8 Affections de l’encéphale
TROUBLES DE LA VIGILANCE
• Les troubles de la vigilance – dépression, stupeur, coma – traduisent toujours des dysfonctionnements cérébraux majeurs, parmi lesquels le redoutable syndrome d’hypertension intracrânienne (HTIC) doit être reconnu.
• Les symptômes majeurs de l’HTIC chez les carnivores sont l’état dépressif, la tête portée basse, les attitudes de type pousser au mur et la marche sur le cercle.
• C’est à ce stade qu’il faut impérativement diminuer la pression intracrânienne. On peut agir en diminuant la production du liquide céphalorachidien par les corticoïdes ou en favorisant son élimination par les diurétiques. L’association des deux groupes de médicaments est finalement toujours préférable.
PHYSIOPATHOLOGIE DE L’HYPERTENSION INTRACRÂNIENNE
ÉTIOLOGIE DE L’HYPERTENSION INTRACRÂNIENNE
SYMPTÔMES DE L’HYPERTENSION INTRACRÂNIENNE
Dans l’espèce humaine, il existe des symptômes cardinaux de l’hypertension intracrânienne :
– des céphalées particulières, très intenses, exacerbées par l’effort et le mouvement, rebelles aux traitements antalgiques usuels ;
– des vomissements faciles, en jet, survenant au paroxysme des céphalées ou à l’occasion des changements de position de la tête ;
– des modifications psychiques à type de ralentissement, avec lenteur, diminution de la mémoire et apathie ;
– l’œdème de la papille décelé lors de l’examen du fond d’œil est souvent plus tardif, mais quasi pathognomonique de l’hypertension intracrânienne.
– d’un état de dépression, premier stade des troubles de la vigilance, que l’animal manifeste par une tendance à s’endormir dès qu’il n’est plus stimulé ;
– d’anomalies du port de tête (fig. 8.1) : tête « lourde », portée basse en permanence, sans gêne ni douleur à la manipulation, ce qui correspond peut-être à l’expression des céphalées ;
STUPEUR ET COMA
– la dépression, au sens neurologique du terme, qualifie l’état d’un animal conscient mais inactif, indifférent à l’environnement et qui a tendance à s’endormir quand on ne le sollicite pas ;
– la stupeur est un trouble de la vigilance plus sévère : l’animal dort tant qu’on ne le stimule pas et seuls les stimuli intenses ou douloureux parviennent à le réveiller ;
– le coma est un état d’inconscience totale et prolongée, au cours duquel aucun stimulus n’induit de véritable réveil. Les réflexes, en revanche, peuvent être conservés.
Éléments de physiopathologie
Le maintien de l’état de conscience et la vigilance sont des phénomènes complexes qui dépendent :
– des stimuli sensoriels et sensitifs qui sont acheminés jusqu’à la formation réticulée du tronc cérébral ;
ÉVALUATION DE LA GRAVITÉ DES LÉSIONS
Reconnaître le trouble de la vigilance et en estimer la gravité
– le coma léger est caractérisé par une abolition incomplète de la conscience ; un stimulus nociceptif entraîne une réponse de type grognement ou mouvement ; il n’y a par ailleurs aucun trouble végétatif ;
– le coma d’intensité moyenne est celui où seule une stimulation violente peut encore faire apparaître une faible réaction, tandis que les fonctions végétatives commencent à être altérées (ventilation, déglutition) ;
– dans le coma profond, l’abolition de la conscience est totale et permanente et les fonctions végétatives sont gravement perturbées (pouls, tension artérielle, température, miction…) ;
– enfin, le coma dépassé n’est qu’exceptionnellement identifié en médecine vétérinaire puisqu’il est caractérisé par une absence de fonctionnement végétatif spontané.
Déterminer sa cause
– s’il n’existe aucun signe focal ou de latéralisation, la probabilité d’une encéphalopathie métabolique ou toxique est à envisager en première intention.
– des circonstances d’apparition et d’évolution des symptômes ; ces circonstances doivent être précisément recherchées car elles peuvent orienter d’emblée vers une hypothèse étiologique.
L’attention est tout particulièrement portée sur :
– l’examen de l’appareil cardiovasculaire (pâleur des muqueuses, cyanose, temps de remplissage capillaire, auscultation cardiaque attentive permettant de noter la fréquence, le rythme, l’intensité des bruits et la présence éventuelle de bruits surajoutés) ;
– l’analyse de la respiration (encombrement, fréquence, rythme, aspect de la courbe respiratoire, intensité des bruits, bruits surajoutés) ;
– la recherche des signes de traumatismes, en particulier au niveau de la tête (ecchymoses, otorragies…).
