14. Analgésiques Antipyrétiques
INTRODUCTION
L’action antipyrétique et analgésique est souvent doublée d’une action antiinflammatoire. La triple réaction conduit à un effet antalgique.
L’action analgésique est assez faible. Elle ne s’exerce pas sur les douleurs viscérales profondes. Les analgésiques antipyrétiques sont utilisés dans les névralgies, les céphalées, les arthralgies. On les appelle antalgiques.
LA FIÈVRE
La fièvre résulte d’un dérèglement du centre hypothalamique de la thermorégulation. Elle se manifeste par une augmentation de la température, une vasoconstriction périphérique, une augmentation du tonus musculaire, des frissons. La thermogenèse augmente, sans accroissement de la thermolyse. Les endotoxines lipopolysaccharidiques des bactéries Gram – sont responsables de la fièvre. Elles libéreraient, des globules blancs, un pyrogène leucocytaire qui entraînerait l’élévation du réglage thermique du centre hypothalamique. Elles provoquent la libération de prostaglandines dans le liquide céphalo-rachidien, lesquelles injectées par voie intracérébroventriculaire se révèlent hyperthermisantes. Dans les exsudats d’inflammation se trouvent des polypeptides doués de propriétés hyperthermisantes également responsables de la fièvre dans les états inflammatoires. Le pyrogène leucocytaire est l’interleukine 1.
Les polypeptides hyperthemisants sont le tumor necrosis factor TNF α, les interleukines IL1 et IL6 qui induisent la fièvre par une cascade de réactions activant la cyclo-oxygénase et la production de prostaglandines.
ACTION ANTIPYRÉTIQUE
Dans l’hypothalamus se trouve le centre de la thermorégulation sous la dépendance d’une espèce de thermostat nerveux, sensible aux variations de température. De la périphérie (terminaisons nerveuses de la peau) partent des afférences nerveuses du chaud et du froid qui vont conditionner le fonctionnement du centre. Du système circulatoire (gros troncs artériels et veineux) partent vers ce centre des afférences qui indiquent la température centrale. Le centre, en fonction des températures ambiantes et de la température centrale des gros troncs, va commander la réaction nécessaire au maintien de l’homéothermie, soit une augmentation de la thermogenèse par accélération des processus d’oxydation (mise en jeu de la thyroïde, du foie, des surrénales), soit par un accroissement de la thermolyse (vasodilatation, transpiration, vaporisation pulmonaire).
Le thermostat hypothalamique est réglé entre 36,5 ° et 37,5°C. Sous l’influence des substances hyperthermisantes le taux de réglage s’élève anormalement. Les antipyrétiques ont pour effet d’abaisser le taux de réglage anormalement élevé. Il s’ensuit une réaction de l’organisme conduisant à la thermolyse avec diminution de la température centrale. L’élimination du médicament annihile cet effet; le centre est à nouveau déréglé vers les hautes températures. L’organisme réagit par une diminution de la thermolyse: vasoconstriction cutanée, frissons. On observe une alternance d’augmentation et de diminution de la température corporelle jusqu’à ce que la cause de la fièvre ait disparu.
Les antipyrétiques n’ont qu’un effet symptomatique. Ils diminuent la température du corps enfiévré. Ils sont à distinguer des antithermiques (neuroleptiques) capables d’abaisser la température normale.
Paracétamol. Doliprane
Placé sur la liste des médicaments essentiels de l’OMS, le paracétamol est le métabolite actif de l’acétanilide et de la phénacétine formé respectivement par parahydroxylation et par hydrolyse. Analgésique, antipyrétique, il est dépourvu de propriétés anti-inflammatoires.
Il est peu toxique, bien toléré, aussi analgésique et plus antipyrétique que la phénacétine. Il est actif sur la prostaglandine-synthétase du cerveau mais inactif sur la prostaglandine-synthétase périphérique. Il n’agit pas sur la formation du pyrogène leucocytaire. Il est administré à la dose de 1 à 4g/j per os. Il entre dans la composition de nombreuses associations avec l’aspirine, la caféine, la prométhazine. Il est éliminé par voie urinaire sous forme de glycuroconjugué.