7: Implantation multifocale

CHAPITRE 7 Implantation multifocale



I AVANCÉES EN CHIRURGIE DU CRISTALLIN



Phacoémulsificateurs


S. Zaluski


Environ sept cent mille cataractes sont opérées chaque année en France. De nombreux patients peuvent être potentiellement bénéficiaires d’une correction réfractive la plus parfaite possible, incluant celle de la perte d’accommodation. De plus, les techniques d’extraction du cristallin clair avec implantation multifocale à visée strictement réfractive bénéficient d’une demande croissante à tous les âges. Ainsi, des formes frontières apparaissent de patients présentant une cataracte relativement peu invalidante, source d’un retentissement seulement sur la qualité de vision (contrastes et gêne à la lumière), mais qui, informés de la qualité potentielle des résultats, expriment le souhait de bénéficier d’une chirurgie à visée fonctionnelle et réfractive. C’est dire que la chirurgie d’extraction du cristallin est la plus accessible aux chirurgiens pour la correction de la presbytie.


Les exigences liées à la qualité des résultats réfractifs attendus justifient de techniques de phacoémulsification reproductibles, sûres, non astigmatogènes; à l’inverse, ce sont également les progrès constants des techniques de phacoémulsification, les développements des implants et la maîtrise du geste chirurgical qui permettent d’aborder la chirurgie de la cataracte ou du cristallin en général comme une chirurgie réfractive à part entière pour la sphère, le cylindre et la perte d’accommodation.


Le développement des techniques de microincisions a largement contribué à cette évolution et l’objectif des avancées en phacoémulsi-fication est de permettre une chirurgie optimisée et sécurisée en réalisant des microincisions coaxiales ou biaxiales. Les enjeux sont donc liés à la garantie d’une efficacité ultrasonique, au maintien d’une aspiration de qualité à travers des pointes de plus petit diamètre et à la sécurisation thermique sur des incisions miniaturisées.



PRINCIPES



DE FONCTIONNEMENT DES PHACOÉMULSIFICATEURS


Le principe technique de la chirurgie par phacoémulsification, décrite par Charles Kelman dès 1967 [51], dépend de deux éléments de base : une énergie ultrasonique utilisée pour émulsifier le cristallin et un circuit fluidique destiné à aspirer les éléments phacoémulsifiés.



FLUIDIQUE


Le circuit fluidique d’irrigation et d’aspiration doit maintenir une profondeur de chambre antérieure la plus stable possible tout en limitant l’effet thermique dû à la délivrance d’énergie. Ce système fluidique tire ses caractéristiques:



Les phacoémulsificateurs actuels ont des systèmes fluidiques clos (fig. 7-1) [12], synonymes de sécurité microbiologique [106], connectés à un capteur de pression permettant le fonctionnement de la pompe selon les paramètres de réglage choisis. Si d’autres systèmes ont été utilisés, les pompes sont aujourd’hui essentiellement représentées par les pompes péristaltiques et les systèmes Venturi.




Pompes péristaltiques


Les pompes péristaltiques sont constituées d’un cylindre rotatoire à galets (fig. 7-2 et 7-3) [12]. La tubulure est enroulée autour de ces galets dont le mouvement collabe la ligne d’aspiration à chaque point de contact, avec rotation continue des bolus de liquide. Ces bolus se trouvant entre les galets se déplacent de façon péristaltique dans la direction de la rotation. Ce déplacement crée une pression différentielle qui aspire le liquide tout au long de la tubulure d’aspiration jusqu’à la pointe. Trois paramètres interviennent dans le circuit fluidique : la hauteur de la bouteille d’irrigation, qui peut être positionnée à des niveaux différents, le flux d’aspiration (en cm3/min) et la limite de vide (en mm Hg). Le réglage du flux correspond à la vitesse de rotation de la pompe. Cette vitesse et sa rapidité d’augmentation sont des paramètres qui déterminent les capacités d’aspiration dans la chambre antérieure; la limite de vide fixe le niveau maximum qui peut être atteint en cas d’occlusion à la pointe. De nombreuses autres caractéristiques, telles que la vitesse de montée en vide ou de retour au seuil après la libération de l’occlusion, vont influer sur la stabilité de la chambre antérieure. Les pompes péristaltiques peuvent augmenter le flux quelle que soit la hauteur de la bouteille mais les interconnexions entre la pompe et les tubulures permettent au système de ralentir ce flux et d’agir comme élément régulateur. La pression liée à la hauteur de la bouteille d’irrigation ne peut pas entraîner un flux supérieur à celui que permet la rotation de la pompe péristaltique.





