11. Anesthésiques
ANESTHÉSIQUES GÉNÉRAUX
Quel que soit l’anesthésique utilisé, l’anesthésie s’installe en trois stades plus ou moins distincts :
1. Un stade d’analgésie avec persistance de la conscience.
2. Un stade d’inhibition corticale avec perte de la conscience sans atteinte médullaire.
3. Un stade chirurgical pendant lequel les réflexes médullaires disparaissent et il s’ensuit la résolution musculaire. C’est à cette phase que le chirurgien opère.
Au-delà du stade chirurgical, on observe un stade toxique s’il y a surdosage : arrêt respiratoire par atteinte du centre respiratoire bulbaire.
LA PRÉMÉDICATION OU MÉDICATION PRÉ-ANESTHÉSIQUE
La prémédication vise à assurer la quiétude du patient, procurer un certain degré d’analgésie, supprimer les réflexes perturbateurs durant l’anesthésie et réduire les effets indésirables des produits utilisés. Il existe de nombreuses possibilités, suivant les cas on utilise :
• Des tranquillisants(Valium, Narcozep, Hypnovel…) qui sont sédatifs, hypnotiques et, à très fortes doses, myorésolutifs. Les benzodiazépines ont 3 indications : la prémédication, l’induction d’une anesthésie par inhalation et la potentialisation d’un anesthésique intraveineux (Hypnovel).
• Des analgésiques centraux comme la morphine et ses dérivés (Fentanyl) que l’on administre en sous-cutané ou par la voie intraveineuse, respectivement 90 et 5 minutes avant l’intervention. Ils ont pour but de supprimer la douleur et de potentialiser l’analgésie pendant l’intervention. Tous sont des stupéfiants.
• Des médicaments du système nerveux autonome comme la scopolamine et l’atropine qui permettent de prévenir la syncope cardiaque réflexe due à l’excitation du nerf vague. La scopolamine possède de plus une action sédative sur le système nerveux central.
Ces divers médicaments sont souvent employés en association dans des mélanges que l’on appelle « cocktails lytiques » parce qu’ils neutralisent l’action du système nerveux végétatif :
– scopolamine-morphine : on administre par voie sous-cutanée, une demi-heure avant l’intervention 0,25 à 0,50mg de bromhydrate de scopolamine associé à 1cg de chlorhydrate de morphine ;
– atropine (0,50mg) — morphine (1cg) ;
– spartéine-morphine-scopolamine : on injecte trois quarts d’heure avant l’intervention 5cg de sulfate de spartéine, 0,25mg de bromhydrate de scopolamine et 1cg de morphine.
LES ACCIDENTS DE L’ANESTHÉSIE GÉNÉRALE
■ Surveillance du malade
— Lors de toute anesthésie, le malade doit être à jeun et ne doit rien porter qui puisse gêner la respiration ou la circulation. Pendant l’anesthésie on surveille le pouls et la respiration du malade qui doit être régulière et profonde.
La phase toxique bulbaire se manifeste par un syndrome brusque et une diminution plus ou moins importante du réflexe oculo-palpébral selon le degré d’atteinte du bulbe.
■ Accidents dus aux anesthésiques généraux
— Ils peuvent être d’origines diverses :
– des phénomènes d’excitation importants en début d’anesthésie ;
– des vomissements dus à l’irritation gastrique ; pour prévenir cet accident, le sujet est mis à jeun avant l’opération ;
– de la toux qui, ramenant des sécrétions bronchiques, peut provoquer un obstacle à la respiration.
Des accidents beaucoup plus graves et même mortels peuvent être observés :
• Accidents tardifs. Ils s’observent lorsque la quantité d’anesthésique administrée est trop forte : il y a alors intoxication du cœur ou du bulbe ; c’est la syncope respiratoire bulbaire ou syncope bleue. Il faut avoir aussitôt recours à la respiration artificielle, à l’oxygénothérapie et à l’administration de médicaments excitant le bulbe (caféine, camphre…).
L’ANESTHÉSIE PAR VOIE INTRAVEINEUSE
Elle présente de nombreux avantages car la pénétration dans le cerveau est très rapide ce qui entraîne un endormissement immédiat. Les inconvénients sont le risque de surdosage avec arrêt respiratoire et un réveil non rapide. Une règle fondamentale est d’avoir à disposition un équipement d’assistance respiratoire lors de toute anesthésie intraveineuse.
Les barbituriques
■ Le thiopental (Penthotal, Nesdonal)
— Il est utilisé dans les interventions de courte durée, par voie intraveineuse lente, en solution à 5 p. cent (pour les adultes) ou à 2,5 p. cent (pour les sujets âgés et les enfants). Pour obtenir une anesthésie plus longue, on fait des injections de 0,80 à 1g au total, sans dépasser cette dose.