Technique de l’ostéotomie tibiale de valgisation par ouverture interne
Open wegde tibial osteotomy
Résumé
Le but de cet exposé est de préciser la technique de l’ostéotomie tibiale de valgisation par ouverture interne et les données qui permettent d’obtenir l’hypercorrection souhaitée. Cet exposé se limite donc au bilan radiologique préopératoire, à la technique chirurgicale proprement dite et aux suites postopératoires immédiates, c’est-à-dire la rééducation jusqu’à l’appui. Il ne précise pas les indications. Il aborde de manière superficielle des éléments plus complexes tels que la navigation ou la position de la cale par rapport au trait d’ostéotomie, qui peuvent modifier à la fois la correction dans le plan frontal et dans le plan sagittal. La technique reste volontairement assez « basique » de manière à ce qu’elle puisse être utilisée par des opérateurs jeunes. Les éléments plus complexes, qui peuvent être utilisés soit pour modifier l’importance de la correction soit pour moduler la correction dans certaines circonstances, sont renvoyés à des références bibliographiques.
Summary
This paper describes the open wedge technique for valgus osteotomy of the proximal tibia, and how to achieve the desired postoperative hypercorrection. The preoperative radiological workup, the operative technique and the postoperative care with rehabilitation until full weigh bearing are described. Indications are not discussed. More complex elements are presented more superficially, such as computer navigation and positioning of the wedge, which may change the correction in both the sagittal and coronal plane. The technique is deliberately fairly basic, so that it can be used safely by less experienced surgeons.
Introduction
Le traitement de l’arthrose fémorotibiale interne par ostéotomie repose sur un concept mécanique simple : la diminution des contraintes sur le compartiment fémorotibial interne par un changement d’axe. Ce concept, qui se justifie dans la mesure où l’ostéotomie est capable de s’opposer à l’évolution naturelle de l’arthrose dans le compartiment fémorotibial interne [3,7,9,11,13] même si le changement d’axe ne réalise qu’une diminution incomplète des pressions dans ce compartiment interne, a permis de traiter depuis plus de quatre décennies les arthroses du genou. Si le nombre d’ostéotomies pratiquées est indiscutablement, depuis quelques années, inférieur en proportion à ce qu’il était auparavant en raison d’une plus grande fiabilité des prothèses chez les sujets les plus âgés, il n’en demeure pas moins que l’ostéotomie tibiale de valgisation reste la seule solution pour les patients les plus jeunes. Bien que l’ostéotomie tibiale d’ouverture interne ait été décrite depuis de nombreuses années, les avantages de cette technique comparés à ceux des ostéotomies de fermeture ne sont apparus que récemment, en particulier dans d’autres pays étrangers de langue anglaise. L’ostéotomie tibiale d’ouverture interne a longtemps été critiquée à cause des inconvénients de la prise de greffe iliaque qui accompagnait l’intervention chirurgicale lorsque les substituts osseux n’étaient pas habituels.
Évaluation radiologique préopératoire du genou avant ostéotomie
L’évolution du stade de l’arthrose se fait habituellement à l’aide de la classification d’Ahlback [1]. L’intérêt essentiel de cette classification est de distinguer sur le cliché de face les arthroses sans usure et les arthroses avec une usure osseuse [8], c’est-à-dire celle où il n’y a plus d’épaisseur de cartilage visible sur le cliché en appui monopodal ou le cliché en schuss.
Intervention chirurgicale
Incision
L’intervention commence par une incision longitudinale située à la face interne du genou, d’environ 8 cm, située plutôt à sa partie antérieure, démarrant un peu en dessous de la tubérosité tibiale et allant jusqu’à l’interligne articulaire. Les insertions du sartorius, du gracilis et du semitendinosus (muscles de la patte-d’oie) sont ensuite repérées et les tendons séparés de l’os (figures 1a à 1c), en les laissant si possible dans la continuité de leur aponévrose. Ceci permet de découvrir le faisceau superficiel du ligament latéral interne qui sera désinséré dans son insertion distale pour aborder la face interne du tibia. La partie profonde du ligament latéral interne est laissée en place. C’est elle qui va assurer la stabilité du genou dans l’avenir. Le niveau de l’ostéotomie est ensuite repéré à l’aide d’une broche repère. Il devrait se situer à environ 3, cm à 4 cm en dessous de l’interligne articulaire. Le plus simple est de repérer le sommet de la concavité de la face interne de la métaphyse tibiale.
Figure 1 a. L’incision est réalisée à la face interne du genou, en regard des muscles de la patte-d’oie. b. La désinsertion des muscles des tendons de la patte-d’oie permet d’aborder le faisceau superficiel du ligament latéral interne. c. Le faisceau superficiel du ligament latéral interne est désinséré de sa partie distale. La partie proximale est laissée en place, ainsi que la partie profonde du ligament latéral interne.