8. Les grands problèmes de société


Les grands problèmes de société



CE QU’IL FAUT SAVOIR



Précarité et exclusion, ou la question des grandes pauvretés



Quelques définitions


Quart-monde. Ensemble des populations les plus pauvres vivant dans les pays riches ou « avancés ».


Pauvreté. Selon l’Insee, « un individu est considéré comme pauvre lorsqu’il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté ». Le seuil de pauvreté est déterminé par rapport au niveau de vie de l’ensemble de la population. Il est fixé à 50 % du niveau de vie médian, autrement dit « celui pour lequel la moitié des personnes ou des ménages gagnent moins ».


Exclusion sociale. Selon Xavier Emmanuelli, il s’agit de « la perte de la surface d’échange ». L’exclu est celui qui ne peut plus s’inscrire dans les réseaux (affectifs, économiques, culturels, sociaux…) et qui se replie sur lui-même. À la différence de la marginalité, qui s’inscrit dans un choix de vie (anticonformisme), l’exclusion est une mise à l’écart, un rejet sur des critères sociaux.


Quelques chiffres


3,6 millions. C’est le nombre de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté selon les calculs de l’Insee. Certaines associations, qui critiquent le calcul restrictif des statisticiens, parlent de 7 millions de pauvres, dont 2 millions de travailleurs.


1,5 million. Ce chiffre correspond au nombre de personnes qui, en janvier 2013, bénéficiaient du revenu de solidarité active (RSA). Parmi elles, elles sont 600 000 à bénéficier du RSA activité (possibilité de cumul de la prestation avec un emploi).


45 ans. Il s’agit de l’âge moyen auquel on meurt dans la rue.


23 %. C’est le pourcentage de pauvres parmi les non-diplômés. Il s’élève à 5 % chez les titulaires d’un baccalauréat ou d’un diplôme supérieur.


100 000 personnes. C’est, selon la fondation Abbé Pierre, le nombre de personnes qui vivent à l’année en camping ou mobile home. Plus généralement, 3,3 millions d’individus étaient mal (voire très mal) logés en 2012.


30 %. Il s’agit du pourcentage des sans domicile fixe ayant un emploi.


9 %. Ce chiffre correspond aux personnes qui ont été scolarisées en France mais qui vivent en situation d’illettrisme. Ce chiffre s’élève à 18 % dans les zones urbaines sensibles.



image Introduction


La grande pauvreté constitue une problématique complexe à gérer : elle n’est plus seulement liée au dénuement et à la pénurie, mais elle pousse vers la désocialisation, l’exclusion et affecte l’individu dans son être profond, intime. Toute la difficulté, pour les associations, les travailleurs sociaux et autres dispositifs d’assistance, consiste à prendre en charge ces publics brisés, affectés dans l’estime d’eux-mêmes et incapables de se réinscrire, avant longtemps, dans un vrai projet de vie.


La pauvreté reste une question essentielle dans les pays avancés. Plutôt que de pauvreté, il faudrait sûrement plus parler, en l’occurrence, de « misère » : la notion rendrait mieux compte du degré extrême de dénuement voire d’indigence dans lequel semblent cantonnés les exclus dans la société française d’aujourd’hui. C’est à partir des années 1980 et 1990 que de nouvelles formes de pauvreté sont apparues. Aux « clochards » quelque peu déviants des Trente Glorieuses (1946–1976), ont succédé les sans domicile fixe (SDF) et les exclus. La fracture sociale a condamné des franges toujours plus importantes de la population. La crise qui secoue les nations dites « avancées » depuis 2008 précarise encore un peu plus ces populations déjà fragilisées.



image Différentes formes d’exclusion



image Exclusion de la consommation

Dans une société fondée sur le culte de la consommation, le fait de ne pas participer aux frénésies d’achats confine à la ségrégation. Les sollicitations sont tellement nombreuses et obscènes (publicités, hypermarchés, vitrines des grands magasins…) que les plus démunis vivent leur manque de pouvoir d’achat comme une immense frustration.



image Exclusion du logement

Le nombre de sans-abri en France ne cesse d’augmenter, tout comme celui des locataires habitant un logement précaire, c’est-à-dire insalubre, hors normes. La pénurie de logements sociaux oblige les familles socialement fragiles (souvent des immigrés et des sans-papiers) à accepter les taudis que des « marchands de sommeil » peu scrupuleux leur proposent.



