7: Système nerveux

Chapitre 7 Système nerveux



Le système nerveux détecte des modifications à l’intérieur et à l’extérieur du corps, et y répond. Avec le système endocrinien, il contrôle de nombreuses fonctions corporelles vitales, et il contribue à maintenir l’homéostasie. Dans cet objectif, le système nerveux fournit une réponse immédiate, alors que l’activité endocrinienne est le plus souvent lente et plus prolongée (Ch. 9).


Le système nerveux comprend le cerveau, la moelle spinale (anciennement : épinière) et les nerfs périphériques. La structure et l’organisation des tissus qui forment ces composants permettent une communication rapide entre les différentes parties du corps.


La réponse à des changements dans l’environnement interne régule les fonctions involontaires essentielles, comme la respiration et la pression artérielle. La réponse à des changements dans l’environnement externe maintient la posture et d’autres activités volontaires.


Pour leur description, les parties du système nerveux sont réparties en :




Le SNP comprend les paires de nerfs crâniens et de nerfs sacraux, certains sensitifs (afférents), d’autres moteurs (efférents), et certains mixtes. Il est utile de distinguer deux parties dans le SNP :





À son tour, la partie motrice est impliquée en activités qui sont :




Les premières sections de ce chapitre passent en revue la structure et les fonctions des composantes du système nerveux, la dernière section décrivant les effets que le dysfonctionnement des structures normales a sur la fonction corporelle.



Cellules et tissus du système nerveux




Le système nerveux est constitué par des neurones, qui conduisent les influx nerveux et sont entourés par un type de tissu cellulaire conjonctif particulier appelé névroglie. Il existe un très grand nombre de cellules : 1 billion (1012) de cellules gliales et dix fois moins (1011) de neurones.




Neurones (Fig. 7.2)


Chaque neurone (Fig. 7.2) comporte un corps cellulaire (NdT : ou soma) et ses prolongements, l’axone et les nombreux dendrites. Les neurones sont souvent appelés cellules nerveuses. Les nerfs sont des faisceaux d’axones réunis. Les neurones ne se divisent pas et, pour survivre, ils ont besoin d’un apport continu d’oxygène et de glucose. Contrairement à beaucoup d’autres cellules, les neurones peuvent produire de l’énergie (sous forme d’adénosine triphosphate [ATP]) à partir du glucose seulement.



Les neurones génèrent et transmettent des influx électriques appelés potentiels d’action. La force initiale de l’influx est maintenue sur toute la longueur du neurone. Certains neurones déclenchent des influx nerveux alors que d’autres jouent le rôle de station de relais où les impulsions sont transmises, et parfois redirigées.


Les influx nerveux peuvent être déclenchés en réponse à des stimulus provenant :




La transmission des signaux nerveux est à la fois électrique et chimique. Le potentiel d’action qui se dirige vers le bas dans l’axone du nerf est un signal électrique ; mais comme les nerfs n’entrent pas directement en contact, le signal entre une cellule nerveuse et la cellule suivante de la chaîne est chimique (p. 151).




Axones et dendrites


L’axone et les dendrites sont des extensions du corps cellulaire ; ils forment la substance blanche du système nerveux. Les axones sont présents dans la profondeur du cerveau, et ils sont groupés en tractus ou faisceaux dans la périphérie de la moelle spinale. À l’extérieur du cerveau et de la moelle spinale, ils sont appelés nerfs (quand ils sont groupés), ou fibres nerveuses.



Axones

Chaque cellule nerveuse n’a qu’un seul axone, qui débute à une zone conique du corps cellulaire, le cône d’implantation de l’axone. Il transporte l’influx nerveux né dans le corps cellulaire. Il est habituellement plus long que les dendrites, atteignant parfois 100 cm.



Structure d’un axone

La membrane d’un axone, appelée axolemme, entoure l’extension axonale du corps cellulaire.




Neurones non myélinisés


Les fibres postganglionnaires et certaines petites fibres du système nerveux central sont non myélinisées (amyéliniques). Un certain nombre d’axones de ce type sont enchâssés dans la membrane plasmique des cellules de Schwann (Fig. 7.3B). Les cellules de Schwann adjacentes sont alors étroitement associées, et il n’y a pas d’axolemme exposé. La vitesse de transmission de l’influx nerveux est significativement plus faible dans les fibres non myélinisées que dans celles myélinisées.




