chirurgical

Temps chirurgical

Peroperative management

J. Puget, B. Chaminade and P. Chiron


Institut locomoteur, service de chirurgie orthopédique et traumatologique, CHU Rangueil-Toulouse, 1, avenue Jean-Poulhès, TSA 50032, 31059 Toulouse cedex 9

Résumé
Le temps opératoire de reprise de prothèse totale de hanche est aussi un temps décisionnel important. Si le bilan préopératoire permet de définir le plus précisément possible une stratégie de révision articulaire, la tactique chirurgicale choisie doit, aux différents temps prévus, prendre en compte les constatations peropératoires.

La remise en place d’implants standard, dans la majorité des cas des reprises, se fait le plus souvent par la même voie d’abord initiale classique plus ou moins agrandie. Pour des reconstructions osseuses et articulaires plus importantes, il faut envisager une approche transosseuse fémorale. Une trochantérotomie plus ou moins élargie ou une fémorotomie peut être décidée en fonction de l’évaluation «à ciel ouvert», de l’état précis des implants et de l’os, ou face à des situations particulières à bien connaître. La voie d’abord postérieure (et ses variantes), avec ses possibilités d’extension proximale ou distale, reste une voie de choix des reprises de prothèses de hanche.

L’ablation des implants est précédée d’un indispensable nettoyage articulaire. Il enlève les débris d’usure et tissus cicatriciels, et fait partie intégrante de l’exposition du champ opératoire en facilitant la luxation et le changement d’implants. Des ancillaires spécifiques ont été développés pour faciliter l’extraction des tiges et des cupules. Cependant, pour ne pas aggraver les lésions osseuses lors de ce temps d’ablation, il ne faut pas hésiter à se résoudre à un abord transosseux. La décision de conserver un implant bien fixé ne doit pas entraver l’orientation des autres pièces et doit être compatible avec une stabilité articulaire finale. Un dernier curetage des zones d’ostéolyse et des tissus d’interposition permet un bilan final précis du stock osseux au cotyle et au fémur.

Le premier temps de reconstruction cotyloïdien doit assurer la fixation stable sur l’os hôte d’un implant bien orienté en position anatomique. Les différents choix techniques ont chacun leurs limites et sont conditionnés par le comblement des défects osseux réalisé. Les inserts à double mobilité diminuent le risque de luxation. Lors du second temps fémoral, le choix de l’implant dépend de la qualité du tissu osseux métaphysaire et diaphysaire. Avec parfois des artifices techniques, la fixation sans ciment en press-fit d’une tige permet une reconstruction du capital osseux fémoral. La fermeture d’un abord transosseux est essentielle à la restauration d’un hauban externe fonctionnel.




Summary

The operative stage of total hip arthroplasty revision is an important decisional stage. Even if the preoperative workup has defined the joint revision strategy as precisely as possible, the surgical tactics selected must, during the different phases of the operation, take peroperative findings into account.

The placement of standard implants, in the majority of revision cases, is carried out through the same classic initial approach, which may be more or less widened. For larger bone and joint reconstructions, a transosseous femoral approach must be envisaged. A more or less extensive trochanterotomy or a femoral osteotomy may be decided as a function of findings during the open operation, of the precise state of implants and of bone, or when faced with specific situations. The posterior approach (and its variations), with the possibility of proximal or distal extensions, remains the approach of choice for hip prosthesis revisions.

Ablation of implants is preceded by an indispensable cleaning of the joint. This removes wear debris and scar tissue and is an integral part of exposure of the operative field, facilitating dislocation and replacement of implants. Specific ancillaries have been developed to facilitate removal of shafts and cups. However, to avoid worsening bone lesions during ablation, the surgeon should not hesitate to use a transosseous approach, if necessary. The decision to maintain a well-fixed implant should not hinder the orientation of other parts or the final joint stability. A final curettage of the osteolysis zones and tissue interpositions will allow a final, precise evaluation of the bone stock at the acetabular and femoral levels.