image Exclusion du travail

Les métiers qui recrutent se répartissent en deux catégories : ceux qui ne réclament aucune compétence dans les services (travail précaire dans la restauration rapide, par exemple) et ceux qui demandent toujours plus de qualifications et de diplômes. Les premiers ne permettent pas de sortir de la pauvreté ; les seconds sont réservés aux catégories sociales qui ont pu faire des études.




image Exclusion de l’éducation

Bien qu’obligatoire et gratuit, le système éducatif est resté inégalitaire. L’ascenseur social que devait constituer l’école est en panne, car le système scolaire reproduit les inégalités au lieu de les combler. Malgré un taux de scolarisation proche de 100 % en France, l’illettrisme continue à toucher les classes.



image Causes de l’exclusion sociale



image Évolution du travail et crise économique

La robotisation ou mécanisation de l’outil de production a détruit des emplois (non qualifiés) tout en créant de l’activité de pointe (il faut concevoir et programmer les machines) et des gains de productivité. Cette mutation a modifié la structure des emplois et condamné les moins qualifiés à se former.


La mondialisation, autrement dit l’évolution de la société vers la globalisation des échanges, a aussi joué un rôle dans cette mutation. Le marché s’est ouvert à l’échange international, créant un phénomène de concurrence et de dérégulation : la libéralisation des échanges s’est soldée par une disparition progressive des règles qui jusque-là organisaient le marché mondial (tarif douanier, droit du travail, délocalisation…). La mondialisation a créé des richesses en favorisant le commerce. Mais elle a aussi détruit des emplois.




image Facteurs individuels

Des trajectoires personnelles fragilisées que renforce souvent un environnement social ou familial peu solidaire peuvent conduire à l’exclusion : l’alcoolisme, un divorce, une longue maladie, des problèmes affectifs ou filiaux (par exemple, une rupture amoureuse). Bien sûr, ces phénomènes ne sont pas nouveaux. Ce qui a changé, ce sont les liens sociaux (famille, communauté…), désormais moins à même, du moins dans certains milieux, d’aider les plus démunis à amortir leurs difficultés.



image Prise en charge de l’exclusion sociale



image Prises en charge institutionnelles

Elles concernent la manière dont les pouvoirs publics décident de prendre en charge l’aide sociale. Les plans d’aide ou les dispositifs sont nombreux et en continuelle évolution : revenu de solidarité active, minima sociaux (minimum vieillesse, allocation veuvage, allocation parent isolé, minimum invalidité), aide alimentaire, aide au surendettement, aide au logement, aide à la formation, aide à l’emploi, dispositifs d’urgence (Samu social, centre d’hébergement et réinsertion sociale…).


Malgré toutes ces aides, l’exclusion ne cesse de progresser dans notre pays. Sont-elles insuffisantes ? trop complexes ? inadaptées ? mal organisées ? Les avis divergent. Certains (politiquement plutôt à droite) voient dans cette assistance une forme d’assistanat qui cantonne l’exclu dans sa condition et ne l’incite pas à reprendre un travail. Les personnes issues des classes moyennes critiquent également un système qui permet à ceux qui ne travaillent pas de disposer de revenus équivalents (grâce à la CMU, au RSA, aux aides au logement, etc.) à ceux des salariés smicards. D’autres (plutôt à gauche) ont une analyse différente : ils estiment qu’il serait inhumain de laisser se dégrader la situation des plus miséreux au nom de l’efficience économique. Selon eux, si les exclus ne travaillent pas, ce n’est pas pour profiter du système mais parce qu’il n’y a pas suffisamment d’activité économique pour leur fournir un emploi ou parce qu’ils sont trop « détruits » pour en assumer un.



image Prises en charge non gouvernementales

Les aides non gouvernementales prennent, pour la plupart, la forme d’associations humanitaires ou caritatives. Ce sont des structures religieuses (Armée du salut, société de Saint-Vincent-de-Paul, Secours catholique, Chiffonniers d’Emmaüs, ATD quart-monde) ou laïques (Secours populaire, Restos du cœur, Médecins sans frontières, Médecins du monde) dont la finalité reste de porter secours aux plus démunis en leur apportant les soins, la nourriture, les biens, le logement dont ils pourraient avoir besoin. Ces structures fonctionnent sur le « bon cœur », le dévouement des adhérents. Certaines se sont professionnalisées au point de devenir les partenaires incontournables de l’aide sociale publique.


À ce propos, les plus critiques estiment que c’est une manière pour l’institution d’échapper à ses responsabilités en déléguant à de bonnes volontés (bénévoles) une prise en charge qui revient normalement aux pouvoirs publics. Des associations comme le DAL (Droit au logement) ou Les Enfants de Don Quichotte n’hésitent pas à organiser des opérations « coups de poing » pour alerter l’opinion sur le sort des sans-abri.



