7: Rhumatologie

Chapitre 7 Rhumatologie


Les troubles musculosquelettiques sont fréquents et habituellement de courte durée et de guérison spontanée. En soins primaires, ils font l’objet d’environ une consultation sur cinq. Le diagnostic et le traitement précoces des affections rhumatismales contribuent à réduire l’incidence des douleurs chroniques dans les affections non inflammatoires et permettent, en cas d’arthrite inflammatoire, une orientation précoce vers des soins spécialisés où un meilleur contrôle des symptômes et la prévention des dommages articulaires à long terme seront assurés. La douleur, la raideur et l’enflure sont les symptômes les plus communs de la maladie articulaire ; ils peuvent être limités à une seule articulation ou en affecter plusieurs.




Symptômes musculosquelettiques


Une arthralgie décrit des douleurs articulaires alors que l’articulation semble normale à l’examen.


Arthrite est le terme utilisé lorsque les signes d’inflammation (gonflement, déformation ou épanchement) sont évidents.


Chez un patient souffrant de douleur articulaire, il faut d’abord repérer, par l’anamnèse et l’examen, les articulations touchées ; leur distribution est-elle symétrique, axiale ou périphérique ? Les autres points à prendre en compte sont : la présence de raideur matinale (> 30 minutes dans les arthropathies inflammatoires), les facteurs qui aggravent ou soulagent et les antécédents médicaux et familiaux. Le tableau 7.1 énumère, sur la base de l’âge et du sexe, les causes probables de douleurs articulaires.



Une douleur dans une seule articulation ou autour d’elle peut provenir de celle-ci (lésion articulaire) ou de structures qui l’entourent (lésion périarticulaire). Une enthésite, une bursite et une tendinite sont des inflammations qui touchent respectivement un site d’insertion ligamentaire, une bourse séreuse ou un tendon ; elles suscitent une douleur périarticulaire. La douleur provenant de l’articulation peut être la conséquence d’un trouble mécanique (par exemple un ménisque déchiré) ou d’une maladie inflammatoire.


Les causes d’une monoarthrite d’une grosse articulation comprennent l’arthrose, la goutte, la pseudogoutte, un traumatisme, une arthrite septique. Chez les jeunes adultes, une infection gonococcique disséminée est une cause fréquente de monoarthrite ou d’oligoarthrite aiguë non traumatique. Des causes moins fréquentes sont la polyarthrite rhumatoïde (PR), les spondylarthropathies, l’infection tuberculeuse et des hémarthroses (par exemple dans l’hémophilie ou sous warfarine). Une monoarthrite aiguë requiert des investigations et un traitement d’urgence (voir encadré 7.1). L’examen principal est l’aspiration du liquide synovial avec coloration de Gram, culture bactérienne et analyse des cristaux dans la goutte et la pseudogoutte.



Encadré 7.1 – Urgence Monoarthrite aiguë


Examens


Ponction articulaire (par guidage échographique si nécessaire) et analyse du liquide synovial :



Sang : hémogramme complet, vitesse de sédimentation, protéine C réactive, hémocultures


Les radiographies de l’articulation affectée ne sont d’aucune valeur dans le diagnostic, car habituellement normales au départ. Un descellement ou une perte osseuse autour d’un implant prothétique précédemment bien fixé suggère une infection


Prélèvement dans l’urètre, le col utérin et l’anus en cas d’infection gonococcique suspecte


Traitement d’une arthrite bactérienne aiguë non gonococcique




Examens courants en cas de maladie musculosquelettique





Tests sanguins





Autoanticorps


Les autoanticorps peuvent être non spécifiques et trouvés chez des individus normaux (voir « Facteur rhumatoïde » plus loin et tableau 7.9). Un titre élevé (>1 : 160) augmente leur spécificité et ils contribuent au diagnostic en cas de signes cliniques évocateurs de maladie auto-immune. Ils peuvent parfois être utilisés pour le suivi des maladies et fournir des données pronostiques ; par exemple, une PR séropositive est associée à une maladie articulaire érosive et à plus de manifestations extra-articulaires qu’une PR séronégative. Dans cette affection, outre le facteur rhumatoïde, la sérologie comporte le dosage d’anticorps qui réagissent avec un peptide cyclique citrulliné (anti-PCC).