Pompes Venturi


Dans un système Venturi, le vide est créé par un court-circuit entre les circuits d’aspiration et une chambre de compression des gaz (nitrogène ou air) (fig. 7-4 et 7-5) [12]. L’interface est constituée par de l’air et la pression différentielle dans cette zone tampon d’air entraîne les fluides vers la cassette de drainage en proportion du niveau de vide lorsque l’orifice d’aspiration est libre. Dans ce système, aucun flux d’aspiration ne peut être réglé, seul le niveau de vide est paramétré sur la machine. Le niveau de vide réel n’est pas ici fonction du caractère occlus ou non de l’orifice d’aspiration. Une pompe Venturi produisant une dépression à l’extrémité du circuit fluidique, elle ne peut qu’augmenter le flux au-dessus d’une limite inférieure. Traditionnellement, le vide était créé à partir d’un raccordement à l’air comprimé médical externe. Actuellement, ce raccord n’est souvent plus nécessaire et le vide peut être produit à partir d’une pompe centrifuge à l’intérieur du module compresseur.





ULTRASONS


L’énergie ultrasonique est produite par un cristal piézoélectrique oscillant à une fréquence variable, aujourd’hui de 28 kHz à 45 kHz. Le cristal se trouve dans la pièce à main et l’énergie est transmise et amplifiée jusqu’à la pointe de phacoémulsification, créant un mouvement longitudinal de la pointe d’avant en arrière variable, en règle jusqu’à un maximum de 100 µm. En fait, quatre à six cristaux sont présents qui, après syntonisation, oscillent de façon simultanée afin de créer une force suffisante pour mobiliser la pointe. L’énergie ultrasonique maximum est préréglée sur la machine et le niveau des ultrasons délivrés se module, classiquement, de façon linéaire par la pédale en position 3 jusqu’à la limite maximale déterminée.


Le mécanisme réel de l’action des ultrasons reste en fait controversé [83, 91]. Les théories principales sont en rapport avec la fragmentation par un effet acoustique des morceaux de noyau du fait de la propagation des ultrasons dans le liquide de chambre antérieure, la présence de bulles de microcavitation produites à l’extrémité distale de la pointe dont l’implosion crée une énergie capable d’émulsifier les fragments de matériel, et l’effet mécanique de marteau-piqueur de la pointe qui, par ailleurs, explique les phénomènes de répulsion des fragments.


En mode « sculpture », l’énergie ultrasonique n’est pas potenti-alisée par le vide et l’efficacité des ultrasons ne s’exprime que sur la portion basse de la lumière de la pointe; en mode « occlusif », l’ensemble du volume de la lumière de la pointe est utilisé. L’énergie sera donc d’autant plus efficacement utilisée qu’on travaille en mode « occlusif ». Selon sa dureté, chaque noyau nécessitera une énergie différente et on pourra optimiser l’efficacité, par réduction de l’énergie dissipée, en recherchant le meilleur couple énergie-vide pour chaque type de noyau.


La quantité d’énergie ultrasonique délivrée n’est pas anodine et cette énergie est un des paramètres de la production de radicaux libres [35, 69] et de la toxicité des ultrasons lors de la chirurgie.


Quels que soient les paramétrages du phacoémulsificateur, la pédale reste le système de commande du fonctionnement de la machine:



Un reflux peut également être commandé à partir de la pédale, permettant de désengager de l’orifice d’aspiration tout fragment non souhaité. La course de la pédale peut être programmée afin de l’optimiser pour chaque position en fonction de l’efficacité recherchée.


Le développement de pédales sans fil est un apport ergonomique appréciable.



AVANCÉES TECHNOLOGIQUES


Les avancées et la sécurisation de la procédure sont permanentes. Elle a bénéficié d’améliorations récentes depuis les précédentes mises au point et revues de la littérature [12, 46, 92].



