8: Échocardiographie de contraste myocardique (ECM)

Chapitre 8 Échocardiographie de contraste myocardique (ECM)



Introduction


L’échographie de contraste myocardique (ECM) est une nouvelle technique d’exploration cardiaque permettant d’étudier la perfusion myocardique. Il s’agit d’une technique cliniquement validée, ayant permis de progresser dans la compréhension de la physiopathologie de la microcirculation coronaire.


Sur le plan historique, l’ECM remonte à 1968, époque à laquelle Gramiak et Shah introduisent le concept de l’amélioration par contraste (vert d’indocyanine) de la visualisation des structures myocardiques en échographie TM. Quarante ans plus tard, l’ECM atteint l’âge de la maturité et sa notoriété clinique. En effet, les problèmes rencontrés lors des décennies limitant son développement, sa pratique clinique et ses indications ont été finalement résolus. L’échographie de contraste a franchi désormais la phase expérimentale pour entrer de façon fiable en routine cardiologique. Initialement réalisée uniquement par injection intracoronaire d’un produit de contraste, à l’occasion d’une coronarographie, elle est actuellement pratiquée de façon non-invasive par voie intraveineuse, ce qui en a élargi nettement les applications cliniques. Une meilleure compréhension de la physique des ultrasons a conduit au développement à la fois de nouveaux produits de contraste, ainsi que de différents logiciels d’imagerie échographique.


Ces innovations technologiques ont amené l’ECM aux prémices de ses applications cliniques validées ultérieurement en pratique cardiologique.



Méthodologie



Principes de l’ECM


Le principe de l’échocardiographie de contraste est fondé sur le rehaussement du signal rétrodiffusé par la création d’interfaces réfléchissantes entre sang et tissus grâce à des microbulles d’air ou de gaz. Les microbulles sont les tracteurs purement intravasculaires, d’une durée de vie courte, dont la taille est comparable à celle des hématies, ce qui permet leur passage jusqu’à la microcirculation myocardique. La réflextion des ultrasons sur ces microbulles (backscatter) augmente l’échogénicité du tissu myocardique qu’elles traversent, proportionnellement à leur rayon.


Les microbulles composées d’air ou de gaz peuvent être entourées d’une coque protéique (albumine), glucidique (galactose, saccharose), ou lipidique qui stabilise la bulle empêchant sa dissolution rapide (microbulles stabilisées).


Leur synthèse résulte :



La stabilité des bulles est une condition nécessaire pour produire un contraste suffisamment prolongé au niveau des tissus imagés.


La forme sphérique des microbulles augmente la reflection des ultrasons et améliore donc le contraste obtenu. Ainsi, avant injection des microbulles, le myocarde est peu échogène, après passage des microbulles dans les capillaires, il apparaît hyperdense (myocarde contrasté).




Agents de contraste intraveineux


Les agents de contraste utilisés initialement en échographie de contraste sont l’air, comme Levovist®, agent de première génération (suspension des microbulles d’air stabilisées par des microparticules de galactose) soit des flurocarbones, produits plus récents, plus lourds, moins diffusibles et donc de plus longue rémanence dans le sang.


L’agent de contraste intraveineux idéal réclame un certain nombre de critères :



En fait, le rehaussement échographique est obtenu par l’administration d’une substance ayant une densité significativement différente du tissu ou du sang et/ou une vitesse de propagation des ultrasons différente. Physiquement, les bulles sont beaucoup plus échogènes que les tissus, leur passage est donc très bien repérable par les ultrasons.


En pratique, on injecte le produit de contraste en bolus intraveineux ou en perfusion continue selon un protocole préalable. Classiquement, il existe trois types d’agents de contraste veineux répartis en trois générations (tableau 8.1). La réponse des bulles de contraste aux ultrasons dépend du type de l’agent utilisé et de la technique ultrasonore appliquée (figure 8.1).







Agents de contraste de la troisième génération


Les agents de troisième génération (SonoVue®, Nycomed®, Sonogen®, Sonovist®, Luminity®…) sont encore plus stables, de poids moléculaire plus élevé, et de réflectivité plus grande. Ils sont caractérisés par un degré plus important de rigidité obtenu par encapsulation. Chaque produit a ses caractéristiques pharmacologiques propres en termes de résonnance, de persistance, de distribution dans le myocarde, d’effet secondaire et de coût.


L’optimisation de la détection des microbulles est fondée sur leur capacité à vibrer et éventuellement à se détruire sous l’impulsion ultrasonore.


Plusieurs agents de contraste sont à l’heure actuelle sur le marché ou en voie de développement.


Le SonoVue® est un produit de contraste myocardique puissant mis à la disposition du corps médical par Bracco Imaging France. Il contient des microbulles d’hexafluorure de soufre (figure 8.2). La suspension de SonoVue® injectée en bolus par voie intraveineuse crée un contraste acoustique entre le sang et les tissus adjacents (figure 8.3)




La concentration de microparticules dans la suspension règle la quantité de bulles et détermine l’intensité de contraste.


Le SonoVue® traverse le lit capillaire pulmonaire et permet une opacification des cavités cardiaques. L’effet de contraste autorise une définition parfaite du relief endocardique du ventricule gauche au repos et au cours d’une épreuve de contraste. L’utilisation clinique pratique de SonoVue® exige le respect strict des indications, des contre-indications, de la posologie et du mode d’administration du produit ainsi qu’une surveillance particulière lors de l’examen (précautions d’emploi, effets indésirables, etc.).



Techniques d’imagerie de contraste


En échographie standard, l’opacification du myocarde par les microbulles injectées par voie intraveineuse est insuffisante pour permettre une analyse de la perfusion myocardique. Pour objectiver et optimiser la détection du contraste au sein du myocarde et la quantification des images obtenues, on dispose de quelques avancées technologiques appliquées lors de l’ECM (techniques de rehaussement) telles que :




Ce mode a révolutionné l’ECM permettant les premières observations de perfusion myocardique après injection intraveineuse ;



Cette technique utilisant une émission ultrasonore intermittente synchronisée à l’ECG permet de réduire l’exposition des microbulles à la destruction par les ultrasons. Ainsi, les microbulles de contraste sont moins détruites, leur quantité augmente et leur visualisation est optimisée. En conséquence, on obtient une opacification myocardique plus intense et plus longue ;




Ces différentes techniques d’imagerie disponibles lors de l’échographie de contraste ont un point commun, celui de visualiser en temps réel le rehaussement du « contraste » entre une région vasculaire et la région avoisinante. Elles permettent une amélioration spectaculaire du contraste intracavitaire et intramyocardique. La performance de ces techniques échographiques permettant d’améliorer le signal en provenance des microbulles dépend pour une grande part de propriétés des agents de contraste ultrasonore utilisés.


May 6, 2017 | Posted by in IMAGERIE MÉDICALE | Comments Off on 8: Échocardiographie de contraste myocardique (ECM)

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