8. Télévision et Correction Auditive


GLOSSAIRE




Sécam (Séquentiel Couleur A Mémoire)


Norme européenne de télédiffusion (25 images par secondes) uniquement pour la France et quelques pays africains. C’est un procédé de transmission vidéo créé par la Compagnie française de télévision en 1959 et mis en service en 1967. Ne permet le son stéréo qu’avec une sous-porteuse supplémentaire (procédé NICAM). Fonctionne en 625 lignes.



Nicam


Near Instantaneous Companding Audio Multiplex, ce qui signifie « multiplexage audio à compression/ expansion quasi instantanée ». Le signal stéréo est numérisé en 14 bits à la fréquence d’échantillonnage de 32kHz. Ensuite, ce signal est compressé sur 10 bits, en supprimant par exemple des bits de poids faible quand le niveau est élevé et les bits de poids fort quand le signal est faible. Pour faire « rentrer » le NICAM dans le signal audio/vidéo, on réduit un peu la bande passante de l’image, c’est-à-dire sa qualité. Le signal NICAM est mis entre l’image et le son traditionnel (mono).




1. INTRODUCTION


Parmi toutes les sources sonores électroacoustiques destinées à transmettre des informations ou de la musique, la télévision occupe une place particulière qui justifie pleinement son étude. Ceci pour deux raisons majeures : la télévision fut – et est encore – probablement le phénomène technologique le plus marquant de notre ère. Si son impact à différents niveaux (culturel, sociologique, psychologique, etc.) reste à explorer, nul ne peut nier son rôle. Seconde raison essentielle de s’intéresser de près à la transmission du son à travers ce média est sa double vocation sensorielle. La télévision est d’abord un média de l’image, mais qui pourtant s’appauvrit de façon consternante dès lors qu’il est muet ! Aux débuts du cinéma sonore, déjà le cinéaste et critique hongrois Béla BALASZ pressentait l’apport considérable du son :

« Un film muet vu sans accompagnement musical fait que les spectateurs ressentent un malaise ; la musique est une sorte de troisième dimension de l’écran. »

Une troisième dimension pourtant bien inconsciente. Quel rôle joue le son à l’image ? Comment est-il « fabriqué », transmis et reçu ? Autant de questions qui font de la télévision un média passionnel, entre engouement et critiques acerbes. Acerbe, lorsqu’il s’agit par exemple pour un malentendant de décrypter les dialogues d’un film parmi bruitages et musique, ou de comprendre la diatribe d’un présentateur entouré d’un public chauffé à blanc. Intéressons-nous donc aux coulisses sonores de ce média malgré tout assez mystérieux de ce point de vue. Si les améliorations envisageables restent cantonnées à de simples vœux pieux, l’ère moderne de l’audioprothèse appelle cependant à une expertise globale de l’individu immergé dans son environnement sonore. Autrement dit, le professionnel de l’audition doit maîtriser tous ces aspects « médiatiques », ne serait-ce que pour expliquer sereinement les limites auxquelles seront nécessairement confrontés des utilisateurs toujours plus exigeants.


2. IMAGE ET SON : UNE HISTOIRE COMMUNE ?


La télévision, même si elle a très tôt écrit sa propre histoire, s’inscrit au départ dans l’histoire du son à l’image, c’est-à-dire celle du cinéma. Sans dresser un panorama exhaustif de cette épopée, revenons aux prémices de cette rencontre entre l’image animée et le sens de l’ouïe.

Face au vide oppressant des images vivantes mais muettes, la première tentation fut de lui adjoindre un supplément d’âme musical. Le premier film sonore fut donc, dans les années vingt, musical (Le Chanteur de jazz). Bien que de piètre qualité, les enregistrements sonores synchrones à l’image ont été une révolution et considérés, par les artistes cinéastes, comme une nouvelle possibilité créative. Le débat abscons sur la primauté de l’une par rapport à l’autre, sur la prétendue force évocatrice de l’image sur le son, n’était pas de mise chez ces réalisateurs désireux d’exploiter les richesses des interactions entre images et sons. L’œuvre était pleine et entière, faite de sons et d’images, le spectateur ne sachant pas consciemment lequel des deux participait le plus à ses émotions. L’histoire du cinéma regorge d’exemples saillants de symbioses entre sons et images, de mises en scène précises où la bande son laisse vivre avec subtilité un personnage ou un objet même lorsqu’il sort du champ visuel.