FLUIDIQUE



Surge, ou collapsus à la levée de l’occlusion


En cas d’occlusion associée à un niveau de vide élevé, la compliance (changement de volume en réponse à un changement de pression) des tubulures est à l’origine de leur déformation. La qualité des matériaux des tubulures d’aspiration doit permettre d’obtenir une compliance satisfaisante, afin que la compression soit possible au niveau des galets de la pompe péristaltique tout en conservant une rigidité suffisante pour limiter les phénomènes de collapsus.


À la levée de l’occlusion, les modifications liées à la remise des tubulures à leur forme initiale ainsi que le collapsus des bulles d’air créent une dépression additionnelle qui n’est pas équilibrée par la hauteur de la bouteille et qui entraîne de façon brève un aplatissement plus ou moins important de la chambre antérieure. Ce phénomène peut avoir des effets délétères à la fois pour l’en-dothélium cornéen et la capsule postérieure.


L’importance et la durée de ce phénomène de surge augmentent proportionnellement, pouvant aller jusqu’à entraîner des pressions négatives susceptibles d’entraîner un collapsus de chambre antérieure. De façon basique, les différents moyens de limiter le phénomène de surge sont l’élévation de la hauteur de la bouteille d’irrigation, l’utilisation d’une association pointe-tubulure plus adaptée, notamment avec des pointes et des tubulures de petit diamètre, et la diminution du flux associée à des paramétrages de machines adaptés.


Le venting correspond à un reflux automatisé du liquide d’aspiration. Il se déclenche classiquement lorsque le niveau de vide maximum est atteint. Il est également déclenché en passant la pédale de la position 2 à la position 1 et permet alors de libérer des fragments de tissus (iris, capsule), qui auraient pu s’incarcérer dans l’orifice d’aspiration. S’il est insuffisant, il peut être nécessaire d’y adjoindre un reflux. Actuellement, le venting air est quasi abandonné au profit du venting fluidique.


Récemment, des systèmes plus sophistiqués d’aide à l’efficacité fluidique et au maintien de la chambre antérieure ont été développés.



Moyens additionnels de lutte contre le surge


Pour le Signature® (Abbott Medical Optics), le circuit Fusion® Fluidics repose sur le système CASE (Chamber Automated Stabilization Environment), qui diminue le vide avant la rupture d’occlusion. Il minimise ainsi le risque de surge lors des phases de phacoémul-sification des quartiers, même pour des niveaux de vide ou des débits d’aspiration élevés. Le principe est celui d’une reconnaissance de l’occlusion et d’une réaction automatique de la pompe péristaltique. Son sens de rotation s’inverse dès qu’on atteint la valeur cible. Le vide est alors diminué dans un délai de 20 ms.


Bausch & Lomb a développé sur le Stellaris® un système nommé StableChamber® à double chambre qui est placé sur la tubulure d’aspiration de la machine (fig. 7-6). Ce système présente une chambre interne dont le diamètre d’entrée est de 2 mm puis se rétrécit progressivement jusqu’à 1,1 mm, piégeant les fragments cristalliniens supérieurs à 0,5 mm. Il permet de maintenir une fluidité constante de la ligne d’aspiration, évitant d’éventuels phénomènes de surge à la levée d’une occlusion de la tubulure et garantissant l’absence d’augmentation de l’effet thermique en cas d’interruption du flux par obstruction de la ligne d’aspiration (clogging).



La pédale à double linéarité du Stellaris® permet de séparer les commandes d’intensité d’aspiration et de délivrance d’ultrasons en deux plans distincts (haut/bas, droite/gauche), ce qui autorise une totale modularité du couplage aspiration/ultrasons : ainsi, le niveau de vide peut être diminué avant de débuter l’émulsification d’un fragment de noyau occluant la pointe, minimisant ainsi le phénomène de surge.


Le système Cruise Control® de Staar peut être adapté entre la pièce à main de phacoémulsification et la tubulure d’aspiration. Il présente un limitateur de flux d’un diamètre interne de 0,3 mm et est pourvu d’un filtre qui retient également les fragments cristalliniens. Le principe est d’éviter les phénomènes de surge tout en travaillant avec des niveaux de vide élevés. Wade [99] a démontré que son efficacité est d’autant meilleure que la machine sur laquelle il est installé est plus génératrice de surge.


