7. Médiation arts plastiques

Chapitre 7. Médiation arts plastiques

dessin peinture avec les enfants

Dominique Joubin


infirmière de secteur psychiatrique, thérapeute familiale et art-thérapeute



L’équipe de ce secteur est une équipe pluridisciplinaire, comprenant des infirmiers, une assistante sociale, des éducateurs, des psychiatres, une psychomotricienne, une orthophoniste. À l’intérieur de cette institution, les activités à visée thérapeutique ont toutes un caractère ludique. Elles sont proposées par les membres de l’équipe.

L’orthophoniste propose un « atelier conte », la psychomotricienne anime un atelier « expression du corps-danse », un infirmer musicienamateur organise un atelier « percussions ». La peinture n’est pas proposée. Les activités extérieures sont encadrées par des professionnels du sport et deux soignants (éducateurs et/ou infirmiers) comme l’activité « escalade ».



Notre regard était tourné vers le fonctionnement et les relations que la famille et l’institution établissaient avec cet enfant et entre elles.

Chaque famille communique grâce à des codes en partie implicites sur un mode verbal (la parole, les mots) ou non verbal (sourires, clins d’œil, etc). Ces codes peuvent être éventuellement parasités par du bruit. Ce mode de communication répété peut produire de la souffrance qui finit par se traduire par des symptômes que l’on nomme la folie, la délinquance, la maladie psychosomatique, la toxicomanie.

Les thérapeutes familiaux avec la famille dénoncent ces règles de communication aliénantes et en co-produisent d’autres qui agiront sur les comportements. On pourra alors observer, sur le plan des relations familiales de nouvelles définitions de la communication. Dans nos échanges professionnels, le médecin-chef du secteur enfant découvre ma formation en cours d’art-thérapie et mon souhait d’approfondir mes connaissances dans le milieu de l’enfance. Il suggère à l’équipe soignante de l’hôpital de jour de me proposer la création d’un atelier d’expression plastique pour la rentrée de septembre. Il souhaite introduire un intervenant extérieur pour permettre aux enfants de faire d’autres investissements que ceux qu’ils réalisent à l’intérieur de l’institution. Je suppose maintenant, que le médecin-chef pressentait qu’il était possible pour certains enfants, qu’un intervenant extérieur puisse être un « élément de changement ». L’équipe elle aussi acceptait la venue d’un collègue ayant une autre formation qu’eux. L’institution dans son ensemble s’ouvrait sur l’extérieur. L’axe général de la thérapie est un axe relationnel et l’accent est mis sur les problèmes de séparation-individuation sans négliger ce qu’ils impliquent de travail intra-psychique.

Nous sommes milieu juin et j’ai trois mois pour lui présenter mon projet suivant : proposer un temps d’expression en utilisant comme médiateur la gouache. Je fais cette supposition que ce moyen d’expression peut nous permettre de poser un autre regard par l’emploi des couleurs, les formes, l’utilisation dans l’espace de la feuille, les associations qui sont faites dans l’imaginaire.

Je souhaite que cette activité ait lieu une demi-journée par semaine.

Toutes les activités de cette institution ont lieu en sous-sol. Le bâtiment est construit de telle sorte, que le dit sous-sol est largement éclairé par la lumière naturelle.


Expérience d’un groupe fermé



La prescription de ce groupe pour les enfants est faite par l’équipe de pédopsychiatrie. Je souhaite que les soignants ainsi que les enfants qui s’engagent dans cette nouvelle activité soient fixes. Ce groupe a lieu tous les lundis matin.

Je n’avais aucune idée du déroulement de cette expérience. Le médecin-chef nous (mes nouveaux collègues et moi) confiait quatre enfants nouveaux dans cette institution. Ils souffraient tous de graves troubles de la personnalité. Je faisais absolument confiance à la professionnalité de l’équipe, à l’improvisation et la spontanéité. Faire dans « l’ici et maintenant » me convient bien. Pourtant j’ai organisé les premières séances, en préparant en premier lieu le papier.

Proposer un format peut sembler contradictoire avec une possible improvisation ou la spontanéité. Certes, le cadre que je propose sert à se poser, à habiter cet espace nouveau. Ce cadre offre aux enfants une sécurité. Le cadre délimite un champ de travail pour les thérapeutes. La liberté est permise dans ce cadre défini.

Accueillir tous les lundis matin les enfants après le week-end, était pour moi une façon d’apprécier l’état dans lequel ils se trouvaient. Commencer la journée par une activité peinture était également nouveau pour eux. Ils étaient disponibles et réceptifs à ce que je leur proposais. Au fur et à mesure, j’ai eu du plaisir à les retrouver.

Nous avons fait cet exercice de reconnaître au toucher les limites de la feuille. Le toucher du papier même fugitif nous renvoie à des souvenirs mnésiques. Prendre son temps dans ce toucher c’est s’imprégner de sensations. J’ai découvert moi-même d’autres sensations en explorant cette feuille lors de cet exercice. Les limites du papier s’imposent à moi. Les représentations mentales qui me viennent à ce moment-là peuvent paraître trop petites ou alors largement déborder ! J’ai retrouvé ce geste que je ne faisais plus depuis très longtemps.

Deux semaines avant de commencer l’atelier à Gennevilliers nous avons commandé et choisi les couleurs. Les gouaches sont en litre, prêtes à l’emploi et en libre-service. Les pots de peinture et les pinceaux sont rangés dans un meuble étagère.

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Apr 27, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 7. Médiation arts plastiques

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