8 Blocs du membre supérieur
Bloc interscalénique
Ce bloc est utile pour l’anesthésie et l’analgésie de l’épaule (réduction de luxation), le bras, le coude, toutes les chirurgies de l’avant-bras et les amputations (figure 8.1).
Figure 8.1 Schéma anatomique du plexus brachial au niveau du cou et à la partie proximale du membre supérieur. Les médaillons montrent les positions relatives de l’artère et des nerfs au niveau supraclaviculaire, infraclaviculaire et axillaire telles qu’on les voit en échographie.
Technique avec repères
Le bloc interscalénique entraîne une anesthésie du plexus brachial et est très efficace pour l’épaule, le bras et le coude. Il est moins efficace pour l’anesthésie de la main du fait de l’émergence des racines C8 et T1 qui sont la plupart du temps non bloquées, et nécessitent de ce fait une approche plus distale du plexus brachial en supraclaviculaire, infraclaviculaire ou axillaire. Traditionnellement, le bloc interscalénique consiste en l’injection d’un grand volume d’anesthésique local entre les muscles scalène moyen et antérieur pour bloquer le plexus brachial. Ce bloc peut être effectué au niveau du cartilage cricoïde (C6) ou légèrement en inférieur, plus proche de la clavicule. C’est avec l’approche la plus inférieure que l’espace interscalénique est plus superficiel et plus facile à identifier. L’insertion de l’aiguille est plus latérale et entraîne moins d’effraction vasculaire. Cette approche est également la plus simple à utiliser pour les praticiens les moins entraînés.
Préparation
Installer le patient couché ou semi-assis la tête tournée du côté opposé à la région à ponctionner. Installer le bras du patient confortablement et demander à ce dernier de laisser tomber son épaule comme si elle allait toucher le genou.
Les repères cutanés sont les suivants ; les tracer avec un marqueur cutané (figure 8.2) :
Technique
Préparer le champ en nettoyant la peau avec une solution antiseptique et mettre en place des champs stériles.
Identifier le point de ponction : l’espace interscalénique, approximativement au niveau du cartilage cricoïde, ou légèrement inférieur. L’erreur la plus fréquente est l’insertion de l’aiguille beaucoup trop antérieurement. Bien examiner les repères anatomiques.
Faire une papule d’anesthésique local au niveau du point d’insertion de l’aiguille.
Piquer la peau au niveau du point de ponction avec une aiguille pour blocs de 25 ou de 50 mm (figure 8.3A-C). Diriger l’aiguille perpendiculairement à la surface cutanée – légèrement médialement, en inférieur de 30 à 45° et postérieurement, avec comme cible le processus transverse de C6. En cas d’utilisation d’un point de ponction plus inférieur (25 mm au-dessus de la clavicule), insérer l’aiguille perpendiculairement à la peau en prenant soin de ne pas se diriger trop en haut. L’angle de l’aiguille est important pour diminuer le risque de faire entrer l’aiguille dans le foramen de C6.
Avancer l’aiguille de 10 à 20 mm jusqu’à l’apparition de paresthésies.
Une méthode alternative consiste à utiliser une approche parasagittale, l’aiguille étant en direction parallèle par rapport au muscle scalène et dirigée vers le bas, vers le milieu de la clavicule.
En cas d’utilisation d’un neurostimulateur, insérer l’aiguille au même niveau. Les réponses acceptables à l’électrostimulation sont la contraction du pectoral, du deltoïde, du biceps, du triceps ou de tout autre muscle de la main ou de l’avant-bras, mais pas le trapèze. (Une réponse du trapèze témoigne d’une direction trop postérieure de l’aiguille ; une réponse du nerf phrénique témoigne d’une direction trop antérieure [NdT].)
Aspirer. S’il n’y a pas de reflux sanguin, injecter 30 à 40 ml d’anesthésique local lentement en aspirant de façon régulière. Une injection lente augmente la réussite des blocs et diminue les complications. En cas de résistance à l’injection, d’apparition de paresthésies sévères ou de douleurs avec sensation de crampe au moment de l’injection initiale, retirer l’aiguille de 1 ou 2 mm pour éviter l’injection intraneurale. Le volume d’anesthésique local peut être légèrement augmenté si l’on désire atteindre les racines C8 à T1 (se souvenir cependant que plus le volume est important, plus les risques de complications sont grands dans ce type de bloc).