L’Infiniti® d’Alcon bénéficie du système de gestion fluidique Intrepid® associant une technologie de double détection du niveau de vide et une tubulure d’aspiration de faible compliance. Le système ABS (Aspiration Bypass System) est caractérisé par l’existence d’un micro-orifice de 175 µm dans la paroi de la pièce à main, au niveau du manchon (fig. 7-7) [12]. Il assure un flux permanent et empêche toute interruption de ce flux en cas d’occlusion à la pointe, limitant ainsi le phénomène de surge.



Oertli a intégré un système de réduction de l’effet de surge dans sa pointe CO-MICS 2.


Il est à noter que l’ensemble de ces systèmes additionnels entraîne des modifications des flux réels par rapport à ceux affichés sur les machines, accentuant les erreurs d’affichage constatées sur la plupart des machines [34, 82].


Georgescu [37] a comparé les performances fluidiques de l’Infiniti®, du Stellaris® et du Signature® avec des résultats en faveur du Signature®. Han [39] comparant les trois mêmes machines va dans le sens d’un avantage de l’Infiniti®.





DÉLIVRANCE DE L’ÉNERGIE



Pulse et bursts


En évolution par rapport à la délivrance continue des ultrasons, les phacoémulsificateurs récents ont développé des modes de délivrance discontinue permettant d’optimiser l’effet pour une délivrance d’énergie plus faible et un échauffement thermique moindre.


Ces modes, communément dénommés « pulse » et « burst », représentent une des avancées dans la délivrance des ultrasons traditionnels. Le mode pulsé permet classiquement de délivrer l’énergie sur une période courte suivie d’une période de repos d’une durée équivalente ou supérieure. La programmation peut être faite en nombre de pulses par seconde, dont la durée peut être de l’ordre de 50 ms (pulse) ou de l’ordre de 1 ms (micropulse). Le cycle actif (duty cycle) représente la fraction de temps de délivrance d’énergie (par exemple 33 % pour des pulses de 6 ms suivies d’intervalles libres de 12 ms). Brinton [21] a montré une réduction de l’échauffement de l’ordre de 50 % en mode « pulse » comparé à une délivrance linéaire.


Le mode « burst » correspond à des rafales d’ultrasons dont la durée est, en règle, déterminée de façon linéaire par la position de la pédale. Lors de l’entrée en position 3, une courte rafale est suivie d’un temps de repos important, les rafales se succèdent ensuite plus rapidement, jusqu’à obtenir au maximum, en dépression complète de la pédale, une délivrance continue des ultrasons. La période de repos permet un refroidissement relatif de la pointe évitant les brûlures au niveau de l’incision. En pratique, la plupart des programmes limitent la production de rafales à un maximum de 50 % ou 70 % de la durée du cycle.


Le mode pulsé permet un contrôle linéaire de la puissance ultrasonique maximum, alors que le mode « burst » permet un contrôle linéaire de la fréquence des rafales pour une puissance ultrasonique prédéterminée.


Le mode « hyperpulse » a été également récemment développé, notamment sur les machines Alcon, AMO et Bausch & Lomb. Sa caractéristique est de pouvoir délivrer jusqu’à cent pulses par seconde avec des durées de l’ordre de 5 ms. La très faible durée de ces pulses suivie de périodes plus longues de repos évite de façon importante l’échauffement des pointes et augmente l’efficacité ultrasonique. L’incidence des brûlures cornéennes, évaluée à environ un cas pour mille dans une étude nord-américaine [79], varie selon les machines. Dans cette comparaison, les machines qui bénéficiaient de systèmes « hyperpulse » engendraient des taux de brûlure cornéenne huit fois moindres en comparaison des délivrances ultrasoniques traditionnelles. Ce mode de délivrance, avec une efficacité variable selon les machines, permet pour certaines de réaliser des phacoémulsifications par microincisions inférieures à 2 mm (phacoémulsification par microincisions biaxiales) sans manchon et sans échauffement significatif de l’incision [20].


Pour le Signature®, le système de délivrance des ultrasons repose sur la technologie WhiteStar®, c’est-à-dire sur une distribution programmable de micropulses séparées par des intervalles de repos variables en fonction de la demande de puissance de l’utilisateur. Cette technique permet d’augmenter à moindre coût énergétique l’efficacité de la pointe tout en limitant le risque d’élévation thermique. Fishkind a montré une réduction de l’énergie utilisée et de la perte cellulaire endothéliale [33]. La technologie WhiteStar® ICE (Increased Control and Efficiency) ajoute aux micropulses un pic initial de puissance (« kick ») augmenté jusqu’à 12 % pour la première impulsion durant 1 ms, ce qui augmente l’effet cavitationnel (fig. 7-8 et 7-9). L’efficacité en est significativement accrue et le temps effectif d’ultrasons réduit [9, 107].





