Néphrologie
ACIDOSE MÉTABOLIQUE (1)
Conduite à tenir
Calcul du trou anionique plasmatique (TA)
• Le TA est augmenté en cas d’acidose métabolique par gain d’acide, et normal en cas d’acidose métabolique par perte de base.
• En cas d’acidose métabolique à TA normal, le calcul du trou anionique urinaire (TAU=UNa + UK – UCl) permettra de faire la différence entre une cause rénale et une cause digestive.
• Le calcul permet donc d’approcher la cause de l’acidose métabolique.
Traitement
Traitement étiologique
Il sera appliqué chaque fois que possible; lorsque l’acidose est modérée, il est parfois suffisant. Quelques exemples :
Traitement symptomatique
En cas d’acidose sévère (pH < 7,10)
• Soit épuration extrarénale (oligo-anurie, insuffisance rénale aiguë, hyperkaliémie sévère associée, ou cause toxique).
La quantité de bicarbonate nécessaire est évaluée par la formule : mmoles de HCO3− à perfuser = espace de diffusion × correction souhaitée = [poids × 0,6] × [HCO3− souhaité – HCO3− réel]
En pratique, l’alcalinisation doit être partielle +++ (ramener les bicarbonates plasmatiques à 16 mmol/L en environ 6 h), les risques d’une correction trop rapide étant :
– une hyperventilation avec alcalose respiratoire (l’acidose du LCR se corrige plus lentement);
– une hypoxie tissulaire (augmentation de l’affinité Hb-O2 à pH alcalin);
Quatre solutés de bicarbonate de sodium IV (HCO3−, Na+) sont disponibles :
– isotonique = 14 %o = voie périphérique;
– hypertonique = 30 ‰ = voie centrale;
– semi-molaire = 42 ‰ = voie centrale;
En cas d’acidose modérée/chronique
L’alcalinisation orale est indiquée en cas :
• d’insuffisance rénale chronique :
ACIDOSE MÉTABOLIQUE (2)
Causes des acidoses métaboliques
Acidose métabolique avec trou anionique simplifié augmenté (> 16 mM/L)
Acidose métabolique avec trou anionique simplifié normal (12 ± 4 mM/L)
• Perte digestive de bicarbonates :
• Acidoses tubulaires rénales (proximale, distale).
• Rares cas de surcharge acide exogène avec apport chloré concomitant : HCl; chlorhydrate d’arginine, de lysine, chlorure d’ammonium, méthionine.
ALCALOSE MÉTABOLIQUE (1)
Physiopathologie
Pour générer une alcalose métabolique il faut simultanément deux situations.
Traitement
Traitement étiologique
Il est suffisant dans la majorité des cas. Quelques exemples : arrêt d’une consommation d’alcalins, réduction de la posologie de diurétiques, traitement des vomissements, exérèse d’une tumeur villeuse, etc.
Traitement symptomatique
Il est exclusivement réservé aux alcaloses sévères (pH > 7,56) ou symptomatiques (troubles de vigilance, convulsions).
L’objectif est de corriger les déficits en sodium, chlore et potassium en apportant du NaCl et du KCl par voie orale ou parentérale. Lorsque le traitement est efficace, il y a bicarbonaturie et le pH urinaire s’élève (passant en règle de 5,5 à plus de 8).
Acidification (rarement indiquée)
Lorsque l’« apport de chlore » a échoué :
– soit inhibiteur de l’anhydrase carbonique (augmente l’excrétion urinaire de bicarbonates) : acétazolamide (DIAMOX) ;
– soit soluté acidifiant (chlorhydrate d’arginine, chlorhydrate d’ammonium, acide chlorhydrique dilué); la quantité de mmoles à perfuser en 6 à 12 h est évaluée par la formule : [0,6 × poids du patient] × [bicarbonates plasmatiques – 24].
ALCALOSE MÉTABOLIQUE (2)
– apport exagéré de bicarbonates ou de ses précurseurs;
– antiacides + résines échangeuses de cations;
Alcaloses sensibles au chlore (avec déshydratation extracellulaire et chlorurie basse) :
– vomissements ou aspiration gastrique, tumeur villeuse du côlon;
– diurétiques (chlorurie variable)
Alcaloses insensibles au chlore (pas de déshydratation, chlorurie variable, hypokaliémie profonde, parfois HTA) :
DYSKALIÉMIES (1)
Métabolisme du potassium
• Le potassium est le principal cation intracellulaire. Les cellules musculaires abritent 98 % du potassium total de l’organisme. Une pompe (Na/K-ATPase) permet de maintenir un important gradient entre milieux intra- et extracellulaires.