The first stage of acetabular reconstruction must ensure stable fixation on the host bone of the anatomically positioned implant. The different techniques available all have their limitations and are conditioned by the possibility of bone defect reconstruction. Double-mobility inserts lessen the risk of dislocation. During the second femoral stage, the choice of implant will depend on the quality of the metaphyseal and diaphyseal bone. With the use of technical artifices at times, uncemented press-fit fixation of a shaft allows reconstruction of the femoral bone stock. When closing the transosseous approach it is essential to restore a functional external shroud (gluteus medius – trochanter – vastus lateralis) by adequate fixation.



Discussion du choix de l’abord



Objectifs


Il doit permettre une exposition optimale afin de pratiquer l’ablation des implants, cupule, tige, mais aussi câbles, cerclages, vis, haubans, etc., suivie du geste de reconstruction conformément au projet défini dans le bilan préopératoire par la planification. Il doit être aussi anatomique que possible. Il existe ainsi un paradoxe entre le «traumatisme» important que l’on crée au niveau osseux, avec effet favorable sur la reconstruction osseuse, et le respect de la vascularisation à la fois de l’os et des parties molles environnantes, auquel on doit rester continuellement attentif. Le fonctionnement de la hanche pour la locomotion requiert également l’intégrité d’éléments fonctionnels comme l’appareil abducteur ou les muscles périarticulaires dans leur rôle stabilisateur, ainsi que les axes vasculo-nerveux. Ils représentent autant d’éléments à prendre en compte dans la réflexion sur l’abord.


Incision par rapport à l’incision de première intention


La voie d’abord utilisée précédemment ne doit en aucun cas nous imposer une voie qui nuirait aux impératifs de la planification. La vascularisation cutanée en théorie ne permet pas d’utiliser des incisions qui s’entrecroisent, risquant de favoriser la survenue de nécrose des téguments. Cependant, lorsque les incisions ont été pratiquées de nombreuses années auparavant, ce risque est négligeable en raison d’un tissu cellulaire sous-cutané assez épais et richement vascularisé. Il ne faut donc pas être tributaire de la voie d’abord précédente pour reprendre une prothèse totale de hanche. En pratique, on reprend souvent une partie au moins de l’ancienne cicatrice que l’on élargit en fonction du problème posé et du choix tactique. Une seule exception pourrait être la reprise précoce. Si le changement des implants et si la reconstruction du fémur sont importants, il faut prévoir une extension de la voie initiale. Ceci est possible pour pratiquement toutes les voies à l’exception de la voie antérieure pure qui ne permet pas une excellente exposition du fémur si celui-ci est à reconstruire. Dans ces cas-là, la reprise demande plutôt une voie antéro-externe ou postérieure qui, de plus, ne croisera pas la voie initiale.


Choix de la voie d’abord


Deux questions se posent :


Situation 1. Peut-on traiter la reprise fémorale en utilisant une approche habituelle plus ou moins élargie jusqu’à obtenir une exposition suffisante de l’os tant au niveau du cotyle que du fémur?


Situation 2. La complexité du cas opératoire nécessite-t-elle, en plus de l’élargissement de ces approches habituelles, un abord osseux particulier?


Situation 1



La voie antérieure développée par Judet [24, 31] peut être utilisée si l’on est sûr de ne pas avoir à effectuer de geste de reconstruction au niveau du fémur, même en utilisant la table orthopédique comme pour la prothèse initiale.

Les voies antérolatérales dont le type est la voie de Watson Jones [18, 19] : la luxation de la prothèse est antérieure avec un patient soit en décubitus dorsal, soit en décubitus latéral. Les variantes sont nombreuses. La voie diffusée par Röttinger [4, 11] n’utilise que la partie proximale de la voie de Watson Jones avec un jour réduit sur le fémur mais elle peut être élargie surtout en distal. La luxation est antérieure.

Pour améliorer la vision du champ opératoire, les manœuvres de luxation et l’exposition du fémur, de nombreux artifices ont été décrits et des écarteurs adaptés ont été développés. Ils cherchent tous à augmenter l’espace entre moyen fessier et tenseur du fascia lata.

Les voies de Muller première ou deuxième manière désinsèrent pour l’une le faisceau antérieur du moyen fessier à partir de sa bourse trochantérienne, pour l’autre, le traverse entre faisceau antérieur et faisceau moyen. Si l’extension en distal ne pose pas de problème, l’extension proximale reste toujours limitée par le pédicule fessier (4 cm en proximal par rapport au sommet du grand trochanter).