Imagerie




Radiographies. Elles peuvent montrer des fractures, des déformations, un gonflement des tissus mous, une diminution de la densité osseuse, des zones ostéolytiques et ostéosclérotiques suggestives de métastases, des érosions, un pincement articulaires et la formation d’os nouveau. Les radiographies peuvent être normales au début des arthrites inflammatoires, mais elles sont utilisées plus tard comme bases de comparaison.


Scintigraphie osseuse(scintigraphie osseuse isotopique). Le traceur est le diphosphonate marqué au technétium 99, qui, après injection intraveineuse, se localise aux sites de remodelage osseux accru et de circulation sanguine. Les « points chauds » ne sont pas spécifiques et sont observés dans l’ostéomyélite, l’arthrite septique, après une chirurgie ou un traumatisme, une tumeur maligne et dans la maladie de Paget. Elle est plus utile lorsqu’elle est associée à d’autres techniques d’imagerie anatomique.


Echographie. Elle est utile pour l’examen des tissus mous et des altérations périarticulaires, telles qu’un épanchement de la hanche, un kyste de Baker et des tendons enflammés ou endommagés. Elle sert parfois à l’évaluation de la densité osseuse (au niveau du talon) comme procédé de dépistage préalable au DXA (dual-emission X-ray absorptiometry).


IRM. Elle est particulièrement utile en cas de maladies articulaires et vertébrales. Elle n’est pas indiquée chez les patients se plaignant de lombalgies mécaniques non compliquées.


DXA. Cette technique mesure la densité minérale osseuse (DMO) pour le diagnostic et le suivi de l’ostéoporose (abordée plus loin).


Arthroscopie. Elle permet d’une part la visualisation de l’intérieur d’une articulation, en particulier du genou ou de l’épaule, et d’autre part le prélèvement de biopsies. Elle peut aussi convenir pour certains actes chirurgicaux, par exemple réparer ou réséquer des ménisques déchirés ou éliminer des corps flottants.





Troubles musculosquelettiques régionaux courants


Une arthrite inflammatoire ou l’arthrose provoque des douleurs dans une ou plusieurs articulations. Cette section décrit les troubles régionaux spécifiques. Le diagnostic de la plupart de ces affections est habituellement clinique, et le traitement initial consiste en analgésiques, par exemple paracétamol et AINS. La physiothérapie et des injections locales d’un corticoïde sont utilisées dans certains cas.


Une douleur dans la nuque et les épaules est souvent due à un spasme musculaire. La douleur, unilatérale ou bilatérale, peut irradier vers le haut et l’occiput ; elle est fréquemment associée à des céphalées de tension. Une compression des racines nerveuses par une hernie discale cervicale ou des ostéophytes spondylotiques provoque une douleur cervicale unilatérale irradiant vers les régions interscapulaires et vers l’épaule (voir ci-dessous). Elle est associée à des picotements et des signes neurologiques dans les bras. Une douleur cervicale peut également être causée par une PR, une spondylarthrite ankylosante ou une fibromyalgie (douleurs musculaires chroniques répandues chez les jeunes femmes, souvent sans cause sous-jacente ; associées à des facteurs psychologiques chez certains patients). La pseudopolyarthrite rhizomélique provoque des douleurs et des raideurs dans la ceinture scapulaire.


Une blessure ou une inflammation de la coiffe des rotateurs est l’une des causes les plus courantes de douleur à l’épaule. Les muscles de la coiffe des rotateurs (sus-épineux, sous-épineux, sous-scapulaire, petit rond) sont positionnés autour de l’articulation de l’épaule ; ils stabilisent l’articulation et aident au mouvement. Les tendons musculaires se rejoignent pour former le tendon de la coiffe, qui s’insère sur l’humérus. La tendinite et le syndrome d’impingement (ou de rétrécissement) de la coiffe des rotateurs causent des douleurs scapulaires lors de l’abduction du bras entre 70 et 120°, alors que des déchirures de la coiffe empêchent le mouvement actif dans les premiers 90°. Une capsulite adhésive (épaule « gelée ») provoque de fortes douleurs scapulaires lors de tous les mouvements. Une échographie est le meilleur examen pour différencier ces lésions.


Une douleur au coude est due à une inflammation au site d’insertion du tendon extenseur du poignet dans l’épicondyle latéral (coude du joueur de tennis ou tennis elbow) ou du tendon fléchisseur du poignet sur l’épitrochlée (coude du golfeur). Le site est sensible et la douleur irradie dans l’avant-bras lors de la contraction des muscles concernés.