Le délai d’action avec la lidocaïne est de 5 à 15 minutes et avec la bupivacaïne de 10 à 20 minutes. La durée d’action anesthésique est de 3 à 6 heures et de 8 à 10 heures, respectivement ; la durée d’analgésie est de 5 à 8 heures et de 16 à 18 heures, respectivement.
Précautions
Le bloc interscalénique est très sûr s’il est utilisé de manière appropriée et prudemment. Il faut éviter de l’utiliser chez les patients ayant une insuffisance respiratoire significative, en détresse respiratoire aiguë, ou encore chez les patients ayant une paralysie controlatérale du nerf phrénique ou du nerf laryngé récurrent.
Complications
L’injection intrarachidienne est une complication potentiellement grave et qui résulte de la diffusion de l’anesthésique local le long des racines nerveuses.
L’injection dans l’artère vertébrale peut entraîner des signes de toxicité neurologique centrale rapide.
Une anesthésie du nerf phrénique est fréquente ; il ne faut donc pas utiliser ce bloc de manière bilatérale ou chez les patients ayant une pathologie respiratoire sévère.
Le nerf récurrent, le nerf vague et la chaîne cervicale sympathique sont souvent bloqués.
Un pneumothorax peut également survenir, le dôme pleural pouvant être percé du fait d’une mauvaise direction de l’aiguille.
Technique avec échoguidage
Cette technique est simple, facile à utiliser, ne nécessite pas de neurostimulateur, et permet d’utiliser de plus petits volumes d’anesthésique local. Elle permet une visualisation précise des structures anatomiques et permet d’éviter les mésaventures liées à une mauvaise position de l’aiguille. C’est une technique utile aux urgences.
Préparation
Mettre le patient en position assise ou semi-assise avec le visage regardant du côté opposé à l’anesthésie.
Placer le bras confortablement sur le côté du patient ou sur son abdomen.
Utiliser une sonde linéaire haute fréquence (10 à 15 MHz idéalement) et sélectionner les préréglages appropriés.
Identifier la région qui doit être balayée – soit la ligne médiane du cou, soit la fosse supraclaviculaire, en fonction de la stratégie de balayage choisie (figure 8.4).
Effectuer un balayage préliminaire non stérile afin d’identifier les éléments anatomiques importants et afin d’optimiser l’image par l’ajustement de la profondeur de champ (entre 20 et 30 mm), la focale et le gain. Marquer la position idéale de la sonde sur la peau à l’aide d’un stylo si nécessaire.
Préparer le champ en nettoyant la peau avec une solution antiseptique et mettre en place des champs stériles. Couvrir la sonde avec une gaine stérile et appliquer un gel pour ultrasons au niveau du sillon interscalénique.
Technique
Approche dans le plan (figure 8.6)
Identifier les racines nerveuses hypoéchogènes dans leur axe transversal dans une région pratique pour le bloc.
Faire une papule d’anesthésie locale sous-cutanée au niveau du point de ponction avec une aiguille de 27 G.
Insérer une aiguille pour anesthésie locorégionale de 25 à 50 mm et de 22 G sur le côté latéral de la sonde d’échographie.
Avancer l’aiguille en direction du bord des nerfs tout en la visualisant sur l’intégralité de sa longueur en temps réel.
Viser le contact avec les racines nerveuses au centre de l’espace interscalénique par voie latérale ; éviter l’injection proche du foramen.
Visualiser en temps réel les mouvements de l’aiguille pour éviter l’entrée par inadvertance dans le foramen.
Approche en dehors du plan (figure 8.7A,B)
Identifier les racines nerveuses hypoéchogènes dans leur axe transversal dans une région pratique pour le bloc.
Aligner les nerfs à bloquer au centre de l’écran. L’insertion de l’aiguille doit correspondre exactement au centre de la sonde.
