8: La fonction endocrine

Chapitre 8


La fonction endocrine10





SAVOIRS


L’endocrinologie est la science qui étudie les glandes endocrines, leurs sécrétions (hormones), ainsi que leurs pathologies. Les glandes endocrines sont des structures glandulaires dépourvues de canaux excréteurs, dont la fonction est de sécréter une ou plusieurs substances appelées hormones.



Les hormones



image Le rôle des hormones


Les hormones sont des substances chimiques messagères de l’organisme sécrétées par les glandes endocrines (hypophyse, surrénales…) ou par des cellules endocrines disséminées diversement dans l’organisme (système nerveux central, thyroïde, thymus, oreillette, rein, foie). Elles sont déversées directement dans la circulation sanguine pour agir sur des organes dont elles règlent le fonctionnement physiologique.


Ainsi, les hormones permettent, en collaboration avec le système nerveux, le contrôle de la nutrition, du métabolisme, de l’homéostasie (équilibre du milieu intérieur), de la croissance et de la reproduction, du comportement, de la température, de la circulation sous le contrôle central de l’hypothalamus, lui-même influencé par le cerveau.


Elles exercent leur action en interagissant sur des cellules cibles ou récepteurs.


Une hormone peut agir sur différents récepteurs, et produire différents effets. La liaison hormone-récepteur est à haute affinité, expliquant que de faibles concentrations d’hormones sont suffisantes pour transmettre le message. Les récepteurs sont situés diversement selon l’hormone considérée. Il existe des récepteurs dans la membrane cytoplasmique des cellules cibles (cas des hormones de la médullosurrénale qui donnent naissance, après fixation au récepteur, à un second messager, lequel déclenche les mécanismes liés à l’action hormonale), et des récepteurs situés soit au niveau du cytoplasme (cas des hormones stéroïdes), soit au niveau du noyau (cas des hormones thyroïdiennes) de la cellule cible.


Les hormones sont de nature :



Le stockage et la libération des hormones sont différents selon l’hormone considérée.



image La régulation de la sécrétion hormonale


Les hormones sont libérées selon les besoins de l’organisme. Il existe différents mécanismes de contrôle de la sécrétion hormonale afin d’être toujours à des valeurs physiologiques et de pouvoir surtout s’adapter aux besoins.




image L’autorégulation

L’hormone elle-même assure un rétrocontrôle (feedback) sur sa propre sécrétion.


Ce mécanisme régulateur concerne l’axe hypothalamo-hypophysaire qui assure ainsi le contrôle de nombreuses sécrétions hormonales :



Ainsi, l’hypophyse sécrète des hormones à tropisme glandulaire qui stimulent la sécrétion hormonale périphérique. Lorsque la concentration sanguine de ces hormones varie, l’hypophyse réagit en modifiant sa sécrétion d’hormone à tropisme glandulaire en sens inverse afin de maintenir stable le taux sanguin des hormones. La sécrétion hypophysaire est elle-même sous le contrôle de l’hypothalamus qui sécrète des « releasing factor » ou des « inhibiting factor ».




Les glandes endocrines



image Les surrénales



image Anatomie des surrénales

Les surrénales comportent deux parties : une partie externe, la corticosurrénale et une partie interne, la médullosurrénale. Elles coiffent les pôles des reins, et sont donc rétro-péritonéales. Aplaties en forme d’amande, elles mesurent environ 4 cm de long, 3 cm de large, 1 cm d’épaisseur et pèsent environ 8 g chacune.


Elles sont situées au niveau de D12 et présentent chacune des rapports différents :



Elles sont vascularisées par des branches de l’aorte et des artères phréniques et rénales ; les veines se drainent directement dans la veine cave inférieure pour la surrénale droite et dans la veine rénale gauche pour la surrénale gauche via la veine surrénalienne centrale. Le drainage lymphatique est riche ; il s’effectue vers les ganglions hépatiques et aortiques à droite, et dans les ganglions intrathoraciques à gauche. L’innervation est très importante et forme les plexus surrénaliens.



image Les hormones surrénaliennes


Les hormones de la corticosurrénale

La corticosurrénale est la partie située en périphérie qui comporte trois couches distinctes histologiquement et fonctionnellement :



L’ensemble des hormones sécrétées par la corticosurrénale s’appelle les corticoïdes ou corticostéroïdes. Elles ont en commun leur noyau dérivé du cholestérol : le noyau stéroïdien.


