Chapitre 7 Système nerveux
Le système nerveux détecte des modifications à l’intérieur et à l’extérieur du corps, et y répond. Avec le système endocrinien, il contrôle de nombreuses fonctions corporelles vitales, et il contribue à maintenir l’homéostasie. Dans cet objectif, le système nerveux fournit une réponse immédiate, alors que l’activité endocrinienne est le plus souvent lente et plus prolongée (Ch. 9).
Pour leur description, les parties du système nerveux sont réparties en :
À son tour, la partie motrice est impliquée en activités qui sont :
Cellules et tissus du système nerveux
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être capable :
Le système nerveux est constitué par des neurones, qui conduisent les influx nerveux et sont entourés par un type de tissu cellulaire conjonctif particulier appelé névroglie. Il existe un très grand nombre de cellules : 1 billion (1012) de cellules gliales et dix fois moins (1011) de neurones.
Neurones (Fig. 7.2)
Chaque neurone (Fig. 7.2) comporte un corps cellulaire (NdT : ou soma) et ses prolongements, l’axone et les nombreux dendrites. Les neurones sont souvent appelés cellules nerveuses. Les nerfs sont des faisceaux d’axones réunis. Les neurones ne se divisent pas et, pour survivre, ils ont besoin d’un apport continu d’oxygène et de glucose. Contrairement à beaucoup d’autres cellules, les neurones peuvent produire de l’énergie (sous forme d’adénosine triphosphate [ATP]) à partir du glucose seulement.
Les neurones génèrent et transmettent des influx électriques appelés potentiels d’action. La force initiale de l’influx est maintenue sur toute la longueur du neurone. Certains neurones déclenchent des influx nerveux alors que d’autres jouent le rôle de station de relais où les impulsions sont transmises, et parfois redirigées.
Les influx nerveux peuvent être déclenchés en réponse à des stimulus provenant :
Corps cellulaires
La taille et la forme des neurones sont extrêmement variables, mais ceux-ci sont tous trop petits pour être vus à l’œil nu. Les corps cellulaires forment la substance grise du système nerveux ; ils sont présents à la périphérie du cerveau et au centre de la moelle spinale. Des groupements de corps cellulaires sont appelés noyaux dans le système nerveux central, et ganglions dans le système nerveux périphérique. Les noyaux gris centraux (ganglions de la base) des hémisphères cérébraux (p. 161) représentent une importante exception.
Axones et dendrites
L’axone et les dendrites sont des extensions du corps cellulaire ; ils forment la substance blanche du système nerveux. Les axones sont présents dans la profondeur du cerveau, et ils sont groupés en tractus ou faisceaux dans la périphérie de la moelle spinale. À l’extérieur du cerveau et de la moelle spinale, ils sont appelés nerfs (quand ils sont groupés), ou fibres nerveuses.
Axones
Chaque cellule nerveuse n’a qu’un seul axone, qui débute à une zone conique du corps cellulaire, le cône d’implantation de l’axone. Il transporte l’influx nerveux né dans le corps cellulaire. Il est habituellement plus long que les dendrites, atteignant parfois 100 cm.
Structure d’un axone
La membrane d’un axone, appelée axolemme, entoure l’extension axonale du corps cellulaire.
Les axones de gros calibre et ceux des nerfs périphériques sont entourés par une gaine de myéline (Fig. 7.3A). Celle-ci est faite d’une série de cellules de Schwann disposées les unes après les autres sur toute la longueur de l’axone. Chaque cellule entoure plusieurs fois complètement l’axone, si bien que celui-ci est entouré par plusieurs couches concentriques de membrane plasmique de la cellule de Schwann. Entre les couches de membrane plasmique se trouve une petite quantité de substance lipidique appelée myéline. La couche la plus superficielle de la membrane plasmique de la cellule de Schwann est appelée neurilemme. Il existe de minuscules aires d’axolemme exposé entre les cellules de Schwann (aires non recouvertes par ces cellules), appelées nœuds de Ranvier (nœuds de la neurofibre), qui contribuent à la transmission rapide des impulsions nerveuses dans les neurones myélinisés (Fig. 7.2). La figure 7.4 montre une coupe de fibre nerveuse au niveau d’un nœud de Ranvier, où une zone non myélinisée est clairement visible.
Figure 7.3 Disposition de la myéline.
