33. Chimiothérapie
On regroupe sous le terme de chimiothérapie anticancéreuse un ensemble de médicaments qui ont en commun de provoquer la mort des cellules cancéreuses en ciblant leur ADN.
Aucun de ces traitements n’est parfaitement spécifique des cellules malignes. Ils induisent donc des effets indésirables importants liés à leur action sur les cellules normales.
Principales indications de la chimiothérapie
Traitement adjuvant
Après une exérèse complète de la tumeur, la chimiothérapie adjuvante permet de détruire les micro-métastases et de diminuer le risque de rechute. Ce type de traitement est en particulier indiqué dans les cancers du sein et du côlon.
Traitement d’induction
Avant une chirurgie ou une radiothérapie lorsque l’extension importante de la tumeur rend impossible un traitement local ou contraint à une chirurgie très mutilante.
Le traitement est donc débuté par une chimiothérapie d’induction qui permet dans certains cas de réduire la taille de la tumeur et facilite ainsi un traitement local conservateur.
Exemple : dans le cancer du sein la chimiothérapie d’induction, dite aussi néo-adjuvante, peut permettre d’éviter la mastectomie.
En phase métastatique
La chimiothérapie a rarement un objectif curatif : cancer du testicule, certains cancers de l’enfant.
Le plus souvent elle permet d’augmenter l’espérance de vie et d’améliorer les symptômes en induisant une rémission transitoire mais sans permettre la guérison (cancers du sein, du côlon, de la prostate, du poumon…).
Modalités d’administration
La plupart des médicaments de chimiothérapie s’administrent par voie veineuse.
Pour faciliter et rendre plus sûre l’administration intraveineuse, celle-ci est de préférence faite via une voie veineuse centrale (voir page 180).
L’administration est discontinue : le traitement se fait généralement sur une journée (parfois 2 à 5 jours consécutifs) et est renouvelé toutes les deux à trois semaines. Chaque période de traitement est appelée cycle. La prescription se fait en nombre de cycles, qui définit la durée du traitement.
Règles de prescription
Pour minimiser au maximum le risque de toxicité et pour obtenir une efficacité optimale, la prescription et son exécution doivent être très précises.
Posologie
Elle est adaptée à la surface corporelle du patient, mesurée à partir de son poids et de sa taille. La prescription doit indiquer la posologie en mg (ou g) par m2 et la dose totale qui va être administrée.
Nature du soluté utilisé pour la dilution
Généralement glucosé à 5 % ou sérum physiologique. L’oxaliplatine précipite avec le sérum physiologique.
Durée de la perfusion
Un raccourcissement ou surtout un allongement de la durée de perfusion peuvent considérablement augmenter la toxicité.
Intervalle entre chaque cycle
S’il est diminué, il existe un risque accru de toxicité mais l’efficacité peut être diminuée s’il est allongé.
Principales contre-indications
Grande altération de l’état général
On considère généralement qu’un patient alité plus de 50 % de la journée ne peut recevoir de chimiothérapie (indice OMS de 3 ou plus) sauf s’il s’agit d’un cancer très chimiosensible (cancer du testicule, lymphome).
Infection non contrôlée par un traitement antibiotique
Risque d’aggravation de l’infection en cours de chimiothérapie.
Déficience d’un organe
Fonction du médicament utilisé et de ses toxicités.
Exemple : les anthracyclines peuvent induire une insuffisance cardiaque. Elles sont donc contre-indiquées en cas d’insuffisance cardiaque préexistante, au risque de l’aggraver.
Principaux effets indésirables
La toxicité associe des effets communs à tous les agents de chimiothérapie et des toxicités spécifiques de chaque médicament.
Les toxicités aiguës
• Elles se manifestent de quelques heures à quelques jours après la chimiothérapie.
• La plupart des toxicités aiguës sont communes à tous les agents de la chimiothérapie mais leur intensité varie d’un médicament à l’autre.
• La toxicité aiguë s’exerce en particulier sur les tissus à renouvellement rapide : cellules sanguines (globules blancs, plaquettes, globules rouges), muqueuses (buccale et digestive surtout), peau et cellules des follicules pileux.
L’asthénie
• Effet très fréquent mais d’intensité très variable d’un patient à l’autre.
• Elle est généralement maximale une semaine après la chimiothérapie.
• Elle a tendance à se majorer au fur et à mesure de la répétition des traitements.
Nausées et vomissements
• C’est un effet secondaire fréquent et très redouté par les patients.
• L’intensité des nausées-vomissements varie beaucoup d’un médicament à l’autre. Les produits de chimiothérapie peuvent être ainsi classés en faiblement, moyennement ou fortement émétisant (tableau 5).
Faible | Intermédiaire | Élevé |
---|---|---|
Vinorelbine | Irinotécan | Cisplatine |
5-Fluoro-uracile | Topotécan | Cyclophosphamide |
Méthotrexate | Taxanes | Ifosfamide |
Bléomycine | Etoposide | Anthracyclines |
Gemcitabine | Cytarabine |
• On distingue les nausées-vomissements immédiats, retardés et anticipés.
Les nausées et vomissements immédiats
• Ils surviennent dans les 24 premières heures qui suivent la chimiothérapie.

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