Affections de la hanche. Une fracture du col fémoral (douleurs à la hanche, généralement après une chute, jambe raccourcie et en rotation externe) ou une nécrose avasculaire de la tête fémorale (forte douleur à la hanche chez un patient à risque) seront suspectées souvent sur la base de l’anamnèse et de l’examen. Une douleur sur le trochanter qui s’amplifie à la montée d’escalier et à l’abduction de la hanche peut être causée par une bursite trochantérienne ou une déchirure du tendon du moyen fessier à son insertion sur le trochanter. L’IRM permet de différencier les deux. Une méralgie paresthésique (compression du nerf cutané latéral de la cuisse) provoque un engourdissement et une sensibilité accrue à un toucher léger de la région antérolatérale de la cuisse. Elle guérit généralement spontanément.


Le genou est fréquemment victime de blessures sportives qui endommagent les ménisques ainsi que les ligaments croisés, et provoquent des saignements (hémarthrose). Le genou est également souvent impliqué dans les arthrites inflammatoires, l’arthrose et la pseudogoutte. Un épanchement provoque un gonflement, de la raideur et de la douleur avec, à l’examen, le « signe du bombement » et le « choc rotulien ». Chez certains patients, l’épanchement forme un kyste (kyste de Baker) dans le creux poplité. Celui-ci peut se rompre, et la fuite de liquide dans les tissus mous du creux poplité et de la partie supérieure du mollet déclenche une brusque et forte douleur avec gonflement et sensibilité au toucher. Cette rupture peut être confondue avec une thrombose veineuse profonde (TVP) ; l’échographie fournit le diagnostic. Les soins comprennent des analgésiques, le repos avec la jambe surélevée, l’aspiration et l’injection de corticoïdes dans l’articulation.



Mal de dos




Douleur lombaire


La douleur lombaire est un symptôme commun dont la plupart des gens souffrent à un certain moment de leur vie. Seuls quelques patients ont une affection grave sous-jacente. Des douleurs dorsales d’origine mécanique sont fréquentes chez les jeunes. Elles se manifestent soudainement, sont souvent unilatérales, et peuvent être soulagées par le repos. Les facettes articulaires, des ligaments ou des muscles spinaux peuvent être en cause. L’anamnèse, l’examen physique et quelques analyses simples suffiront souvent à identifier la minorité de patients chez qui les douleurs dorsales ont une autre origine (tableau 7.2).


Tableau 7.2 Causes de douleur lombaire
























































Causes Antécédents et examen
Mécanique Hernie du disque intervertébral Souvent début soudain
Arthrose La douleur augmente le soir
Fractures La raideur matinale est absente
Spondylolisthésis L’exercice aggrave la douleur
Sténose rachidienne  
Inflammatoire Spondylarthrite ankylosante Début progressif
Infection (voir ci-dessous) La douleur s’intensifie le matin
L’exercice soulage la douleur
Causes graves Métastases Âge < 20 ou > 50 ans
Myélome multiple Douleur constante sans soulagement
Ostéomyélite tuberculeuse Antécédents de TB, de VIH, de carcinome, usage de stéroïdes
Ostéomyélite bactérienne Malaise général : fièvre, amaigrissement
Sensibilité osseuse localisée
Sténose du canal rachidien et atteinte des racines Signes bilatéraux dans les jambes
Troubles neurologiques impliquant plus d’une racine
Troubles vésicaux, intestinaux et sexuels
Autres Ostéomalacie, maladie de Paget, irradiation d’une douleur provenant d’une maladie abdominale ou pelvienne

Le texte en rouge indique les signes d’alerte chez un patient se plaignant de douleur lombaire. L’apparition d’une douleur thoracique est aussi un signe d’alerte.


Le tableau 7.3 reprend les diverses causes de maux de dos en fonction de l’âge. En effet, certaines étiologies sont plus fréquentes dans des groupes d’âge particuliers.


Tableau 7.3 Lombalgie – troubles les plus fréquents en cause en fonction de l’âge



























15–30 ans 30–50 ans 50 ans et plus
Mécanique Mécanique Maladie articulaire dégénérative
Hernie des disques intervertébraux Hernie des disques intervertébraux Ostéoporose
Maladie de Paget
Spondylarthrite ankylosante Maladie articulaire dégénérative Cancer
Spondylolisthésis Cancer Myélome
Fractures (tous âges)
Lésions infectieuses (tous âges)




Maladie du disque intervertébral




Discopathie aiguë


Un prolapsus du disque intervertébral provoque de violents maux de dos (lumbago), avec ou sans irradiation de la douleur dans les régions innervées par le nerf sciatique (sciatalgie). C’est une maladie de jeunes (20 à 40 ans), car le disque dégénère avec l’âge et n’est plus assez souple pour faire hernie. Chez les patients âgés, une sciatique est en général due à une compression de la racine nerveuse par des ostéophytes dans la région latérale du canal rachidien.