A. Neurone myélinisé. B. Neurone non myélinisé. C. Longueur d’un axone myélinisé.
Les fibres postganglionnaires et certaines petites fibres du système nerveux central sont non myélinisées (amyéliniques). Un certain nombre d’axones de ce type sont enchâssés dans la membrane plasmique des cellules de Schwann (Fig. 7.3B). Les cellules de Schwann adjacentes sont alors étroitement associées, et il n’y a pas d’axolemme exposé. La vitesse de transmission de l’influx nerveux est significativement plus faible dans les fibres non myélinisées que dans celles myélinisées.
Dendrites
Les dendrites sont les nombreux petits prolongements qui reçoivent des influx nerveux et les transportent vers d’autres corps cellulaires. Ils ont la même structure que les axones, mais ils sont habituellement plus courts et ramifiés. Dans les neurones moteurs, ils forment une partie des synapses (voir Fig. 7.7) et, dans les neurones sensitifs, ils forment les récepteurs sensitifs qui répondent aux stimulus.
Influx nerveux (potentiel d’action)
Un influx (ou impulsion nerveuse) est initié par la stimulation de terminaisons nerveuses sensitives, ou par la transmission d’un influx provenant d’un autre nerf. La transmission de l’influx, ou potentiel d’action, est due au mouvement d’ions à travers la membrane de la cellule nerveuse. Au repos, la membrane de la cellule nerveuse est polarisée en raison de différences dans les concentrations des ions de part et d’autre de la membrane. Cela veut dire que la charge électrique de chaque côté de la membrane est différente, différence appelée potentiel de membrane de repos. Au repos, la charge à la face externe de la membrane est positive, et à la face interne, négative. Les principaux ions impliqués sont :
Au repos, ces ions ont en permanence tendance à diffuser selon leur gradient de concentration, c’est-à-dire à sortir de la cellule pour le K+ et à y entrer pour le Na+. Quand le nerf est stimulé, la perméabilité de la membrane cellulaire du nerf à ces ions se modifie. Initialement, le Na+ du liquide extracellulaire passe dans le neurone, et cette dépolarisation crée un influx nerveux ou potentiel d’action. La dépolarisation se propage très rapidement de proche en proche, permettant la conduction d’un influx nerveux sur toute la longueur d’un neurone en quelques millisecondes (ms) seulement. À partir du point de stimulation, l’influx ne va que dans une seule direction, c’est-à-dire qu’il s’éloigne de ce point en se dirigeant vers la région au potentiel de repos. Le sens unique de la transmission de l’influx nerveux est dû au fait qu’après dépolarisation il faut un certain temps pour que la repolarisation se produise.
Presque immédiatement après l’entrée de sodium, du K+ sort du neurone, et le mouvement de ces ions K+ rétablit le potentiel de membrane à ce qu’il était au repos. Cette période de repolarisation est appelée période réfractaire, car durant celle-ci la restimulation est inefficace. Puis le neurone revient à son état de repos initial, la pompe sodium–potassium expulsant des ions Na+ hors de la cellule en échange d’ions K+ , qui reviennent dans la cellule (voir p. 35).
Dans les neurones myélinisés, les propriétés isolantes de la gaine de myéline empêchent le mouvement des ions. Par conséquent, les modifications électriques ne peuvent se produire que dans les interstices de la gaine de myéline, c’est-à-dire dans les nœuds de Ranvier (voir Fig. 7.2). Quand une impulsion se produit à un nœud, la dépolarisation passe le long de la gaine de myéline au nœud suivant, si bien que le flux du courant semble sauter d’un nœud au suivant. Cela est appelé conduction saltatoire (Fig. 7.5).
La vitesse de la conduction nerveuse dépend du diamètre du neurone : plus il est grand, plus la conduction est rapide. Les fibres myélinisées conduisent l’influx nerveux plus vite que celles non myélinisées, car la conduction saltatoire est plus rapide que la conduction complète, ou propagation simple (Fig. 7.6). Les fibres conduisant le plus vite l’influx, par exemple aux muscles squelettiques, le font à la vitesse de 130 mètres par seconde, alors que la vitesse de conduction la plus lente est de 0,5 mètre par seconde.
