INSUFFISANCE CARDIAQUE GAUCHE CHRONIQUE (6)
Autres traitements médicamenteux
Inhibiteurs calciques
• Diltiazem, nifédipine : pas de preuve de leur efficacité.
• Vérapamil : contre-indiqué à cause de son effet inotrope négatif.
• Dihydropyridines « récents » (amlodipine, félodipine) : pas d’action délétère sur le pronostic. Peuvent être utilisés en cas d’hypertension artérielle ou d’ischémie myocardique.
Traitement anticoagulant
Les antivitamines K (INR entre 2 et 3) sont indiquées en cas :
– d’arythmie complète par fibrillation auriculaire ;
– de dilatation de l’oreillette gauche ;
– de fraction d’éjection du ventricule gauche très altérée (FE < 30 %) surtout si présence de contraste spontané à l’écho-cardiographie;
– d’anévrisme et de thrombus intracardiaque ;
– d’antécédents d’embolie systémique d’origine cardiaque ;
– d’accidents thromboemboliques veineux (pour une durée de 3 à 6 mois).
Les antiagrégants plaquettaires sont indispensables en cas d’insuffisance cardiaque ischémique.
INHIBITEURS DE L’ENZYME DE CONVERSION (IEC) (5)
PRÉCAUTIONS D’EMPLOI
– clairance ≥ 70 mL/min : posologie moyenne ;
– clairance ≥ 30 mL/min : 1/2 de la posologie moyenne ;
– clairance ≥ 10 mL/min : 1/8 à 1/4 de la posologie moyenne ;
– clairance ≤ 10 mL/min : 2,5 mg de RENITEC ou 2 mg de COVERSYL le jour de la dialyse ou 0,5 mg/j d’ODRIK.
Pas d’adaptation à la clairance de la créatinine avec le FOZITEC.
Déplétion hydrosodée : diminuer, voire interrompre transitoirement les diurétiques
HTA réno-vasculaire : utilisation prudente, en général avant une revascularisation.
EFFETS INDÉSIRABLES
Hyperkaliémie (effet antialdostérone).
Troubles digestifs banals : diarrhée, nausées, gastralgies, douleurs abdominales.
Céphalées, crampes musculaires, asthénie.
INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES
Apports potassiques : sous stricte surveillance.
AINS : association contre-indiquée.
Autres antihypertenseurs : majoration du risque d’hypotension.
Héparine : majoration du risque d’hyperka-liémie.
Lithium : majoration de la lithémie.
Immunosuppresseurs : association contre-indiquée avec le LOPRIL.
Association déconseillée avec les antidépres-seurs imipraminiques et les neuroleptiques.
INSUFFISANCE CARDIAQUE GAUCHE CHRONIQUE (7)
INSUFFISANCE CARDIAQUE GAUCHE CHRONIQUE (8)
ORDONNANCE TYPE D’UN PATIENT AVEC ATTEINTE CARDIAQUE SYSTOLIQUE
• Quel que soit le stade de la NYHA
Principales propriétés de l’angiotensine II :
– puissante action vasoconstrictrice,
– stimulation de la sécrétion d’aldos-térone,
– stimulation du système sympathique,
– effet antidiurétique, antinatriurétique et dipsogène,
– effet inotrope positif, augmentation du travail cardiaque et diminution du débit cardiaque du fait de l’élévation de la post-charge.
BÊTABLOQUANTS DANS L’INSUFFISANCE CARDIAQUE (2) – PHARMACOLOGIE
Grossesse, allaitement.
Insuffisance cardiaque en phase instable et choc cardiogénique.
Dysfonction sinusale et bloc auriculo-ventriculaire de haut degré non appareillé.
Hypersensibilité au bêtabloquant.
Artériopathie oblitérante sévère des membres inférieurs et phénomène de Raynaud.
Insuffisance hépatique sévère.
PRÉCAUTIONS D’EMPLOI
Réduire la dose ou interrompre le traitement en cas d’intolérance.
Diminution des doses chez le sujet âgé.
Diabétiques: les β-bloquants peuvent masquer les signes d’hypoglycémie et en augmenter la sévérité.
Angor de Prinzmetal : risque de déclenchement de crises d’angor.
Psoriasis : risque d’aggravation.
EFFETS INDÉSIRABLES
Hypotension, signes congestifs d’insuffisance cardiaque, choc, bradycardie, troubles conductifs.
Altération de la fonction rénale.
INSUFFISANCE CARDIAQUE DROITE ET GLOBALE
Poussée d’insuffisance cardiaque droite ou globale
• Hospitalisation en service de cardiologie.
