Chapitre 2 Voie d’abord externe
GÉNÉRALITÉS
Les voies d’abord de la pointe du nez sont diverses et se repartissent en :
AVANTAGES
Les avantages de l’abord transcolumellaire concernent le diagnostic mais aussi la technique.
Diagnostic
Par la voie endonasale, l’anatomie des structures cartilagineuses sous-jacentes n’est que supposée en fonction des anomalies du relief, et cela n’est pas toujours aisé lorsque la peau est un tant soit peu épaisse. De plus, certaines déformations qui n’apparaissaient pas lors de l’inspection sont libérées par le décollement et peuvent se manifester par une déformation ou une asymétrie secondaire (figure 2-1).
Technique
Sur le plan technique, les avantages de l’abord transcolumellaire sont multiples.
Dans les rhinoplasties secondaires, et en particulier au niveau de la pointe du nez, les reconstructions plus délicates bénéficient d’une meilleure exposition pour le diagnostic mais aussi pour la correction (figure 2-2).
Indications et contre-indications
Indications
Des orifices narinaires étroits constituent une bonne indication. Il en est de même d’un segment columello-apical long qui rend difficile l’éversion des cartilages ou l’extériorisation en anse de seau (voir figure 2-40).
TECHNIQUE
Tracés, infiltration
Le tracé de l’incision transcolumellaire, les limites des crus latérales, du bord inférieur des os du nez et les limites des résections projetées sont préalablement effectués (figure 2-3 A, B).
On procède ensuite à l’infiltration. Infiltration et décollements doivent être effectués dans les espaces décollables qui constituent des plans anatomiques où la dissection est plus facile et moins hémorragique (figure 2-3 C, D) :
L’infiltration endonasale est faite en s’aidant d’un spéculum court, à la face superficielle des cartilages alaires après avoir repéré leur bord inférieur, puis au niveau de la plica nasi et de l’espace intersepto-columellaire ; au niveau de la muqueuse septale, l’infiltration doit se faire dans le plan sous-périchondral et au niveau du plancher nasal dans le plan sous-périosté où quelques centimètres cubes suffisent et préparent la dissection (figure 2-3 E, F).
Incisions
La localisation précise du bord inférieur de la crus latérale n’est pas facile ; en effet, ce bord n’est pas parallèle au bord narinaire, mais remonte plus ou moins haut en arrière selon la configuration anatomique du cartilage. Sa localisation permet une incision marginale qui longe le bord inférieur du cartilage alaire (figure 2-4).
L’incision intersepto-columellaire, qui est couramment utilisée dans la rhinoplastie par voie endonasale, peut être utilisée lors d’un abord externe, si un raccourcissement du bord antéro-inférieur septal est nécessaire ou pour aborder le septum (figure 2-5).
On peut effectuer le raccourcissement septal avant toute action sur l’arête ou sur la pointe. Cela permet une évaluation précise de la quantité de la bosse à réséquer (figure 2-6).
La forme de la résection du bord antéro-inférieur septal dépend de la déformation. Elle peut être :
Les incisions infracartilagineuses et la dissection des parties molles sont effectuées de la même façon que dans la voie d’abord marginale qui conduit à l’exposition en « anse de seau ». L’incision est aussi proche que possible du bord inférieur du cartilage alaire préalablement repéré grâce à une contre-pression externe qui fait saillir et pâlir la peau vestibulaire en regard (figure 2-7A, B, C). Mais au niveau de la columelle, il est préférable de placer l’incision de la peau vestibulaire à 1 mm du bord de l’orifice narinaire de façon à préserver un petit segment de peau vestibulaire. L’incision doit être effectuée d’une main légère sans entamer le cartilage sous-jacent.
Dissection du lambeau columellaire
La peau vestibulaire de la crus mésiale est ensuite séparée du cartilage à l’aide de ciseaux pointus sur 1 ou 2 mm, ce qui facilite la suture terminale indispensable, en particulier lorsque des greffes cartilagineuses ont été placées. Le décollement est ensuite effectué aux ciseaux pointus au ras des crus mésiales de façon à obtenir un lambeau columellaire aussi épais que possible (figure 2-7D).
