8: Atteintes de Gravité Intermédiaire

8 Atteintes de Gravité Intermédiaire




PRISE EN CHARGE D’UNE PATIENTE PRÉSENTANT UNE ATTEINTE DE GRAVITÉ INTERMÉDIAIRE


Il s’agit d’une patiente présentant une ataxie héréditaire et prise en charge au cours d’un séjour en centre de rééducation.


Elle optimise son équilibre et sa coordination en améliorant son indépendance fonctionnelle : périmètre de marche, stabilité en position debout, escaliers, apprentissage des chutes, habillage, toilette, repas, ménage, écriture, gestes usuels et professionnels.


Les activités ludiques et sportives ne sont pas négligées, elles constituent un complément apprécié par la patiente.



Présentation de la personne en situation de handicap


La personne dont nous allons suivre la rééducation est âgée de 25 ans et présente une affection héréditaire de type ataxie télangiectasie, diagnostiquée à 7 ans.


À son entrée au centre de rééducation, l’examen clinique met en évidence :








Cette personne est parfaitement autonome pour les activités de la vie quotidienne : l’habillage, la toilette, l’utilisation des WC, et les tâches ménagères de base.


Elle présente un handicap sérieux dans les situations où l’équilibre entre en jeu :








Elle réside dans un appartement et possède un fauteuil roulant électrique personnel, qu’elle utilise pour se déplacer à l’extérieur et pour faire des courses dans les magasins.


Elle effectue un séjour d’un mois à l’institut Pomponiana pour se redynamiser et améliorer son indépendance fonctionnelle, en particulier dans toutes les situations où l’équilibre joue un rôle important (voir vidéos 8.8 à 8.18).



Se déplacer, tenir une position et changer de position



Le périmètre de marche


La descente est moins fatigante que la montée. Le déambulateur dispose de freins dont la patiente se sert parfaitement ce qui évite l’emballement et la perte d’équilibre. La promenade est agréable dans cette allée bordée de fleurs et de palmiers qui descend à la mer.



Au cours de son séjour d’un mois, on note une augmentation spectaculaire du périmètre de marche avec déambulateur, sans perte d’équilibre.


Ce périmètre est un bon indicateur des progrès de l’équilibration locomotrice, mais aussi de l’augmentation de l’endurance de la patiente.


Après ces performances en terrain difficile à l’extérieur (irrégularité du sol, pente, pavés, grilles à franchir…), les déplacements avec le déambulateur paraissent très faciles à l’intérieur. La surveillance d’une tierce personne n’est pas nécessaire.


Pour assurer son équilibre lors de ses petits déplacements intérieurs, cette patiente s’appuie aux murs et se tient aux poignées de portes et aux meubles.


Progression : en 18 jours, on note une augmentation du périmètre de « marche au cabotage côtier » qui passe de 15 à 55 mètres. L’exercice s’arrête lorsqu’elle perd l’équilibre, ou qu’elle est fatiguée et demande à se reposer.


La connaissance des résultats (nombre de mètres effectués sans intervention d’une tierce personne pour la rattraper) est un facteur important de motivation et de progrès, puisqu’elle désire battre son précédent record. Si elle perd l’équilibre, elle effectue un nouvel essai dans le but de réaliser une progression.








Comment quantifier les résultats ?


L’évolution des principaux exercices est notée sur une fiche servant à la fois de bilan fonctionnel et de fiche de traitement (tableaux 8.I et 8.II).



Tableau 8.II Échelles des exercices









Échelle du premier exercice
Équilibre postural = tenir une position



etc. chaque seconde compte jusqu’à…
120 : 120 secondes
Échelle du second exercice
Déplacements


etc. chaque mètre compte jusqu’à…
1 000 : 1 000 mètres au maximum
Échelle du quatrième exercice
Changement de position





Échelle du troisième exercice
Performances dans les escaliers


etc. chaque marche compte jusqu’à…
60 : soixante marches

Cette fiche permet à la personne en situation de handicap d’accéder à la Connaissance de ses résultats, encore appelé CR.


La CR est un facteur important de motivation et de progrès, selon les spécialistes de l’apprentissage.


Cette CR doit être simple et claire. Une CR trop difficile à comprendre peut freiner l’apprentissage. C’est la raison pour laquelle nous avons sélectionné les paramètres suivants :






Bien qu’ils ne constituent pas la partie principale de la séance de rééducation, les exercices de complément permettent de terminer la séance dans la bonne humeur et le plaisir (fig. 8.8 à 8.11). De plus, ces exercices ludiques et sportifs peuvent contribuer au choix d’un loisir à long terme, par une initiation à diverses activités.



Chaque exercice ludique ou sportif peut être évalué par des critères propres à chaque activité. On peut également noter les progrès sur une fiche polyvalente, qui permet à la personne en situation de handicap d’accéder à une Connaissance de ses résultats simple et claire. Chaque activité peut également être évaluée par une échelle polyvalente, moins précise que les échelles spécifiques à chaque activité, mais qui permet de quantifier l’aide que l’on peut fournir à la personne (voir tableau 8.II).






TENIR UNE POSITION EN ÉQUILIBRATION STATIQUE



Quelques exemples


Les exercices thérapeutiques que nous allons voir sont donnés à titre d’exemples. L’imagination et la compétence du rééducateur doivent lui permettre de dépasser cette base pour s’adapter au cas particulier de chaque patient.