La synapse et les neurotransmetteurs
Il y a toujours plus d’un neurone impliqué dans la transmission d’un influx nerveux de son origine à sa destination, qu’il soit sensitif ou moteur. Il n’y a pas de contact physique entre ces neurones. L’endroit où l’influx passe d’un nerf à l’autre est appelé synapse (Fig. 7.7). À son extrémité, l’axone du neurone présynaptique se divise en branches minuscules se terminant chacune par un petit renflement appelé bouton synaptique, ou bouton terminal. Ces boutons sont proches des dendrites et du corps cellulaire du neurone postsynaptique, dont ils sont séparés par la fente synaptique. À l’extrémité des boutons synaptiques se trouvent des vésicules synaptiques sphériques contenant une substance chimique, le neurotransmetteur, qui est libérée dans la fente synaptique. Le neurotransmetteur est synthétisé par la cellule nerveuse, transporté activement le long de l’axone, et emmagasiné dans les vésicules synaptiques. Il est libéré dans la fente synaptique par exocytose en réponse au potentiel d’action arrivant au bouton synaptique, et il diffuse dans cette fente. Il atteint alors des sites récepteurs spécifiques de la membrane du neurone postsynaptique, sur lesquels il agit. Cette action est brève car, dès qu’il a stimulé le neurone postsynaptique ou l’organe effecteur, tel qu’une fibre musculaire, il est inactivé par des enzymes, ou repris dans le bouton synaptique. La connaissance de l’action des différents neurotransmetteurs est importante, car certains produits peuvent imiter, neutraliser (antagoniser) ou prolonger leur effet. Les neurotransmetteurs ont habituellement un effet excitateur au niveau de la synapse, mais ils sont parfois inhibiteurs.
Les neurotransmetteurs dans le cerveau et la moelle spinale incluent la noradrénaline, l’adrénaline, la dopamine, l’histamine, la sérotonine, l’acide gamma aminobutyrique (GABA) et l’acétylcholine. D’autres substances, telles que les enképhalines, les endorphines et la substance P, ont des rôles spécialisés, par exemple la transmission des signaux de la douleur. La figure 7.8 indique les neurotransmetteurs connus du système nerveux périphérique.
Les nerfs somatiques transportent les influx nerveux directement aux synapses qu’ils forment avec des fibres musculaires squelettiques, synapses appelées jonctions neuromusculaires (p. 436) qui stimulent leur contraction. Dans le système nerveux autonome, tant sympathique que parasympathique (voir p. 179), les influx efférents suivent deux fibres (préganglionnaire et postganglionnaire) et traversent deux synapses pour atteindre les organes effecteurs, par exemple le muscle lisse et les glandes.
Nerfs
Un nerf est constitué de nombreux neurones réunis en faisceaux (les faisceaux de fibres nerveuses du système nerveux central sont appelés tractus). Chaque faisceau dispose de plusieurs revêtements de tissu conjonctif protecteur (Fig. 7.9).
Nerfs sensitifs, ou afférents
Les nerfs sensitifs transmettent de l’information du corps à la moelle spinale (Fig. 7.1). Les influx peuvent alors gagner le cerveau, ou des neurones connecteurs (NdT : interneurones) situés dans la moelle spinale, faisant partie d’arcs réflexes (voir p. 170).
Récepteurs sensitifs
Les terminaisons spécialisées des neurones sensitifs répondent à divers stimulus (changements) dans le corps ou hors de lui.
Sensibilité somatique, cutanée ou commune
Elle a pour origine la peau. Il s’agit des sensibilités à la douleur, au toucher, à la chaleur et au froid (NdT : sensibilités algésique, tactile et thermique, respectivement). Les terminaisons sensitives dans la peau sont de fins filaments ramifiés, sans gaine de myéline (Fig. 7.10). Quand elles sont stimulées, un influx nerveux est généré, et transmis par les nerfs sensitifs au cerveau, où la sensation est perçue.
Sensibilité proprioceptive
Elle a pour origine les muscles et les articulations ; elle contribue au maintien de l’équilibre et de la posture.
Nerfs afférents du système nerveux autonome
Ils naissent dans les organes internes, les glandes et les tissus, par exemple au niveau des barorécepteurs impliqués dans le contrôle de la pression artérielle (Ch. 5), des chémorécepteurs impliqués dans le contrôle de la respiration (Ch. 10) ; ils interviennent dans la régulation réflexe de l’activité involontaire et dans la douleur viscérale.