• Les apports de potassium sont alimentaires (environ 4 g/j), et les sorties fécales (5 %, obligatoires) et rénales (95 %, régulables). Le maintien d’une kaliémie normale (3,5 à 5 mmol/L) est possible grâce à des transferts transcellulaires de potassium à court terme, et à une régulation rénale à long terme.
• Trois facteurs stimulent l’entrée du potassium dans les cellules :
• Concernant la régulation rénale, après filtration glomérulaire, le potassium est totalement réabsorbé au niveau du tube contourné proximal et de l’anse de Henle. Une sécrétion distale permet son élimination urinaire. Cette sécrétion tubulaire distale est stimulée par l’hyperkaliémie, l’aldostérone, un pH alcalin, un débit urinaire élevé.
DYSKALIÉMIES (2)
Hypokaliémie
Principales causes d’hypokaliémie
Pertes rénales de K+ (kaliurèse « inappropriée » supérieure à 20 mmol/24 h)
Pertes digestives de K+ (kaliurèse « appropriée » en quelques jours <20 mmol/24 h)
• Hautes : vomissements, aspiration digestive. La perte d’HCl favorise une alcalose métabolique et un profond déficit chloré (chlorémie et chlorurie basses).
• Basses : diarrhée aiguë infectieuse, maladie des laxatifs, tumeur villeuse, VIPome, Zollinger-Ellison. Il y a souvent acidose métabolique (perte digestive de bicarbonates), et pas de déficit chloré.
DYSKALIÉMIES (3) – HYPERKALIÉMIE
Traitement ambulatoire
Il s’agit souvent en pratique d’une hyperkaliémie chez un patient porteur d’une insuffisance rénale chronique, éventuellement dialysé. Outre l’insuffisance rénale, il faut rechercher un facteur associé (erreur de régime, médicament hyperkaliémiant).
Arrêt des médicaments hyperkaliémiants
Antialdostérone*, inhibiteurs de l’enzyme de conversion*, AINS, sels de régime (sels de potassium).*
Traitement hospitalier
Mesures d’effet immédiat
Le but est d’obtenir une protection transitoire contre l’hyperexcitabilité myocardique (en cas d’anomalies ECG) : en l’absence de traitement digitalique, gluconate de calcium à 10 % : 1 amp. en IVL.
Mesures d’effet rapide (30 min)
Le but est de transférer le potassium en intracellulaire :
– alcalinisation : 50 ml de bicarbonate de sodium à 42‰ en 15 min.
– perfusion intraveineuse de 500 mL de glucose à 30 % avec 30 UI d’insuline ordinaire en 30 min;
– perfusion intraveineuse d’agents β2 -mimétiques : salbutamol 0,5 mg dans 100 mL en 15 min;
Alcalinisation et glucosé/insuline sont souvent associés, mais contre-indiqués en cas d’œdème pulmonaire car ils aggravent la surcharge. Les agents β2-mimé-tiques ont une efficacité inconstante et variable.
Mesures à efficacité retardée (2 h)
Résine hypokaliémiante : KAYEXALATE per os : 2 c-mes. (30 g) ou en lavement : 60 g. Ces mesures ont une efficacité modérée, permettant le plus souvent de faire baisser la kaliémie de 1 à 1,5 mmol en 1 h, en attendant la mise en œuvre d’une séance d’épuration extrarénale.
Épuration extrarénale (EER)
Le plus souvent par hémodialyse avec un bain pauvre en potassium, qui permet de corriger complètement et rapidement la kaliémie. Une EER prolongée plus de 4 h, voire continue, est nécessaire lorsque l’hyperkaliémie est rapidement évolutive en raison d’une cause difficilement contrôlable (lyse cellulaire).
RÉSINES HYPOKALIÉMIANTES
PROPRIÉTÉS
Résines échangeuses de cations non résorbées, échangeant dans le tube digestif (côlon) potassium contre sodium (polystyrène de sodium) ou calcium (polystyrène de calcium). Efficacité retardée (3 à 4 h), permettant un abaissement progressif et transitoire de la kaliémie de 0,5 à 1,5 mmol/L.