Aqualase®


Le mode Aqualase® est une modalité originale de phacoémulsification développée par Alcon en 2004 [61]. Le principe repose, comme avec les ultrasons traditionnels, sur l’utilisation d’une pointe d’aspiration entourée d’un manchon de silicone pour l’irrigation. L’énergie est délivrée par des jets de 4 µl de BSS chauffé à 60 °C, ce qui permet l’émulsification d’un noyau peu dense, y compris jusqu’à des grades 3. L’échauffement est restreint, mais Hu [47] rapporte une perte cellulaire endothéliale comparable à celle des ultrasons.



Énergie oscillatoire et transversale


La technologie OZil® de Alcon (fig. 7-10) est définie par un mouvement oscillatoire à 32 kHz d’une pointe angulée d’environ 20°. Ce mouvement latéral — et non plus longitudinal — crée un cisaillement du noyau. Le mouvement latéral a une excursion maximale de 90 µm, assez comparable au mouvement maximum longitudinal, qui est de l’ordre de 100 µm. Contrairement à la phaco-émulsification longitudinale durant laquelle seul 50 % du cycle est efficace, la délivrance d’énergie se fait que la pointe soit mobilisée vers la droite ou vers la gauche : de cette façon, l’ensemble du mouvement participe au processus de phacoémulsification. Dans la phacoémulsification traditionnelle, 50 % du mouvement de la pointe n’est pas énergétiquement utilisable (lorsque celui-ci se fait vers l’arrière). Pour certains, la nécessité d’utiliser une pointe angulée de type Kelman représente un avantage dans le sens où elle permet à tout moment une parfaite visualisation des mouvements de la pointe. OZil® peut être utilisé en mode de délivrance continue des ultrasons autant qu’en micropulses ou en mode « burst ». Il évite également la répulsion des fragments de noyau fréquemment observée en mode longitudinal. Il a été démontré, dans de nombreux travaux [13, 14, 28, 40, 48, 87], une efficacité accrue, une réduction d’échauffement et une diminution de production de radicaux libres lorsqu’il est comparé au mode longitudinal de l’Infiniti® dont la fréquence est de 44 kHz. En termes de résultat fonctionnel et de perte cellulaire endothéliale, les résultats semblent cependant comparables [88]. La technique OZil® est susceptible d’entraîner, particulièrement sur des noyaux durs, un phénomène de clogging à l’origine d’une obstruction de la ligne d’aspiration. L’application Intelligence Phaco (OZil® IP), qui associe de manière préprogrammée des ultrasons torsionnels et longitudinaux, y a apporté une solution : cette technique a pour but d’améliorer l’efficacité de la phacoémulsification, l’attraction vers et à travers la pointe ultrasonique ainsi que la fluidité de la phacoaspiration, et d’éviter les phénomènes de clogging par adjonction d’ultrasons longitudinaux aux ultrasons torsionnels.



Le système Ellips® (fig. 7-11) puis Ellips® FX du Signature®, développé à la suite de l’OZil®, associe simultanément des ultrasons en mode longitudinal et transversal à hauteur de 50 %. Cette technique mixte n’entraîne pas de phénomène de clogging et ne nécessite pas de modification de la technique opératoire, car elle est fonctionnelle avec tous les types de pointe, droite ou courbe. Le couplage des ultrasons latéraux et longitudinaux permet de diminuer l’amplitude du mouvement d’avant en arrière de la pointe de 50 % tout en conservant une efficacité optimale. Schmutz [90] a comparé l’échauf-fement thermique de OZil® et Ellips®, qui serait en faveur de Ellips®.



En théorie, les technologies torsionnelles OZil® et Ellips® permettent une phacoémulsification de meilleure qualité en dehors de toute occlusion, garantissant une excellente stabilité de chambre antérieure du fait de l’évitement des phénomènes de surge. Cependant, il n’est pas certain que ces technologies soient supérieures à tous les modes de délivrance des ultrasons traditionnels, particulièrement sur des noyaux durs.