Faire une papule d’anesthésie locale sous-cutanée au niveau du point de ponction avec une aiguille de 27 G.
Insérer une aiguille pour anesthésie locorégionale de 25 à 50 mm et de 22 G sur le côté supérieur ou inférieur de la sonde.
Observer le mouvement des tissus et de l’aiguille pendant la progression de celle-ci vers l’objectif. Si l’on se fixe comme objectif le côté du paquet nerveux plutôt que le centre, cela rend le placement de l’aiguille plus précis.
Une identification claire de la pointe de l’aiguille peut nécessiter de changer l’angle de la sonde en la bougeant d’avant en arrière.
Procédure d’injection
Injecter lentement l’anesthésique local autour des racines nerveuses en positionnant l’aiguille au centre de l’espace interscalénique, près des gaines nerveuses. Aspirer fréquemment pour éviter une injection intravasculaire par inadvertance. S’il existe une résistance à l’injection, des paresthésies sévères ou des crampes douloureuses au moment de l’injection, retirer immédiatement l’aiguille de 1 ou 2 mm pour éviter l’injection intraneurale.
Observer la diffusion de l’anesthésique local durant l’injection. Une collection hypoéchogène doit apparaître près des nerfs et diffuser autour de ceux-ci.
Une dilatation des tissus de l’espace interscalénique indique une position correcte de l’anesthésique local ; une dilatation au sein du muscle scalène indique une injection intramusculaire et l’aiguille doit être repositionnée.
Repositionner l’aiguille au moins une fois pour assurer une diffusion complète circonférentielle de l’anesthésie locale autour des racines nerveuses.
Le volume de l’anesthésique local injecté semble directement lié aux effets indésirables et aux complications du bloc interscalénique. Un bloc du nerf phrénique est plus fréquent lorsque des volumes supérieurs à 10 ml sont injectés. L’utilisation de l’échographie permet d’utiliser de plus faibles volumes et permet de placer l’aiguille plus précisément et plus efficacement. Injecter 10 ml d’anesthésique local ou juste suffisamment pour que les racines nerveuses soient complètement entourées de liquide hypoéchogène. L’injection d’une quantité aussi faible que 5 ml d’anesthésique local au sein (plutôt qu’autour) de la gaine nerveuse elle-même peut produire un bloc efficace.
Bloc supraclaviculaire
Technique avec repères
Le bloc supraclaviculaire est effectué en dessous du niveau des racines nerveuses à un niveau où les troncs du plexus brachial sont formés et sont contenus dans une gaine nerveuse. Cette approche entraîne un bloc précoce et dont on peut prévoir une grande intensité. Le bloc supraclaviculaire peut être utilisé pour faire l’anesthésie ou l’analgésie du membre supérieur en distal de l’épaule.
Préparation
Positionner le patient assis ou semi-assis avec la tête regardant à l’opposé du site devant être bloqué. Placer le bras confortablement sur l’abdomen.
Tracer les repères importants avec un stylo cutané (figure 8.8) :
Technique
Préparer le champ en nettoyant la peau avec une solution antiseptique et mettre en place des champs stériles.
Identifier le site cible pour l’insertion de l’aiguille – environ 25 mm latéral par rapport au bord postérieur du muscle sternocléidomastoïdien et 15 mm (un travers de doigt) au-dessus de la clavicule. Ce site devrait être situé immédiatement en postérolatéral par rapport au pouls de l’artère subclavière au-dessus de la clavicule.
Faire une papule d’anesthésique local de la peau avec une aiguille de 27 G au niveau du point de ponction.
Piquer la peau au niveau du point de ponction avec une aiguille pour anesthésie locorégionale de 25 à 50 mm. Insérer l’aiguille perpendiculairement à la peau et l’avancer de 2 à 5 mm (figure 8.9A,B). Rediriger l’aiguille inférieurement, en la maintenant parallèle aux muscles scalènes (dans une direction légèrement latérale) jusqu’à l’apparition de paresthésies. La profondeur d’insertion est rarement supérieure à 25 mm. Une fois le contact obtenu avec la côte, l’aiguille peut cheminer antérieurement et postérieurement tout en gardant la seringue parallèle au sillon interscalénique jusqu’à localiser le plexus brachial. Si la côte n’est pas trouvée, l’aiguille peut être précautionneusement redirigée, d’abord latéralement puis médialement jusqu’au contact avec le plexus ou l’apparition de paresthésies ou bien de contractions musculaires.