Station debout entre les barres parallèles




Chaque exercice sera d’abord effectué en regardant le sol à 5 mètres environ (c’est le plus facile), puis en progression, en regardant le plafond, et en fin de progression avec les yeux fermés.



On peut alors reprendre une nouvelle progression chronométrée dont les résultats sont inscrits sur la fiche de progression du dossier (nécessité de quantifier les performances).



De ce fait, la présence d’une tierce personne (qui est là par prudence lors des premiers essais) ne se justifie pas. Elle devra s’éloigner par la suite, pour que le patient prenne confiance en lui-même.



Cet exercice peut être répété plusieurs fois. Il suppose une force importante des muscles fléchisseurs des membres supérieurs, des abdominaux, des fléchisseurs de hanche et des quadriceps.


Attention, il ne s’agit pas d’un exercice de rééducation ! En effet, ce test fatigue le patient sans lui apporter un gain réel sur le plan des activités fonctionnelles ou de ses loisirs. Le patient effectue spontanément l’exercice pour épater tout le monde. Le rééducateur lui conseille de ne pas recommencer et de réserver son énergie pour les exercices fonctionnels indispensables.





DÉPLACEMENTS : ÉQUILIBRE LOCOMOTEUR


Les exercices thérapeutiques que nous allons voir sont donnés à titre d’exemples.


L’imagination et la compétence du rééducateur doivent lui permettre de dépasser cette base pour s’adapter au cas particulier de chaque patient.



Quelques exemples




Déambulation


Il existe de nombreuses prises possibles. Nous présentons ici une prise permettant de rattraper facilement le patient en cas de perte d’équilibre aléatoire, en avant, en arrière ou sur les côtés. Cette « déambulation » n’est pas un exercice de réadaptation, c’est plutôt un mode de déplacement facile que l’on utilise lorsqu’on veut éviter une fatigue trop importante.



Remarques : il est difficile de faire admettre à ce patient hyperactif que le repos est aussi important que le travail, pour progresser sans atteindre la fatigue chronique. Il doit en conséquence se reposer assis (ou mieux, couché) entre deux exercices importants. Ces temps de repos font partie intégrante de la rééducation. Chaque séance est donc longue. De ce fait, il devient difficile pour le kinésithérapeute de ne traiter qu’un seul patient à la fois. La plupart du temps, il prend deux malades sur le même horaire. L’un se repose pendant que l’autre travaille.


Le patient se place derrière le fauteuil et peut alors s’en servir comme d’un déambulateur lesté. Les freins sont bloqués, il suffit de soulever légèrement les roues arrière du fauteuil pour avancer. Le patient apprend à ne pas trop avancer le fauteuil.





Marche sur tapis roulant


La vitesse du tapis de marche doit être réglée pour que le patient puisse avancer sans perdre l’équilibre. Il faut donc choisir un modèle de tapis qui permette des vitesses très lentes en début de progression. Par la suite, on adaptera la vitesse en fonction des possibilités du patient (notion de vitesse confortable de marche).



Le plus important : l’augmentation progressive de son périmètre de marche sur le tapis. Il s’agit non seulement d’une augmentation de l’endurance musculaire, mais aussi d’un véritable exercice d’équilibration dynamique.


En effet, le patient ne doit jamais perdre le contrôle de son équilibre dynamique :






Grâce à un entraînement régulier (sans jamais être intensif), le périmètre de marche augmente progressivement. Cette progression est étonnante puisque la sclérose en plaques évolue souvent vers l’aggravation.


Le patient change alors de stade sur l’échelle de Kurtzke, puisque le critère essentiel de ces stades est le périmètre de « déambulation ». Le malade passe :




Remarque : dans cette échelle, marche sous-entend absence d’aide technique, et déambulation, présence d’aide technique.


Avantage du tapis de marche : la quantification immédiate des moindres progrès du patient, grâce à l’écran qui affiche en permanence la distance parcourue, la vitesse ou le temps passé depuis le début de l’exercice.


Certains modèles de tapis de marche sont équipés d’un cardiofréquencemètre, ce qui paraît très intéressant. La facilité de mise en œuvre de cette technique explique également l’engouement des patients (et des rééducateurs) pour cette activité.


On reproche parfois au tapis de marche de ne pas être un exercice fonctionnel, car on ne peut l’utiliser dans la vie courante. Mais l’expérience prouve que toute progression sur le tapis de marche entraîne une amélioration du périmètre de marche avec un déambulateur, car ces exercices sont pratiquement équivalents.


Certains tapis de marche sont équipés d’un écran permettant le défilement du paysage sous forme de vidéo. Il s’agit d’une véritable simulation visuelle de la marche. Le patient peut ainsi se promener virtuellement dans un cadre agréable, exotique, insolite ou ludique. Il peut par exemple marcher virtuellement sur un chemin de campagne.


Le prix de telles installations est en baisse constante depuis plusieurs années. Grâce aux progrès technologiques, les simulateurs de marche deviennent plus sophistiqués et paradoxalement plus faciles à utiliser. Dans l’avenir on pourra sans doute arpenter virtuellement les rues de Paris, de Tokyo, de Rome ou de Mexico, pour la plus grande joie des utilisateurs.


On pourra aussi simuler les rues en montée et en descente, grâce au couplage entre la vidéo et la pente du tapis.





Marche avec aide




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May 16, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 8: Atteintes de Gravité Intermédiaire

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