La voie de Hardinge [21] crée un digastrique avec le faisceau antérieur du moyen fessier et la partie proximale du vaste externe dont la continuité est assurée par une baguette plus ou moins importante prélevée à la partie antérieure du grand trochanter. Certains ne pratiquent pas l’ostéotomie, en particulier dans les reprises, lorsqu’ils ne veulent pas fragiliser davantage un grand trochanter souvent ostéolytique. On peut raisonnablement penser que le digastrique ainsi obtenu est d’une grande fragilité et résiste difficilement aux différentes manœuvres peropératoires. Cette voie reste limitée en proximal par le pédicule neurovasculaire comme le montre une étude anatomique [5].

Les différentes trochantérotomies [17] dérivent de la technique de Charnley. Le médaillon trochantérien permet de mobiliser largement le moyen et le petit fessier, surtout si son ostéotomie est généreuse. Cette approche qui donne un bon jour sur le cotyle au niveau du toit et sur l’extrémité proximale du fémur permet un réglage de la stabilité de la hanche en fin d’intervention par un positionnement adapté du trochanter. Cependant, les risques de pseudarthroses et leurs conséquences sont connus [30], favorisés par la mauvaise qualité osseuse du grand trochanter après la mise en place d’une PTH. Cette ostéotomie peut ne pas suffire pour l’ablation d’une tige non descellée ou d’un bouchon de ciment important [34].

Ces voies antéro-externes ou antérolatérales peuvent au niveau du fémur être facilement élargies, il n’en est pas de même pour atteindre le toit du cotyle lorsqu’il est largement ascensionné avec la limite de la dissection proximale créée par l’existence du pédicule fessier.

La voie postérieure se situe en arrière du bord postérieur du moyen fessier qu’elle respecte. Après avoir repéré le nerf sciatique, elle ne présente pas de danger particulier. Elle nécessite la section d’une partie plus ou moins importante des muscles pelvitrochantériens en fonction de l’élargissement vers la distalité. Dans un abord minimal, l’obturateur et les jumeaux peuvent seuls être détachés. Lorsque l’abord a besoin d’être élargi en proximal, on peut sectionner le pyramidal et bien visualiser le toit du cotyle en insinuant un écarteur sous le moyen fessier. La limite proximale se situe au niveau de la grande échancrure sciatique d’où émerge l’artère fessière qu’il faut préserver pour la vitalité des fessiers. En peropératoire, elle constitue un risque hémorragique. En cas de section, elle se rétracte dans le petit bassin et devient très difficilement contrôlable. Dans la nécessité d’un élargissement distal pour une meilleure vision fémorale, le carré crural peut être désinséré et l’on peut même sectionner l’expansion fémorale du grand fessier, sachant que la première perforante émerge à sa partie proximale. En fin d’intervention, la réinsertion de cette lame aponévrotique ne pose pas de problème particulier, si ce n’est que l’on doit penser à la refixer; elle se fait d’autant plus facilement que sa section n’a pas été effectuée au ras de l’os.

Parfois, enfin, si les lésions au niveau du cotyle intéressent le toit avec une migration proximale très importante, on peut avoir recours à une voie de Kocher-Langenbeck qui discise le muscle grand fessier plus proximalement dans une zone où il est beaucoup plus épais que dans celle déterminée dans la voie postérieure classique. En pratique, il ne faut utiliser cette voie que lors des destructions majeures du toit du cotyle avec une migration proximale de plusieurs centimètres.


Situation 2


L’abord chirurgical classique ne suffit pas à résoudre les problèmes posés par la reconstruction, il faut prendre en considération l’état osseux.


Cotyle


La destruction au niveau du cotyle, de type segmentaire, se situe soit au niveau du toit entraînant une migration proximale, soit au niveau de la surface quadrilatère se traduisant par une protrusion ou médialisation. Les deux peuvent être associées, de même qu’il peut s’associer des lésions segmentaires d’un ou des deux piliers antérieur et/ou postérieur (figure 1).








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Figure 1
Destruction au niveau du cotyle (stade IV SoFCOT) avec ascension et médialisation de la cupule.


