81 Cancer de la prostate
Introduction
Le cancer de la prostate représente 33 % des cancers non cutanés diagnostiqués chez les hommes, ce qui en fait le cancer le plus fréquemment diagnostiqué chez les hommes. Aux états-Unis en 2006, on prévoyait 234 000 nouveaux cas. Ces chiffres représentent une baisse marquée par rapport aux estimations de 1997 de 334 500 nouveaux cas. Cette tendance pourrait être un effet de la généralisation du dosage de l’antigène prostatique spécifique (PSA, prostatic-specific antigen), qui permet un dépistage du cancer de la prostate plus précis que les anciennes méthodes de détection. Le cancer de la prostate est la troisième cause de décès par cancer chez les hommes, avec 27 350 décès anticipés en 2006. Les taux de mortalité par cancer de la prostate ainsi que de plusieurs autres cancers ont diminué depuis le début des années 1990, bien que la relation de cette diminution aux efforts actuels de dépistage n’ait pas été établie.
Étiologie et pathogénie
Plusieurs stratégies de prévention du cancer de la prostate sont à l’étude. SELECT, un grand essai contrôlé randomisé du sélénium et de la vitamine E comme agents nutritionnels préventifs du cancer, a commencé en 20021. On a aussi étudié l’effet préventif du finastéride, un inhibiteur de la 5-α-réductase (l’enzyme intracellulaire qui convertit la testostérone en dihydrotestostérone, son métabolite actif). Les organisateurs de cet essai, appelé Prostate Cancer Prevention Trial, ont constaté que le finastéride semblait diminuer le développement du cancer de la prostate de 25 %, mais pouvait augmenter le risque de cancer de haut grade et provoquer des effets secondaires d’ordre sexuel.
Tableau clinique
Le cancer de la prostate à un stade précoce est habituellement asymptomatique. Les symptômes prostatiques sont souvent dus à une hyperplasie bénigne, qui n’est pas liée au cancer de la prostate et ne constitue pas un facteur de risque. Le cancer localement avancé de la prostate peut se manifester par des symptômes obstructifs à la vidange de la vessie ou par de l’hématurie, et les patients atteints de métastases peuvent souffrir de douleur osseuse et, plus rarement, de compression de la moelle épinière ou d’uropathie obstructive (figure 81.1).
Démarche diagnostique
Histopathologie et stadification du risque
Par hasard, en réséquant la prostate par voie transurétrale, on peut trouver fortuitement du tissu cancéreux. Les patients avec un taux élevé de PSA ou un nodule palpable au TR doivent subir une biopsie à l’aiguille de la glande prostatique. Presque tous les cancers de la prostate sont des adénocarcinomes. Dans le système de classification de Gleason, le degré de différenciation glandulaire des tumeurs primitive (la plus grande) et secondaire reçoivent un score de 1 (bien différenciée) à 5 (peu différenciée) ; les scores sont ensuite additionnés pour donner un nombre de 2 à 10 (voir la figure 81.1).
Soins et traitement
Cancer localisé
Les patients atteints de tumeur cliniquement localisée ont plusieurs options de traitement, notamment la prostatectomie radicale, la radiothérapie externe, la curiethérapie et la temporisation. On a montré que la prostatectomie radicale diminuait les mortalités spécifique et globale à 10 ans par rapport à la temporisation, mais l’on ne dispose pas d’essais randomisés comparant la chirurgie à la radiothérapie. Aussi, le traitement du cancer localisé de la prostate reste controversé. La prostatectomie radicale est le traitement le plus fréquemment choisi pour les patients de moins de 70 ans (figure 81.2). Par voie rétropubienne, l’intervention est souvent précédée d’une dissection des ganglions lymphatiques pelviens régionaux. Chez plus d’un tiers des patients atteints de tumeur cliniquement localisée, on doit attribuer un score supérieur de gravité en raison de l’envahissement capsulaire et des marges d’exérèse, ou d’une extension aux vésicules séminales ou aux ganglions lymphatiques. Le risque de trouver des ganglions lymphatiques positifs s’accroît avec le stade T, le score de Gleason et l’augmentation de la PSA. Pendant l’opération, on peut procéder à un examen histologique extemporané ; s’il révèle des métastases ganglionnaires, la prostatectomie peut être arrêtée. Les effets secondaires principaux liés à la prostatectomie radicale sont le dysfonctionnement érectile et l’incontinence urinaire.