C
CADIOT-BALL (Syndrome de)
Synonymie riche qui nécessite une mise au point.
Symptômes
– Boiterie, puis apparition de volumineux œdèmes des membres, très chauds, mais paradoxalement assez peu douloureux, qui rétrocèdent en quelques jours. Durant cette période, il est souvent possible de percevoir une onde pulsatile en regard de l’œdème.
– Progressivement, apparition de déformations, d’abord distales, puis généralisées et symétriques, des membres, particulièrement im portantes aux extrémités: il s’agit d’un volumineux épaississement, indolore et froid.
– L’examen révèle fréquemment une atteinte viscérale chronique, le plus souvent respiratoire. Vérifier l’existence éventuelle de tumeurs mammaires. De ce fait, le syndrome de Cadiot-Ball est un modèle de syndrome paranéoplasique.
Diagnostic radiologique
– De façon sensiblement symétrique et bilatérale, apposition de couches osseuses néo-formées à partir du périoste.
Principes du traitement
– Le pronostic est évidemment lié à l’évolution de l’affection initiale ; il est généralement mauvais, soit qu’il s’agisse d’un cancer, soit d’une maladie infectieuse chronique à propos de laquelle l’éventualité d’une tuberculose, certes devenue rare, doit cependant toujours être évoquée.
CALCINOSE PÉRI-ARTICULAIRE
CALLOSITÉS
Plaque cutanée, très épaissie, ronde ou ovalaire, se développant au niveau des points d’appui.
Conduite du traitement
• En l’absence de surinfection, l’exérèse chirurgicale doit être limitée aux seules lésions très étendues. La cicatrisation peut être rendue difficile par les tensions exercées sur la peau lors de la flexion articulaire. En conséquence, l’immobilisation est souvent nécessaire pen dant une dizaine de jours.
• Quand l’infection s’installe, l’antibiothérapie systémique, bien que le plus souvent indispen sable, voit son efficacité limitée par la fibrose qui s’oppose à la diffusion des principes actifs. Il convient donc d’annoncer des durées d’admi nistration prolongées.
CANAL ARTÉRIEL (Persistance du)
Symptômes
– Découverte, éventuellement fortuite, chez un chiot de 2 à 6 mois, d’un souffle systolo-diastolique; d’intensité forte et maximale dans le troisième espace intercostal gauche, à mi-hauteur du thorax. Un thrill (« frémissement cataire ») est très souvent associé, surtout en cas de canal à gros débit. Dans certains cas, le souffle peut être retrouvé à la pointe manubriale du sternum. Le choc précordial est augmenté.
– Éventuellement : retard staturo-pondéral, fatigue, dyspnée d’effort, voire ascite. Plus rarement : cyanose (inversion du shunt).
Diagnostic
• La radiographie oriente le diagnostic car elle peut montrer :
– une dilatation conjointe de la portion proximale de l’aorte, du tronc pulmonaire et de l’atrium gauche (vue dorso-ventrale) : lorsqu’ils sont présents, ces signes sont très évocateurs ;
• L’ échocardiographie est diagnostique et per met d’évaluer avec précision les conséquences hémodynamiques, de suivre leur évolution en post-opératoire et de préparer la chirurgie :
– visualisation directe du canal artériel (coupe parasternale gauche petit axe basal) et mesure de celui-ci (plus le shunt est long, plus la chirurgie sera aisée);
– recherche des dilatations cavitaires (atriales et ventriculaires) ainsi que des dilatations des troncs pulmonaire et aortique (mode bidimen-sionnel et temps-mouvement) pouvant être associées et permettant de classer en 5 stades la gravité des conséquences hémodynamiques;
– vérification grâce aux modes Doppler que le shunt est d’orientation gauche-droite, l’inversion du flux étant un critère péjoratif important ;
Pronostic
– La taille du canal est évidemment un élément important car elle conditionne la rapidité d’installation d’une insuffisance cardiaque gauche dont il convient d’apprécier l’existence et le degré pour conseiller le propriétaire. Un canal artériel de petite taille (« canal grêle ») est compatible avec une durée de survie de plusieurs années.