• Voie veineuse périphérique : sérum glucose 500 mL/j.
• Oxygénothérapie par voie nasale : 4 à 6 L/min en l’absence de BPCO.
• Diurétiques par voie parentérale : diurétiques de l’anse, furosémide (LASILIX), 2 amp. à 20 mg × 1 à 3/j en IVD à adapter à la réponse et diurétiques épargneurs de potassium, spironolactone (SOLUDACTONE), 1 amp. × 1 à 3/j en IV lente en cas de forte rétention hydrosodée.
• Dérivés nitrés, isosorbide dinitrate (RISORDAN) : 10 à 80 mg/j en 2 ou 3 prises.
• Traitement anticoagulant à dose efficace, héparine de bas poids moléculaire, nadroparine calcique (FRAXIPARINE) : 100 UI anti-Xa/kg × 2/j en SC.
• Traitement sympathomimétique injectable en cas de choc, de type dopexamine (DOPACARD) :1 à 4 µg/kg/min.
• Correction des facteurs favorisants (cf. OAP).
Traitement au long cours
• Activité physique régulière (marche).
• Régime hyposodé : 2 à 3 g/j à adapter à l’état clinique.
• Diurétiques de l’anse, furosémide (LASILIX) : 1 à 2 cp. à 40 mg × 1/j, et/ou diurétiques épargneurs de potassium, spironolactone (ALDACTONE): 1 à 2 cp. à 75 mg × 1/j.
• Traitement d’une éventuelle dysfonction ventriculaire gauche associée (cf. Insuffisance ventriculaire gauche chronique).
• Traitement anticoagulant au long cours par antivitamine K en cas d’embolie pulmonaire, de dysfonction ventriculaire gauche sévère, de fibrillation auriculaire.
Étiologies des insuffisances cardiaques droites chroniques
• Insuffisance ventriculaire gauche (cause n° 1).
• Cœur pulmonaire chronique (cause n° 1 des insuffisances ventriculaires droites isolées) : BPCO, insuffisance respiratoire restrictive, fibrose pulmonaire, post-embolique.
• Péricardite chronique constrictive.
• Hypertension artérielle pulmonaire primitive.
• Cardiopathies congénitales avec shunt gauche/droit et hypertension artérielle pulmonaire (communication interventriculaire, communication interauriculaire évoluée, persistance du canal artériel) et sténose pulmonaire.
• Endocardites et tumeurs carcinoïdes du cœur droit.
• Rupture d’un anévrisme du sinus de Valsalva dans les cavités droites.
• Cardiomyopathies restrictives prédominant sur le cœur droit.
TRANSPLANTATION CARDIAQUE (1)
Sélection des patients
Indications (en dehors de l’urgence)
• Critères hémodynamiques : fraction d’éjection isotopique du ventricule gauche < 20 %, persistance d’une pression capillaire > 30 mmHg sous traitement médical bien conduit.
• Critères neurohormonaux : concentrations plasmatiques en cathécholamines et en facteur atrial natriurétique (FAN) élevées, scintigraphie au MIBG < 120 %.
• Critères fonctionnels : insuffisance cardiaque stade III ou IV malgré un traitement médical optimal, pic de consommation d’oxygène dit pic de VO2 < 14 mL/min/kg.
• Divers : existence de troubles du rythme ventriculaire graves.
Choix du donneur et histocompatibilité
La réussite de la transplantation dépend d’une double compatibilité hémodynamique et immunologique.
Technique
Deux techniques de greffe sont utilisées:
– la transplantation cardiaque orthotopique (98 % des greffes) laisse en place la partie postérieure des oreillettes du receveur ;
– la transplantation cardiaque hétéroto-pique (2 % des greffes) laisse en place le cœur natif. On fait communiquer en parallèle les oreillettes et les deux gros vaisseaux du receveur avec ceux du greffon qui assure tout ou partie du travail. Ce procédé permettrait au cœur natif de prendre le relais et d’assurer une hémodynamique en cas de rejet.
TRANSPLANTATION CARDIAQUE (2)
Complications
Complications ultérieures
• Complications secondaires à la ciclosporine (HTA, néphrotoxicité), à l’azathioprine (leucopénie) (cf. Immunosupresseurs).
• Complications liées à la corticothérapie au long cours.
• Complications infectieuses bactériennes, mycoparasitaires et virales.
• Complications tumorales : syndromes lymphoprolifératifs B (surtout de localisation pulmonaire), syndrome de Kaposi (à sérologie VIH négative).
• Athérosclérose du greffon (rôle prépondérant des facteurs immunitaires).
• Rejet aigu et chronique : les crises de rejet sont plus fréquentes et plus sévères au cours des premiers mois.