En cas d’utilisation d’un neurostimulateur, insérer l’aiguille en utilisant la même technique. L’aiguille est avancée lentement jusqu’à obtenir des réponses en flexion ou en extension au niveau des doigts.
Aspirer. S’il n’y a pas de reflux sanguin, injecter 30 à 40 ml d’anesthésique local lentement en aspirant de façon régulière pour éviter une injection intravasculaire. Une injection lente augmente les chances de succès et diminue les complications. En cas de résistance à l’injection, d’apparition de paresthésies sévères ou de douleurs avec sensation de crampe au début de l’injection, retirer l’aiguille de 1 ou 2 mm pour éviter l’injection intraneurale.
Les délais d’action sont de 5 à 15 minutes avec la lidocaïne et de 10 à 20 minutes avec la bupivacaïne ; la durée d’anesthésie est de 3 à 6 heures et de 8 à 10 heures respectivement ; la durée d’analgésie est de 5 à 8 heures et de 16 à 18 heures respectivement.
Précautions
Ce bloc est très sûr s’il est utilisé de manière appropriée et avec des précautions. Éviter d’utiliser ce bloc chez les patients qui ont une maladie respiratoire chronique significative ou chez les patients en détresse respiratoire, ou bien chez ceux ayant une paralysie controlatérale du nerf phrénique ou du nerf laryngé récurrent.
Complications
Les effets secondaires fréquents de cette technique incluent le bloc du nerf phrénique avec une paralysie diaphragmatique et le bloc du système sympathique avec l’apparition d’un syndrome de Claude Bernard-Horner. Cela ne nécessite habituellement que de rassurer le patient. Le bloc du nerf phrénique survient dans environ 50 % des cas et n’est pas associé à une dysfonction respiratoire chez les volontaires sains.
Technique avec échoguidage
Cette technique est simple, facile d’utilisation, ne nécessite pas de neurostimulateur, et permet d’injecter des volumes plus faibles d’anesthésique local. Elle élimine virtuellement les probabilités de ponctions vasculaires et pleurales.
Préparation
Placer le patient en position assise ou semi-assise avec la tête qui regarde du côté opposé au bloc.
Installer le bras confortablement sur le côté ou à travers l’abdomen.
Utiliser une sonde linéaire à haute fréquence (10 à 15 MHz idéalement) et sélectionner des préréglages appropriés.
Identifier la zone pour débuter le balayage – la ligne médiane du cou ou la fosse supraclaviculaire.
Effectuer un balayage préliminaire non stérile pour identifier les structures anatomiques pertinentes et optimiser l’image en ajustant la profondeur (20 à 30 mm), la focale et le gain. Marquer la meilleure position de la sonde avec un stylo sur la peau, si nécessaire. Positionner la sonde dans la fosse supraclaviculaire dans un plan transverse pour obtenir la meilleure vue possible d’une coupe de l’artère subclavière et du plexus brachial (figures 8.10, 8.11A–C). Bouger la sonde de manière proximale et distale afin de repérer les racines et les troncs nerveux. Les nerfs de cette région sont ronds ou ovales, hypoéchogènes, et peuvent être trouvés latéralement et superficiellement par rapport à l’artère subclavière (qui peut être identifiée en utilisant le Doppler couleur si nécessaire) et au-dessus de la première côte. La veine subclavière est médiale par rapport à l’artère. Repérer la plèvre (rechercher le signe du glissement et de la queue de comète) et noter les rapports au plexus brachial ainsi que par rapport au trajet prévu de l’aiguille. Noter également la distance de la peau à la côte et de la peau à la plèvre.
Préparer le champ en nettoyant la peau à l’aide d’une solution antiseptique et placer des champs stériles. Recouvrir la sonde à l’aide d’une gaine stérile et appliquer un gel à ultrason stérile sur la région supraclaviculaire.
