Néphrologie
ACIDOSE MÉTABOLIQUE (1)
Conduite à tenir
Calcul du trou anionique plasmatique (TA)
• Le TA est augmenté en cas d’acidose métabolique par gain d’acide, et normal en cas d’acidose métabolique par perte de base.
• En cas d’acidose métabolique à TA normal, le calcul du trou anionique urinaire (TAU=UNa + UK – UCl) permettra de faire la différence entre une cause rénale et une cause digestive.
• Le calcul permet donc d’approcher la cause de l’acidose métabolique.
Traitement
Traitement symptomatique
En cas d’acidose sévère (pH < 7,10)
• Soit épuration extrarénale (oligo-anurie, insuffisance rénale aiguë, hyperkaliémie sévère associée, ou cause toxique).
– une hyperventilation avec alcalose respiratoire (l’acidose du LCR se corrige plus lentement);
– une hypoxie tissulaire (augmentation de l’affinité Hb-O2 à pH alcalin);
Quatre solutés de bicarbonate de sodium IV (HCO3−, Na+) sont disponibles :
– isotonique = 14 %o = voie périphérique;
– hypertonique = 30 ‰ = voie centrale;
– semi-molaire = 42 ‰ = voie centrale;
En cas d’acidose modérée/chronique
L’alcalinisation orale est indiquée en cas :
• d’insuffisance rénale chronique :
ACIDOSE MÉTABOLIQUE (2)
Causes des acidoses métaboliques
Acidose métabolique avec trou anionique simplifié augmenté (> 16 mM/L)
Acidose métabolique avec trou anionique simplifié normal (12 ± 4 mM/L)
• Perte digestive de bicarbonates :
• Acidoses tubulaires rénales (proximale, distale).
• Rares cas de surcharge acide exogène avec apport chloré concomitant : HCl; chlorhydrate d’arginine, de lysine, chlorure d’ammonium, méthionine.
ALCALOSE MÉTABOLIQUE (1)
Physiopathologie
Pour générer une alcalose métabolique il faut simultanément deux situations.
Traitement
Traitement symptomatique
Acidification (rarement indiquée)
Lorsque l’« apport de chlore » a échoué :
– soit inhibiteur de l’anhydrase carbonique (augmente l’excrétion urinaire de bicarbonates) : acétazolamide (DIAMOX) ;
– soit soluté acidifiant (chlorhydrate d’arginine, chlorhydrate d’ammonium, acide chlorhydrique dilué); la quantité de mmoles à perfuser en 6 à 12 h est évaluée par la formule : [0,6 × poids du patient] × [bicarbonates plasmatiques – 24].
ALCALOSE MÉTABOLIQUE (2)
DYSKALIÉMIES (1)
Métabolisme du potassium
• Le potassium est le principal cation intracellulaire. Les cellules musculaires abritent 98 % du potassium total de l’organisme. Une pompe (Na/K-ATPase) permet de maintenir un important gradient entre milieux intra- et extracellulaires.
• Les apports de potassium sont alimentaires (environ 4 g/j), et les sorties fécales (5 %, obligatoires) et rénales (95 %, régulables). Le maintien d’une kaliémie normale (3,5 à 5 mmol/L) est possible grâce à des transferts transcellulaires de potassium à court terme, et à une régulation rénale à long terme.
• Trois facteurs stimulent l’entrée du potassium dans les cellules :
• Concernant la régulation rénale, après filtration glomérulaire, le potassium est totalement réabsorbé au niveau du tube contourné proximal et de l’anse de Henle. Une sécrétion distale permet son élimination urinaire. Cette sécrétion tubulaire distale est stimulée par l’hyperkaliémie, l’aldostérone, un pH alcalin, un débit urinaire élevé.
DYSKALIÉMIES (2)
Hypokaliémie
Principales causes d’hypokaliémie
Pertes rénales de K+ (kaliurèse « inappropriée » supérieure à 20 mmol/24 h)
Pertes digestives de K+ (kaliurèse « appropriée » en quelques jours <20 mmol/24 h)
• Hautes : vomissements, aspiration digestive. La perte d’HCl favorise une alcalose métabolique et un profond déficit chloré (chlorémie et chlorurie basses).
• Basses : diarrhée aiguë infectieuse, maladie des laxatifs, tumeur villeuse, VIPome, Zollinger-Ellison. Il y a souvent acidose métabolique (perte digestive de bicarbonates), et pas de déficit chloré.
DYSKALIÉMIES (3) – HYPERKALIÉMIE
Traitement ambulatoire
Arrêt des médicaments hyperkaliémiants
Antialdostérone*, inhibiteurs de l’enzyme de conversion*, AINS, sels de régime (sels de potassium).*
Traitement hospitalier
Mesures d’effet rapide (30 min)
Le but est de transférer le potassium en intracellulaire :
– alcalinisation : 50 ml de bicarbonate de sodium à 42‰ en 15 min.
– perfusion intraveineuse de 500 mL de glucose à 30 % avec 30 UI d’insuline ordinaire en 30 min;
– perfusion intraveineuse d’agents β2 -mimétiques : salbutamol 0,5 mg dans 100 mL en 15 min;
RÉSINES HYPOKALIÉMIANTES
DYSKALIÉMIES (4) – HYPOKALIÉMIE
Traitement curatif
Corriger le déficit potassique
Voie orale en l’absence de troubles du rythme, de paralysie, ou de trouble digestif
• Alimentation riche en potassium : jus d’orange, pamplemousse, banane, fruits secs, légumes, chocolat.