Surveillance
– surveillance clinique régulière en insistant sur la prévention du risque infectieux ;
– biologie : fonction rénale, numération formule sanguine, dosage plasmatique de la ciclosporine;
– histologie (biopsie du ventricule droit à l’aide d’un biotome après ponction de la veine jugulaire interne droite);
ŒDÈME AIGU DU POUMON (OAP) (1)
C’est une forme fréquente de l’insuffisance cardiaque aiguë [1].
Il s’agit d’une urgence médicale dont le diagnostic est le plus souvent facile.
Principes du traitement
• Apprécier la gravité de l’OAP.
• Rechercher un facteur favorisant ou déclenchant.
• Initier le traitement éventuellement au domicile du patient.
• Organiser le transfert en milieu hospitalier.
• Correction d’un facteur favorisant.
Signes de gravité d’un OAP
Traitement au domicile du patient
• Si possible pose d’une voie veineuse avec du sérum glucosé.
• Oxygénothérapie par voie nasale si l’on en dispose (6 L/min).
• LASILIX 2 à 4 amp. à 20 mg en IVD.
• Dérivés nitrés par voie sublinguale : NATISPRAY 2 bouffées si la pression artérielle systolique est supérieure à 100 mmHg.
Facteurs déclenchants d’un OAP
• Mauvaise observance ou baisse du traitement médical.
• Troubles du rythme supraventriculaire et ventriculaire.
• Introduction de médicaments délétères (inotropes négatifs, AINS, corticoïdes).
• Aggravation de la cardiopathie (poussée hypertensive, déstabilisation angineuse).
• Infections, notamment pulmonaires.
• Accidents thromboemboliques veineux.
OAP sans signe de gravité
• Hospitalisation en service de cardiologie.
• Voie veineuse périphérique : G5 % 500 mL/24 h avec 2 g de KCl (pas de NaCl).
• Dispositif de recueil des urines.
• Oxygénothérapie par voie nasale : 4 à 6 L/min en l’absence de BPCO.
• Diurétiques par voie parentérale, diurétique de l’anse, furosémide (LASILIX) : 2 amp. à 20 mg × 1 à 3/j en IVD.
• Supplémentation potassique adaptée.
• Dérivés nitrés par voie orale ou transcutanée, DISCOTRINE 10 mg appliqué de 8 h à 20 h.
On évitera les dérivés nitrés IV dans les formes peu sévères d’autant plus que le sujet est âgé.
• Traitement anticoagulant efficace : héparine de bas poids moléculaire, nadroparine calcique (FRAXIPARINE), 100 UI anti-Xa/kg × 2/j en SC.
• Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion seront introduits rapidement (cf. Insuffisance cardiaque gauche chronique).
ŒDÈME AIGU DU POUMON (OAP) (2)
OAP avec signes de gravité
Bilan minimum d’un OAP nécessitant une hospitalisation
ŒDÈME AIGU DU POUMON (OAP) (3)
• Position semi-assise, jambes pendantes.
• Voie veineuse périphérique de bon calibre : G5 % 500 mL/24 h avec 2 g de KCl.
• Monitorage cardiaque, tensionnel et de la saturation artérielle par oxymètre de pouls.
• Dispositif de recueil des urines.
• Oxygénothérapie par voie nasale : 10 L/min. La ventilation au masque avec pression expiratoire positive (CPAP) est souvent utilisée les premiers jours.
• Limiter les apports hydriques et régime sans sel strict (laisser à jeun à la phase aiguë).
• Diurétiques d’action rapide par voie parentérale à fortes doses : diurétique de l’anse, furosémide (LASILIX) : 80 à 120 mg × 3 à 4/j à adapter à la réponse (jusqu’à 1 g/24 h).
• Supplémentation potassique adaptée.
• Dérivés nitrés par voie parentérale : RISORDAN, 1 à 5 mg/h en IVSE si la pression artérielle systolique est > 100 mmHg.
• Dans les formes sévères en l’absence d’hypotension artérielle : vasodilatateur direct, nitroprussiate de sodium (NITRIATE) : 0,5 μg/kg/min en augmentant progressivement jusqu’à 8 μg/kg/min (dose moyenne 3 μg/kg/min). Une surveillance tensionnelle invasive et hémodynamique par sonde de Swan-Ganz est souhaitable.
• Traitement anticoagulant à dose efficace, HÉPARINE 400 à 500 UI/kg/j à adapter à l’héparinémie.
