9: Maladies des reins et du tractus urinaire

Chapitre 9 Maladies des reins et du tractus urinaire


Les reins, dont la longueur va de 11 à 14 cm, sont situés derrière le péritoine de chaque côté de la colonne vertébrale de T12 à L3. Ils exercent les fonctions suivantes :



L’unité fonctionnelle du rein est le néphron, qui est composé du glomérule, du tubule proximal, de l’anse de Henlé, du tubule distal et du tube collecteur (fig. 9.1). Les artères rénales, des branches de l’aorte abdominale, se divisent de nombreuses fois pour former chacune des artérioles afférentes amenant le sang dans l’un des 2 millions de néphrons. Le calibre plus large de l’artériole afférente par rapport à l’efférente augmente la pression sanguine dans le glomérule, ce qui pousse l’eau et des solutés hors des capillaires glomérulaires dans la capsule de Bowman. Le débit du filtrat glomérulaire, dont sont exclus les éléments figurés du sang ainsi que les grandes molécules protéines plasmatiques, est d’environ 170 à 180 l par jour. Les tubes contournés proximaux réabsorbent une grande partie du filtrat afin de maintenir l’équilibre hydroélectrolytique, mais l’élimination du potassium, de l’eau et des ions hydrogène non volatiles est régulée dans les tubules distaux. Lorsque la perfusion rénale et la filtration glomérulaire viennent à diminuer, la réabsorption de l’eau et du sodium par les tubules proximaux augmente en sorte qu’un minimum de liquide atteint le tubule distal. Ainsi, les patients hypotendus ou hypovolémiques ne peuvent pas excréter les ions potassium et hydrogène. C’est également le cas chez les patients atteints de lésions tubulaires distales, par exemple causées par un médicament. Normalement, seul 1 % environ du filtrat, fortement enrichi en urée et créatinine, passe dans le bassinet sous forme d’urine.




Manifestations des maladies rénales et urinaires


Les maladies les plus communes du rein et des voies urinaires sont l’hypertrophie prostatique bénigne chez les hommes et les infections des voies urinaires (IVU) chez les femmes. Les symptômes suggestifs de maladie des voies urinaires sont la dysurie, la fréquence des mictions, l’hématurie, la rétention urinaire et le changement du volume urinaire (polyurie ou oligurie). En outre, le patient peut se plaindre de douleur le long du tractus urinaire, des lombes à l’aine. Des symptômes non spécifiques, par exemple de la léthargie, de l’anorexie et du prurit, peuvent être les premiers symptômes d’une maladie rénale chronique (MRC). Une maladie rénale peut être asymptomatique et c’est une tension trop élevée, un taux sérique d’urée accru, une protéinurie ou une hématurie mise en évidence par les bandelettes urinaires qui peut alors attirer l’attention.





Oligurie


L’ oligurie, une diminution anormale du débit urinaire, lorsqu’elle persiste au-delà de plusieurs heures, est un signe d’une lésion rénale aiguë (LRA) ou d’une obstruction des voies urinaires. Elle peut être « physiologique », comme chez les patients souffrant d’hypotension ou d’hypovolémie, et chez qui l’urine est concentrée au maximum pour que l’eau puisse être conservée. L’anurie (absence d’urine) suggère une obstruction des deux uretères ou un obstacle à la vidange vésicale. La prise en charge d’un patient oligurique comporte trois phases.






Examens en cas de maladie rénale


Une fois qu’une maladie rénale est suspectée, le but des examens est l’identification de la cause et l’évaluation du dysfonctionnement rénal. Celle-ci est fondée sur la mesure du débit de filtration glomérulaire estimé (DFGe ; voir ci-dessous). Les antécédents et l’examen clinique combinés avec les tests des bandelettes urinaires et la microscopie sont les points de départ d’identification de la cause.