INDICATIONS
Traitement des hyperkaliémies non menaçantes, au cours de l’insuffisance rénale aiguë ou chronique.
PRÉCAUTIONS D’EMPLOI
En cas de traitement prolongé (insuffisant rénal chronique, dialysé), surveiller régulièrement la kaliémie, la magnésémie, la phosphorémie (et la calcémie pour le polystyrène de calcium).
Un traitement préventif de la constipation est préconisé (sorbitol per os) afin d’éviter occlusion et hyperabsorption sodée (pour le polystyrène de sodium).
PROPRIÉTÉS
Troubles digestifs : constipation le plus souvent, avec risque de fécalome; parfois nausées ou gastralgies.
Hypercalcémie (polystyrène de calcium, surtout en cas de traitement simultané par la vitamine D). Surcharge sodée (polystyrène de sodium, surtout en cas de ralentissement du transit digestif chez l’insuffisant cardiaque).
DYSKALIÉMIES (4) – HYPOKALIÉMIE
Traitement curatif
Le traitement curatif d’une hypokaliémie est tout d’abord étiologique. Une supplémentation potassique est nécessaire lorsque l’hypokaliémie est sévère (K < 2,5 mmol/L) ou lorsqu’elle survient chez un sujet digitalisé ou porteur d’une cardiopathie. la quantité de potassium à apporter et la voie d’administration dépendent essentiellement de l’existence ou non de troubles du rythme, de paralysies, et de troubles digestifs.
Limiter les pertes potassiques
Il s’agit du traitement étiologique, lorsqu’une fuite rénale ou digestive peut être stoppée. Il faut notamment interrompre les médicaments hypokaliémiants. En cas d’hyperaldostéronisme secondaire, les diurétiques épargneurs de potassium (spironolactone, SOLUDACTONE) peuvent limiter les pertes urinaires et aider à la correction d’une hypokaliémie.
Corriger le déficit potassique
Voie orale en l’absence de troubles du rythme, de paralysie, ou de trouble digestif
• Alimentation riche en potassium : jus d’orange, pamplemousse, banane, fruits secs, légumes, chocolat.
• Supplémentation orale en sels de potassium : chlorure de potassium le plus souvent, corrigeant également le déficit chloré; DIFFU-K, 1 à 6 gél./j ou KALEORID LEO LP 600, 1 à 6 cp./j ou KALEORID LEO LP 1000, 1 à 4 cp./j. Prescrire en 2 à 3 prises à la fin des repas, avec un verre d’eau.
POTASSIUM (3) – PHARMACOLOGIE
INDICATIONS
Hypokaliémies : traitement curatif ou préventif (coprescription avec diurétiques hypokaliémiants ou corticoïdes).
CONTRE-INDICATIONS
Hyperkaliémie; coprescription avec IEC ou diurétiques épargneurs de potassium (sauf hypokaliémie).
PROPRIÉTÉS
Prudence (risque d’hyperkaliémie) : insuffisance rénale sévère, insuffisance surréna-lienne, diabète sucré.
Comprimés : ingérer debout ou assis, avec de l’eau.
Voie veineuse : ne jamais dépasser 1,5 g/h; jamais d’injection intraveineuse directe (IVD) sinon risque de mort subite par arrêt cardiaque; voie périphérique : dilution dans un soluté salé ou glucosé isotonique, avec concentration ≤ 4 g/L sur une veine périphérique.
Préférer le chlorure de potassium en cas d’alcalose associée.
EFFETS INDÉSIRABLES
Voie orale : nausées, gastralgies, vomissements, diarrhée.
Voie veineuse : irritation veineuse (concentrations élevées); risque de mort subite (perfusion trop rapide).
HYPOKALIÉMIE DES DIURÉTIQUES (1)
Caractéristiques
Deux types de diurétiques d’usage courant sont pourvoyeurs d’hypokaliémies : les diurétiques thiazidiques principalement, et les diurétiques de l’anse à un degré moindre. Cette complication des thiazides ou des diurétiques de l’anse est rare (≤ 5 %), précoce (≤ 3 sem. de traitement) et dose-dépendante. Les hypokaliémies « tardives » (au-delà de la 3e semaine de traitement) sont liées soit à une augmentation de la posologie du, diurétique, soit à une réduction des apports potassiques alimentaires, soit à des pertes potassiques extrarénales (diarrhée).