• Supplémentation orale en sels de potassium : chlorure de potassium le plus souvent, corrigeant également le déficit chloré; DIFFU-K, 1 à 6 gél./j ou KALEORID LEO LP 600, 1 à 6 cp./j ou KALEORID LEO LP 1000, 1 à 4 cp./j. Prescrire en 2 à 3 prises à la fin des repas, avec un verre d’eau.
POTASSIUM (3) – PHARMACOLOGIE
CONTRE-INDICATIONS
Hyperkaliémie; coprescription avec IEC ou diurétiques épargneurs de potassium (sauf hypokaliémie).
PROPRIÉTÉS
Comprimés : ingérer debout ou assis, avec de l’eau.
Préférer le chlorure de potassium en cas d’alcalose associée.
HYPOKALIÉMIE DES DIURÉTIQUES (1)
Diagnostic
Kaliurèse basse (< 20 mmol/24 h) sans déficit chloré
Les pertes de potassium sont digestives basses (diarrhée, prise de laxatifs).
Conduite thérapeutique
Hypokaliémie sévère (< 3 mmol/L) ou persistante
• Supplémentation orale en chlorure de potassium (et en chlorure de magnésium en cas d’hypomagnésémie associée).
• Alimentation riche en potassium (jus d’orange, pamplemousse, bananes, fruits secs, chocolat).
• Chlorure de potassium : DIFFU-K, KALEORID LEO LP 600, ou KALEORID LEO LP 1000, 1 à 2 cp./j.
• Diurétique épargneur de potassium : spironolactone (ALDACTONE) 75 à 300 mg/j, ou amiloride (MODAMIDE) 5 à 20 mg/j, la posologie efficace étant parfois élevée chez l’insuffisant cardiaque du fait de l’importance de l’hyperaldostéronisme secondaire.
HYPOKALIÉMIE DES DIURÉTIQUES (2)
PATHOLOGIE | CHOIX DU DIURÉTIQUE |
---|---|
Insuffisance rénale aiguë oligoanurique | Normalisation de la volémie puis furosémide IV à fortes doses |
Hypercalcémie | Réhydratation puis furosémide IV et compensation de diurèse |
Lithiase calcique + hypercalciurie | Thiazidique |
Diabète insipide néphrogénique | Thiazidique |
Hyperhydratation intracellulaire sévère | Furosémide + soluté salé hypertonique |
Glaucome aigu | Acétazolamide per os/IV |
Mal des montagnes | Acétazolamide per os |
Alcalose de reventilation | Acétazolamide per os |
DIURÉTIQUES DE L’ANSE (2) – PHARMACOLOGIE
CONTRE-INDICATIONS
Hypersensibilité aux sulfamides.
Insuffisance rénale par obstruction urinaire.
Déshydratation extracellulaire, hypovolémie.
Allaitement : déconseillé (passage dans le lait maternel et réduction de la lactation).
PRÉCAUTIONS D’EMPLOI
Insuffisance rénale aiguë : écarter la possibilité d’une cause obstructive.
Surveillance biologique régulière (kaliémie, natrémie, créatininémie) en début de traitement.
Interrompre 24 h avant un examen iodé.
EFFETS INDÉSIRABLES
Hypokaliémie : rare lorsque les doses employées sont modérées.
Risque d’encéphalopathie hépatique chez le cirrhotique.
DIURÉTIQUES THIAZIDIQUES
INDICATIONS
Syndromes œdémateux d’origine rénale, hépatique, cardiaque.
Hypercalciuries idiopathiques.
PRÉCAUTIONS D’EMPLOI
Inefficaces en cas d’insuffisance rénale chronique avancée (Cl créatinine < 50 mL/min).
Surveillance biologique régulière (kaliémie, natrémie, créatininémie) en début de traitement.
EFFETS INDÉSIRABLES
Risque d’encéphalopathie hépatique chez le cirrhotique.
Hypercalcémie : rare, doit faire rechercher une hyperparathyroïdie associée.
Nausées, constipation, céphalées, paresthésies, flou visuel.
DIURÉTIQUES ANTIALDOSTÉRONE (2) – PHARMACOLOGIE
INDICATIONS
Traitement de l’hyperaldostéronisme primaire par hyperplasie bilatérale des surrénales.
Hypertension artérielle essentielle.
Hypokaliémies modérées liées à un traitement diurétique (de l’anse, thiazidique).
Traitement adjuvant au cours de la myasthénie.
CONTRE-INDICATIONS
Troubles graves de la conduction auriculoventriculaire (pour la forme).
Allaitement : déconseillé (passage dans le lait maternel, réduction de la lactation).
AUTRES DIURÉTIQUES ET ASSOCIATIONS DE DIURÉTIQUES (3) – PHARMACOLOGIE
CONTRE-INDICATIONS
Hyperkaliémie, association au potassium.
Insuffisance rénale, insuffisance hépatocellu-laire avancée.
Hypersensibilité connue aux différents produits.
Triamtérène : carence en folates.
Allaitement : éviter (passage dans le lait maternel, réduction de la lactation).
EFFETS INDÉSIRABLES
Risque de déshydratation faible (sauf surdosage).
Encéphalopathie chez les cirrhotiques.