L’apparition de la télévision a marqué un tournant, une accélération temporelle. Ce qui faisait du cinéma un art était entre autres le temps nécessaire à sa fabrication, le temps nécessaire à l’élaboration réfléchie d’une œuvre. La télévision a révélé l’instantanéité puis la diffusion de masse. Deux ingrédients qui condamnèrent quasiment la finesse du langage sonore. Sans entrer dans les détails complexes des raisons intimes de l’hégémonie de l’image dans notre société, constatons qu’elle fut l’axe de progrès technologique majeur de la télévision. Après le noir et blanc de ses débuts, elle connut la couleur, puis se perfectionna encore pour plus de netteté. Le son était oublié. Il stagna. Le système d’amplification d’un téléviseur domestique a très peu évolué en trente ans. Tout au plus, dernièrement, peut-on constater l’apparition des home cinéma, mais avec la volonté d’en faire un procédé spectaculaire diffusé en masse, et où la qualité s’est une nouvelle fois dissoute. Pourtant, le rythme interne du son à la télévision s’est démultiplié. De l’unique présentateur des années cinquante, nous sommes passés aux sources multiples des show télévisés où se mêlent bavardages, applaudissements, rires, musiques et bruitages. Le canal de transmission, lui, n’a guère évolué. La parole, puisqu’il s’agit de notre préoccupation, est malmenée, menacée par ce flot d’informations plus ou moins pertinentes véhiculées à ses côtés. L’analyse de la transmission de la parole à travers la télévision prend tout son sens sous l’angle de sa confrontation avec ces autres sons, qualifiés souvent de bruits !

De l’aveu des professionnels du son à l’image, les efforts à faire sont considérables. Les dirigeants considèrent souvent le son comme un accessoire de l’image. Le son doit participer au spectacle. Il doit être audible, généreux, puissant, contribuer à l’addiction. Et surtout, ne pas gêner l’image. Il doit être exempt de défauts majeurs. Quant à en faire un enjeu de la qualité et de l’intelligibilité…

« Lorsque les yeux sont charmés, l’oreille n’entend guère. »

Jean de LA FONTAINE


3. FABRICATION : DES STUDIOS AU SALON


La chaîne de fabrication, de transmission puis de reproduction du son à la télévision mérite d’être décryptée et critiquée sous l’angle des dégradations infligées à chaque étape. Avant d’entrer plus en détails dans les arcanes des productions télévisées, il nous paraît intéressant de commenter plus précisément l’état d’esprit des professionnels du son. Que ce soit pour les chaînes publiques ou privées, la mission est souvent placée sous le signe d’une certaine frustration. Ces professionnels, passionnés et sensibles, restent souvent perplexes et découragés quant au traitement final infligé au son. Cette réalité omniprésente dans les pensées, cette idée que les haut-parleurs des téléviseurs sont à ce point de qualité médiocre, fait qu’une attitude parfois minimaliste et désabusée plane sur toute la procédure de fabrication.

Explorons néanmoins les modes opératoires depuis la prise de son jusqu’à sa diffusion. Par esprit de système, nous avons décidé de retenir trois catégories d’émissions :


– les émissions d’information ;


– les émissions de divertissement ;


– les films cinéma adaptés pour la télévision. Enfin, un aparté sera réservé à la publicité.


3.1. Émissions d’information


Le son des émissions d’information reste particulier en ce sens qu’une priorité est donnée à la parole. Encore faut-il distinguer le son de plateau et les reportages en extérieur.


3.1.1. Prise de son en plateau


La prise de son en plateau est simple : un microphone type cravate (figure 8.1) ou un micro de table de qualité. Les conditions sont très favorables en termes de rapport signal sur bruit et d’acoustique. Les studios de télévision, même s’ils ne sont pas tous traités dans les règles de l’acoustique architecturale, sont néanmoins exempts de défauts majeurs. Il en résulte, pour la voix du présentateur rompu à la pratique de l’exercice, captée dans ces conditions correctes, un son mat, clair et distinct. Les traitements sont en théorie minimalistes. Une compression peut éventuellement être insérée pour contraindre le signal à rester sagement entre deux bornes de niveaux. Le mixage est évidemment sommaire : la voix est placée au centre, avec peu ou pas de réverbération artificielle. Le contraste perceptif peut malheureusement être saisissant lors de l’insertion de reportages effectués à l’extérieur.