Violences et insécurités



Quelques définitions


Violence. Acte ayant des conséquences physiques ou morales sur une personne ou sur des biens.


Insécurité. Sentiment de danger que peut ressentir un individu ou une société.


Infraction. Terme qui regroupe l’ensemble des crimes, délits et contravention. C’est donc l’exécution d’un acte puni par la loi.


Contravention. Infraction relevant du tribunal de police, sanctionnée par une amende maximale de 3000 euros.


Délit. Infraction relevant du tribunal correctionnel, punie d’une peine d’emprisonnement maximale de dix ans.


Crime. Infraction relevant de la cour d’assises, punie d’une peine de réclusion criminelle maximale de perpétuité.


Délinquance. Ensemble des infractions commises.


Quelques chiffres


67 161 personnes étaient en prison en avril 2012, alors que les prisons ne sont prévues que pour accueillir 50 000 personnes.


70 % des procédures engagées n’aboutissent pas, car le coupable n’est pas identifié.


8 mois. Durée moyenne des peines d’enfermement. Il y a seulement 25 ans, elles se situaient autour de 4,5 mois.


675. C’est le nombre d’homicides, en France, en 2010. Ce chiffre reste le plus bas jamais enregistré depuis l’apparition des statistiques.


9 millions. Estimation (par projection) produite par l’Observatoire national de la délinquance du nombre réel d’atteintes aux biens (dégradations, vandalisme, vols…) commises en 2005. Seulement 2 millions ont fait l’objet d’un dépôt de plainte.


0,7 %. Pourcentage de détenus dans la population américaine, soit un Américain sur 130 environ… La France compte, quant à elle, environ 67 000 détenus. À proportions égales, on dénombre huit fois plus de prisonniers aux États-Unis qu’en France…


1 sur 4. Taux de récidive, en France, des auteurs de violence sexuelle.



image Introduction


Les termes « insécurité » et « violence » sont utilisés couramment, tant par les médias que par les pouvoirs politiques, sans qu’on ne sache plus très bien ce qu’ils recouvrent. Ce climat ambiant amène le citoyen à adhérer à une politique sécuritaire puisqu’il a le sentiment que l’insécurité progresse, que la violence est partout et donc que la société est en déliquescence. Mais les chiffres soutiennent-ils ces déclarations ?


Le droit à la sécurité est devenu primordial dans l’espace public et privé. Les sondages montrent que c’est une des préoccupations principales des Français. Les pouvoirs publics doivent donc se préoccuper des phénomènes de violence pour maintenir un sentiment de sécurité chez les citoyens. Pour cela, la lutte contre la délinquance s’accroît et le recours à l’incarcération se développe.



image Délinquance et criminalité




image Facteurs de la délinquance

La délinquance trouve son origine dans de multiples causes : certaines sont d’ordre psychologique, d’autres d’ordre social. Prise isolément, aucune ne suffit à expliquer pourquoi certaines personnes vont passer à l’acte, alors que d’autres ne transgresseront pas les règles.



image Les difficultés sociales : les plus démunis sont les premières victimes de l’insécurité physique qui sévit dans les quartiers pauvres, mais ils en sont aussi souvent les auteurs. Le chômage et la précarité créent la convoitise, attisent la frustration et accroissent les tentations du marché parallèle. Les violences sont donc davantage présentes dans les milieux défavorisés. Néanmoins, les milieux plus aisés sont régulièrement poursuivis pour d’autres types d’infractions : détournement de fonds, corruption…


image Les carences affectives ou éducatives.


image Les troubles mentaux : beaucoup de délinquants sont reconnus responsables de leurs actes mais souffrent de problèmes psychologiques et de dépendances multiples.


image La crise des valeurs de solidarité et d’entraide : on ne compte plus les agressions qui se déroulent dans les transports en commun aux heures de pointe sans qu’un seul passager n’ose s’interposer ou les maisons cambriolées en pleine journée sous les yeux des voisins.


image La banalisation de la violence : le libre accès à Internet, aux jeux vidéo, à la pornographie banalise les scènes de violence et trouble les jeunes dans leur construction de normes et de valeurs.


image L’influence négative du groupe : beaucoup de passages à l’acte se font en groupe organisé. La bande donne aux individus qui la composent un sentiment de puissance qu’ils ne ressentiraient pas en restant isolés.

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May 13, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 8. Les grands problèmes de société

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