Troubles mécaniques






Arthrose


L’arthrose est une maladie des articulations synoviales (fig. 7.1) est la forme la plus courante d’arthrite.





Pathologie et pathogénie


L’arthrose est la conséquence de processus actifs, parfois inflammatoires, mais potentiellement réparateurs, plutôt qu’elle ne correspond aux séquelles inévitables d’un traumatisme et du vieillissement. Elle se caractérise par une destruction progressive et la perte de cartilage articulaire, avec une réaction périarticulaire osseuse. L’os sous-chondral exposé se sclérose, sa vascularisation augmente et des kystes se forment. Les tentatives de réparation produisent des excroissances cartilagineuses aux marges de l’articulation qui, plus tard, se calcifient (ostéophytes).


Plusieurs mécanismes ont été proposés pour la pathogénie.



La plupart des arthroses primaires n’ont pas de facteurs prédisposants évidents. L’arthrose secondaire se produit dans les articulations qui ont été endommagées ou sont congénitalement anormales.



Caractéristiques cliniques


La douleur articulaire est le principal symptôme ; elle est aggravée par le mouvement et soulagée par le repos. La rigidité est ressentie surtout après le repos et, contrairement à l’arthrite inflammatoire, la raideur matinale n’est que transitoire (< 30 minutes). Les articulations les plus fréquemment impliquées sont les articulations interphalangiennes distales (AIPD) et la première articulation carpométacarpienne des mains, la première articulation métatarsophalangienne des pieds et les articulations supportant le poids du corps : vertèbres, hanches et genoux. Les coudes, les poignets et les chevilles sont rarement touchés. À l’examen, on constate une déformation osseuse et l’élargissement des articulations, une limitation de la motilité articulaire et une fonte des groupes musculaires entourant l’articulation. Des crépitations (grincements) sont souvent perçues ; elles sont probablement dues aux irrégularités de la surface normalement lisse des articulations. Il peut y avoir un épanchement articulaire. Les nodosités d’Heberden sont des gonflements osseux aux AIPD. Les nodosités de Bouchard sont semblables, mais se développent aux AIP proximales (fig. 7.2).






Soins


Le traitement doit se concentrer sur les symptômes et le handicap, et non sur l’aspect radiologique. L’éducation des patients à la maladie, des mesures non pharmacologiques, les médicaments et la chirurgie, toutes ces mesures peuvent intervenir. Les patients obèses devraient perdre du poids, surtout si les articulations portantes sont touchées.



Les mesures physiques sont la clé de voûte du traitement de l’arthrose. La musculation et les exercices aérobiques renforcent les muscles voisins, améliorent la mobilité des articulations portantes ainsi que la capacité aérobique générale. La chaleur locale ou la glace appliquée sur l’articulation peut aider. Un appareil orthopédique, une orthèse articulaire, des semelles orthopédiques pour contrer l’instabilité articulaire et des chaussures amortissantes en cas d’arthrose des membres inférieurs sont également utilisés. Une canne peut s’avérer utile ; l’appui doit se faire du côté controlatéral du membre inférieur touché. L’acupuncture soulage l’arthrose du genou.


Médication. Le paracétamol est le médicament initial de choix pour soulager la douleur, avec l’ajout d’un opioïde faible, par exemple la dihydrocodéine, si nécessaire. On peut recourir à un AINS, par exemple l’ibuprofène ou un coxib chez les patients qui ne répondent pas à l’analgésie simple, mais il devrait être pris en cures de courte durée plutôt que de manière continue. Les AINS peuvent également être administrés par voie topique. Les injections intra-articulaires de corticoïdes soulagent provisoirement en cas d’épanchement douloureux ; les corticoïdes systémiques ne sont pas utilisés.


Chirurgie. Le remplacement total de la hanche ou du genou a transformé le traitement de l’arthrose grave. Il réduit la douleur et la raideur et améliore la fonction et la mobilité. Les taux de complications, à savoir un descellement ou une infection tardive de l’os (la plus grave), sont rares.