En proximal, il suffit que la voie d’abord permette de s’élargir sans entraîner de lésions des parties molles périprothétiques. On connaît dans ce cas les limites des voies antérolatérales avec la présence du pédicule fessier. Pour cette raison, en pratique, devant une destruction du toit très importante, on préfèrera une voie postérieure. La protrusion peut poser des problèmes plus difficiles non résolus par les voies déjà citées. La planification et les examens complémentaires d’imagerie (artériographies et tomodensitométries) auront permis de décider dans de rares cas d’utiliser une voie sous-péritonéale pour l’ablation de la cupule qui a migré dans le petit bassin [46]. L’ablation peut en règle s’effectuer par une voie postérieure mais cette voie est dangereuse car le contrôle des vaisseaux est impossible. Fort heureusement, cette situation n’est pas fréquente et il existe souvent dans ces migrations progressives une sorte de «coque fibreuse» de sécurité qui isole la pièce prothétique des vaisseaux. En revanche, il faut rester très vigilant lors de l’ablation de longues vis. On insiste sur l’intérêt de l’imagerie préopératoire.


Fémur


Lorsque le changement prothétique paraît facile, c’est-à-dire qu’il n’existe pas de lésion corticale, que l’ablation du ciment semble aisée parce qu’il y a un liseré net entre os et ciment, que le bouchon de ciment est peu important et que le fémur n’est pas déformé ou lorsqu’il s’agit d’une prothèse non scellée devenue mobile… l’abord fémoral est alors limité à celui d’une prothèse de première intention. L’ablation se fait par voie endomédullaire. Il faut cependant se méfier des tiges sans ciment qui peuvent apparaître d’extraction facile mais qui présentent un piédestal qui amarre la tige.

C’est à partir de l’analyse radiographique, lors de la planification, que l’on a défini les particularités des «dégâts osseux» surtout au niveau du fémur (situation 2). C’est à ce moment que l’on évalue le niveau de difficulté. Soit la destruction existe, elle est d’importance et nécessite une reconstruction, soit – bien que les lésions soient mineures – les particularités anatomiques vont conduire en peropératoire à aggraver les lésions déjà existantes comme une courbure fémorale, un bouchon de ciment, une prothèse vraisemblablement inextirpable… Dans ces cas, l’abord du fémur devra être particulier. La mise en œuvre de ces techniques est facilitée par un abord postérieur.


Trochantérotomie digastrique [53]


Elle peut être utilisée, parce qu’il y a une perte de substance un peu plus importante au niveau du fémur, parce que la tige est fermement fixée ou que le ciment adhère solidement au contact du fémur parfois déformé. Le lambeau digastrique du vaste externe et du moyen et petit fessier en continuité facilite l’abord. La trochantérotomie digastrique, en donnant une bonne vision sur le fémur proximal, permet de retirer le ciment plus facilement. L’ostéotomie digastrique du trochanter mobilisable favorise la vision sur le cotyle et le fémur. On peut pratiquer par cette voie un parfait nettoyage des débris et de la prolifération synoviale de toute la région articulaire, antérieure et postérieure. La fermeture de cette voie est facile, adaptable et redonne une excellente fonction. En fin de reconstruction, la fixation de la zone osseuse du lambeau digastrique (grand trochanter) doit être soignée avec plusieurs cerclages en acier non tressé (métallose) afin de limiter les pseudarthroses et d’améliorer la stabilité de la hanche.


Trochantérotomie digastrique élargie [45, 58]