Technique
Approche dans le plan (de latéral vers médial)
Cette approche est considérablement différente de celles utilisées habituellement pour les techniques supraclaviculaires. L’aiguille d’anesthésie locorégionale est insérée de manière très latérale et avancée de latéral à médial en commençant par l’extrémité latérale de la sonde. La technique dans le plan permet au praticien de suivre l’aiguille en temps réel pour diminuer les risques de ponction accidentelle pleurale ou vasculaire.
Repérer les racines nerveuses hypoéchogènes dans leur axe transverse au niveau de la région de la fosse supraclaviculaire.
Faire une papule d’anesthésique local au niveau du point d’insertion de l’aiguille avec une aiguille de 27 G.
Insérer une aiguille d’anesthésie locorégionale de 22 G et de 25 à 50 mm de longueur sur l’extrémité latérale de la sonde d’échographie.
Avancer l’aiguille vers le bord du paquet nerveux tout en visualisant l’intégralité de sa longueur en temps réel et en évitant la ponction pleurale ou vasculaire (figure 8.12).
Une approche dans le plan alternative (de médial vers latéral)
L’avantage du guidage échographique est que toutes les approches peuvent être utilisées et que l’extrémité de l’aiguille peut être positionnée près des nerfs sous contrôle direct de la vue (figure 8.13). Bien que cette approche possède l’avantage de pouvoir faire progresser l’aiguille loin de l’artère et de la plèvre, elle rend le positionnement de l’aiguille près des nerfs plus difficile si ceux-ci sont situés profondément ou directement en latéral par rapport à l’artère.
Approche en dehors du plan
Cette technique est similaire à la technique traditionnelle utilisant les repères. L’aiguille est introduite et avancée à proximité du nerf (figure 8.14).
Identifier l’artère subclavière et les troncs nerveux ronds et hypoéchogènes du plexus brachial localisés latéralement à l’artère, en gardant la sonde dans un plan transverse au niveau de la fosse supraclaviculaire.
Faire une papule d’anesthésique local de la peau avec une aiguille de 27 G au niveau du point de ponction sur le bord supérieur de la sonde d’échographie.
Introduire une aiguille pour bloc de 25 à 50 mm et de 22 G perpendiculairement au bord supérieur de la sonde.
Avancer l’aiguille prudemment vers le bord des troncs nerveux. Si l’aiguille elle-même ne peut pas être visible, sa progression peut être évaluée par les mouvements des tissus, et l’extrémité peut être suivie en angulant la sonde en avant et en arrière dans le but d’éviter la plèvre et la ponction vasculaire.
Procédures d’injection
Injecter lentement l’anesthésique local autour des racines nerveuses en positionnant l’aiguille proche des gaines nerveuses. Aspirer fréquemment afin d’éviter une injection intravasculaire. S’il existe une résistance à l’injection, des paresthésies sévères ou des crampes douloureuses au cours de l’injection, retirer l’aiguille immédiatement de 1 à 2 mm afin d’éviter l’injection intraneurale.
Observer la diffusion de l’anesthésique local au cours de l’injection. Une collection hypoéchogène devra apparaître près des nerfs et diffuser autour d’eux. Si aucune collection n’apparaît, s’assurer de l’absence d’injection intravasculaire.
Observer la façon dont l’anesthésique local diffuse autour des nerfs au cours de l’injection. Injecter une grosse partie de l’anesthésique local immédiatement au-dessus de la première côte et ensuite sur l’artère subclavière si l’on recherche une anesthésie distale de l’avant-bras et de la main, car le nerf ulnaire se trouve souvent dans cette position, postérieur à l’artère subclavière.
Repositionner l’aiguille au moins une fois pour assurer une diffusion circonférentielle de l’anesthésique local autour des racines nerveuses.