Bandelettes urinaires


Ces bandelettes détectent du sang, des protéines, du glucose, des cétones, de la bilirubine et de l’urobilinogène dans l’urine et permettent une évaluation approximative de la quantité. Elles peuvent également servir à la mesure du pH urinaire, ce qui est utile à la prise en charge d’une acidose tubulaire rénale (voir chap. 8). Chaque test est fondé sur un changement de couleur d’une bandelette de cellulose imprégnée du réactif approprié. La bandelette est plongée brièvement dans un échantillon frais d’urine recueilli dans un récipient propre, et les changements de couleur sont comparés aux nuanciers fournis par le fabricant. Une hématurie ou une protéinurie suggère une maladie des voies rénales. Des bandelettes sont également disponibles pour tester les nitrites urinaires et l’élastase leucocytaire pour l’identification des infections urinaires.



Protéinurie


C’est un excès de protéines dans l’urine. Dans des conditions normales, les protéines de faible poids moléculaire et l’albumine qui passent le filtre glomérulaire sont presque complètement réabsorbées dans le tubule rénal proximal. Il en résulte une excrétion de protéines urinaires de moins de 150 mg/jour, dont seulement une petite proportion est de l’albumine (< 30 mg par jour). Des bandelettes urinaires spécifiques de l’albumine permettent de la détecter lorsque les taux dépassent 200 mg/l (300 mg par jour si le volume d’urine est normal). Ces bandelettes ne détectent pas les protéines anormales, telles que les immunoglobulines et les protéines de Bence-Jones (chaînes légères des immunoglobulines), excrétées en cas de myélome multiple. Le tableau 9.1 énumère les causes de protéinurie. Une protéinurie persistante détectée par bandelette urinaire nécessite une enquête complète, qui doit comporter une quantification et une évaluation de la fonction excrétoire par la mesure du DFGe. La quantification de la protéinurie consiste en un dosage des protéines et/ou de la concentration d’albumine dans un échantillon urinaire, idéalement recueilli le matin. On calcule alors le rapport protéine urinaire sur créatinine urinaire (RPC) ou celui de l’albumine urinaire sur la créatinine urinaire (RAC), qui est plus sensible. L’excrétion protéique normale est inférieure à 150 mg par jour (RPC < 15 mg/mmol) et une protéinurie de type néphrotique dépasse 3,5 g par jour (RPC > 350 mg/mmol).


Tableau 9.1 Causes de protéinurie

































Type Mécanisme Exemples
Glomérulaire Perméabilité accrue Glomérulopathies
Tubulaire* Réabsorption diminuée Syndrome de Fanconi
Troubles tubulo-interstitiels
Débordement Protéines plasmatiques produites en excès Myélome multiple
Gammapathie monoclonale
Physiologique Augmentation de l’hémodynamique rénale Maladie aiguë
Fièvre
Exercices intenses
Posture debout

* Habituellement < 1 g par jour et peut être associée à d’autres anomalies de la fonction tubulaire proximale (par exemple glycosurie, phosphaturie, aminoacidurie).


Protéinurie légère et non associée à une maladie rénale sous-jacente. Le diagnostic est fondé sur l’absence de protéinurie lors des analyses urinaires ultérieures au moment de la normalisation, par exemple résolution de la fièvre.


La microalbuminurie est une excrétion urinaire d’albumine supérieure à la norme, mais qui est indétectable par les bandelettes classiques (30 à 300 mg/jour). C’est un indicateur précoce de la maladie rénale largement utilisé comme facteur prédictif de l’évolution de la néphropathie chez les diabétiques. Un RAC de > 2,5 mg/mmol chez les hommes et de > 3,5 mg/mmol chez les femmes correspond à une microalbuminurie. Une excrétion d’albumine supérieure à 300 mg/jour est une protéinurie avérée.



Hématurie


Du sang dans l’urine peut être visible à l’œil nu (hématurie macroscopique) ou non visible (hématurie microscopique) ; il peut être détecté par une bandelette urinaire (résultat positif 1 + ou plus).