Arthrite inflammatoire


L’arthrite inflammatoire comprend un grand nombre de syndromes arthritiques dont la caractéristique prédominante est une inflammation synoviale. La douleur s’accompagne de raideur articulaire après le repos. La raideur matinale peut durer plusieurs heures (voir « Arthrose »). Les tests sanguins montrent souvent une anémie normochrome normocytaire et des marqueurs inflammatoires élevés (VS et CRP).



Polyarthrite rhumatoïde


La polyarthrite rhumatoïde est une maladie chronique auto-immune systémique affectant les articulations de manière symétrique.






Caractéristiques cliniques


Typiquement, la maladie commence de manière insidieuse par l’inflammation de petites articulations des mains et des pieds. Elle se manifeste par de la douleur, de la raideur matinale (persistant plus de 30 minutes) et des enflures. Les doigts prennent la forme de fuseaux en raison des gonflements des AIPP, alors que les distales sont préservées. L’inflammation peut s’étendre aux articulations métacarpophalangiennes et du poignet. Avec l’aggravation de la maladie, les capsules articulaires s’affaiblissent, ce qui entraîne une instabilité articulaire, une subluxation (dislocation partielle) et des difformités. La figure 7.3 illustre les altérations caractéristiques de la main rhumatoïde. Chez la plupart des patients, de nombreuses articulations finissent par être atteintes : poignets, coudes, épaules, colonne cervicale, genoux, chevilles et pieds, mais la colonne dorsale et lombaire est préservée. Les épanchements articulaires et l’atrophie musculaire autour des articulations touchées sont des signes précoces. Un tableau clinique moins courant est l’apparition soudaine d’une arthrite généralisée, palindromique (monoarthrite de grosses articulations alternant rémissions et rechutes), ou celui d’une maladie systémique avec, au début, peu de symptômes articulaires.



Chez les patients dont une seule articulation est fortement enflammée, il faut exclure une arthrite septique (voir plus loin) avant d’attribuer les symptômes à une poussée de PR.



Manifestations non articulaires


Les manifestations périarticulaires de la PR sont les suivantes : bursite, ténosynovite, atrophie musculaire et nodules sous-cutanés (nodules rhumatoïdes). Ceux-ci sont généralement localisés aux points de pression, au niveau du coude, des articulations digitales et du tendon d’Achille. Les nodules peuvent également se développer dans la plèvre, le péricarde et les poumons.


Le tableau 7.5 énumère les autres manifestations non articulaires. Les patients atteints de PR ont aussi un risque accru d’infection et d’ostéoporose. L’inflammation chronique et les lésions endothéliales associées à la PR contribuent à accélérer l’athérosclérose, qui est en partie responsable du taux de mortalité plus élevé en cas de PR grave.


Tableau 7.5 Manifestations non articulaires de la polyarthrite rhumatoïde



































































Systémiques Fièvre
Fatigue
Amaigrissement
Oculaires Syndrome de Sjögren
Sclérite
Scléromalacie perforante (perforation oculaire)
Neurologiques Syndrome du canal carpien
Subluxation atlantoaxiale
Compression de la moelle
Polyneuropathie, principalement sensorielle
Polynévrite
Hématologiques Lymphadénopathie
Syndrome de Felty (polyarthrite rhumatoïde, splénomégalie, neutropénie)
Anémie (maladie chronique, saignements gastro-intestinaux induits par les AINS, hémolyse, hypersplénisme)
Thrombocytose
Pulmonaires Epanchement pleural
Fibrose pulmonaire
Nodules rhumatoïdes
Pneumoconiose rhumatoïde (syndrome de Caplan)
Bronchiolite oblitérante
Cœur et vaisseaux périphériques Péricardite (rarement apparente cliniquement)
Épanchement péricardique
Syndrome de Raynaud
Rénales Amylose (rare)
Néphropathie due aux analgésiques
Vasculite Ulcères de jambe
Taches rouges autour des ongles
Gangrène des doigts et des orteils

AINS : anti-inflammatoire non stéroïdien.



Examens


Le diagnostic de PR ne peut être posé sur la base d’un seul test de laboratoire ; il requiert la confrontation des signes cliniques caractéristiques (polyarthrite périphérique symétrique avec raideur matinale et présence de nodules chez certains patients) avec les résultats des analyses sanguines et les examens radiologiques.