C’est une variante. La zone d’ostéotomie dépasse la limite du grand trochanter en distal pour s’arrêter au niveau de la zone de faiblesse de la corticale externe (type III de SOFCOT). Le volet se délimite très facilement comme si cette zone fragilisée correspondait à un «prédécoupage». La dimension de cette trochantérotomie digastrique élargie peut déjà avoir été prévue initialement sur les radiographies qui visualisent les zones d’ostéolyse. Cette ostéotomie étendue augmente beaucoup la mobilité du lambeau digastrique et permet ainsi une parfaite visualisation de toutes les zones du cotyle, elle donne aussi une excellente vue sur la diaphyse fémorale en endo- et exomédullaire et sur l’interface os-ciment et os-implant. Cette amélioration de vision ne s’effectue pas en aggravant réellement les lésions osseuses puisque nous utilisons pour élargir l’abord la zone osseuse sans valeur mécanique en particulier pour la fixation de la prothèse. Il ne s’agit pas d’une «escalade». On peut, par ce biais, enlever en particulier le ciment lorsque celui-ci est très adhérent à l’os [8]. La zone aveugle est nettement raccourcie, ce qui permet de minimiser les perforations, les fausses routes et de mieux contrôler le positionnement des instruments d’ablation. Cette technique évite que l’on affaiblisse les zones fémorales solides qui servent à maintenir la nouvelle tige fémorale que l’on implante. Il faut en effet noter que la région de la ligne âpre est rarement atteinte et qu’elle constitue un bon tuteur solide pour la reconstruction. C’est pour cela que nous cherchons à la préserver et qu’il ne nous paraît pas utile de rompre sa continuité. Cette technique de la trochantérotomie élargie (figure 2) dont nous avons l’expérience depuis plus de vingt ans peut être également utilisée pour l’ablation des prothèses non scellées, surtout si leur effet de surface n’intéresse que la partie proximale de la tige.








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Figure 2
Trochantérotomie élargie. On utilise la zone fragile d’ostéolyse pour élargir l’ostéotomie sans augmenter les dégâts osseux.



Fémorotomie


C’est un abord aujourd’hui très en vogue. Elle simplifie l’approche du fémur surtout dans le temps d’exérèse, et elle favorise la reconstruction au moins sur les images radiographiques (figure 3). À être trop utilisée, elle conduit à compliquer le mode de fixation des tiges pour lesquelles on doit rechercher un blocage très distal au-delà de l’isthme fémoral. Il faut la réserver aux extractions très difficiles : ciment très adhérent, bouchon étendu, prothèses inextirpables ou encore fémurs déformés… Les descriptions des techniques de fémorotomies sont multiples. La plus classique consiste à pratiquer une ostéotomie longitudinale sur la face externe du fémur qui se prolonge en distal jusqu’à la mesure établie par la planification (extrémité distale de la tige ou du bouchon de ciment, sommet d’une courbure fémorale exagérée…). Cette ostéotomie peut se faire prothèse en place ou après son ablation. Elle est complétée par une hémi-ostéotomie transversale au niveau distal. Si la prothèse est en place, en utilisant des lames de Pauwels tout le long de l’ostéotomie glissées entre os et prothèse, on peut obtenir une charnière interne. Si la prothèse n’est plus en place, l’ostéotomie initiale peut être transfixiante. Le volet ainsi créé permet d’enlever la prothèse et le ciment si nécessaire. Pendant toutes ces manœuvres, il faut préserver la vascularisation du volet osseux, gage d’un potentiel de consolidation et de reconstruction. En particulier, il ne faut utiliser les écarteurs type Hohmann qu’au contact de la partie endomédullaire du volet (figure 4). Certains [55] préconisent une ostéotomie longitudinale de la ligne âpre pour conserver dans cette portion la vascularisation. L’ouverture du volet est alors très postérieure. Pour la reconstruction immédiate, le fait de libérer la ligne âpre, souvent préservée dans ses capacités mécaniques, supprime un élément de solidité et de stabilité et conduit à l’utilisation de prothèses à fixation distale verrouillée. Il est dommage de se priver de la zone la plus résistante du fémur rarement victime de l’ostéolyse. La conservation de la ligne âpre participe à la philosophie de la «non-escalade».








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Figure 3
a et b : fémorotomie. Reconstruction par prothèse en press-fit et cotyle double mobilité.













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Figure 4
a : découpe du volet (lame de Pauwels); b : ouverture du volet prothèse en place; c : protection de la vascularisation du volet par écarteur de Hohmann intramédullaire.



Situations osseuses particulières


L’abord fémoral peut nécessiter parfois une ostéotomie directionnelle. Il s’agit d’un fémur courbe dans le plan frontal secondaire à une prothèse dont le varus s’accentue ou dans le plan sagittal avec augmentation de la courbure anatomique (figure 5). Son niveau a été repéré à partir des données de la planification.