Diagnostic
Lorsque la cause d’une hypokaliémie (K+ < 3,5 mmol/L) est incertaine, un ionogramme urinaire est indispensable.
Kaliurèse basse (< 20 mmol/24 h) sans déficit chloré
Les pertes de potassium sont digestives basses (diarrhée, prise de laxatifs).
Fuite rénale de potassium (kaliurèse > 40 mmol/j) chez un hypertendu
Il faut évoquer de principe, outre le rôle des diurétiques, certaines HTA secondaires (hyperaldostéronisme primaire, sténose artérielle rénale, hypercortisolisme, hyperminéralocorticisme, syndrome de Liddle).
Conduite thérapeutique
Hypokaliémie modérée (< 3 mmol/L) liée à l’emploi de diurétiques hypokaliémiants
Le meilleur traitement est l’utilisation de la posologie minimale efficace des diurétiques (par exemple 12,5 à 25 mg d’hydrochlorothiazide (ESIDREX) dans le traitement de l’HTA).
Hypokaliémie sévère (< 3 mmol/L) ou persistante
• Supplémentation orale en chlorure de potassium (et en chlorure de magnésium en cas d’hypomagnésémie associée).
• Alimentation riche en potassium (jus d’orange, pamplemousse, bananes, fruits secs, chocolat).
• Chlorure de potassium : DIFFU-K, KALEORID LEO LP 600, ou KALEORID LEO LP 1000, 1 à 2 cp./j.
• Diurétique épargneur de potassium : spironolactone (ALDACTONE) 75 à 300 mg/j, ou amiloride (MODAMIDE) 5 à 20 mg/j, la posologie efficace étant parfois élevée chez l’insuffisant cardiaque du fait de l’importance de l’hyperaldostéronisme secondaire.
L’amiloride (mieux toléré, en particulier par l’homme) est le produit de choix. Ces diurétiques épargnent en outre le magnésium.
Hypokaliémies sous diurétiques + IEC/ARA II
La coprescription d’un IEC/ARA II limite les pertes urinaires de potassium et rend l’hypokaliémie très rare : il n’est pas utile de prescrire systématiquement une supplémentation potassique.
Si une hypokaliémie survient (souvent lors des 3 premières semaines du traitement), il faut diminuer la posologie du diurétique, ou augmenter la posologie de l’IEC. En seconde intention, une supplémentation en chlorure de potassium est possible : dans ce cas, la kaliémie doit être surveillée de façon hebdomadaire (du fait du risque d’hyperkaliémie), sachant qu’un nouvel état d’équilibre sera atteint en 3 sem. L’adjonction d’une faible dose d’un diurétique « épargneur de potassium » à l’association IEC/ARA II – diurétique est trop délicate à manier pour être conseillée en pratique extrahospitalière.
HYPOKALIÉMIE DES DIURÉTIQUES (2)
Diurétiques (indications préférentielles)
PATHOLOGIE | CHOIX DU DIURÉTIQUE |
---|---|
Insuffisance rénale aiguë oligoanurique | Normalisation de la volémie puis furosémide IV à fortes doses |
Hypercalcémie | Réhydratation puis furosémide IV et compensation de diurèse |
Lithiase calcique + hypercalciurie | Thiazidique |
Diabète insipide néphrogénique | Thiazidique |
Hyperhydratation intracellulaire sévère | Furosémide + soluté salé hypertonique |
Glaucome aigu | Acétazolamide per os/IV |
Mal des montagnes | Acétazolamide per os |
Alcalose de reventilation | Acétazolamide per os |
DIURÉTIQUES DE L’ANSE (2) – PHARMACOLOGIE
PROPRIÉTÉS
Sulfamides diurétiques inhibant au niveau de la branche ascendante de l’anse de Henle la réabsorption du NaCl; accessoirement, ils augmentent l’excrétion urinaire de potassium, du magnésium, et du calcium. Les diurétiques de l’anse ont une puissance dose-dépendante, et sont les seuls diurétiques couramment utilisables en situation d’insuffisance rénale avancée (Cl créatinine < 50 mL/min), moyennant l’utilisation de fortes doses.