Après avoir effectué une incision transcolumellaire allant jusqu’au plan de dissection et sans entamer les bords inférieurs des crus mésiales, les berges de l’incision sont séparées à l’aide de ciseaux pointus qui les écartent facilement (en l’absence de tissus cicatriciels) (figure 2-7E, F).
La dissection du lambeau columellaire va pouvoir s’effectuer à l’aide de ciseaux mousses ou même à la compresse dans le plan de dissection recouvrant les crus mésiales. Le lambeau columellaire est très fragile et doit être manipulé avec le plus grand soin en évitant une traction trop vigoureuse par le crochet qui le soulève (figure 2-8 A, B, C).
Importance des premiers gestes techniques
Décollements et exposition
Tiers inférieur de la pyramide nasale
La dissection doit être symétrique et suffisante pour exécuter les gestes nécessaires, mais elle ne doit préserver les attaches musculaires du cartilage (voir figure 1-17). Ces dernières sont essentiellement concentrées à ce niveau et à la partie postérieure de la jonction cartilage alaire-cartilage triangulaire.
Au bord supérieur du cartilage alaire existe une couche fibreuse longitudinale constituée par le périchondre et le tissu fibreux qui sont fusionnés en une seule couche (figure 2-9) ; à ce niveau s’insèrent également quelques fibres musculaires du SMAS (superficial musculoaponeurotic system). Il est donc préférable de tendre vers le bas la crus latérale à l’aide d’un crochet, ce qui permet de dérouler le retournement en « J » du bord inférieur du cartilage triangulaire et facilite l’identification du plan sus-périchondral. Une fois ce plan atteint, le décollement devient relativement aisé.
La dissection est ensuite étendue vers le haut, dans le plan situé sous le SMAS (figure 2-10A, B).
L’hémostase est facilement accomplie par une coagulation fine sélective et réglée à une faible intensité. En dehors des artérioles columellaires, branches de l’artère labiale supérieure, qui après section columellaire sont parfois bien individualisées et cautérisées, on retrouve souvent à la face interne du revêtement cutané deux artérioles dorsales à trajet vertical qui sont délicatement cautérisées (figures 2-11 et 2-12).
L’exposition est toujours excellente ; elle permet non seulement un diagnostic précis des déformations, mais aussi des corrections précises et une bonne stabilisation des greffes. Elle est ici obtenue à l’aide de trois instruments et sans aucune aide de l’assistant : un écarteur en S est amarré à une pince à champs modifiée ; deux pinces à hémostase placées sur les tissus mous réclinent les dômes latéralement (figure 2-13).
Le lambeau cutané étant récliné, on peut observer certaines particularités anatomiques telles que le ligament rejoignant les dômes ; il est bien individualisé en écartant ceux-ci à l’aide de crochets (figure 2-14).
L’abord externe permet d’avoir une vue directe sur la région sus-apicale dont la forme va déterminer le modelé de la pointe du nez ; la position de l’angle septal par rapport à celle des dômes peut être localisée de façon précise. Le profil sus-apical dépend de l’épaisseur des téguments, mais aussi de la forme plus ou moins concave ou convexe des crus latérales et de la position du bord antérieur et de l’angle septal (figure 2-15A, B).
Corrections
La résection de l’excès supérieur de la crus latérale (figure 2-16A, B) ne doit pas être systématique, car elle crée un vide qui sera suivi de la rétraction cicatricielle des tissus mous ; cela explique en partie la rotation de la pointe du nez vers le haut, mais aussi un éventuel excès cutané sus-apical. La correction doit donc être faite à la demande mais avec cet avantage de pouvoir replacer le lambeau cutané chaque fois que l’on veut apprécier en surface le résultat des modifications effectuées sur les cartilages (figure 2-17).