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Figure 5
Fémur secondairement varisé ayant nécessité une ostéotomie de correction.


Ailleurs, on rencontre un fémur plus ou moins «ballonisé» avec des corticales globalement amincies, un spongieux assez trabéculaire. On peut bien sûr utiliser une tige cimentée. La quantité de ciment utilisée compensera l’augmentation du calibre fémoral. En revanche, l’utilisation d’une tige non scellée va nécessiter une taille hors «normes» pour obtenir sa stabilité. Nous sommes fidèles dans ces cas à la technique du «recalibrage» (figure 6) que nous avons décrite précédemment et qui peut être également utilisée dans les stades d’ostéolyse évoluée avec atteinte de l’isthme [14]. On évite ainsi l’utilisation d’une prothèse à verrouillage distal avec en plus une très bonne reconstruction proximale active, c’est-à-dire qui engaine bien la prothèse, ce qui reste un des problèmes de la tige verrouillée (figure 7).








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Figure 6
Rétrécissement du diamètre de la diaphyse par une double ostéotomie longitudinale refermée sur des cerclages.









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Figure 7
Utilisation d’une prothèse à verrouillage distal après une large fémorotomie.


Un autre cas particulier correspond aux tiges bien fixées (le plus souvent à leur distalité) présentant une lyse proximale limitée (zone I ou VII, II ou VI de Gruen). Il existe une usure de l’insert en polyéthylène (PE). On propose un abord limité de la hanche afin de réaliser un nettoyage associé à un curetage-comblement des zones ostéolytiques [2]. Les résultats rapportés paraissent intéressants et cette technique est moins agressive que celle qui consiste à l’ablation complète des implants. Ces résultats sont toutefois conditionnés à l’ablation de la cause des débris à l’origine de l’ostéolyse, le plus souvent l’usure du PE. Si la modularité le permet, on peut ne changer que l’insert en polyéthylène.


Implants : changement d’une seule pièce


Le bilan préopératoire aura permis de décider le changement d’un ou des deux implants en fonction de l’étiologie de la reprise, des situations lésionnelles, de l’état de fragilité du patient… le changement d’une seule pièce et en particulier de la cupule seule nécessite une adaptation dans l’abord. Il faut trouver le moyen de ne pas être gêné par la présence de la tige. Par une voie postérieure, on cherche à refouler vers l’avant le fémur afin d’avoir libre la vision sur la cavité cotyloïdienne. Ceci nécessite un temps d’exposition en avant du cotyle pour permettre d’effacer l’extrémité supérieure du fémur prothésé. Cette translation antérieure doit être suffisamment importante pour placer ensuite correctement le porte cotyle que l’on utilisera sans que celui-ci soit limité dans ses possibilités d’orientation par le relief fémoral et en particulier la partie postérieure du grand trochanter. Cette situation difficile est souvent, si l’on n’y prend garde, à l’origine de malposition de la cupule : verticalisation et tendance à la rétroversion et, ce, malgré l’utilisation d’un porte-cotyle à manche courbe.

Lorsqu’on ne change que l’implant fémoral, il n’y a pas d’incidence sur la voie d’abord. En revanche, il faut être prêt à s’adapter s’il apparaît une instabilité résiduelle, en allongeant le col ou même en changeant la cupule, ce qui initialement n’était pas prévu.


Ablation des implants



Temps d’ablation fémoral


Avant de passer au temps d’ablation du ou des implants, il est important de nettoyer la région articulaire et ceci avant même de chercher à luxer la hanche. Ce temps de nettoyage prend toute sa valeur lors de changement avec des débris importants remplissant la synoviale dont il faut réséquer toutes les invaginations à la manière d’une tumorectomie. Ce temps est besogneux mais obligatoire pour ne pas obérer le résultat à long terme de la nouvelle prothèse. Lors de métallose importante, «l’infiltration» des tissus peut largement dépasser la région articulaire. Après cette phase qui doit être complétée au fur et à mesure de la progression de l’abord, on peut luxer la prothèse et passer au temps suivant de l’ablation des implants.