Le mode torsionnel n’est pas le choix universel des fabricants pour réduire l’échauffement en optimisant l’efficacité. Le Stellaris® est équipé d’une pièce à main possédant six cristaux piézoélectriques dont la fréquence de 28,5 kHz permet d’obtenir une excellente efficacité ultrasonique pour tous les noyaux, associée à un effet thermique modéré (fig. 7-12). Cette fréquence est actuellement la plus basse de toutes les machines en mode longitudinal.




Pointes et manchons


L’efficacité et la sécurisation thermique ont également bénéficié des avancées dans l’élaboration des pointes et manchons.


La pointe historique de référence est une pointe 19 G d’un diamètre externe de 1,1 mm et d’un diamètre interne de 0,9 mm. Des pointes de 21 G peuvent être utilisées actuellement. Leurs diamètres sont de 0,8 mm en externe et 0,5 mm ou 0,6 mm en interne. Elles agissent en créant une résistance au mouvement fluidique, diminuant le flux pour une valeur de vide paramétrée. Par ailleurs, les plus petits diamètres des pointes diminuent le pouvoir de préhension du noyau en occlusion. Les facteurs permettant de compenser cette diminution de préhension sont l’augmentation de la hauteur de la bouteille d’irrigation et l’importance du vide. Menapace [65] a montré la relation existant entre la capacité de préhension du noyau et le diamètre interne de la pointe et l’angulation : plus le diamètre interne est grand et plus l’angulation est importante, plus la capacité de préhension est importante.


Plusieurs modèles de pointes, MicroFlow® (Bausch & Lomb), Flared Tip® (Alcon), MicroSeal® (Alcon), Cobra®, ont un diamètre distal identique à celui d’une pointe standard, leur permettant d’avoir un pouvoir de préhension identique à celui d’une pointe classique pour un niveau de vide donné. Leur diamètre interne proximal réduit crée une résistance évitant les flux très importants qu’on pourrait observer avec des niveaux de vide élevés et les risques de surge inhérents. Les diamètres distaux élevés permettent par ailleurs d’augmenter la capacité d’aspiration et donc de pha-coémulsification du matériel nucléaire (fig. 7-13) [12].



Différentes mesures ont été développées en ce qui concerne la géométrie du couple pointe-manchon de façon à lutter spécifiquement contre l’échauffement thermique. Le flux de liquide s’écoulant dans la ligne d’irrigation entre la pointe et le manchon en silicone participe au refroidissement de la pointe. Cependant, a contrario, sur une incision très étroite, si le flux est interrompu à ce niveau, le manchon peut faire office de conducteur thermique et participer au mécanisme de brûlure cornéenne au niveau de l’incision. La protection thermique peut être améliorée par différentes mesures : l’une d’elles consiste à rainurer l’embout de la pièce à main, comme dans les pointes MicroFlow®, de façon à maintenir en permanence une irrigation autour de la pointe même en cas de constriction du manchon; parfois, un second manchon en polyamide est interposé, comme dans les pointes Mackool, ce qui permet en toutes circonstances de maintenir une irrigation.


Dans les techniques de microincisions bimanuelles, le manchon n’est pas utilisé et l’irrigation se fait par une seconde voie d’abord. Même dans ces conditions, les progrès dans la délivrance des ultrasons et dans la géométrie des pointes permettent d’éviter tout échauffement anormal au niveau de l’incision de phaco-émulsification.



ERGONOMIE


De considérables progrès dans l’ergonomie des machines rendent plus aisé le travail du chirurgien et des équipes de bloc opératoire : paramétrages accessibles aisément à partir de l’écran, facilité de mise en place des cassettes, système Venturi sans branchement mural, pédales Bluetooth sans fil, pièces à main plus légères, pointe d’irrigation-aspiration à bout siliconé, couplage à des unités d’enregistrement numérique des images et des paramètres de la phacoémulsification.