Après administration orale, la résorption digestive du bumétanide (95 %) est meilleure que celle du furosémide (60 %); l’action débute rapidement (30 min) et est brève (6 à 8 h); les formes retard ont une action moins intense et plus prolongée : leur galénique est particulièrement adaptée au traitement de l’HTA, mais ne convient pas en cas d’insuffisance rénale (le pic de concentration tubulaire nécessaire à l’action diurétique est rarement obtenu).
Après injection parentérale, l’action natriurétique débute en 5 min et dure moins de 2 h; elle est précédée d’un effet vasodilatateur veineux, utile en cas d’œdème pulmonaire. L’élimination des diurétiques de l’anse se fait par voie urinaire essentiellement et digestive accessoirement.
INDICATIONS
Voie orale : hypertension artérielle; syndromes œdémateux d’origine rénale ou hépatique ou cardiaque; insuffisance cardiaque congestive. Voie parentérale : œdème aigu du poumon; rétentions hydrosodées sévères d’origine cardiaque, rénale ou hépatique; hypercalcémies sévères.
CONTRE-INDICATIONS
Hypersensibilité aux sulfamides.
Insuffisance rénale par obstruction urinaire.
Déshydratation extracellulaire, hypovolémie.
Grossesse : pour bumétanide et pirétanide; furosémide utilisable dans des circonstances exceptionnelles.
Allaitement : déconseillé (passage dans le lait maternel et réduction de la lactation).
PRÉCAUTIONS D’EMPLOI
Insuffisance rénale aiguë : écarter la possibilité d’une cause obstructive.
Surveillance biologique régulière (kaliémie, natrémie, créatininémie) en début de traitement.
Prudence particulière en cas de cirrhose (risque d’encéphalopathie hépatique), de coprescription de digitaliques, produits hypokaliémiants ou anti-arythmiques (en particulier chez les sujets cirrhotiques, insuffisants cardiaques ou dénutris : risque de troubles du rythme sévères et de torsades de pointes).
Diabète : risque de déséquilibre glycémique faible lorsque les posologies habituelles sont employées.
Interrompre 24 h avant un examen iodé.
Grossesse : les diurétiques sont contre-indiqués dans le traitement des œdèmes et de l’HTA gravidiques (risque de majoration de l’ischémie fœtoplacentaire); le furosémide reste utilisable en cas de syndrome œdémateux lié à une affection rénale, cardiaque ou hépatique.
EFFETS INDÉSIRABLES
Déshydratation extracellulaire puis globale (avec hypernatrémie) en cas de surdosage (interrompre, réhydrater). L’hyponatrémie est rare : elle ne s’observe qu’en cas de régime désodé strict avec apports hydriques libres chez des patients ayant une forte activation du système rénine-aldostérone (insuffisance cardiaque sévère, cirrhose, certains syndromes néphrotiques).
Hypokaliémie : rare lorsque les doses employées sont modérées.
Risque d’encéphalopathie hépatique chez le cirrhotique.
Élévation (inconstante et modérée) de la glycémie, des lipides plasmatiques et de l’uricémie (± crises de goutte) ne devant pas faire interrompre le traitement.
Rarement : allergie cutanée, photosensibilisation, leucopénie, thrombopénie, insuffisance rénale immunoallergique.
INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES
Associations déconseillées : lithium (risque de surdosage); médicaments entraînant des torsades de pointes.
Associations à manier avec prudence : AINS, IEC, produits de contraste iodés, aminosides injectables (risque d’insuffisance rénale aiguë); corticostéroïdes, diurétiques, laxatifs stimulants (risque d’hypokaliémie), metformine (risque d’acidose lactique), antidépresseurs tricycliques et neuroleptiques (risque d’hypotension orthostatique).
Phénytoïne : diminution de l’activité du diurétique (50 %).
Antiacides (diminution de l’absorption du furosémide) : respecter un intervalle de 2 h entre les prises.
DIURÉTIQUES THIAZIDIQUES
PROPRIÉTÉS
Sulfamides diurétiques inhibant la réabsorption tubulaire de NaCl au niveau du segment cortical de dilution. Par ailleurs, augmentent l’excrétion urinaire de potassium et de magnésium; réduisent la calciurie; réduisent la diurèse en cas de diabète insipide néphrogénique.