La tige fémorale est facile à enlever s’il existe un descellement global sans lésions osseuses majeures (type 1 de la SOFCOT). Il n’est pas rare alors de pouvoir l’extraire en endomédullaire. Les lésions osseuses créées par l’extraction seront minimes. Cette extraction devra être pratiquée après un nettoyage minutieux de la zone d’entrée de la prothèse qui est souvent recouverte soit d’un tissu cicatriciel, soit même d’os. On libère le passage de la zone la plus volumineuse de l’implant fémoral afin de ne pas entraîner une fracture du trochanter souvent fragilisé [8]. Si cette exérèse endomédullaire est facile, on ne va pas détruire la continence de la métaphyse et, à une taille près, on peut envisager de remettre en place une prothèse type première intention. L’ablation peut s’effectuer à l’aide de l’ancillaire d’ablation de la prothèse s’il existe ou d’un extracteur universel qui se fixe au niveau du col (figure 8). L’utilisation d’une pince-étau bloquée sous le relief du tronc de cône de la tige donne une bonne zone de frappe permettant l’exérèse.








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Figure 8
Exemple d’extracteur de tige dit «universel».


À l’opposé, il y a des situations difficiles. Lorsqu’une prothèse est descellée par rapport au ciment si celui-ci reste relativement bien fixé à l’os, son ablation en endomédullaire peut se révéler très difficile, surtout s’il existe des modifications de courbure du fémur ou un défaut de centrage de la tige. Il faudra alors savoir «ouvrir» le fémur par une fémorotomie ou une trochantérotomie étendue [45, 58] afin de faciliter l’ablation du ciment. Certains ont proposé des perforations contrôlées qui fragilisent le fémur sans vraiment apporter une bonne vision [50]. D’autres utilisent des fenêtres [7]. Si l’on choisit leur utilisation, il faut connaître les risques de fractures secondaires par fragilisation de la résistance du fémur. L’application de quelques règles permet d’en diminuer l’incidence : le grand axe de la fenêtre doit être dans l’axe longitudinal de la diaphyse; sa largeur doit rester inférieure au quart de la circonférence du fémur; les angles de cette trépanation sont arrondis pour répartir les contraintes; enfin, la tige prothétique que l’on va implanter doit si possible ponter la zone de la fenêtre au moins sur une distance égale à la longueur de la perte de substance.

Les tiges présentant un revêtement de surface comprenant ou non de l’hydroxyapatite sur toute leur longueur sont d’extraction difficile. Les ancillaires spécifiques ne sont pas toujours adaptés à une forte résistance à l’arrachement. Dans ces situations, l’abord chirurgical va aggraver les lésions osseuses. La planification doit prendre en compte ces difficultés et ces risques. Il ne faut pas hésiter à pratiquer d’emblée un abord osseux en apparence plus délabrant mais codifié et donc mieux contrôlé.

Dans ce type de chirurgie, il faut un minimum de matériel surtout pour l’ablation du ciment. Chacun, au fur et à mesure de son expérience, va compléter sa panoplie ou au contraire se limiter à des instruments bien précis dont il a l’habitude. On peut évoquer une liste de base. Les instruments classiques utilisés pour l’ablation du ciment comprennent des ciseaux longs droits ou de type gouges, des ciseaux décalés, des crochets qui permettent de «ramoner» en rétrograde le fémur lorsqu’on a traversé le bouchon de ciment (figure 9). Ces crochets donnent également une bonne sensation du contact osseux et permettent de contrôler l’existence ou non d’une fausse route. Ces contrôles sont d’autant plus importants que l’on utilise un alésoir monté sur un moteur fréquemment à l’origine d’une fausse route. Des outils plus spécifiques ont été développés : scie à acier dur [27], ultrasons [22] ou autre dispositif spécifique [13]… Aucun ne semble avoir amené de révolution dans ce temps chirurgical difficile. Une aide importante est apportée l’utilisation de canules comportant une aspiration, une irrigation et une source lumineuse de type Vital View (figure 10) qui permet de travailler dans un puits de 15 à 18 centimètres avec un meilleur confort.








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Figure 9
Quelques instruments pour l’ablation du ciment au niveau du fémur : mèches, ciseaux droits, ciseaux gouges crochets, pince…







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Apr 2, 2020 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on chirurgical

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