Synthèse Phacoémulsificateurs







Mini-incision et microincision


T. Amzallag


Corriger la presbytie lors d’une chirurgie du cristallin utilisant un implant multifocal ou accommodatif nécessite de considérer l’astigmatisme préopératoire. En effet, un astigmatisme postopératoire supérieur à une dioptrie peut constituer une cause d’échec ou d’insatisfaction du patient. L’avènement des lentilles intra oculaires multifocales toriques, même si celles-ci élargissent le champ des indications opératoires, nécessite d’autant plus une limitation de l’astigmatisme chirurgicalement induit si on souhaite un résultat précis. L’incision de phacoémulsification constituant une kérato-tomie par aplatissement du méridien concerné, le choix de sa taille [52, 62, 81] et celui de son site [97] ont une influence sur l’astigmatisme chirurgicalement induit. La tendance actuelle est à la limitation de l’astigmatisme induit principalement par deux mécanismes : éloignement de l’incision, le plus souvent cornéenne, par rapport à l’axe optique et réduction de sa taille. L’objectif étant de limiter l’astigmatisme chirurgicalement induit, les tailles d’incisions, en fonction des publications, se situent aux alentours de 2 mm en cornée claire. Plus rarement, il s’agit de réduire un astigmatisme préexistant par le choix des caractéristiques de l’incision.


La réduction de la taille des incisions a nécessité le développement de technologies et de techniques permettant de phacoémul-sifier par des mini-incisions ou des microincisions. Cela passe par la mise au point de machines plus performantes en termes d’équilibre hydrodynamique et d’efficacité ultrasonique (cf. supra), de matériel adéquat, d’implant et d’injecteurs adaptés. Il faut signaler que, quelle que soit la taille d’incision utilisée pour la phaco-émulsification (jusque moins de 1 mm), c’est l’implant (surtout son matériau) et les systèmes d’injection qui déterminent les valeurs en fin d’intervention. Les implants constituent donc aujourd’hui un des facteurs limitant à la réduction de la taille des incisions, comme cela a toujours été le cas depuis l’avènement de la pha-coémulsification. Par ailleurs, il est important de considérer le comportement postopératoire de ces implants destinés à la microincision, dont le nécessaire changement de dessin ou de matériau ne doit pas dégrader les performances à moyen et long terme, d’autant que la chirurgie de la presbytie s’adresse fréquemment à des patients plus jeunes que ceux atteints de cataracte.



DÉFINITIONS


Il n’existe pas de définition consensuelle de la cataracte par microincision ou mini-incision, l’utilisation des différents termes relevant essentiellement des usages courants. C’est la séparation de l’irrigation et des ultrasons [93], jusque-là coaxiales, qui a initialement permis une réduction importante de la taille des incisions et les débuts de la microincision, l’irrigation et les ultrasons étant connectés à deux pièces à main distinctes. Par la suite les améliorations de la phacoémulsification coaxiale ont permis de s’approcher puis de passer sous la barre des 2 mm. Aujourd’hui, la pha-coémulsification micro-coaxiale a pris le pas sur la micro-biaxiale essentiellement pour deux raisons:




MICROINCISION


C’est Jorge Alió, en 2005, qui a proposé le terme de MicroIncision Cataract Surgery (MICS) pour désigner la chirurgie de la cataracte par microincision. Il entendait par là une incision de taille inférieure à 2 mm (fig. 7-14). Il présente les résultats d’une étude prospective non comparative observationnelle de quarante-cinq cas opérés à travers des incisions de 1,9 mm utilisant une technique biaxiale [3].



L’évolution rapide des technologies a ensuite rendu possible la phacoémulsification par des incisions de moins de 2 mm à l’aide de technique coaxiale proche des techniques de référence.



microincision biaxiale image (vidéo 7-1)


Les premières publications concernant la chirurgie par microincision remontent au milieu des années soixante-dix et aux années quatre-vingt [38, 42, 94, 93]. En 1985, c’est à Shearing [93] qu’on attribue la séparation des ultrasons et de l’irrigation. Il publie une série de phacoémulsifications par 1 mm. Amar Agarwal, en Inde, popularise la phacoémulsification biaxiale par 0,9 mm à partir de 1999 [1, 2]; il dénomme cette technique PHAKONIT (N pour needle, I pour incision, T pour tip).


En 2002, Hiroshi Tsuneoka publie les résultats de la première grande série non comparative de six cent trente-sept phacoémul-sifications biaxiales par des incisions inférieures à 1,4 mm [98]. Il considère cette technique comme sûre, ne rapporte pas de brûlure cornéenne et retrouve des pertes endothéliales de 4,6 %, selon lui comparables aux techniques de référence.