Soins


Aucun traitement ne guérit la PR ; par conséquent, les objectifs thérapeutiques sont la suppression des symptômes, une récupération fonctionnelle complète et le maintien de la rémission par des agents dits « modificateurs de la maladie ». Un traitement efficace de la PR nécessite une approche multidisciplinaire, avec la participation de rhumatologues, de chirurgiens orthopédiques (arthroplastie, prothèse), d’ergothérapeutes (contribuent à réduire le handicap) et de kinésithérapeutes (amélioration de la puissance musculaire et entretien de la mobilité pour éviter les déformations de flexion). Les patients devraient arrêter de fumer afin de réduire le risque de maladie cardiovasculaire.


Les AINS et les coxibs soulagent la douleur et la raideur articulaires de la PR, mais ils ne ralentissent pas la progression de la maladie. La réponse individuelle aux AINS varie considérablement, et il est raisonnable d’essayer plusieurs médicaments chez un patient, en particulier pour trouver le plus adapté. Une préparation à libération lente (par exemple le diclofénac à libération lente) prise le soir peut considérablement soulager les symptômes du jour suivant. Le paracétamol, avec ou sans codéine ou dihydrocodéine, peut être ajouté pour atténuer davantage la douleur.


Les corticoïdes suppriment l’activité de la maladie, mais la dose requise est souvent importante, avec le risque considérable de toxicité à long terme. Les corticoïdes oraux sont utilisés au début de la maladie (des cures intensives, mais brèves) et chez certains patients atteints de graves manifestations non articulaires, par exemple une vasculite. Une injection locale d’un corticoïde à longue durée d’action dans une articulation particulièrement gênante (voir ci-dessous) soulage la douleur, atténue la synovite et réduit l’épanchement, mais la répétition des injections est évitée, car elle peut accélérer les lésions articulaires. La méthylprednisolone en dépôt intramusculaire contribue au contrôle des graves poussées de la maladie.


Les antirhumatismaux modificateurs de la maladie (ARMM) agissent principalement par inhibition de cytokines inflammatoires et sont utilisés durant 6 semaines à 6 mois au début de la maladie pour réduire l’inflammation, et donc ralentir le développement de l’érosion et des lésions irréversibles, et diminuer le risque cardiovasculaire. La sulfasalazine est indiquée chez les patients dont la maladie est légère à modérée ; pour beaucoup, il est le médicament de choix, en particulier chez les jeunes patients et chez les femmes qui planifient une grossesse. Le méthotrexate est le médicament de choix pour les patients atteints d’une maladie plus active. Il est contre-indiqué pendant la grossesse (tératogène) et même durant 3 mois avant la conception, que ce soit la future mère ou le futur père qui soit atteint. Le léflunomide bloque la prolifération des lymphocytes T. Le taux de réponse initiale est similaire à celui de la sulfasalazine, mais l’amélioration continue plus longtemps ; elle peut atteindre 2 ans. Il est utilisé seul ou en association avec le méthotrexate. Tous ces médicaments peuvent avoir des effets secondaires graves (tableau 7.6) ; afin de les détecter à temps, il faut effectuer régulièrement des tests sanguins. L’azathioprine, l’or (intramusculaire ou oral), l’hydroxychloroquine et la pénicillamine sont d’usage moins répandu.


Tableau 7.6 Effets secondaires des médicaments antirhumatismaux dits modificateurs de la maladie (ARMM)












































Médicaments Effets secondaires
Sulfasalazine Ulcères buccaux
Hépatite
Stérilité masculine (réversible)
Méthotrexate Ulcères buccaux et diarrhée
Fibrose hépatique
Fibrose pulmonaire
Insuffisance rénale
Léflunomide Diarrhée
Hypertension
Hépatite
Alopécie
Antagonistes du TNF-α Réactions à la perfusion (infliximab)
Infections (par exemple tuberculose et septicémie)
Maladie démyélinisante
Insuffisance cardiaque
Syndrome de type lupique
Syndromes auto-immuns

Tous peuvent provoquer une suppression médullaire avec neutropénie, thrombopénie et anémie. Un contrôle régulier de l’hémogramme est indiqué ainsi que d’autres tests spécifiques. Des éruptions et des nausées sont des effets secondaires supplémentaires de la plupart de ces médicaments.


Les ARMM biologiques actuellement disponibles agissent par les mécanismes suivants.


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Aug 1, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 7: Rhumatologie

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