– L’existence d’une forte hypertension pulmonaire est également de mauvais pronostic car elle peut conduire à l’inversion du shunt qui devient « droite-gauche » en même temps qu’évolue une insuffisance globale. Cette situation est source de plusieurs difficultés diagnostiques puisque la cardiopathie peut devenir cyanogène et que le souffle peut perdre sa composante diastolique.
Traitement
– incision horizontale dans la plèvre médiastinale entre le vague et le nerf phrénique jusqu’en arrière du lobe pulmonaire ;
– dissection mousse du canal artériel (faire très attention à la vascularisation : risque d’anévrisme aortique à l’endroit de l’insertion du canal artériel, utiliser un coton-tige);
– ligature très serrée du canal aussi près que possible des artères (suppression de la sensation de vibration dans le canal).
CARDIOMYOPATHIES
Classification
– les cardiomyopathies dilatées (CMD), caractérisées par une importante diminution de la contractilité du myocarde (perte d’inotropisme), à l’origine de dilatation ventriculaire généralisée, et entrainant un grave défaut d’éjection systolique ;
– les cardiomyopathies hypertrophiques (CMH), caractérisées par une hypertrophie des parois cardiaques, généralement ventriculaire gauche et septale, avec pour conséquence une résistance anormalement élevée à l’élongation musculaire lors du remplissage diastolique (trouble de la compliance) ;
– un troisième type d’affection, les cardiomyopathies restrictives, beaucoup plus rare, est décrit. Il associe un double déficit, diastolique et systolique, dû à une mauvaise compliance ventriculaire liée le plus souvent à une fibrose myocardique (infiltration tumorale ou amyloï-dienne également possibles).
Cardiomyopathies dilatées du chien
Symptômes
– Forme « occulte » : absence de signes cliniques ; possibles anomalies à l’ECG (extra-systoles ventriculaires et remaniements visibles à l’échographie).
– Stade clinique :
– anomalies de l’auscultation : souffle fonctionnel mitral (et tricuspidien), lié à la distension de l’anneau valvulaire secondaire à la dilatation ventriculaire. Des trouble du rythme sont fréquemment audibles : extrasystoles, fibrillation atriale ;
Diagnostic
• La radiographie peut révéler des anomalies de la silhouette cardiaque, allant d’une ectasie de l’atrium gauche à une cardiomégalie généralisée, mais n’est pas spécifique (voir figure 2 en annexe, p. LXV). La recherche de signes d’insuffisance cardiaque droite et gauche doit être minutieuse (congestion veineuse pulmonaire, opacification interstitielle ou alvéolaire, hépatomégalie, ascite, épanchement pleural).
• En revanche, l’échocardiographie est diagnostique et ne présente pas de grandes difficultés techniques dans les cas avancés :
– elle montre diverses modifications morphologiques au mode bidimensionnel : dilatation ventriculaire gauche souvent considérable, hypokinésie globale, diminution nette de l’épaisseur des parois ventriculaire, dilatations atriales.
– le mode temps-mouvement (TM) permet de confirmer les dilatations cavitaires (coupe TM transventriculaire), les amincissements pariétaux et d’évaluer la contractilité (fraction de raccourcissement fréquemment effondrée).
– des reflux atrio-ventriculaires sont également souvent visualisés secondairement à la distension de l’anneau valvulaire.
Formes particulières, propres à certaines races
– Cardiomyopathie du Boxer (avec une variante proche chez le Dogue de Bordeaux). L’entité est dominée par l’apparition de troubles du rythme ventriculaire, associés ou non à des syncopes ;
– Cardiomyopathie « forme Doberman » : formes occultes fréquentes, avec nombreux cas de mort subite ;
Traitement
• Formes « occultes » : il n’est pas établi, chez le chien, qu’un traitement précoce à base d’IEC retarde le passage à la forme « clinique ». Le recours à des anti-arythmiques a été préconisé (amiodarone, atenolol).