Le saignement peut provenir de plusieurs sites du tractus rénal ou urinaire (fig. 9.2).




L’arbre décisionnel de la figure 9.3 guide la démarche diagnostique en cas d’hématurie. Les patients doivent être évalués qu’ils soient ou non sous traitement anticoagulant ou antiagrégant plaquettaire. La répétition des tests permet d’exclure les causes transitoires telles qu’une infection du tractus urinaire et une contamination pendant les menstruations. Il faut penser à un cancer des voies urinaires chez les patients ayant une hématurie visible, se plaignant de douleurs et âgés de plus de 40 ans ; aussi, une consultation urologique est généralement indiquée en vue du choix approprié de la technique d’examen : échographie, tomodensitométrie (TDM) ou cystoscopie. Tous les autres patients sont plus susceptibles d’être atteints d’une maladie glomérulaire, souvent une néphropathie à IgA, et la consultation néphrologique est indiquée si le test initial ou ultérieur de la fonction rénale s’avère anormal.





Microscopie des urines


Cet examen est effectué sur urine fraîche, recueillie au milieu du jet et après désinfection du méat urinaire, chez tous les patients suspects de maladie rénale.







Techniques d’imagerie




La radiographie est utile pour identifier une calcification rénale ou des calculs opaques dans un rein, un bassinet, un uretère ou la vessie.


L’échographie des reins est la méthode de choix pour évaluer la taille rénale, l’évaluation d’une dilatation pyélocalicielle comme signe d’une obstruction rénale chronique, la caractérisation de masses rénales, le diagnostic d’une maladie polykystique, et la détection de liquide intrarénal et/ou périnéphrétique (par exemple du pus ou du sang). Elle offre l’avantage sur les techniques radiographiques d’éviter les rayonnements ionisants et l’utilisation d’un produit de contraste intravasculaire. L’échographie Doppler est utilisée pour l’examen de la perfusion des artères rénales et la détection d’une thrombose veineuse rénale. Un épaississement de la paroi vésicale peut être détecté dans une vessie distendue et la vidange vésicale peut être contrôlée après miction.


La TDM est l’examen de première ligne en cas de suspicion de coliques urétérales. Elle convient aussi pour identifier les masses rénales non reconnues par l’échographie, pour la stadification d’une tumeur rénale, vésicale ou prostatique et pour la détection des calculs radiotransparents ; les calculs de faible densité invisibles en radiographie ordinaire (par exemple des calculs d’acide urique) sont détectés par la TDM. Celle-ci est également utilisée dans la recherche de tumeur ou de fibrose rétropéritonéale, et l’angiographie par TDM permet la visualisation des artères et des veines rénales.


L’imagerie par résonance magnétique (IRM) sert à l’identification des masses rénales comme alternative à la TDM, à la stadification d’une tumeur rénale, vésicale ou prostatique et aussi à la visualisation des artères rénales au moyen d’une angiographie par IRM avec le gadolinium comme agent de contraste. Dans des mains expérimentées, sa sensibilité et sa spécificité approchent celles de l’angiographie rénale.


L’urographie excrétoire, ou pyélographie intraveineuse, a été largement remplacée par l’échographie et la TDM.


L’artériographie rénale (angiographie) est indiquée pour le diagnostic d’une atteinte des artères rénales, mais l’IRM et l’angiographie par TDM spiralée sont de plus en plus utilisées. Il faut canuler l’artère fémorale et injecter un produit de contraste. Les complications comprennent des embolies de cholestérol et des lésions rénales induites par le produit de contraste.


La pyélographie antérograde consiste en une ponction percutanée et l’injection de produit de contraste dans le système pyélocaliciel pour le repérage d’une obstruction urétérale. On y recourt lorsque l’échographie a montré un système pyélocaliciel dilaté avec obstruction probable. On peut ensuite placer un cathéter par voie percutanée afin de vidanger le système obstrué (néphrostomie percutanée), ou une endoprothèse urétérale pour lever l’obstacle.