Résorption digestive (50 à 80 %); délai d’action de 2 h, persistant 12 à 72 h selon les produits. Élimination urinaire sous forme inchangée. Passage transplacentaire et dans le lait maternel.
INDICATIONS
Syndromes œdémateux d’origine rénale, hépatique, cardiaque.
Hypercalciuries idiopathiques.
PRÉCAUTIONS D’EMPLOI
Inefficaces en cas d’insuffisance rénale chronique avancée (Cl créatinine < 50 mL/min).
Surveillance biologique régulière (kaliémie, natrémie, créatininémie) en début de traitement.
Prudence particulière en cas de cirrhose (risque d’encéphalopathie hépatique), ou de coprescription de digitaliques, produits hypokaliémiants ou antiarythmiques (en particulier chez les sujets cirrhotiques, insuffisants cardiaques ou dénutris : risque de troubles du rythme sévères et de torsades de pointes).
Risque de déséquilibre diabétique faible lorsque les posologies habituelles sont employées. Interrompre 24 h avant un examen iodé.
EFFETS INDÉSIRABLES
Hyponatrémie + déshydratation extracellulaire. Hypokaliémie : risque faible (< 5 %) avec les doses actuellement préconisées dans le traitement de l’HTA.
Risque d’encéphalopathie hépatique chez le cirrhotique.
Élévation (inconstante et modérée) de la glycémie, des lipides plasmatiques et de l’uricémie (± crises de goutte) ne devant pas faire interrompre le traitement.
Hypercalcémie : rare, doit faire rechercher une hyperparathyroïdie associée.
Nausées, constipation, céphalées, paresthésies, flou visuel.
Rarement : allergie cutanée, photosensibilisation, leucopénie, thrombopénie, agranulocytose, anémie hémolytique, aplasie médullaire, insuffisance rénale immunoallergique, pancréatite aiguë.
INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES
Associations déconseillées : lithium (risque de surdosage); médicaments entraînant des torsades de pointes.
Associations à manier avec prudence : AINS, IEC, produits de contraste iodés (risque d’insuffisance rénale aiguë); corticostéroïdes, diurétiques, laxatifs stimulants (risque d’hypokaliémie), metformine (risque d’acidose lactique), antidépresseurs tricycliques et neuroleptiques (risque d’hypotension orthostatique), calcium (risque d’hypercalcémie).
DIURÉTIQUES ANTIALDOSTÉRONE (2) – PHARMACOLOGIE
PROPRIÉTÉS
Diurétiques épargneurs de potassium agissant par antagonisme compétitif des récepteurs tubulaires de l’aldostérone. Action antiminéra-locorticoïde maximale après 48 à 72 h de traitement, et effets natriurétique et antihypertenseur modérés mais prolongés (24 à 48 h). Résorption digestive lente, suivie d’une biotransformation en de nombreux métabolites, puis d’une élimination prolongée mixte (urinaire et fécale). Propriétés antiandrogéniques. Faibles inducteurs enzymatiques.
INDICATIONS
Traitement de l’hyperaldostéronisme primaire par hyperplasie bilatérale des surrénales.
Hypertension artérielle essentielle.
Hypokaliémies modérées liées à un traitement diurétique (de l’anse, thiazidique).
œdèmes avec hyperaldostéronisme secondaire : syndrome néphrotique, cirrhose décompensée, rétention hydrosodée de l’insuffisance cardiaque, œdèmes cycliques idiopathiques.
Traitement adjuvant au cours de la myasthénie.
L’éplérénone est réservée au traitement de l’insuffisance cardiaque post-infarctus et de l’hypertension artérielle.
CONTRE-INDICATIONS
Insuffisance rénale sévère ou aiguë. Hyperkaliémie. Association au potassium ou à d’autres produits hyperkaliémiants (sauf hypokaliémie). nsuffisance hépatique terminale. Hypersensibilité connue à la spironolactone.
Troubles graves de la conduction auriculoventriculaire (pour la forme).
Allaitement : déconseillé (passage dans le lait maternel, réduction de la lactation).