Influx nerveux (potentiel d’action)


Un influx (ou impulsion nerveuse) est initié par la stimulation de terminaisons nerveuses sensitives, ou par la transmission d’un influx provenant d’un autre nerf. La transmission de l’influx, ou potentiel d’action, est due au mouvement d’ions à travers la membrane de la cellule nerveuse. Au repos, la membrane de la cellule nerveuse est polarisée en raison de différences dans les concentrations des ions de part et d’autre de la membrane. Cela veut dire que la charge électrique de chaque côté de la membrane est différente, différence appelée potentiel de membrane de repos. Au repos, la charge à la face externe de la membrane est positive, et à la face interne, négative. Les principaux ions impliqués sont :




Au repos, ces ions ont en permanence tendance à diffuser selon leur gradient de concentration, c’est-à-dire à sortir de la cellule pour le K+ et à y entrer pour le Na+. Quand le nerf est stimulé, la perméabilité de la membrane cellulaire du nerf à ces ions se modifie. Initialement, le Na+ du liquide extracellulaire passe dans le neurone, et cette dépolarisation crée un influx nerveux ou potentiel d’action. La dépolarisation se propage très rapidement de proche en proche, permettant la conduction d’un influx nerveux sur toute la longueur d’un neurone en quelques millisecondes (ms) seulement. À partir du point de stimulation, l’influx ne va que dans une seule direction, c’est-à-dire qu’il s’éloigne de ce point en se dirigeant vers la région au potentiel de repos. Le sens unique de la transmission de l’influx nerveux est dû au fait qu’après dépolarisation il faut un certain temps pour que la repolarisation se produise.


Presque immédiatement après l’entrée de sodium, du K+ sort du neurone, et le mouvement de ces ions K+ rétablit le potentiel de membrane à ce qu’il était au repos. Cette période de repolarisation est appelée période réfractaire, car durant celle-ci la restimulation est inefficace. Puis le neurone revient à son état de repos initial, la pompe sodium–potassium expulsant des ions Na+ hors de la cellule en échange d’ions K+ , qui reviennent dans la cellule (voir p. 35).


Dans les neurones myélinisés, les propriétés isolantes de la gaine de myéline empêchent le mouvement des ions. Par conséquent, les modifications électriques ne peuvent se produire que dans les interstices de la gaine de myéline, c’est-à-dire dans les nœuds de Ranvier (voir Fig. 7.2). Quand une impulsion se produit à un nœud, la dépolarisation passe le long de la gaine de myéline au nœud suivant, si bien que le flux du courant semble sauter d’un nœud au suivant. Cela est appelé conduction saltatoire (Fig. 7.5).



La vitesse de la conduction nerveuse dépend du diamètre du neurone : plus il est grand, plus la conduction est rapide. Les fibres myélinisées conduisent l’influx nerveux plus vite que celles non myélinisées, car la conduction saltatoire est plus rapide que la conduction complète, ou propagation simple (Fig. 7.6). Les fibres conduisant le plus vite l’influx, par exemple aux muscles squelettiques, le font à la vitesse de 130 mètres par seconde, alors que la vitesse de conduction la plus lente est de 0,5 mètre par seconde.




La synapse et les neurotransmetteurs


Il y a toujours plus d’un neurone impliqué dans la transmission d’un influx nerveux de son origine à sa destination, qu’il soit sensitif ou moteur. Il n’y a pas de contact physique entre ces neurones. L’endroit où l’influx passe d’un nerf à l’autre est appelé synapse (Fig. 7.7). À son extrémité, l’axone du neurone présynaptique se divise en branches minuscules se terminant chacune par un petit renflement appelé bouton synaptique, ou bouton terminal. Ces boutons sont proches des dendrites et du corps cellulaire du neurone postsynaptique, dont ils sont séparés par la fente synaptique. À l’extrémité des boutons synaptiques se trouvent des vésicules synaptiques sphériques contenant une substance chimique, le neurotransmetteur, qui est libérée dans la fente synaptique. Le neurotransmetteur est synthétisé par la cellule nerveuse, transporté activement le long de l’axone, et emmagasiné dans les vésicules synaptiques. Il est libéré dans la fente synaptique par exocytose en réponse au potentiel d’action arrivant au bouton synaptique, et il diffuse dans cette fente. Il atteint alors des sites récepteurs spécifiques de la membrane du neurone postsynaptique, sur lesquels il agit. Cette action est brève car, dès qu’il a stimulé le neurone postsynaptique ou l’organe effecteur, tel qu’une fibre musculaire, il est inactivé par des enzymes, ou repris dans le bouton synaptique. La connaissance de l’action des différents neurotransmetteurs est importante, car certains produits peuvent imiter, neutraliser (antagoniser) ou prolonger leur effet. Les neurotransmetteurs ont habituellement un effet excitateur au niveau de la synapse, mais ils sont parfois inhibiteurs.