La pyélographie rétrograde consiste en l’injection d’un produit de contraste dans les uretères au moyen d’un cathéter introduit au cours d’une cystoscopie (endoscopie de la vessie). Elle est utilisée pour l’évaluation des lésions de l’uretère et repérer le niveau inférieur de l’obstruction urétérale révélée par d’autres techniques d’imagerie. Cet examen expose à un faible risque d’infection.


La scintigraphie rénale consiste en l’injection intraveineuse d’un produit radiopharmaceutique (par exemple l’acide diéthylène triamine pentaacétique [DPTA] marqué au technétium-99 m). Celui-ci est extrait de la circulation sanguine par les reins et détecté ensuite par une gamma caméra informatisée. Ce procédé permet la détection des anomalies anatomiques ou fonctionnelles des reins ou des voies urinaires. La scintigraphie rénale dynamique sert à l’évaluation du débit sanguin rénal en cas de suspicion de sténose de l’artère rénale et de la fonction rénale en cas d’obstruction, ainsi qu’à la détection du reflux vésico-urétéral. Par la scintigraphie rénale statique, on peut évaluer la taille des reins, contrôler leur localisation, observer une différence de fonction entre chaque rein et repérer des défectuosités parenchymateuses (cicatrices, zones ischémiques, tumeurs).




Maladies glomérulaires




Structure glomérulaire normale


Chaque rein contient environ un million de glomérules, qui sont constitués d’un plexus capillaire invaginant l’extrémité aveugle du tubule rénal proximal (fig. 9.4). L’endothélium des capillaires glomérulaires est fenestré et repose sur la membrane basale glomérulaire (MBG). Derrière la MBG, les cellules épithéliales viscérales (podocytes) n’entrent en contact avec celle-ci que par des projections digitales, appelées pédicelles, séparées les unes des autres par les « fentes de filtration ». Cette structure unique de la membrane glomérulaire explique sa très grande perméabilité, permettant la formation de 125 à 200 ml de filtrat par minute (débit de filtration glomérulaire [DFG]). La composition du filtrat glomérulaire est similaire à celle du plasma, mais ne contient que de petites quantités de protéines (toutes de faible poids moléculaire), dont la plupart sont réabsorbées dans le tubule proximal. Normalement, la réabsorption et la sécrétion tubulaires modifient substantiellement la composition hydroélectrolytique du filtrat glomérulaire avant qu’il n’atteigne le bassinet sous forme d’urine.




Pathogénie et nomenclature des maladies glomérulaires


Les maladies glomérulaires sont appelées glomérulonéphrites en cas d’inflammation des glomérules et glomérulopathies en l’absence de tout signe d’inflammation, mais ces termes se chevauchent souvent. Les reins sont touchés de façon symétrique et la lésion rénale peut être primitive ou compliquer une maladie systémique, par exemple le lupus érythémateux disséminé.


L’examen en microscopie optique, électronique et immunofluorescence du tissu rénal obtenu par biopsie transcutanée permet l’évaluation de l’étendue et l’identification du type d’affection et de lésion immunitaire. La maladie est alors décrite aux moyen des termes suivants :




Classification et tableaux cliniques des glomérulopathies


La présence d’une certaine forme de maladie glomérulaire, par opposition à la maladie tubulo-interstitielle ou vasculaire, est généralement suggérée par les antécédents et un ou plusieurs résultats des analyses urinaires : hématurie (en particulier si les globules rouges sont déformés (dysmorphiques), cylindres érythrocytaires et protéinurie, qui peut atteindre le taux néphrotique (> 3,5 g/jour). Les glomérulopathies sont classées et décrites sous forme de quatre syndromes glomérulaires majeurs :




Syndrome néphrotique


La filtration de macromolécules à travers la paroi capillaire glomérulaire est massive à la suite d’anomalies structurelles et fonctionnelles des podocytes glomérulaires.