Analyse des symptômes : localisation de la lésion
La vision est absente, mais les pupilles sont normales (ou en léger myosis) et réactives.
– une augmentation du tonus des muscles extenseurs (« rigidité de décérébration ») est décelable sur les membres affectés ;
– les pupilles sont, de manière unilatérale ou bilatérale, dilatées ou en position intermédiaire mais toujours aréactives et insensibles à la lumière ;
– un strabisme ventro-latéral, d’un ou des deux yeux, est quasiment de règle lors d’atteinte de la partie antérieure du mésencéphale (lésion du nerf oculomoteur commun III) et les mouvements vestibulaires des yeux sont diminués voire absents (en raison de l’atteinte de la bandelette longitudinale postérieure).
– dans les comas d’origine métabolique, les symptômes liés à l’affection initialement en cause peuvent être décelés.
– mais il peut aussi apparaître de manière retardée par rapport au choc et doit alors faire craindre soit la formation à distance d’un hématome, soit, et c’est une éventualité particulièrement redoutable, une hypertension intracrânienne et un phénomène d’engagement, qui ne peut aller qu’en s’aggravant et entraînera la mort du patient par compression du tronc cérébral.
Traitement des troubles de la vigilance
– le traitement de la cause du coma vient au premier plan dès lors qu’un diagnostic étiologique a pu être établi ;
– de la même manière, les mesures permettant l’élimination ou la neutralisation d’un toxique doivent être mises en place à chaque fois qu’elles sont envisageables ;
– dans le même temps, les fonctions respiratoires et cardiovasculaires doivent faire l’objet de soins immédiats. Le traitement de l’état de choc, la restauration ou le maintien d’un état hydroélectrolytique et acido-basique correct sont toujours des priorités.
– les complications respiratoires sont un risque constant ; en effet, la déglutition est généralement perturbée et le réflexe de toux aboli ; il peut en résulter un encombrement des voies respiratoires par les sécrétions salivaires et, partant, un œdème pulmonaire ;
– les complications cardiovasculaires sont également à redouter, en particulier lorsque le coma résulte d’une atteinte du tronc cérébral, et peuvent aboutir au collapsus ;
SYNDROMES CONVULSIFS
• Les convulsions sont toujours des manifestations de souffrance cérébrale mais leur origine est fréquemment extra-cérébrale.
• Les syndromes convulsifs aigus doivent être reconnus et immédiatement traités dans le cadre de l’urgence. Les médicaments de choix sont ceux qui diminuent l’excitabilité neuronale, principalement le diazépam et les barbituriques. Ils doivent être administrés par voie intraveineuse, en bolus, puis en perfusion pendant le temps nécessaire au rétablissement de l’homéostasie cérébrale.
DONNÉES GÉNÉRALES
Étiologie et classification des syndromes convulsifs
Toute perturbation neuronale, lésionnelle ou fonctionnelle, est susceptible de déclencher l’apparition de convulsions. C’est pourquoi les causes des syndromes convulsifs sont nombreuses et variées (tableau 8.I).
Tableau 8.I Étiologie des crises convulsives des carnivores.
Catégorie de maladie | Exemples | |
---|---|---|
Origine extra-cérébrale | Métabolique | Hypoxie |
Hyperthermie | ||
Hypoglycémie | ||
Hypocalcémie | ||
Encéphalose hépatique | ||
Déséquilibres hydroélectrolytiques et acido-basiques | ||
Toxique | Pesticides | |
Métaux | ||
Origine intracérébrale | Dégénérative | Maladies de surcharge, abiotrophies |
Malformative | Hydrocéphalie | |
Néoplasique | Tumeurs cérébrales primitives ou secondaires | |
Inflammatoire | Encéphalites ou séquelles | |
Traumatique | Hématome ou séquelle | |
Vasculaire | AVC ou séquelle | |
Anomalie fonctionnelle de la neurotransmission | Épilepsie essentielle |
– des syndromes convulsifs d’origine cérébrale qui correspondent à des lésions de nature variée (dégénérative, malformative, néoplasique, inflammatoire, traumatique ou vasculaire) ou à l’expression d’une anomalie fonctionnelle de la neurotransmission (épilepsie essentielle) ;

Stay updated, free articles. Join our Telegram channel

Full access? Get Clinical Tree

