13 Chirurgies micrographiques
Principes généraux
Chirurgie micrographique de Mohs avec cryocongélation
L’intervention se déroule en plusieurs étapes le même jour, sous anesthésie locale et/ou locorégionale (Figure 13.1). La partie macroscopiquement visible ou palpable de la tumeur est enlevée selon différentes techniques selon le type de tumeur et les habitudes : curetage ou excision par shaving ou de façon standard avec ou sans marge minimale (Figure 13.2). Cette étape facilite la technique. L’excision tumorale peut permettre un examen anatomopathologique standard qui donne une information supplémentaire différée sur le sous-type histologique. La partie la plus superficielle de la perte de substance résultante du debulking ou du curetage est ensuite prélevée sur une épaisseur de 1 à 2 mm (Figure 13.3). Elle correspond au tissu péritumoral immédiatement adjacent à la tumeur. La face profonde de cette pièce opératoire doit être libre de tumeur. Cette pièce opératoire est orientée et cartographiée grâce à un schéma en gardant les repères sur le patient. Les coupes sont réalisées après cryocongélation parallèlement à la surface en commençant par la face profonde. Elles sont le plus souvent colorées en hématoxyline-éosine, puis examinées au microscope. S’il persiste du tissu tumoral, il sera repéré sur le patient grâce au schéma et excisé sélectivement. Les étapes se succèdent ainsi tant que persiste de la tumeur. L’exérèse tumorale se fait donc sur mesure « en pelure d’oignon » avec des coupes histologiques faites parallèlement à la surface au lieu des coupes standards verticales. La reconstruction de la perte de substance finale peut se faire immédiatement après la dernière étape, c’est-à-dire le jour même (Figure 13.4) ou être différée si nécessaire.
Fig. 13.4 Perte de substance finale, la reconstruction se fera par greffe de peau totale le même jour.
Variantes du Slow-Mohs
L’équipe de Breuninger propose une technique analogue au Slow-Mohs décrit ci-dessus, mais en réalisant la découpe macroscopique ex vivo sur la paillasse (en muphin ou en « gâteau ») avant l’inclusion en paraffine (Figures 13.5 et 13.6). Toutefois, il est plus difficile de disséquer ces plans de coupes sans l’appui des plans tissulaires périphériques du patient. Signalons également que les coupes de la technique « gâteau » sont réalisées en plusieurs fragments : une ou plusieurs collerettes périphériques et une coupe profonde. Elles peuvent être faites également sur le patient pour faciliter les excisions, en particulier du plan profond. Mais une zone de continuité peut passer inaperçue lors des prélèvements et ce trou tissulaire expose au risque de passer à côté de cellules tumorales (ou faux négatif). Enfin, rappelons que nombre de lames histologiques à réaliser et à lire est similaire à celui du Slow-Mohs. Il est proportionnel à la surface de la perte de substance générée par le debulking.
Chirurgie micrographique avec découpe en collerette
La tumeur est excisée avec une marge de tissu sain adaptée au type de tumeur et sera examinée par technique histologique standard. Puis, une collerette périphérique est prélevée sur tout le pourtour de la perte de substance (Figure 13.7). Elle est orientée et des fils repères sont mis en place sur le patient. Cette technique est adaptée aux tumeurs ne franchissant pas la membrane basale dermoépidermique. Le plan profond ne sera donc pas examiné en histologie 3D. En revanche, l’absence d’invasion dermique est vérifiée sur la pièce opératoire techniquée en routine. Certaines équipes laissent dans un premier temps la tumeur en place avec sa marge de tissu sain et ne prélèvent que la collerette périphérique (technique du spaghetti [2] ou square procedure des Anglo-Saxons). La perte de substance résultante est fermée par suture directe en attendant les résultats. Dès que l’analyse histologique donne l’assurance de marges saines, l’exérèse de toute la tumeur est réalisée. L’inconvénient de cette variante est que la vérification de l’absence d’invasion dermique sous la tumeur est différée.