Bloc infraclaviculaire
Techniques avec repères
Le bloc infraclaviculaire consiste à bloquer le plexus brachial dans la région du processus coracoïde. Il procure une bonne anesthésie pour la main, le poignet, l’avant-bras, le coude et la partie distale du bras, mais n’est pas un bon choix d’anesthésie ou d’analgésie pour l’épaule, le creux axillaire et la partie proximale et médiale du bras. La couverture est identique à celle du bloc supraclaviculaire.
Préparation
Mettre le patient en décubitus dorsal avec la tête regardant du côté opposé au bloc.
Le bras du patient peut être laissé sur le côté ou sur l’abdomen, mais idéalement le bras devra être en abduction au niveau de l’épaule et fléchi au niveau du coude afin de garder les repères bien en rapport avec le plexus brachial. S’assurer qu’il est possible de visualiser les mouvements de la main.
À l’aide d’un stylo, tracer les repères importants pour le bloc infraclaviculaire (figure 8.15) :
Pour l’approche médioclaviculaire « aiguille verticale », tracer les repères suivants (figure 8.16) :
Pour l’approche infracoracoïdienne « aiguille verticale », marquer les repères suivants (figure 8.17) :
Technique
Préparer la zone en aseptisant la peau à l’aide d’une solution antiseptique et mettre des champs en place.
Identifier la zone d’injection qui est environ à 30 mm en dessous du point situé au centre de la ligne rejoignant l’extrémité médiale de la clavicule et le processus coracoïde.
Faire une papule d’anesthésique local au niveau du point d’insertion de l’aiguille avec une aiguille de 27 G.
Piquer la peau au niveau du point de ponction à l’aide d’une aiguille pour anesthésie locorégionale de 100 mm. Avancer l’aiguille latéralement en faisant un angle de 45° par rapport à la peau, parallèlement à la ligne rejoignant l’extrémité médiale de la clavicule au processus coracoïde (figure 8.18).
Le plexus brachial est normalement rencontré à une profondeur d’aiguille variant de 50 à 80 mm. Si des paresthésies ou une réponse musculaire adaptée ne sont pas obtenues, rediriger l’aiguille de manière plus inférieure en s’éloignant de la clavicule.
Des contractions du pectoral, du biceps ou du deltoïde ne reflètent pas nécessairement la proximité du plexus brachial puisque les nerfs musculocutané et axillaire peuvent quitter la gaine nerveuse de manière plus proximale.
Aspirer. S’il n’y a aucun reflux sanguin, injecter 30 à 40 ml d’anesthésique local lentement en aspirant fréquemment pour éliminer toute injection intravasculaire. Une injection lente augmente les chances de succès du bloc et diminue les complications. S’il existe une résistance à l’injection, des paresthésies sévères ou une sensation de crampe douloureuse au moment de l’injection, l’aiguille devra être retirée de 1 à 2 mm pour éviter l’injection intraneurale.
Approche médioclaviculaire aiguille verticale (figure 8.19) : piquer la peau au point cible (immédiatement en dessous de la clavicule au milieu d’une ligne qui rejoint la fosse jugulaire et l’acromion) avec une aiguille pour bloc de 50 à 75 mm positionnée verticalement (pas perpendiculaire à la peau mais vraiment verticale). Avancer l’aiguille directement vers l’arrière jusqu’à l’apparition de paresthésies ou de réponses nerveuses appropriées. Éviter la direction médiale de l’aiguille qui pourrait résulter en une ponction vasculaire ou pleurale. Le plexus brachial est rarement à une profondeur supérieure à 50 mm de la surface cutanée même chez les patients de stature importante, et une pénétration de plus de 60 mm augmente le risque de complications.
Approche infracoracoïdienne aiguille verticale (figure 8.20) : le point de ponction est situé à 20 mm en inférieur et 20 mm médialement par rapport au processus coracoïde. Ce point est latéral par rapport aux côtes (et par conséquent le poumon) et l’aiguille avancée directement postérieurement devrait passer à proximité des nerfs à une profondeur située entre 50 et 100 mm. Si aucune paresthésie (ou réponse musculaire) n’est obtenue avant le contact avec la scapula, l’aiguille doit être retirée et dirigée un peu plus inférieurement. Cette technique a l’avantage d’être simple, sûre et fiable.