Les neurotransmetteurs dans le cerveau et la moelle spinale incluent la noradrénaline, l’adrénaline, la dopamine, l’histamine, la sérotonine, l’acide gamma aminobutyrique (GABA) et l’acétylcholine. D’autres substances, telles que les enképhalines, les endorphines et la substance P, ont des rôles spécialisés, par exemple la transmission des signaux de la douleur. La figure 7.8 indique les neurotransmetteurs connus du système nerveux périphérique.



Les nerfs somatiques transportent les influx nerveux directement aux synapses qu’ils forment avec des fibres musculaires squelettiques, synapses appelées jonctions neuromusculaires (p. 436) qui stimulent leur contraction. Dans le système nerveux autonome, tant sympathique que parasympathique (voir p. 179), les influx efférents suivent deux fibres (préganglionnaire et postganglionnaire) et traversent deux synapses pour atteindre les organes effecteurs, par exemple le muscle lisse et les glandes.



Nerfs


Un nerf est constitué de nombreux neurones réunis en faisceaux (les faisceaux de fibres nerveuses du système nerveux central sont appelés tractus). Chaque faisceau dispose de plusieurs revêtements de tissu conjonctif protecteur (Fig. 7.9).







Nerfs sensitifs, ou afférents


Les nerfs sensitifs transmettent de l’information du corps à la moelle spinale (Fig. 7.1). Les influx peuvent alors gagner le cerveau, ou des neurones connecteurs (NdT : interneurones) situés dans la moelle spinale, faisant partie d’arcs réflexes (voir p. 170).






Névroglie


Les neurones du système nerveux central sont entourés par quatre types de cellules gliales non excitables, qui sont bien plus nombreuses que les neurones (Fig. 7.11). Contrairement aux cellules nerveuses, qui ne peuvent pas se diviser, les cellules gliales continuent à se répliquer tout au long de la vie. Il s’agit des astrocytes, des oligodendrocytes, des cellules épendymaires, et des cellules microgliales.









Réponse du tissu nerveux aux agressions


Les neurones atteignent leur maturité quelques semaines après la naissance, et ils ne sont pas remplacés.


Des lésions des neurones peuvent entraîner une rapide nécrose avec défaillance fonctionnelle aiguë, ou une atrophie lente avec dysfonctionnement progressivement croissant. Ces modifications peuvent être dues :













Système nerveux central


Le système nerveux central comporte le cerveau et la moelle spinale.



Les méninges et le liquide cérébrospinal (LCS)





Méninges


Le cerveau et la moelle spinale sont entièrement entourés par trois couches de tissu, les méninges, siégeant entre le crâne et le cerveau, et entre les foramens vertébraux et la moelle spinale. Ce sont, de dehors en dedans :






La dure-mère et l’arachnoïde sont séparées par un espace potentiel, l’espace subdural (anciennement : espace sous-dural). L’arachnoïde et la pie-mère sont séparées par l’espace subarachnoïdien (anciennement : espace sous-arachnoïdien), qui contient le liquide cérébrospinal.




Dure-mère

La dure-mère cérébrale comporte deux couches de tissu fibreux dense. La couche externe adhère de façon assez lâche à la face interne du crâne (NdT : délimitant avec lui un espace potentiel, l’espace épidural) ; la couche interne fournit au cerveau une couverture protectrice. Il n’y a entre les deux couches qu’un espace potentiel, sauf là où la couche interne plonge entre les hémisphères cérébraux pour former la faux du cerveau ; plonge entre les hémisphères cérébelleux pour former la faux du cervelet ; et plonge entre le cerveau et le cervelet pour former la tente du cervelet.