Étiologie



Syndrome néphrotique avec sédiments urinaires non spécifiques


La néphropathie membraneuse et la glomérulosclérose segmentaire et focale sont les causes les plus fréquentes chez les adultes, alors que la néphropathie à lésions glomérulaires minimes s’observe surtout chez les enfants (tableau 9.2). La néphropathie membraneuse est généralement idiopathique, mais peut être liée à certains médicaments, comme la pénicillamine, l’or et les AINS ; elle peut aussi compliquer des maladies auto-immunes (par exemple le lupus érythémateux disséminé [LED] ou une thyroïdite), des cancers du poumon, du côlon, de l’estomac, du sein ou un lymphome, des infections (par exemple les hépatites B et C, la schistosomiase et le paludisme à Plasmodium malariae) ; d’autres causes sont la sarcoïdose et la drépanocytose. On trouve des dépôts d’IgG et le facteur C3 du complément à la face externe de la membrane basale glomérulaire. Après l’expansion de la membrane basale qui entoure les dépôts, ceux-ci finissent par être résorbés. L’étiologie de la glomérulosclérose segmentaire et focale est inconnue ; elle est une cause fréquente de syndrome néphrotique, en particulier chez l’adulte noir. Un type histologique similaire peut se développer en cas d’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH).


Tableau 9.2 Glomérulopathies associées au syndrome néphrotique











Syndrome néphrotique avec sédiment urinaire non spécifique
Maladie glomérulaire primitive


Maladie glomérulaire secondaire


Syndrome néphrotique avec sédiment urinaire « actif » (forme mixte néphrotique/néphrétique)
Maladie glomérulaire primitive


Maladie glomérulaire secondaire



Une néphropathie à lésions glomérulaires minimes survient plus fréquemment chez les garçons de moins de 5 ans. Elle représente 90 % des cas de syndrome néphrotique infantile et 20 à 25 % chez l’adulte. La pathogénie est inconnue ; les complexes immuns sont absents à l’immunofluorescence, mais on pense que l’augmentation de la perméabilité glomérulaire est liée à un processus immunitaire. Les glomérules apparaissent normaux en microscopie optique. Le microscope électronique montre une fusion des pédicelles des cellules épithéliales (podocytes), une anomalie non spécifique.


Le syndrome néphrotique associé à l’amylose rénale et au diabète n’est pas d’origine immunitaire. D’autres maladies rénales, par exemple les reins polykystiques et la néphropathie de reflux, peuvent entraîner une protéinurie, mais elles sont rarement assez graves pour causer un syndrome néphrotique.





Diagnostics différentiels


Le syndrome néphrotique doit être différencié des autres causes d’œdème et d’hypoalbuminémie. Dans l’insuffisance cardiaque congestive (voir chap. 10), l’œdème s’accompagne d’une augmentation de la PVJ. Dans le syndrome néphrotique, la PVJ est normale ou basse, sauf en cas d’insuffisance rénale concomitante et d’oligurie. La cirrhose est également cause d’hypoalbuminémie et d’œdème, mais habituellement les autres signes de maladie chronique du foie orientent le diagnostic (voir chap. 4).




Soins


Un œdème généralisé est traité par un régime hyposodé et un diurétique thiazidique, par exemple, bendrofluméthiazide 5 mg par jour, suivi par le furosémide et l’amiloride quand la maladie résiste. Des diurétiques intraveineux et, parfois, des perfusions intraveineuses d’albumine pauvre en sel peuvent être nécessaires pour que la diurèse reprenne ; une fois établie, elle peut généralement être maintenue par des diurétiques oraux. La protéinurie est réduite par l’administration d’un inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA) ou d’un antagoniste du récepteur de l’angiotensine II ; il faut recommander aux patients un régime normal sans augmentation de la teneur en protéine, car cela amplifierait la protéinurie. Un repos au lit prolongé devrait être évité et une anticoagulation prophylactique à long terme doit être prescrite en raison de la tendance thrombotique (voir « Complications »). Les infections doivent être traitées de manière vigoureuse, et les patients devraient être vaccinés contre la grippe et les pneumocoques.