• Ventilation : l’intubation et la ventilation assistée sont parfois nécessaires, le plus souvent de brève durée. L’introduction d’une pression télé-expiratoire positive (PEEP) peut parfois être utile sous surveillance de la pression artérielle, des pressions droites et du débit cardiaque (la PEEP diminue le retour veineux et donc le débit cardiaque).
• Drogues inotropes positives : en cas d’apparition de signes de choc ou en l’absence d’amélioration (cf. Choc cardiogénique).
• L’évacuation d’un épanchement pleural abondant (en général bilatéral) peut améliorer la tolérance respiratoire.
Surveillance
• Clinique : scope, fréquence cardiaque, pression artérielle, température, fréquence respiratoire, diurèse horaire, poids, saturation artérielle en oxygène et coloration des téguments, signes d’insuffisance cardiaque, signes de choc.
• Biologique : ionogrammes sanguin et urinaire, urée, créatinine, BNP, bilan hépatique, hémostase, gaz du sang, enzymes cardiaques.
• Radiologique : radiographie pulmonaire au minimum quotidienne.
• Parfois surveillance hémodynamique par sonde de Swan-Ganz.
CHOC CARDIOGÉNIQUE (1)
La mortalité est très élevée, estimée de l’ordre de 40 à 70%.
Étiologies des chocs cardiogéniques
• Valvulopathies et endocardites
• Cardiomyopathies évoluées (primitives ou secondaires)
• Troubles du rythme et de conduction
• Choc cardiogénique sans atteinte myocardique primitive ou secondaire : dissection aortique, embolie pulmonaire, tamponnade, dysthyroïdies, hypothermie profonde
• Intoxication : β-bloquants, inhibiteurs calciques, antiarythmiques de classe Ia et Ic, antidépresseurs tricycliques, carbamates, antimitotiques (adriamycine), colchicine, etc.
Définition
• Hypotension artérielle : pression artérielle systolique < 90 mmHg ou baisse d’au moins 40 mmHg de la pression artérielle systolique par rapport aux valeurs habituelles.
• Vasoconstriction périphérique : marbrures, cyanose, extrémités froides.
CHOC CARDIOGÉNIQUE (3)
Mesures générales
• Hospitalisation en USIC ou en réanimation médicale.
• Oxygénothérapie si ventilation spontanée.
• Recours précoce et large à la ventilation mécanique invasive (correction de l’hypoxémie, mise au repos des muscles respiratoires, diminution du retour veineux et de la post-charge du ventricule gauche).
• Correction d’un trouble du rythme.
• Médicaments inotropes ± vasoactifs.
• Discussion précoce de contrepulsion diastolique par ballon intra-aortique.
• Surveillance hémodynamique : clinique, cathéter artériel, échographie.
• Discussion sur le recours au cathété-risme artériel pulmonaire ou à une technique hémodynamique alternative.
TONICARDIAQUES INHIBITEURS DES PHOSPHODIESTÉRASES (2) – PHARMACOLOGIE
PROPRIÉTÉS
Pas de phénomène d’échappement thérapeutique.
Demi-vie : milrinone (2 à 3 h), et énoximone (4 à 6 h).
CONTRE-INDICATIONS
Grossesse, allaitement, enfants : innocuité non démontrée (pas d’effet tératogène rapporté).
Hypersensibilité à ces produits.
Troubles du rythme supraventriculaire non contrôlés et troubles du rythme ventriculaire graves.
Obstacles à l’éjection ventriculaire (rétrécissement aortique, cardiopathie obstructive).
PRÉCAUTIONS D’EMPLOI
Adaptation de la posologie à la fonction rénale.
Milrinone : réduire la posologie si clairance < 30 mL/min.
EFFETS INDÉSIRABLES
Choc anaphylactique aux sulfites.
Troubles du rythme ventriculaire et supraventriculaire.
Céphalées, diminution du goût et de l’odorat, tremblements.
Thrombopénie, fièvre, frissons.
CHOC CARDIOGÉNIQUE (4)
Traitements associés
Traitement étiologique
Choc cardiogénique à la phase aiguë d’un infarctus du myocarde
La reperfusion coronaire est la priorité thérapeutique (angioplastie plutôt que thrombolyse).
Troubles de la conduction auriculo-ventriculaire
Entraînement électrosystolique.
Surveillance d’un choc cardiogénique
• Clinique : scope, pression artérielle invasive, température, fréquence respiratoire, diurèse horaire, saturation artérielle en oxygène, régression des signes de choc et d’insuffisance cardiaque, poids.
• Biologique : ionogrammes sanguin et urinaire, urée, créatinine, bilan hépatique, hémostase, enzymes cardiaques, gaz du sang, lactates.
• Radiologique : radiographie pulmonaire.