95 Arthrite septique
Introduction
L’arthrite septique est une infection bactérienne de l’espace synovial qui peut toucher les articulations aussi bien natives qu’artificielles. Elle est habituellement monoarticulaire, mais peut parfois concerner plusieurs articulations. Pour prévenir la morbidité et la mortalité, on doit intervenir de manière immédiate. Le sujet de ce chapitre est l’arthrite septique, mais des virus et d’autres infections systémiques peuvent aussi causer une arthrite, généralement de type polyarticulaire et survenant dans le cadre d’un tableau syndromique. Ces maladies sont décrites dans le cadre du diagnostic différentiel en cas de suspicion d’arthrite septique.
Étiologie
Les facteurs de risque de l’arthrite septique sont, d’une part, des caractéristiques particulières d’une articulation qui augmentent sa sensibilité à l’infection lorsque des bactéries l’atteignent et, d’autre part, des facteurs propres à l’hôte qui le prédisposent aux infections. Une maladie articulaire préexistante est un facteur de risque majeur. La polyarthrite rhumatoïde (PR) et les prothèses articulaires constituent les risques les plus élevés, mais des maladies comme l’arthrose y prédisposent également. Les facteurs de l’hôte qui augmentent le risque sont notamment le diabète, l’insuffisance rénale chronique, un âge supérieur à 80 ans et l’immunodépression.
La principale cause de tous les cas d’arthrite septique est Staphylococcus aureus, qui est responsable d’environ 40 à 60 % des cas. Il est le plus souvent en cause chez les patients atteints de PR et chez ceux souffrant d’une arthrite septique polyarticulaire. Les streptocoques sont la deuxième cause la plus fréquente avec 14 à 18 % des cas ; ils sont aussi bien de groupe A que des groupes B, C et G ; Streptococcus pneumoniae est moins fréquemment en cause. Les bactéries à Gram négatif interviennent dans environ 7 à 12 % des cas. Haemophilus influenzae était une cause de premier plan dans le passé, notamment chez les enfants, mais l’incidence a diminué de façon spectaculaire dans les pays où se pratique la vaccination contre ce pathogène. Neisseria gonorrhoeae serait responsable d’environ 5 % des cas. D’autres agents pathogènes importants sont Kingella spp. et Brucella spp. ainsi que le bacille de la tuberculose. Des infections fongiques surviennent parfois, notamment la coccidiomycose, la blastomycose, et celles qui sont secondaires à des champignons du sol.
Tableau clinique
De nombreux patients ont une leucocytose. La protéine C réactive (CRP) est presque toujours élevée et la vitesse de sédimentation (VS) est généralement accélérée, mais pas toujours. Les radiographies ordinaires ne montrent généralement pas de changements dans les articulations natives, mais elles peuvent révéler un relâchement de la prothèse dans les articulations artificielles. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) ne montre pas d’aspect typique, mais peut suggérer le diagnostic quand la membrane synoviale est épaissie. Des épanchements articulaires sont constatés par l’IRM dans 70 % des cas.