80 Cancer du sein
Introduction
Aux États-Unis, en 2007, le diagnostic de cancer du sein a été posé chez près de 178 480 femmes et 2 030 hommes, ce qui en fait le cancer le plus fréquent chez les femmes. Le risque de cancer du sein pour une Américaine est d’environ 1 sur 10, l’âge étant le facteur de risque le plus important. Les deux tiers des cas surviennent chez des femmes ménopausées, la maladie étant extrêmement rare chez les femmes de moins de 30 ans. L’incidence s’est récemment stabilisée, tandis que la mortalité du cancer du sein dans toute la population a diminué d’environ 25 % au cours des 10 à 20 dernières années. Environ la moitié de cette diminution de la mortalité est due à un dépistage efficace, et l’autre moitié à l’amélioration de la thérapie adjuvante.
Étiologie et pathogénie
L’âge est le plus important facteur de risque de cancer du sein non hérité. Les femmes de 65 ans ont un risque plusieurs fois supérieur à celui encouru par celles âgées de 40 ans. À tout âge, des antécédents de cancer mammaire ou ovarien augmentent le risque de cancer du sein ultérieur. Dans une moindre mesure, mais tout de même de manière importante, les antécédents familiaux contribuent au risque ; pour les parents au premier degré, ce risque augmente d’environ 2 à 5 fois ; il est cependant plus élevé pour la forme héréditaire. Ce type de tumeur est responsable de 5 à 10 % de tous les cancers du sein ; il est principalement dû à des mutations du gène BRCA1 ou BRCA2, qui sont transmises selon un mode autosomique dominant. Les porteuses de ces mutations présentent un risque à vie de cancer du sein de 60 à 80 % et un risque accru d’être atteinte avant la ménopause et de manière bilatérale. L’identification des familles prédisposées au cancer héréditaire est cruciale. En effet, des tests génétiques peuvent identifier les porteurs de mutation, et l’on dispose de stratégies efficaces de prévention.
Tableau clinique
Un cancer du sein invasif se présente habituellement comme une masse indolore ou des calcifications détectées par mammographie, une distorsion anatomique ou une densité asymétrique. L’examen clinique ou l’autopalpation peuvent aussi détecter une tumeur par un capitonnage ou une rétraction de la peau ou encore une asymétrie des seins (figure 80.1). Parfois, le cancer du sein sera associé à l’inversion du mamelon ou des écoulements. La suspicion de malignité sera d’autant plus grande si l’écoulement s’avère contenir du sang. Rarement, les cancers du sein entraînent des modifications cutanées inflammatoires. Depuis les dépistages, davantage de cancers du sein sont diagnostiqués à un stade précoce et curable, la tumeur ne s’étendant pas en dehors du sein ou des ganglions lymphatiques locaux. Moins de 10 % des patientes atteintes de cancer du sein se présentent avec des métastases à distance.
La plupart des patients se présentent avec un cancer du sein à un stade précoce non métastatique, à un moment où un traitement multimodal rapide peut réduire le risque de récidive et de mort. La récurrence du cancer du sein sous forme de maladie métastatique peut survenir à tout moment, mais le risque est plus élevé dans les 5 à 10 premières années après le diagnostic. Il existe de multiples facteurs dépendant des tumeurs et de la patiente qui déterminent la capacité des cellules cancéreuses de quitter le sein, de survivre dans le sang et les vaisseaux lymphatiques, de s’arrêter et gagner un nouveau site, finalement de survivre et de croître dans ce site tout en déclenchant les signes cliniques de maladie métastatique (figure 80.2). Les sites les plus communs de récidive sont locaux (notamment ceux du sein conservé ou la paroi thoracique), les os, les ganglions lymphatiques, les poumons et le foie. Les métastases dans le système nerveux central (SNC), rares avant l’ère de la thérapie systémique agressive, semblent être en augmentation, probablement parce que les médicaments utilisés pour prévenir les rechutes systémiques ne pénètrent pas dans le SNC de manière adéquate. La récidive locale, en particulier dans un sein conservé, est curable par chirurgie et radiothérapie, mais elle est de mauvais pronostic. Le cancer du sein métastatique est considéré comme incurable, mais, chez quelques patientes, la survie peut excéder 10 ans et le pronostic après le diagnostic métastatique continue à s’améliorer.