• Formes cliniques :
– Les « inodilatateurs » – comme le pimobendane (Vetmedin*) – améliorent le confort de vie et allongent la survie des chiens atteints de CMD ;
– Sont soulignés, leurs propriétés inotropes (effet « calcium-sensibilisateur » et inhibiteurs des phosphodiestérases de type III) et leurs propriétés vasodilatatrices : effet périphérique de l’inhibition des phosphodiestérases de type III et de type V ;
– Traitement des troubles du rythme éventuels. Le diagnostic précis de ceux-ci est important :
– anti-arythmiques de Classe I : ne diminuent pas le risque de mort subite, chez l’homme (au contraire : dangereux) ;
– Autres recommandations :
– l’apport de la taurine (500 mg à 2 kg/jour selon la taille du chien) peut être intéressant dans les races prédisposées à la cardiomyopathie dilatée (Cocker Américain, Golden Retriever). De même l’apport de L-carnitine (1 à 2 g deux fois par jour) pourrait avoir un effet favorable en cas de déficit myocardique en carnitine ;
Cardiomyopathie hypertrophique
Symptômes
La CMH est souvent asymptomatique. Cas de mort subite.
Les manifestations cliniques sont variables :
– signes de thrombo-embolie (voir Thromboembolie): thrombo-embolie aortique le plus souvent, avec paralysie flasque des postérieurs d’apparition brutale, froideur des extrémités des postérieurs, absence de pouls fémoraux, douleur importante ;
– syncopes (lors d’obstruction delà chambre de chasse du ventricule Gauche, secondaire à l’hypertrophie pariétale ou à un mouvement anormal du feuillet antérieur de la valve mitrale » ;
Diagnostic
• La radiographie présente des signes évocateurs mais n’est pas spécifique :
– dilatation plus ou moins marquée atriale gauche ou biatriale, donnant alors à la silhouette cardiaque un aspect de « cœur de saint-valentin » chez le chat ;
• L’échocardiographie est essentielle dans le diagnostic et montre:
– une hypertrophie ventriculaire gauche (chez le chat, l’épaisseur des parois en télédiastole ne doit pas être supérieure à 6 mm [coupe TM transventriculaire]). Cette hypertrophie concentrique peut être symétrique ou ne concerner que le septum interventriculaire ou que la paroi libre du ventricule gauche. Attention, une tachycardie ou une déshydratation peuvent mimer une hypertrophie con centrique. De même, un mauvais alignement lors de la réalisation du mode temps-mouvement peut fausser les mesures ;
– une inversion du rapport E/A (E (Early) et A (Active) sont les deux ondes des flux mitral et tricuspidien, la vitesse de l’onde E est normalement supérieure à celle de l’onde A, l’inversion du rapport E/A est notamment la conséquence de la diminution de la taille de la lumière ventriculaire gauche en début en diastole) ;
Cardiomyopathie restrictive du chat
Diagnostic
• Radiographie thoracique : cardiomégalie avec dilatation atriale, les signes d’insuffisance cardiaque sont les mêmes que lors de cardiomyopathie hypertrophique.
