8: L’individu

Chapitre 8 L’individu




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Explications de textes



Entraînement à la compréhension d’un texte





L’enfant, pilier d’affirmation pour l’adulte




Q1. Quel impact les mutations de la famille ont-elles sur les rapports enfants-adultes ?


De nouveaux modèles se sont mis en place : monoparentalité, duos monoparentaux1, suite au changement de la condition féminine et au réajustement de la condition masculine. Mais, quel que soit le type d’union, on assiste à des transformations relatives à l’affirmation de l’identité, et l’adulte sollicite l’enfant pour s’étayer. Dans notre société encore inégalitaire, la femme, surresponsabilisée, trouve ainsi en l’enfant une sorte de partenaire, et a souvent tendance à confondre sa propre expression avec celle de l’enfant. La notion d’autorité parentale s’étant substituée à celle de puissance paternelle, puis la coparentalité ayant été reconnue, l’homme, de son côté, doit être plus vigilant pour exercer sa paternité, devenue plus relationnelle qu’institutionnelle. Cela le pousse à construire son lien avec l’enfant et à avoir une conscience paternelle. Et pour cela, il n’a pas de modèle.


Q2. Quels sont les dangers de cette nouvelle donne ?


Ces mutations, ces transitions se font un peu sur le dos de l’enfant. On s’appuie sur lui comme sur un adulte. On lui fait partager des choses qui ne sont pas de son âge, au risque de diminuer sa vitalité. Autrefois, des groupes d’enfants créaient du jeu, du rire, de l’émotion, sans les adultes. Moins individualisés, les enfants étaient mieux insérés dans la communauté : par le village, les tâches collectives, l’apprentissage, etc.


Q3. L’école ne permet-elle pas à l’enfant d’être intégré dans la vie sociale ?


L’enfant n’y est pas encore considéré comme un sujet : c’est un écolier parmi d’autres. Sa socialisation passe par là, mais il existe un réel décalage avec l’importance que revêt actuellement l’identité. Le système « communautaire », réduit à l’école, ne permet pas l’épanouissement du jeune. On ne lui donne pas les moyens de développer sa personnalité, sa sensibilité, son imagination. Il n’a pas le temps de lire, de rêver. Il n’a pas vraiment droit à l’expression. On le transforme en écolier susceptible de performance. ou d’échec. Autrefois, la notion d’individualité n’existait pas, et l’enfant était garant de l’avenir de l’adulte. Il y avait, de fait, une solidarité intergénérationnelle. Et, puisque l’enfant était chargé en grandissant de maintenir la tradition, il avait sa place dans la société.


Q4. On n’attendrait donc rien de lui ?


En fait, on a à l’égard de l’enfant des attentes gigantesques et mal définies. Les parents veulent que cet enfant du choix soit source de bonheur, de leur bonheur. Du coup, il n’a pas le droit d’être malheureux. Ni de décevoir. Les adultes souhaitent que leurs enfants fassent mieux qu’eux, qu’ils leur apportent une réparation. Jadis, c’était une survie, et on leur transmettait la manière de l’assurer. Cela ne permettait pas l’affirmation des personnalités mais au moins, tout était cadré, et l’enfant avait une vraie place. Aujourd’hui, l’enfant n’existe qu’en tant que projection de l’ombre parentale, donc de quelque chose d’individuel.


Interview de Christine Castelain-Meunier 1.







Entraînement à l’ensemble de l’épreuve de français





De nouveaux liens familiaux


Régulièrement accusée au xxe siècle d’être une institution répressive pour ses membres et promise à la disparition, la famille a su, ces dernières décennies, s’adapter en Occident pour répondre aux aspirations nouvelles des individus. Au point de devenir un cadre privilégié de solidarité interpersonnelle et de réalisation de soi. […]


Aujourd’hui, étant donné l’importance des séparations et des divorces, provoqués par le primat de l’amour sur l’institution, les couples sont plus fragiles. Les familles recomposées, les familles monoparentales, les familles c Ces bouleversements trahissent l’importance d’une plus grande attention accordée au développement personnel des membres du groupe domestique. La famille a moins pour objectif de produire des êtres obéissants, soumis à la hiérarchie familiale et sociale. Elle crée une ambiance au sein de laquelle les petits et les grands se sentent reconnus d’abord comme « personnes » originales. Et ainsi elle est devenue un espace de référence pour la construction de l’identité intime. […] oncubines coexistent désormais avec les familles de premier mariage.


Une nouvelle famille est née, davantage centrée sur les individus et sur la qualité des relations interpersonnelles. C’est pour cette raison que nous la nommons « famille relationnelle et individualiste ». Ainsi changée, depuis le milieu des années 1980, la famille est redevenue attractive puisqu’un de ses principes fondateurs est le respect aussi bien des petits que des grands, aussi bien des femmes que des hommes. Une certaine égalité de traitement caractérise désormais le groupe familial, ce qui est une nouveauté historique.


François de Singly, Professeur à la Sorbonne, Directeur du Centre de recherche sur les liens sociaux


(CNRS-Université de Paris V).





May 16, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 8: L’individu

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