Nerfs moteurs, ou efférents
Les nerfs moteurs naissent dans le cerveau, la moelle spinale, les ganglions du système nerveux autonome. Ils transmettent des influx aux organes effecteurs, muscles et glandes (Fig. 7.1). Ils sont de deux types :
Nerfs mixtes
Dans la moelle spinale, les fibres nerveuses sensitives et motrices sont disposées en groupes séparés, ou tractus (ou faisceaux). Hors de la moelle spinale, quand des fibres nerveuses sensitives et des fibres nerveuses motrices sont dans la même gaine de tissu conjonctif, elles constituent un nerf mixte.
Névroglie
Les neurones du système nerveux central sont entourés par quatre types de cellules gliales non excitables, qui sont bien plus nombreuses que les neurones (Fig. 7.11). Contrairement aux cellules nerveuses, qui ne peuvent pas se diviser, les cellules gliales continuent à se répliquer tout au long de la vie. Il s’agit des astrocytes, des oligodendrocytes, des cellules épendymaires, et des cellules microgliales.
Astrocytes
Ces cellules forment le principal tissu de soutien du système nerveux central. Elles ont la forme d’étoiles, avec de fins prolongements ramifiés ; elles siègent dans une substance mucopolysaccharidique (Fig. 7.12). Certains de leurs prolongements se terminent par un petit renflement appelé pied vasculaire ou pédicelle. En effet, des astrocytes sont présents en grand nombre au voisinage des vaisseaux sanguins, sur la paroi desquels s’appliquent les pieds vasculaires, qui forment des manchons entourant les vaisseaux. Cela veut dire que le sang est séparé des neurones par la paroi capillaire et par une couche de pieds vasculaires, qui constituent ensemble la barrière sang–cerveau ou hémato-encéphalique (Fig. 7.13).
Oligodendrocytes
Ces cellules sont plus petites que les astrocytes. Elles sont présentes en amas autour du corps cellulaire des neurones, dans la substance grise, où ils ont une fonction de soutien, pense-t-on ; adjacentes aux fibres nerveuses myélinisées, le long de leur trajet. Les oligodendrocytes forment et maintiennent la myéline, ayant les mêmes fonctions que les cellules de Schwann des nerfs périphériques.
Cellules épendymaires
Ces cellules forment la bordure épithéliale des ventricules cérébraux et du canal central de la moelle spinale. Celles qui forment les plexus choroïdes des ventricules sécrètent du liquide cérébrospinal.
Microglie
La microglie peut être faite de cellules dérivées de monocytes ayant migré du sang dans le système nerveux avant la naissance. Elles sont présentes principalement au voisinage des vaisseaux sanguins. Elles grossissent et deviennent phagocytaires, éliminant les microbes et les tissus lésés, dans les régions d’inflammation et de destruction cellulaire.
Réponse du tissu nerveux aux agressions
Les neurones atteignent leur maturité quelques semaines après la naissance, et ils ne sont pas remplacés.
Régénération neuronale (Fig. 7.14)
Les axones des nerfs périphériques peuvent parfois régénérer si le corps cellulaire reste intact. En aval de la lésion, l’axone et sa gaine de myéline se désintègrent, et ils sont enlevés par des macrophages, mais les cellules de Schwann survivent et prolifèrent à l’intérieur du neurilemme. La partie proximale vivante de l’axone grandit le long de sa voie d’origine (d’environ 1,5 mm par jour), à condition que les deux parties du neurilemme soient correctement positionnées et en étroite apposition (Fig. 7.14A). La restauration de la fonction dépend du rétablissement de connexions satisfaisantes avec l’organe innervé. Quand le neurilemme est hors position ou détruit, les axones bourgeonnants et les cellules de Schwann forment un amas d’allure tumorale (névrome traumatique), entraînant des douleurs sévères, comme lors de fracture ou d’amputation de membre (Fig. 7.14B).
Lésion de la névroglie
Astrocytes
Quand ils sont sévèrement endommagés, les astrocytes se nécrosent et se désintègrent. Dans les cas moins sévères et chroniques, il se produit une prolifération des prolongements astrocytaires (gliose), puis plus tard une atrophie cellulaire. Ce processus s’observe dans de nombreuses maladies, et il est analogue à la fibrose dans d’autres tissus.