Le sang veineux du cerveau se draine dans des sinus veineux situés entre les deux couches de la dure-mère. Le sinus sagittal supérieur est formé par la faux du cerveau, et la tente du cervelet forme les sinus droit et transverses (voir Fig. 5.36 et 5.37, p. 105).


La dure-mère spinale forme une gaine lâche autour de la moelle spinale ; elle va du foramen magnum jusqu’à la hauteur de la deuxième vertèbre sacrale. Ensuite, elle englobe le filum terminal, et fusionne avec le périoste du coccyx. Il s’agit d’une extension de la couche interne de la dure-mère cérébrale ; elle est séparée du périoste des vertèbres et des ligaments du canal neural par l’espace épidural (voir Fig. 7.27), qui contient des vaisseaux sanguins et du tissu conjonctif aréolaire. Elle est attachée au foramen magnum et, par de nombreuses bandelettes fibreuses, au ligament longitudinal postérieur, sur lequel elle se fixe par intervalles sur toute la longueur de celui-ci. Les filets nerveux entrant dans la moelle spinale ou en sortant traversent l’espace épidural. Ces attaches stabilisent la moelle spinale dans le canal neural. Des colorants utilisés dans un but diagnostique, des anesthésiques locaux ou des analgésiques peuvent être injectés dans l’espace épidural.






Ventricules du cerveau et liquide cérébrospinal


Le cerveau contient quatre cavités de forme irrégulière, les ventricules, qui renferment du liquide cérébrospinal (LCS) (Fig. 7.16). Ce sont :








Liquide cérébrospinal


Le liquide cérébrospinal (LCS ; ou liquide céphalorachidien) est sécrété dans chaque ventricule cérébral par les plexus choroïdes. Il s’agit d’une efflorescence de vaisseaux sanguins entourés par une mince couche de cellules épithéliales (NdT : ils siègent dans la corne temporale de chaque ventricule latéral, dans le toit du quatrième ventricule et dans la partie postérieure du troisième ventricule). Le LCS retourne au sang par de minuscules diverticules de l’arachnoïde, appelés villosités arachnoïdiennes (ou granulations de Pacchioni, Fig. 7.17), qui se projettent dans les sinus veineux. Le mouvement du LCS de l’espace subarachnoïdien aux sinus veineux dépend de la différence de pression entre les deux côtés des parois des villosités arachnoïdiennes, qui fonctionnent comme des valves unidirectionnelles. Quand la pression du LCS est supérieure à la pression veineuse, du LCS passe dans le sang ; quand la pression veineuse est supérieure à celle du LCS, les villosités arachnoïdiennes se collabent, empêchant le passage de constituants du sang dans le LCS. Il pourrait y avoir aussi une certaine réabsorption du LCS par les cellules des parois des ventricules.



Le LCS du 4e ventricule traverse les orifices de son toit et gagne l’espace subarachnoïdien, par lequel il entoure complètement le cerveau et la moelle spinale (Fig. 7.17). Il n’y a pas de système intrinsèque de circulation du LCS, mais son mouvement est aidé par la pulsation des vaisseaux sanguins, la respiration, les changements de posture.


Le LCS est sécrété de façon continue au taux d’environ 0,5 ml par minute, c’est-à-dire de 720 ml par jour. La quantité reste tout à fait constante, environ 150 ml, l’absorption se faisant au rythme de la sécrétion. La pression du LCS peut être mesurée en utilisant un tube vertical rattaché à une aiguille de ponction lombaire, insérée dans l’espace subarachnoïdien au-dessus ou au-dessous de la 4e vertèbre lombale (qui est en dessous de la terminaison de la moelle spinale). La pression reste tout à fait constante, à environ 10 cm H2O quand l’individu est couché sur le côté, et à environ 30 cm H2O quand il est en position assise. Si le cerveau est augmenté de volume, par exemple par une hémorragie ou une tumeur, il se produit une certaine compensation par réduction de la quantité de LCS. Quand le volume du tissu cérébral est diminué par une dégénérescence ou par une atrophie, le volume du LCS s’accroît. Le LCS est un liquide clair, légèrement alcalin, de densité 1,005, contenant :











Cerveau




Le cerveau représente environ un cinquantième du poids du corps ; il siège dans la cavité crânienne. Ses parties sont (Fig. 7.18) :










May 7, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 7: Système nerveux

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