• Échocardiographie : le diagnostic de cardiomyopathie restrictive est difficile mais l’échocardiographie reste la méthode de choix :
– Dilatation ventriculaire droite possible secondairement à une hypertension artérielle pulmonaire ;
– Augmentation du rapport E/A, (liée notamment à la faible capacité de relaxation du myocarde en fin de diastole) ;
CARDIOPATHIES CONGÉNITALES
Physiopathologie
• Notion de shunt gauchedroite. Une communication anormale entre les cœurs gauche et droit provoque le passage de sang artériel dans les cavités droites du fait du gradient de pres sion positif : CIA, CIV et canal artériel. Il en résulte les conséquences suivantes :
Diagnostic
• SUSPICION CLINIQUE ET EXAMENS COMPLEMENTAI RES D’ORIENTATION
– en particulier, il convient d’éliminer la possibilité d’un « souffle juvénile », sans support lésionnel (anorganique) transitoire et sans gravité;
– l’appréciation des caractères d’un souffle permanent et plus encore la détermination précise du point d’auscultation maximum (punctum optimum) constituent la première étape, déterminante, de l’orientation diagnostique. L’existence d’une cyanose est un autre élément essentiel ;
– la radiographie permet de repérer les éventuelles déformations de la silhouette cardiaque et les signes d’insuffisance cardiaque gauche ou droite (congestion veineuse pulmonaire [augmentation du diamètre des vaisseaux veineux pulmonaires, aspect tortueux], œdème interstitiel ou alvéolaire, hépatomégalie, épanchement abdominal, pleural ou encore péricardique).
• DIAGNOSTIC DE CERTITUDE
– L’échocardiographie est diagnostique lors de la plupart des cardiopathies congénitales : communications interventriculaire et interatriale, sténoses pulmonaire et aortique, tétralogie de Fallot, dysplasies et sténoses mitrales et tricuspidiennes, persistance du canal artériel. En revanche, l’échocardiographie ne représente pas d’intérêt lors de persistance du 4e arc aortique (préférer la radiographie avec repas baryté pour mettre en évidence un jabot œsophagien secondaire).
– L’angiographie est exceptionnellement pratiquée en médecine vétérinaire mais est indiquée lors d’anomalie vasculaire extracardiaque.
CARIE DENTAIRE
CARRÉ (Maladie de)
Symptômes
• Évolution: en 3 à 5 semaines :
– guérison avec séquelles (myoclonies, épilepsie, rétinochoroïdite, pneumonie interstitielle, absence d’émail dentaire) ;
• Formes atypiques :
– encéphalite du vieux chien : les symptômes nerveux (ataxie, puis paralysie) dominent le tableau clinique, alors que l’atteinte épithéliale initiale est plus discrète que chez le chiot. Cette forme s’observerait principalement sur des animaux âgés (Old dog disease) qui n’ont pas bénéficié de rappels vaccinaux suffisants ;
Diagnostic
• Le diagnostic clinique (voir ci-dessus) peut désormais être aisément confirmé par la PCR qui est devenue la méthode de référence :
– Si la RTPCR est désormais proposée par plusieurs structures, le laboratoire Scanelis à Toulouse effectue systématiquement le “typage de la souche virale”, ce qui lève toute ambiguité pour interpréter un résultat sur un animal en cours de vaccination, sachant que les « maladies vaccinales » sont cependant rarissimes.
– Le génome viral, composé d’ARN, est d’abord « rétrotranscrit » (RT) en ADN, puis amplifié par PCR (Polymerase Chain Reaction). La technique offre le double avantage d’une totale spécificité et d’une extrême sensibilité; en conséquence, elle permet la mise en évidence directe et fiable du virus, quels que soient les signes cliniques, sur une période qui précède l’apparition des symptômes et couvre plusieurs semaines d’évolution. En outre, elle peut être pratiquée chez les animaux vaccinés, car l’utilisation d’une sonde spécifique permet de distinguer les souches vaccinales et sauvages.
– Le prélèvement de choix est un échantillon de sang total prélevé sur EDTA, mais tous les éléments susceptibles d’être infectés peuvent être utilisés (lavage trachéobronchique, LCR tissus divers, etc.) en fonction du contexte clinique.
– La mise en évidence des inclusions intracy-toplasmiques dans les cellules épithéliales (corps de Lenz) a beaucoup perdu de son intérêt. Les prélèvements (fragments de poumon et de vessie) doivent être effectués rapidement après la mort (< 3heures), placés dans un liquide conservateur et traités par un laboratoire d’histopathologie vétérinaire.