PRÉCAUTIONS D’EMPLOI
Surveillance régulière de la kaliémie (notamment en début de traitement) et des fonctions rénales et hépatiques (notamment chez les diabétiques, sujets âgés ou traités par un diurétique puissant).
Éviter chez les cirrhotiques avec natrémie < 130 mmol/L et chez les sujets susceptibles de présenter une acidose.
EFFETS INDÉSIRABLES
Hyperkaliémie (principalement en cas de surdosage, d’insuffisance rénale ou de diabète déséquilibré). Risque de déshydratation faible. Effets endocriniens chez l’homme (gynécomastie dose-dépendante le plus souvent réversible, impuissance), et chez la femme (troubles des règles). Nausées, vomissements, diarrhée. Réactions cutanées allergiques. Somnolence, céphalées.
INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES
Associations contre-indiquées du fait du risque d’hyperkaliémie (sauf en cas d’hypokaliémie chronique, si un contrôle hebdomadaire de la kaliémie dans le premier mois est possible) : potassium, diurétiques hyperkaliémiants (amiloride, triamtérène) et IEC.
Association déconseillée : lithium.
Associations à utiliser avec précautions : AINS, produits de contraste iodés, biguanides, diurétiques hypokaliémiants, antidépresseurs tricycliques, neuroleptiques.
AUTRES DIURÉTIQUES ET ASSOCIATIONS DE DIURÉTIQUES (3) – PHARMACOLOGIE
PROPRIÉTÉS
Diurétiques épargneurs de potassium, à effets antihypertenseur et natriurétique modérés. Leur activité est comparable à celle de la spironolactone mais leur action se situe au niveau du tube distal des tubules rénaux (canal sodium épithélial) et est indépendante de l’aldostérone. Après administration orale, l’action apparaît en 3 à 6 h et persiste 12 à 24 h, passage transplacentaire et dans le lait maternel.
INDICATIONS
Complément des diurétiques hypokaliémiants. Hypertension artérielle secondaire à un syndrome de Liddle (mutations activatrices du canal sodium épithélial).
Hypertension artérielle par hyperaldostéronisme primaire (en particulier hyperplasie bilatérale des surrénales chez l’homme).
Ascite et œdèmes des cirrhotiques.
CONTRE-INDICATIONS
Hyperkaliémie, association au potassium.
Insuffisance rénale, insuffisance hépatocellu-laire avancée.
Hypersensibilité connue aux différents produits.
Triamtérène : carence en folates.
Allaitement : éviter (passage dans le lait maternel, réduction de la lactation).
PRÉCAUTIONS D’EMPLOI
Éviter chez les cirrhotiques avec natrémie ≤ 125 mmol/L et chez les sujets susceptibles de présenter une acidose.
Surveillance régulière de la kaliémie, des fonctions rénale et hépatique (notamment chez les diabétiques, les sujets âgés ou traités par un diurétique puissant), et de la NFS en cas d’utilisation prolongée du triamtérène.
EFFETS INDÉSIRABLES
Hyperkaliémie (principalement en cas de surdosage, d’insuffisance rénale ou de diabète déséquilibré).
Risque de déshydratation faible (sauf surdosage).
Encéphalopathie chez les cirrhotiques.
Troubles digestifs (anorexie, nausées, vomissements, douleurs abdominales, diarrhée ou constipation), réactions cutanées allergiques.
Triamtérène : possibilité d’anémie mégaloblastique par carence en folates et de lithiase urinaire médicamenteuse.
INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES
Associations contre-indiquées du fait du risque d’hyperkaliémie (sauf en cas d’hypokaliémie chronique, si un contrôle hebdomadaire de la kaliémie dans le premier mois est possible) : potassium, diurétiques hyperkaliémiants (antialdostérone) et IEC.
Association déconseillée : lithium.
Associations à utiliser avec précautions : AINS, produits de contraste iodés, biguanides, diurétiques hypokaliémiants, antidépresseurs tricycliques, neuroleptiques.
Les associations de diurétiques (diurétique de l’anse ou thiazidique + diurétique épargneur de potassium) offrent deux avantages : (1) une action complémentaire (sur 2 sites tubulaires différents) qui rend l’action salidiurétique plus efficace; (2) des effets opposés sur la kaliémie, qui ne dispensent toutefois pas d’une surveillance prolongée (au long cours, quelques hypokaliémies ont pu être observées).

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