Chutes

179 Chutes





Étiologie et pathogénie


Les causes des chutes sont multiples et souvent évitables. Il existe des facteurs intrinsèques, comme les affections médicales et les changements normaux liés au vieillissement, ainsi que des facteurs extrinsèques, comme les médicaments ou l’environnement. Ces facteurs peuvent soit prédisposer à la chute ou la précipiter. Dans au moins deux études, on a constaté que des affections comme l’arthrite, les symptômes dépressifs, l’orthostatisme, des troubles de la cognition, de la vue, de l’équilibre, de la marche ou de la force musculaire, ainsi que la consommation d’au moins quatre médicaments sous prescription augmentaient le risque de chute.


Plusieurs études ont montré que l’exercice, la musculation et la rééducation de l’équilibre diminuaient l’incidence des chutes chez les personnes âgées. Plus précisément, la force des muscles abducteurs de la hanche est considérée comme un bon indicateur du risque de chute chez les personnes âgées. Un affaiblissement de ce groupe musculaire gêne l’extension protectrice et allonge le temps de réponse de la correction posturale, ce qui peut augmenter le risque de chute.


La polymédication seule (au moins quatre médicaments sous prescription) peut prédisposer aux chutes. Divers médicaments sont couramment en cause chez les personnes âgées : ce sont les sédatifs hypnotiques, en particulier les benzodiazépines à action prolongée et les neuroleptiques. Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et les antidépresseurs tricycliques sont également associés à une augmentation de la fréquence des chutes. En revanche, des médicaments pour le cœur comme la digoxine, des diurétiques, des antiarythmiques de type 1A interviennent peu.


Plusieurs études suggèrent que le risque de chute augmente fortement avec le nombre de facteurs de risque. Une étude a rapporté que, pour des personnes âgées vivant à domicile avec aucun ou un seul facteur de risque, le pourcentage de chutes était de 27 %, alors que ce pourcentage passait à 78 % lorsqu’elles avaient quatre facteurs de risque ou plus.


Cette prédisposition aux chutes, en raison des multiples facteurs de risque, associée aux blessures favorisées par les comorbidités, telles que l’ostéoporose et les changements liés à l’âge, font que les chutes constituent un problème important chez les personnes âgées.




Diagnostic différentiel


Bien que la chute soit considérée comme un syndrome gériatrique en tant que tel, elle peut également survenir en association avec d’autres diagnostics. Les chutes associées à une perte de conscience devraient conduire à un bilan de syncope (voir le chapitre 38). Elles peuvent également se produire dans le cadre d’une maladie aiguë comme une infection des voies urinaires ou une pneumonie. Un diagnostic de maladie de Parkinson peut parfois être posé après une chute. Il est important de toujours suspecter ces associations, ainsi que le rôle d’autres facteurs susceptibles de favoriser les chutes.



Démarche diagnostique


L’approche clinique de la prévention des chutes est présentée dans la figure 179.1.





Examen physique


En particulier chez les patients qui se présentent avec des symptômes de présyncope ou de syncope associés à la chute, il faut mesurer la pression sanguine orthostatique (figure 179.2) et procéder à des examens cardio vasculaires et neurologiques. En plus de la fréquence et du rythme cardiaques, l’examen cardiovasculaire devrait inclure un massage du sinus carotidien avec prise du pouls. De nombreuses chutes, non accidentelles, peuvent être expliquées par une hypersensibilité du sinus carotidien et justifient le placement d’un pacemaker. L’examinateur doit effectuer ce massage du sinus carotidien dans un environnement contrôlé avec accès au contrôle de la fonction cardiaque et au matériel de réanimation.



La possibilité pour les patients de maintenir leur centre de masse dans leur aire d’appui est indispensable pour enrayer une chute. Les trois principaux sens réceptifs impliqués dans l’équilibre sont les systèmes visuel, proprioceptif et vestibulaire. L’examen neurologique doit se concentrer sur la recherche des troubles de la vision ou des sensations, ainsi que d’une dysfonction vestibulaire ou de la cognition. L’acuité visuelle peut être testée avec une carte Snellen ou simplement en demandant au patient de lire n’importe quel texte disponible dans la salle d’examen. Dans la population âgée, la sensibilité aux vibrations est un marqueur plus sensible à une neuropathie qu’à un trouble de la proprioception. Le test peut être effectué au moyen d’un diapason grave de 128 ou 256 Hz, en demandant au patient quand il perçoit l’arrêt des vibrations. La fonction vestibulaire peut être évaluée par la manœuvre de Dix-Hallpike et l’examen des mouvements oculaires de nystagmus. L’examen neurologique doit également tester la cognition et chercher des changements liés à la maladie de Parkinson, qui se reconnaît à la marche festinante, aux tremblements, à la rigidité musculaire avec le signe de la roue dentée et à la bradykinésie (figure 179.3).



L’examen de l’appareil locomoteur devrait rechercher les anomalies des articulations des membres inférieurs et des dysfonctionnements, comme la limitation de l’amplitude de mouvement en raison d’une arthrose ainsi que la diminution de la force musculaire. Avec l’âge, les muscles squelettiques, dans leur ensemble, s’atrophient, mais leur force peut se maintenir relativement bien.


Si une chute est signalée, une évaluation plus approfondie de la marche et de l’équilibre doit être réalisée. Cela peut facilement être fait à la clinique en effectuant le « get up and go test » (levez-vous et marchez). Les patients sont invités à se lever d’un siège sans l’aide des bras, marcher 3 m, tourner, puis revenir jusqu’au siège et s’y asseoir. Cela devrait se faire en 10 à 20 s. Les patients qui prennent plus de 20 s sont à haut risque de chute. Ce test peut facilement être utilisé pour le dépistage des troubles d’équilibre et de la marche, même dans le cadre d’une pratique ambulatoire chargée.


On peut évaluer l’équilibre du patient en lui demandant de prendre successivement trois positions : debout pieds joints, position semi-tandem (un talon touche le gros orteil de l’autre pied) et position tandem (un talon est posé devant les orteils de l’autre pied). Le patient doit être en mesure de se tenir dans chaque position pendant 10 s. Un autre procédé d’évaluation de l’équilibre est une simple poussée sur le sternum ; le patient doit être capable de résister sans tomber en arrière. Beaucoup de gens tombent en ramassant un objet sur le sol ; aussi, l’équilibre peut être testé par l’observation du patient en train de ramasser un objet quelconque, par exemple un trousseau de clés.

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May 20, 2017 | Posted by in Uncategorized | Comments Off on Chutes

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