Oligodendrocytes
Ces cellules forment et maintiennent la myéline, ayant les mêmes fonctions que les cellules de Schwann des nerfs périphériques. Leur nombre autour des neurones en dégénérescence augmente ; elles sont détruites dans les maladies démyélinisantes telles que la sclérose en plaques (p. 192).
Système nerveux central
Le système nerveux central comporte le cerveau et la moelle spinale.
Les méninges et le liquide cérébrospinal (LCS)
Méninges
Le cerveau et la moelle spinale sont entièrement entourés par trois couches de tissu, les méninges, siégeant entre le crâne et le cerveau, et entre les foramens vertébraux et la moelle spinale. Ce sont, de dehors en dedans :
La dure-mère et l’arachnoïde sont séparées par un espace potentiel, l’espace subdural (anciennement : espace sous-dural). L’arachnoïde et la pie-mère sont séparées par l’espace subarachnoïdien (anciennement : espace sous-arachnoïdien), qui contient le liquide cérébrospinal.
Dure-mère
La dure-mère cérébrale comporte deux couches de tissu fibreux dense. La couche externe adhère de façon assez lâche à la face interne du crâne (NdT : délimitant avec lui un espace potentiel, l’espace épidural) ; la couche interne fournit au cerveau une couverture protectrice. Il n’y a entre les deux couches qu’un espace potentiel, sauf là où la couche interne plonge entre les hémisphères cérébraux pour former la faux du cerveau ; plonge entre les hémisphères cérébelleux pour former la faux du cervelet ; et plonge entre le cerveau et le cervelet pour former la tente du cervelet.
Le sang veineux du cerveau se draine dans des sinus veineux situés entre les deux couches de la dure-mère. Le sinus sagittal supérieur est formé par la faux du cerveau, et la tente du cervelet forme les sinus droit et transverses (voir Fig. 5.36 et 5.37, p. 105).
La dure-mère spinale forme une gaine lâche autour de la moelle spinale ; elle va du foramen magnum jusqu’à la hauteur de la deuxième vertèbre sacrale. Ensuite, elle englobe le filum terminal, et fusionne avec le périoste du coccyx. Il s’agit d’une extension de la couche interne de la dure-mère cérébrale ; elle est séparée du périoste des vertèbres et des ligaments du canal neural par l’espace épidural (voir Fig. 7.27), qui contient des vaisseaux sanguins et du tissu conjonctif aréolaire. Elle est attachée au foramen magnum et, par de nombreuses bandelettes fibreuses, au ligament longitudinal postérieur, sur lequel elle se fixe par intervalles sur toute la longueur de celui-ci. Les filets nerveux entrant dans la moelle spinale ou en sortant traversent l’espace épidural. Ces attaches stabilisent la moelle spinale dans le canal neural. Des colorants utilisés dans un but diagnostique, des anesthésiques locaux ou des analgésiques peuvent être injectés dans l’espace épidural.
Arachnoïde
Cette fine couche de tissu fibreux siège entre la dure-mère et la pie-mère. Elle est séparée de la dure-mère par l’espace subdural, et de la pie-mère par l’espace subarachnoïdien, qui contient le liquide cérébrospinal. L’arachnoïde passe au-dessus des circonvolutions cérébrales et accompagne la dure-mère dans la formation de la faux du cerveau, de la tente du cervelet et de la faux du cervelet. Elle descend pour envelopper la moelle spinale, et elle se termine en fusionnant avec la dure-mère au niveau de la 2e vertèbre sacrale.
Pie-mère
Il s’agit d’une fine couche de tissu conjonctif contenant de nombreux vaisseaux sanguins minuscules. Elle adhère au cerveau, recouvrant complètement les circonvolutions cérébrales et descendant dans chaque sillon. Elle se poursuit vers le bas en entourant la moelle spinale. Elle se prolonge au-delà de la terminaison de la moelle spinale par le filum terminal, qui traverse l’arachnoïde et qui, avec la dure-mère, va fusionner avec le périoste du coccyx.
Ventricules du cerveau et liquide cérébrospinal
Le cerveau contient quatre cavités de forme irrégulière, les ventricules, qui renferment du liquide cérébrospinal (LCS) (Fig. 7.16). Ce sont :
Figure 7.16 La position des ventricules cérébraux (en jaune) en surimpression sur la surface du cerveau.
