponévrotique constitue une gaine périvasculaire, présentant des septa compartimentant chacun des nerfs, mais qui, malheureusement, ne sont pas constamment retrouvés. Cette inconstance explique qu’il est impossible à partir d’un point unique d’injection d’espérer une extension de l’anesthésie à toutes les branches terminales du plexus brachial.
Éviter les complications
- – l’hématome avec le risque de neuropathie engainante secondaire;
- – l’accident de toxicité systémique;
- – les neuropathies séquellaires par traumatisme nerveux ou injection intrafasciculaire.
- – l’accident de toxicité systémique;
► Risque d’effraction
Du fait de la richesse vasculaire de cette région, il existe un risque d’effraction de :
► Accident de toxicité systémique aigu
Une réponse négative à ce test signifie une position intravasculaire.

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