Les minéralo-corticoïdes


L’hormone essentielle de ce groupe est l’aldostérone. La majeure partie de l’aldostérone est libre, une faible fraction étant liée à la transcortine et à l’albumine. Sa dégradation est essentiellement hépatique, mais une faible partie est éliminée dans les urines après conjugaison avec l’acide glucuronique.


L’aldostérone a un rôle de régulation de l’équilibre de l’eau. Elle agit en augmentant la réabsorption (active) de sodium et (passive) d’eau, contre la sécrétion de potassium et d’ions H+ au niveau du tube contourné distal et du tube collecteur. De ce fait, elle est un élément important de la régulation de la volémie, de la tension artérielle et de l’équilibre acido-basique.


La régulation de la sécrétion d’aldostérone se fait surtout par l’intermédiaire du système rénine-angiotensine. Lorsqu’il y a une baisse de la pression artérielle ou de la volémie ou une perte de sodium, il se produit une augmentation de la sécrétion de rénine par l’appareil juxtaglomérulaire du rein, qui permet la transformation de l’angiotensinogène en angiotensine I qui se transforme à son tour en angiotensine II grâce à l’enzyme de conversion. L’angiotensine II entraîne l’augmentation de la sécrétion de l’aldostérone.


Les glucocorticoïdes


L’hormone essentielle est le cortisol ou hydrocortisol. Elle est transportée dans le sang sous forme liée à une protéine : la transcortine à 90 % ou Corticostéroïd binding globuline (CBG) et est en majorité détruite par le foie.


Les récepteurs du cortisol se retrouvent pratiquement dans tous les organes, expliquant son caractère indispensable à la vie et ses effets variés :



image action hyperglycémiante qui favorise la néoglycogenèse (fabrication de glucides à partir des protéines). Ce qui se traduit en cas d’excès de cortisol (traitement substitutif ou anomalie de sécrétion), par une fonte musculaire, l’apparition de vergetures et d’une ostéoporose ;


image action sur le métabolisme des lipides en inhibant la lipogenèse et en modifiant la répartition des graisses (redistribution facio-tronculaire) ;


image action sur le métabolisme des glucides en entraînant une résistance à l’insuline, ce qui peut en cas d’excès donner naissance à un diabète stéroïdien ;


image action sur le système lymphoïde en inhibant la production d’anticorps et de lymphocytes ;


image action anti-inflammatoire (à forte dose) et anti-allergique en inhibant la synthèse des lymphokines et la libération d’histamine ;


image action minéralocorticoïde (à forte dose) en ralentissant l’excrétion d’eau, en diminuant l’excrétion de sodium (à forte dose), et en entraînant une fuite potassique ;


image action sur la sécrétion digestive en diminuant les sécrétions d’acide chlorhydrique et de pepsine (risque d’ulcère en cas d’excès) ;


image action sur le système nerveux central en entraînant une euphorie et des variations psychiques à type d’hyperexcitabilité.


La régulation du cortisol est sous la dépendance de l’hormone hypophysaire : Adréno-Cortico-Trophin Hormone (ACTH), elle-même sous la dépendance d’un facteur hypothalamique la Cortitropin Releasing Hormone (CRH).


L’ACTH entraîne la sécrétion de cortisol et d’androgènes par les surrénales. Le contrôle s’effectue par le cortisol qui agit sur l’hypothalamus en inhibant la sécrétion de CRH. Le taux de cortisol sanguin freine donc sa propre sécrétion : le rétrocontrôle est dit négatif. Ce rétrocontrôle n’existe pas pour les androgènes.


La sécrétion de CRH, et par conséquent d’ACTH et de cortisol, suit un rythme nycthéméral : maximal à 8 heures et minimal entre 22 heures et 2 heures.


Les androgènes surrénaliens


Ils sont représentés par la déhydro-épi-androstérone, et la delta 4 androstène-dione qui donnent naissance à la testostérone. Ils sont liés à une protéine spécifique la Sex Binding Protein (SBP), et sont principalement dégradés au niveau du foie. Mais ces hormones surrénaliennes ont un rôle infime par rapport à la testostérone d’origine testiculaire. Elles ne sont actives que lorsqu’il existe une sécrétion anormale des hormones corticosurrénaliennes en favorisant un hirsutisme. Leur sécrétion est sous la dépendance de l’ACTH, mais sans rétrocontrôle négatif.