Ventricules latéraux
Ces cavités siègent dans les hémisphères cérébraux, sur chaque côté du plan médian, juste au-dessous du corps calleux. Ils sont séparés l’un de l’autre par une mince membrane, le septum lucidum (ou septum pellucidum) ; ils sont bordés par un épithélium cilié. Ils communiquent chacun avec le troisième ventricule par un foramen interventriculaire (NdT : trou de Monro).
Troisième ventricule
Le troisième ventricule est une cavité située au-dessous des ventricules latéraux, entre les thalamus. Il communique avec le quatrième ventricule par un canal, l’aqueduc cérébral (ou aqueduc du cerveau moyen).
Quatrième ventricule
Le quatrième ventricule est une cavité en forme de diamant située au-dessous et en arrière du troisième ventricule, entre le cervelet et le pont. Il se continue en bas par le canal central de la moelle spinale, et il communique avec l’espace subarachnoïdien par des orifices de son toit (NdT : le trou de Magendie, médian, et les deux trous de Luschka, latéraux). Le liquide cérébrospinal pénètre dans l’espace subarachnoïdien par ces orifices et par l’extrémité distale ouverte du canal central de la moelle spinale.
Liquide cérébrospinal
Le liquide cérébrospinal (LCS ; ou liquide céphalorachidien) est sécrété dans chaque ventricule cérébral par les plexus choroïdes. Il s’agit d’une efflorescence de vaisseaux sanguins entourés par une mince couche de cellules épithéliales (NdT : ils siègent dans la corne temporale de chaque ventricule latéral, dans le toit du quatrième ventricule et dans la partie postérieure du troisième ventricule). Le LCS retourne au sang par de minuscules diverticules de l’arachnoïde, appelés villosités arachnoïdiennes (ou granulations de Pacchioni, Fig. 7.17), qui se projettent dans les sinus veineux. Le mouvement du LCS de l’espace subarachnoïdien aux sinus veineux dépend de la différence de pression entre les deux côtés des parois des villosités arachnoïdiennes, qui fonctionnent comme des valves unidirectionnelles. Quand la pression du LCS est supérieure à la pression veineuse, du LCS passe dans le sang ; quand la pression veineuse est supérieure à celle du LCS, les villosités arachnoïdiennes se collabent, empêchant le passage de constituants du sang dans le LCS. Il pourrait y avoir aussi une certaine réabsorption du LCS par les cellules des parois des ventricules.
Le LCS du 4e ventricule traverse les orifices de son toit et gagne l’espace subarachnoïdien, par lequel il entoure complètement le cerveau et la moelle spinale (Fig. 7.17). Il n’y a pas de système intrinsèque de circulation du LCS, mais son mouvement est aidé par la pulsation des vaisseaux sanguins, la respiration, les changements de posture.
Fonctions du liquide cérébrospinal
Le LCS baigne et protège le cerveau ainsi que la moelle spinale en maintenant une pression uniforme autour de ces structures vitales. Il fonctionne comme un coussin ou un absorbeur de chocs entre le cerveau et le crâne. Il garde humides le cerveau et la moelle spinale, et il pourrait y avoir des échanges de nutriments et de produits de déchets entre le LCS et les cellules nerveuses. Le LCS serait impliqué dans la régulation de la respiration, car il baigne la surface du bulbe où sont situés les chémorécepteurs centraux respiratoires (Ch. 10).
Cerveau
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être capable :
Le cerveau représente environ un cinquantième du poids du corps ; il siège dans la cavité crânienne. Ses parties sont (Fig. 7.18) :
Vascularisation du cerveau
Le cercle artériel de Willis et les artères qui y contribuent (voir Fig. 5.33, p. 104) jouent un rôle vital en maintenant un apport constant en oxygène et en glucose au cerveau quand la tête est mobilisée, et aussi quand une artère contributive est sténosée. Le cerveau reçoit environ 15 % du débit cardiaque, soit environ 750 ml de sang par minute. Une autorégulation maintient un flux sanguin au cerveau constant en ajustant le diamètre des artérioles quand la pression artérielle varie (environ 65–140 mmHg), des modifications du flux n’apparaissant que si la pression artérielle se situe en dehors de ces limites.