Le traitement spécifique de la maladie sous-jacente, par exemple un LED, ou l’arrêt du médicament incriminé, par exemple la pénicillamine, améliore généralement les glomérulopathies secondaires. Seuls les patients sélectionnés atteints d’une néphropathie membraneuse idiopathique progressive, modérée ou grave, devraient recevoir un traitement spécifique, car les améliorations spontanées sont fréquentes. Le traitement comprend le cyclophosphamide ou le chlorambucil avec la prednisolone. Le rituximab est utilisé en cas de maladie résistante. Chez l’enfant, la néphropathie à lésions minimes répond presque toujours aux corticoïdes, mais moins fréquemment chez l’adulte. On commence par une forte dose de prednisolone (60 mg/m2/jour) durant 4 à 6 semaines, puis on réduit lentement la posologie. En cas de rechute, une cure doit être relancée. Si les rechutes sont fréquentes ou ne répondent pas aux corticoïdes, un traitement immunosuppresseur par cyclophosphamide ou ciclosporine est indiqué.




Glomérulonéphrite aiguë (syndrome néphrétique aigu)


Le syndrome néphrétique aigu est souvent dû à une réponse immunitaire déclenchée par une infection ou une autre maladie (tableau 9.4). Le cas typique de glomérulonéphrite poststreptococcique se développe chez un enfant de 1 à 3 semaines après une infection à streptocoque β-hémolytique de groupe A de Lancefield (pharyngite ou cellulite). Les antigènes bactériens sont piégés dans le glomérule, ce qui cause une glomérulonéphrite proliférative diffuse aiguë.


Tableau 9.4 Maladies communément associées à un syndrome néphrétique aigu



















Glomérulonéphrite poststreptococcique
Glomérulonéphrite infectieuse non poststreptococcique, par exemple Staphylococcus, oreillons, Legionella, hépatites B et C, schistosomiase, paludisme
Endocardite infectieuse
Néphrite de shunt
Abcès viscéral
Lupus érythémateux disséminé
Syndrome de Henoch-Schönlein
Cryoglobulinémie



Examens


L’anamnèse et l’examen permettront d’évaluer la gravité de la maladie et de détecter toute affection sous-jacente. Le tableau 9.3 énumère les examens à réaliser en cas de syndrome néphrotique. Si le diagnostic clinique d’une maladie néphrétique est évident, par exemple la glomérulonéphrite poststreptococcique, l’échographie et la biopsie sont généralement inutiles.




Glomérulonéphrite rapidement progressive


On distingue trois causes principales : 1) un syndrome néphrétique aigu (voir ci-dessus), 2) le syndrome de Goodpasture causé par des autoanticorps dirigés contre la membrane basale glomérulaire et le tissu pulmonaire (voir chap. 11), 3) une vasculite avec anticorps contre le cytoplasme des neutrophiles (ANCA) (voir chap. 7). Le tableau 9.3 énumère les examens indiqués en cas de maladie glomérulaire. Quant au traitement, il est fondé sur la thérapie générale des LRA (voir plus loin) et sur les mesures spécifiques dirigées contre les causes premières.



Infection des voies urinaires


Les IVU sont fréquentes chez les femmes ; environ 35 % d’entre elles ont des symptômes d’infection urinaire à un moment donné de leur vie. Elles sont rares chez les enfants et chez les hommes, chez qui elles indiquent généralement une anomalie sous-jacente des voies urinaires. Les infections de la vessie (cystite) peuvent survenir seules ou associées à une infection ascendante des uretères et du parenchyme rénal (pyélonéphrite).


Aug 1, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 9: Maladies des reins et du tractus urinaire

Full access? Get Clinical Tree

Get Clinical Tree app for offline access