Chapitre 8 Diagnostic ostéopathique
Anamnèse en ostéopathie
L’ancienneté des douleurs peut orienter le diagnostic vers un problème chronique de type dégénératif s’accompagnant de dysfonctions ostéopathiques locales. Une cervicalgie récente chez un sujet d’un âge avancé est suspecte. Les douleurs qui apparaissent après un effort pour soulever un objet lourd, celles qui augmentent à l’effort ou les douleurs nocturnes qui nécessitent l’emploi d’un bon oreiller, nous orientent vers un problème mécanique (pathognomonique d’un problème thoracique ou occipital).
Douleur osseuse
La douleur osseuse est précise, centrée sur la vertèbre concernée, sourde et continue. Elle augmente avec le mouvement, quel qu’il soit.
Douleur discale
La douleur discale est aiguë et disparaît totalement en position allongée. Elle augmente avec l’antéflexion et la rotation du tronc : il peut exister une attitude antalgique.
Douleur articulaire
La douleur se manifeste surtout au cours des mouvements de rotation et d’extension, qui mettent sous pression les facettes (la latéroflexion est associée à la rotation et augmente les forces mécaniques sur les facettes). L’amplitude des mouvements est très limitée, le patient ressent un « blocage ».
Douleur ligamentaire
La douleur d’origine ligamentaire n’apparaît pas immédiatement mais seulement lorsque le patient reste longtemps dans la même position (lire, écrire, etc.). Elle apparaît également à la fin de l’amplitude articulaire. La douleur est décrite comme une sensation de brûlure.
Chaque ligament a ses caractéristiques propres :
Douleur musculaire
La douleur se manifeste lors des mouvements au moment de la contraction musculaire : le mouvement indique le muscle lésé. Le mouvement opposé, qui étire le muscle, provoque un rebond dû au spasme musculaire.
Inspection
Examen statique
Il faut examiner la statique vertébrale globale ainsi que celle de la région thoracique de face et de profil : présence d’une scoliose, d’une cyphose, d’une épaule plus haute que l’autre ? Il est important de rechercher les zones planes au niveau du rachis thoracique qui sont les plus pathologiques.
Examen dynamique
Il faut examiner globalement les mouvements actifs du tronc sur le patient debout.
Les mouvements suivants doivent être examinés :
Lors des mouvements de latéroflexiondu tronc et du cou, il peut se produire un « écart » au niveau de l’harmonie de la ligne des vertèbres thoraciques qui indique la présence d’un déplacement en arrière (postériorité) du côté opposé (figures 8.1 et 8.2).
Palpation lors de dysfonctions somatiques vertébrales [1–5]
L’objectif de la palpation est de rechercher une différence au niveau de la région examinée :
La palpation met en évidence les dysfonctions majeures qui perturbent le métamère.
La position des apophyses transverses par rapport aux apophyses épineuses peut être :
Palpation des vertèbres thoraciques sur le patient assis
Le rachis cervical est au préalable placé en antéflexion pour mieux localiser les déplacements vertébraux postérieurs entre T4 et T1 (la flexion augmente l’asymétrie lors de dysfonctions majeures).
Cette position permet d’apprécier l’état de tension des muscles cervico-thoraciques :
Palpation du sujet en procubitus
Palpation du dermatome
On effectue un pincer-rouler pour déceler une cellulalgie cutanée réflexe. Une cellulalgie de la région médiodorsale et de la fosse sous-épineuse correspond, selon l’auteur, à une souffrance segmentaire du rachis cervical inférieur.
Le « point cervical du dos » (Maigne) reflète une souffrance du rachis cervical inférieur qu’elle soit discale ou articulaire postérieure, bénigne ou maligne. Il correspond à l’émergence de la branche postérieure de la racine nerveuse T2 (figures 8.4 et 8.5).
Palpation du myotome
La palpation s’effectue sur les muscles appartenant au même métamère que celui de la vertèbre douloureuse et du dermatome affecté. Il faut rechercher les cordons myalgiques (ces mêmes muscles engendreront une réponse pathologique lors des tests d’évaluation musculaire).
Palpation des dysfonctions costales [3–5]
Premières côtes
En cas de lésion de la première côte entraînant sa position haute ou postérieure, la palpation peut apporter diverses informations :
La côte ressort plus en arrière et de façon moins prononcée vers l’avant (figure 8.8). En cas de subluxation postérieure, la côte fait saillie en arrière et est enfoncée en avant. En cas de subluxation antérieure, la côte est enfoncée en arrière et fait saillie en avant.
Autres côtes
Torsion de côtes
Exemple : Si T4 présente une dysfonction non neutre selon la seconde loi de Fryette (ERS ou FRS droite), on trouve au niveau costal :
Subluxation postérieure de côte
À la palpation postérieure, la côte est saillante. À la palpation antérieure, la côte est enfoncée.
Dysfonctions costo-costales en « anse de seau »
La douleur est latérale au niveau de l’espace intercostal, avec fermeture de l’espace intercostal.
Tests biomécaniques [3–5]
Il faut examiner les différents éléments anatomiques pour confirmer le diagnostic et pouvoir choisir l’ensemble des techniques thérapeutiques appropriées. L’examen de la mobilité articulaire doit être simple. Il doit reposer sur la physiologie et la biomécanique et non pas seulement sur l’œil du thérapeute. Un examen diagnostique simple doit conduire à un acte thérapeutique simple. Il est anormal que le résultat d’un examen ostéopathique effectué par un thérapeute soit fondamentalement différent de celui effectué par un autre thérapeute sur le même patient. Lorsque c’est le cas, la seule interprétation possible est que les moyens d’investigation sont trop subjectifs.
Physiologiquement, lorsqu’une articulation se dirige vers le point limite de l’amplitude du mouvement, la résistance augmente ; si elle dépasse ce point, sa résistance augmente davantage : avant d’atteindre la limite constituée par la barrière anatomique d’une articulation saine, on atteint tout d’abord une barrière physiologique (barrière motrice) :