Chapitre 7 Reprise chirurgicale des ruptures du ligament croisé antérieur
Introduction
La reprise chirurgicale des ruptures du ligament croisé antérieur (LCA) est une chirurgie de plus en plus fréquente. Elle comporte plusieurs difficultés techniques et doit être minutieusement planifiée. L’opérateur doit répondre préalablement aux questions suivantes :
Causes d’échec
Erreur technique
C’est la principale cause d’échec.
Défaut de positionnement des tunnels
L’étude du positionnement des tunnels tibial et fémoral est réalisée sur les radiographies (cf. infra Analyse des causes d’échec) et sur les coupes tomodensitométriques. Le scanner avec reconstruction 3D est très utile.
Les erreurs sont plus fréquentes au fémur qu’au tibia mais peuvent s’associer. Au fémur, le tunnel est souvent trop antérieur pouvant entraîner un conflit du transplant avec l’échancrure et un flexum (fig. 7.1). Lorsqu’il est trop postérieur, on observe une laxité résiduelle en flexion ou une tension excessive en extension. Le positionnement trop vertical (ou trop central en haut de l’échancrure) est actuellement la cause d’erreur la plus fréquemment observée.
Au tibia, le tunnel peut être trop postérieur avec une greffe verticale donc moins efficace (fig. 7.2), ou trop antérieur pouvant entraîner un conflit en extension. Dans le plan frontal, un conflit de la greffe avec le bord médial du condyle latéral est favorisé par un tunnel tibial trop latéral.
Lésions associées
Les lésions des points d’angle postéro-externe et/ou postéro-interne doivent être décelées et traitées. Une méniscectomie interne préalable peut entraîner une translation tibiale antérieure importante et une sollicitation excessive de la greffe. Une bascule en varus lors de l’appui monopodal est rarement observée, mais il faut savoir rechercher une discrète laxité externe asymétrique ou une décoaptation externe sur les radiographies en appui monopodal ou un bâillement externe asymétrique sur les clichés en varus forcé. Une pente tibiale excessive doit être recherchée lors du bilan préopératoire (α >13°) (fig. 7.3).
Rupture traumatique de la greffe
Les ruptures traumatiques « vraies » de la greffe (appelées par certains re-rupture) sont finalement rares et sont un diagnostic d’élimination. Pour l’affirmer, il faut disposer d’un examen intermédiaire objectivant le contrôle de la laxité antérieure. Souvent, le second traumatisme n’est pas anodin s’accompagnant d’un craquement voire d’hémarthrose. La scène étant finalement très proche d’une rupture du LCA.
Analyse des causes échec
Le bilan préopératoire doit être complet.
Bilan radiographique comparatif
• Radiographies des genoux de face et de profil à 30° de flexion en appui monopodal.
• Mesure objective de la laxité radiologique (translation tibiale antérieure différentielle avec Telos).
• Incidence fémoro-patellaire à 30°.
• À la demande, des clichés en recurvatum ou en valgus – varus comparatifs et pangonogramme.
Scanner avec reconstructions 3D
Il est essentiel. Il donne des informations plus précises sur le positionnement des tunnels mais aussi sur les pertes de substances osseuses qui sont mal évaluées sur de simples radiographies. L’analyse des coupes axiales permet d’étudier plus particulièrement le rapport du tunnel fémoral avec l’échancrure (en termes d’orientation, de positionnement et de comblement). Le positionnement idéal correspond à un abouchement du greffon fémoral situé sur la coupe précédant la coupe où l’échancrure a la forme d’une arche romane (fig. 7.4). La coupe axiale permet d’étudier la fixation du greffon, la position de la vis d’interférence et sa résorption. En fait, une interprétation correcte du positionnement fémoral nécessite l’analyse de deux coupes (sagittal et horizontal) rendant plus difficile l’analyse.
En fait, la reconstruction 3D permet en un coup d’œil d’intégrer sur un seul cliché les différents plans. Cette reconstruction 3D nous paraît indispensable. Ainsi, les reconstructions tridimensionnelles objectivent la position exacte des tunnels et leur abouchement articulaire. Elles donnent indirectement l’orientation globale de la greffe au sein des tunnels originels (fig. 7.5). Si l’analyse qualitative est immédiate, les mesures restent difficiles car la référence à un plan précis reste problématique avec la plupart des logiciels dont sont équipés les scanners à ce jour.
Les diamètres du tunnel et du défect osseux sont en revanche facilement mesurés. C’est surtout la perte de substance en regard de l’abouchement du tunnel dans l’articulation qui est évaluée. Dans le cas d’une perte de substance supérieure à 15 mm2, il existe un risque d’effet essuie-glace par mouvements horizontaux anormaux (fig. 7.6). Une greffe osseuse de comblement est discutée (cf. Technique chirurgicale).