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Figure 8.1
Utilisation d’un micro type « cravate ».



3.1.2. Conditions de tournage


Les conditions de tournage en extérieur sont extrêmement variables et expliquent les fortes fluctuations qualitatives du son. Au-delà de la situation spécifique du lieu de tournage, tant géographique qu’événementielle, la mise en place humaine de l’équipe de tournage joue un rôle déterminant dans sa capacité à aboutir à un bon résultat. La composition de l’équipe varie d’un unique journaliste endossant également le rôle de caméraman et de preneur de son (figure 8.2), en passant par le tandem journaliste et caméraman-preneur de son, jusqu’à la formation « luxueuse » d’un journaliste accompagné d’un caméraman et d’un preneur de son.








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Figure 8.2
Prise de son directe sur caméra.


En l’absence de preneur de son, le journaliste peut revêtir un micro-cravate, ou alors le son est capté par un micro très directionnel fixé directement sur la caméra. C’est souvent la solution retenue lorsque le journaliste est seul. On peut noter, en l’absence d’un preneur de son, une inutilisation quasi systématique du casque pour contrôler la qualité du son. Il est vrai que beaucoup d’autres tâches sont à effectuer. C’est à cet instant que les revendications pour systématiser la présence d’un preneur de son, les contraintes budgétaires et les aspects qualitatifs du son se rejoignent.

In fine, qu’apporte, en principe, la présence d’un preneur de son ? Une préoccupation centrée sur le son. Les conditions de tournage (manifestations, situations d’urgence, etc.) peuvent rendre le travail de prise de son difficile. On peut distinguer les difficultés liées à l’événement (présence d’une foule nombreuse, bruits de moteur, etc.) et celles liées à l’acoustique du lieu de tournage. Les problèmes d’acoustique des salles ne valent pas uniquement pour la restitution (acoustique d’une salle de séjour par exemple), mais aussi pour la prise de son. Si aucun soin n’est pris à la gestion du rapport champ direct/champ réverbéré, un « halo » de résonance va entourer le son, même s’il s’agit d’une voix seule. Ce cas de figure est fréquent en l’absence de preneur de son, lorsque le micro est trop loin de l’interlocuteur et qu’aucun contrôle n’a été effectué. Le téléspectateur, à l’autre extrémité de la chaîne, aura beau jeu d’augmenter le niveau de son téléviseur, il ne fera qu’accroître la résonance de sa propre salle !

Le preneur de son, casque sur les oreilles, peut à chaque instant s’assurer du meilleur niveau de qualité possible. Il travaille soit avec un micro-cravate fixé sur le journaliste, soit avec un micro directionnel (ou un couple stéréophonique !) monté sur une perche. La constitution de ces équipes de tournage dépend également de la finalité éditoriale du reportage : format court, long (plus de quarante minutes), édition locale, régionale, nationale ? La question soulevée en tant que revendication par de nombreux ingénieurs du son est celle de la captation stéréophonique des ambiances. Ce mode de prise de son est plutôt réservé aux formats longs de reportage. Les dirigeants de chaîne ne sont guère conscients, par exemple lors d’une manifestation de rue, de l’intérêt d’une prise de son stéréophonique dans le cas d’un reportage court. Pourtant, l’émergence de la voix du journaliste ou du commentaire est sensiblement meilleure lorsque le bruit d’ambiance est décorrélé, ce qui est bien sûr le cas d’une prise de son stéréophonique.

La prise de son de reportage reste un art tiraillé entre des contraintes diverses et variées. La finalité reste encore une certaine intelligibilité du message, ceci devant être évidemment pondéré selon la politique de chaque chaîne ; une politique générale de chaîne dont l’impact est plus prégnant encore dans certaines émissions de divertissement. La finalité est ici clairement annoncée dans sa définition : le spectacle avant tout !

Aug 15, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 8. Télévision et Correction Auditive

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