Question 74. Elle vient pour l’examen gynécologique annuel. Que faire concernant le frottis de dépistage ?
La demande
Le préliminaire
Le bilan clinique est annuel.
Le frottis se fait tous les deux ans à trois ans, sauf anomalies.
Tout médecin généraliste doit être formé à faire les frottis cervicovaginaux (FCV) dans de bonnes conditions (matériel, étalement, fixation, envoi).
C’est une consultation de prévention dont il ne faut pas négliger l’importance.
C’est parfois la seule consultation de l’année chez une femme jeune et en bonne santé.
Pour les seins : cf. Question 23.
La première consultation
Le médecin procède à un interrogatoire complet.
Il lui explique l’intérêt de cette consultation et en particulier du FCV.
Il recherche des facteurs de risques (tabac, hygiène de vie et recherche des comportements à risque).
Il fait :
■ un examen complet : poids, taille, pression artérielle, auscultation cardiaque et pulmonaire, aires ganglionnaires, palpation de la thyroïde ;
■ un examen gynécologique : examen des seins, palpation de l’abdomen, inspection de la vulve, examen au spéculum, FCV et enfin toucher vaginal.
N’ayant constaté aucune anomalie, il va lui renouveler sa contraception.
Il envoie le FCV à un laboratoire spécialisé.
Si le résultat est anormal, la patiente sera adressée à un gynécologue qui lui pratiquera une colposcopie avec des biopsies. Suivant les résultats, il lui proposera une destruction ou une ablation des lésions (conisation). Après le traitement, le médecin reverra la patiente tous les six mois pendant deux ans pour faire un FCV, puis tous les ans en l’absence de récidive.
Le point de vue du gynécologue
En France, l’incidence du cancer du col est passée de 22/100 000 femmes en 1975 à 10/100 000 en l’an 2000. Pendant le même temps la mortalité est passée de 8,4/100 000 à 4/100 000.
Actuellement encore, 1 000 femmes décèdent tous les ans d’un cancer du col pour 3 200 cancers.
Il est évident que l’on peut mieux faire puisque ce cancer est visible et facilement dépistable. 60 % des femmes sont dépistées en France pour 6 millions de frottis réalisés par an.
Qui fera un cancer du col ?
Ce sont les femmes qui :
■ ont des rapports sexuels avant 17 ans (âge moyen du premier rapport) ;
■ ont des partenaires sexuels multiples ;
■ ont des infections génitales persistantes à papillomavirus (HPV) avec un virus oncogène 16-18,31,33 ;
■ fument ;
■ sont immunodéprimées (VIH, greffées) ;
■ ont plus de cinq enfants et le premier avant 20 ans ;
■ sont de bas niveau socio-économique car elles ignorent l’existence du dépistage.
Le cancer du col est une maladie sexuellement transmissible
Le cancer du col est lié à la vie sexuelle. Les femmes qui n’ont jamais eu de rapports n’ont pas de cancer du col.
Les virus HPV oncogène sont transmis par les premiers rapports. L’infection se fait entre 16 et 30 ans avec un pic de prévalence à 24 ans. Le virus disparaît en général en six mois. Il persiste dans 10 % des cas et s’intègre dans les cellules hôtes au contact des gènes c-Myc et N-Myc qui sont alors activés. Ainsi se créent les lésions précancéreuses de bas ou de haut grade qui évolueront en quelques années vers le cancer invasif. Le cancer est de type épidermoïde développé à partir de l’épithélium malpighien mais il peut aussi s’agir d’un adénocarcinome qui se développe aux dépens de l’épithélium endocervical de type glandulaire (10 % des cas).
À qui et à quel rythme faire un frottis de dépistage ?
À toutes les femmes qui ont des rapports sexuels.
Le premier frottis sera fait à 25 ans, le second l’année suivante pour éviter les faux négatifs. Si ces deux frottis sont normaux, le frottis sera refait tous les deux à trois ans jusqu’à 65 ans (Anaes, 2004).