Cancer de la prostate

81 Cancer de la prostate





Étiologie et pathogénie


La recherche sur les hommes qui émigrent des zones de faible mortalité par cancer de la prostate dans des zones de forte mortalité fournit des preuves convaincantes sur l’effet de l’environnement. Les hommes japonais âgés de 65 à 74 ans qui ont émigré aux États-Unis avaient un taux de mortalité du cancer de la prostate (40,2/100 000/an) intermédiaire entre le taux élevé des Blancs américains (92,6/100 000 par an) et le taux plus bas du Japon (11,2/100 000/an). Ces études montrent que les immigrants sont exposés à des facteurs environnementaux ou de style de vie qui les exposent à un risque plus élevé de cancer de la prostate. La recherche systématique des facteurs de risque de cancer de la prostate n’a pas identifié de facteurs environnementaux, comportementaux ou alimentaires permettant une éventuelle prévention primaire, même si certaines études ont suggéré que la consommation de graisses saturées pouvait augmenter le risque.


Plusieurs stratégies de prévention du cancer de la prostate sont à l’étude. SELECT, un grand essai contrôlé randomisé du sélénium et de la vitamine E comme agents nutritionnels préventifs du cancer, a commencé en 20021. On a aussi étudié l’effet préventif du finastéride, un inhibiteur de la 5-α-réductase (l’enzyme intracellulaire qui convertit la testostérone en dihydrotestostérone, son métabolite actif). Les organisateurs de cet essai, appelé Prostate Cancer Prevention Trial, ont constaté que le finastéride semblait diminuer le développement du cancer de la prostate de 25 %, mais pouvait augmenter le risque de cancer de haut grade et provoquer des effets secondaires d’ordre sexuel.





Démarche diagnostique


L’utilité du dépistage reste controversée. L’absence de consensus quant au dosage de la PSA se reflète dans la diversité des recommandations des organisations médicales et de santé publique. L’American Cancer Society, l’American Urological Association et d’autres recommandent un dépistage annuel basé sur le test de la PSA et un toucher rectal (TR) à partir de l’âge de 50 ans. Ces mêmes groupes recommandent de commencer le dépistage dès 45 ans pour les patients à haut risque, à savoir les hommes d’origine afro-américaine ou ayant des antécédents familiaux de cancer de la prostate, c’est-à-dire un parent au premier degré dont le cancer a été diagnostiqué avant l’âge de 65 ans. Le National Cancer Institute, l’US Preventive Services Task Force, le Canadian Task Force on the Periodic Health Exam, l’Office of Technology Assessment et l’American College of Physicians se sont abstenus de toute recommandation, ont conseillé d’en discuter avec les patients ou se sont prononcés contre le dépistage.


Parmi les tests de dépistage précoce du cancer de la prostate, seul le dosage de PSA se distingue à la fois par son côté pratique et sa sensibilité potentielle dans la détection d’un cancer prostatique. Le TR seul n’est pas un test de dépistage fiable ; dans une étude cas-témoins et une étude de quasi-cohorte, il s’est avéré inefficace dans la prévention du cancer prostatique métastatique et dans la réduction du nombre de décès. Cependant, le TR détecte certains cancers prostatiques non dépistés par le test de la PSA. L’incertitude quant à l’histoire naturelle de ce cancer et sa prévalence très élevée chez des hommes autopsiés sans diagnostic clinique antérieur de cette affection sont des arguments en faveur de la détection et du traitement des patients asymptomatiques. Ces études provenant de différents pays montrent que 20 à 30 % des hommes meurent avec un cancer de la prostate insoupçonné.



Histopathologie et stadification du risque


Par hasard, en réséquant la prostate par voie transurétrale, on peut trouver fortuitement du tissu cancéreux. Les patients avec un taux élevé de PSA ou un nodule palpable au TR doivent subir une biopsie à l’aiguille de la glande prostatique. Presque tous les cancers de la prostate sont des adénocarcinomes. Dans le système de classification de Gleason, le degré de différenciation glandulaire des tumeurs primitive (la plus grande) et secondaire reçoivent un score de 1 (bien différenciée) à 5 (peu différenciée) ; les scores sont ensuite additionnés pour donner un nombre de 2 à 10 (voir la figure 81.1).


Dans la stadification basée sur le système tumeur-ganglions-métastases (TNM, tumor, node, metastasis), T1 signifie « tumeur non palpable » et T2 « tumeur palpable mais confinée à la glande prostatique ». T1c décrit les tumeurs non palpables détectées par des biopsies prostatiques aléatoires effectuées en raison d’un test de PSA élevé. Les tumeurs T3 sont celles qui s’étendent au-delà de la glande, et les T4 celles qui ont envahi les organes adjacents. N1 dénote l’extension aux ganglions lymphatiques et M1, la présence de métastases.


Les patients peuvent être divisés en groupes de pronostic bien défini sur la base des caractéristiques cliniques du stade T au TR, du taux de PSA et de la classification de Gleason. Les patients à faible risque sont définis comme le stade clinique T1c ou T2a (tumeur impliquant la moitié d’un lobe), une PSA < 10 et un score de Gleason ≤ 6. Les patients à risque intermédiaire ont un stade clinique T2b (tumeur impliquant plus de la moitié d’un lobe mais non les deux lobes), une PSA de 10 à 20, ou un score de Gleason de 7. Les patients à haut risque ont un stade clinique T2c (tumeur impliquant les deux lobes) ou plus, une PSA > 20 ou un score de Gleason ≥ 8. Ces catégories de risque ont une valeur pronostique. Après un traitement local définitif, on a montré que les patients à risque faible, moyen ou élevé ont respectivement une probabilité approximative de 15 %, 50 % et 70 % de récidive biochimique (PSA qui augmente) dans les 5 ans.



Soins et traitement



Cancer localisé


Les patients atteints de tumeur cliniquement localisée ont plusieurs options de traitement, notamment la prostatectomie radicale, la radiothérapie externe, la curiethérapie et la temporisation. On a montré que la prostatectomie radicale diminuait les mortalités spécifique et globale à 10 ans par rapport à la temporisation, mais l’on ne dispose pas d’essais randomisés comparant la chirurgie à la radiothérapie. Aussi, le traitement du cancer localisé de la prostate reste controversé. La prostatectomie radicale est le traitement le plus fréquemment choisi pour les patients de moins de 70 ans (figure 81.2). Par voie rétropubienne, l’intervention est souvent précédée d’une dissection des ganglions lymphatiques pelviens régionaux. Chez plus d’un tiers des patients atteints de tumeur cliniquement localisée, on doit attribuer un score supérieur de gravité en raison de l’envahissement capsulaire et des marges d’exérèse, ou d’une extension aux vésicules séminales ou aux ganglions lymphatiques. Le risque de trouver des ganglions lymphatiques positifs s’accroît avec le stade T, le score de Gleason et l’augmentation de la PSA. Pendant l’opération, on peut procéder à un examen histologique extemporané ; s’il révèle des métastases ganglionnaires, la prostatectomie peut être arrêtée. Les effets secondaires principaux liés à la prostatectomie radicale sont le dysfonctionnement érectile et l’incontinence urinaire.


Stay updated, free articles. Join our Telegram channel

May 20, 2017 | Posted by in Uncategorized | Comments Off on Cancer de la prostate

Full access? Get Clinical Tree

Get Clinical Tree app for offline access