Les hormones de la smédullosurrénale

La médullosurrénale est un tissu neuroendocrine constitué de cellules dites chromaffines qui sécrètent deux hormones l’adrénaline et la noradrénaline (catécholamines endogènes). La sécrétion d’adrénaline représente 90 %, celle de la noradrénaline 10 %. Une faible quantité de dopamine est aussi produite. Leur synthèse est réalisée à partir de la phénylalanine (acide aminé essentiel). Leur transport se fait sous forme libre ou sous forme liée aux protéines. Après avoir exercé leur action, les catécholamines sont soit réutilisées par les terminaisons nerveuses sympathiques soit dégradés en Acide Vanyl Mandélique (VMA) éliminé dans les urines.


L’action des catécholamines s’effectue après liaison avec des récepteurs spécifiques situés sur les membranes plasmiques des tissus cibles. Ils sont de deux types, alpha et bêta, subdivisés en α1 et 2, β1 et 2.


On considère que l’adrénaline est à la fois alpha et bêta stimulant, alors que la noradrénaline possède une action alpha prédominante. Ceci explique que l’effet principal de la noradrénaline est une vasoconstriction des artères (pourvues de récepteurs alpha), mais qu’elle possède peu d’action sur le cœur.


D’autre part, l’adrénaline est plus puissante que la noradrénaline, ayant une plus grande affinité pour les récepteurs, particulièrement au niveau des récepteurs β2 (l’ensemble des effets des catécholamines a été décrit dans le chapitre 4, « La fonction neurologique »).


Concernant la dopamine, son rôle physiologique dans la circulation est mal connu : elle produit une vasodilatation rénale (probablement via les récepteurs dopaminergiques) et mésentérique, une vasoconstriction artérielle, et elle exerce une action inotrope positive cardiaque via les récepteurs bêta.


La régulation de la sécrétion de la médullosurrénale est permanente mais faible. Le principal stimulus pour la libération de catécholamines est l’activation des fibres orthosympathiques préganglionnaires, véhiculées par le nerf splanchnique, sous la dépendance de l’hypothalamus, lors de situation de stress physique ou psychologique : le stress, le changement de posture ou de température, l’hypoxie, l’hypoglycémie, l’hypovolémie, la douleur, l’effort physique.




image Le spancréas



image Anatomie

Le pancréas est un organe profond. Il mesure 15 à 20 cm de long, est aplati d’avant en arrière et pèse 80 g environ. Il est situé en avant des gros vaisseaux (aorte et veine porte), en regard des première et deuxième vertèbres lombaires.


Il est formé de quatre parties :



image la tête, qui se trouve à la partie droite de la ligne médiane, est inscrite dans le cadre duodénal, dont elle est indissociable (on parle de bloc duodéno-pancréatique). C’est à ce niveau que se déverse sa sécrétion exocrine par le canal de Wirsung et par le canal de Santorini. Elle est traversée par le canal du cholédoque. Ces trois canaux débouchent dans l’ampoule hépato-pancréatique qui s’ouvre dans la deuxième partie du duodénum ;


image le col ou isthme relie la tête au corps. Il est en contact avec le bulbe duodénal en avant et en haut, avec les vaisseaux mésentériques supérieurs en bas et en arrière ;


image le corps, allongé transversalement, est situé en arrière de l’estomac, au-dessus du rein et de la surrénale gauche, ainsi que des plexus colique et solaire. Il est longé par l’artère splénique ;


image la queue est située à gauche de la ligne médiane, dans la région du hile de la rate.


Le pancréas est une glande mixte qui comprend :



image une partie exocrine, qui sécrète les sucs pancréatiques de la digestion déversés dans le canal de Wirsung et de Santorini ;


image une partie endocrine, qui joue un rôle important dans la régulation de la glycémie. La partie endocrine est constituée des îlots de Langerhans (amas de cellules rondes endocrines de différents types sécrétant chacune un type hormonal différent). Ces îlots sont disséminés dans le pancréas avec une plus forte concentration au niveau de la queue. Ils représentent environ 2 % du volume du pancréas alors que la partie exocrine en représente 80 %. Ils sont richement vascularisés et déversent directement leurs sécrétions dans la circulation sanguine, au niveau de la veine porte. On différencie les cellules A ou alpha (20 % des cellules des îlots), qui sécrètent le glucagon, les cellules B ou bêta (65 % des cellules), qui sécrètent l’insuline, les cellules D, qui sécrètent la somatostatine (également sécrétée par l’hypothalamus, le système nerveux central et le tractus digestif), et les cellules F ou PP, qui sécrètent le polypeptide pancréatique humain dont le rôle n’est pas encore défini.

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May 12, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 8: La fonction endocrine

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