INTÉRÊTS DE RÉDUIRE LA TAILLE D’INCISION


Un des intérêts de la chirurgie de la cataracte par microincision réside dans la réduction de l’astigmatisme chirurgicalement induit [3, 22, 24, 29, 44, 45, 50, 54, 62, 102, 105]. En pratique, ces techniques comportent d’autres avantages, permettant une récupération plus rapide dans de meilleures conditions de sécurité opératoires et postopératoires comparées aux incisions de taille standard (autour de 3 mm).



INFLUENCE SUR L’ASTIGMATISME INDUIT PAR LA CHIRURGIE


Un certain nombre de principes de base sont connus de longue date. Les incisions induisent moins d’astigmatisme d’autant qu’elles sont plus éloignées de l’axe optique [45] et qu’elles sont de petite taille [3, 22, 24, 29, 44, 45, 50, 54, 62, 102, 105]. En moyenne, le limbe est plus éloigné de l’axe optique sur le méridien vertical que sur le méridien horizontal. C’est donc logiquement que, à taille égale, les incisions temporales sont moins astigmatogènes que les incisions supérieures [97]. Pour un site donné, quelle est la taille d’incision en deçà de laquelle l’incision n’influence plus l’astigmatisme chirurgicalement induit ?




Incisions de taille standard versus microincisions


En 2005 Jorge Alió [3], pionnier de la phacoémulsification biaxiale, publie une série de cent cas comparant des incisions de 1,5 mm biaxiales et 2,8 mm coaxiales. Outre une réduction significative du temps effectif de phacoémulsification, il retrouve une réduction significative de l’astigmatisme chirurgicalement induit moyen dans le groupe « microincisions » : 0,43 D contre 1,2 D. Yao compare des incisions de 1,7 mm et 3,2 mm [105] et montre une réduction significative de l’astigmatisme chirurgicalement induit dans le groupe « microincisions » : 0,78 D contre 1,29 D.


D’autres auteurs ne mettent pas en évidence de différence significative [29, 54, 68]. Kurtz [54] montre une réduction du temps effectif de phacoémulsification et une récupération plus rapide de l’acuité visuelle postopératoire mais pas de différence significative en termes d’astigmatisme chirurgicalement induit entre des incisions biaxiales de 1,5 mm et des incisions coaxiales de 2,75 mm (0,15 D contre 0,31 D), ni en termes de perte endothéliale ou de mesure au laser flare.



Incisions de taille standard versus mini-incisions


Masket a publié une étude comparant avantageusement les incisions de 2,2 mm coaxiales par rapport à celles de 3 mm en termes d’astigmatisme induit (0,35 ± 0,21 D par 2,2 mm et 0,67 ± 0,48 D par 3,0 mm; p = 0,006) [62]. Hayashi retrouve également une différence significative entre des incisions de 2,0 mm coaxiales par rapport à celles de 2,65 mm en termes d’astigmatisme induit (0,56 D par 2,0 mm et 0,74 D par 3,0 mm) [44]. Le même démontre que l’astigmatisme chirurgicalement induit est plus important pour des incisions de 3 mm cornéennes comparées à des incisions sclérales de même taille [45]; cette différence disparaît à partir de 2 mm et en dessous.



microincisions versus mini-incisions


Peu d’études ont comparé microincisions et mini-incisions. Can montre une différence significative d’astigmatisme chirurgicalement induit entre des incisions de 2,8 mm, 2,2 mm et 1,4 mm, avec des valeurs de 0,46 D, 0,24 D et 0,13 D [22]. Lee, dans une étude prospective randomisée incluant quatre-vingt-six yeux [55], ne montre pas de différence en termes d’astigmatisme chirurgicalement induit entre des incisions de 2,2 mm et 1,8 mm.



microincision biaxiale versus micro-coaxiale


En 2009, Wilczinski retrouve des valeurs faibles et proches d’astigmatisme induit en utilisant des incisions coaxiales de 1,8 mm et biaxiales de 1,7 mm (0,42 ± 0,29 D contre 0,5 ± 0,25 D) [103], les pertes endothéliales étant par ailleurs comparables dans les deux groupes [104].


Outre la comparaison entre les différentes tailles d’incisions et les différentes techniques, il est intéressant de constater que les valeurs moyennes d’astigmatisme chirurgicalement induit peuvent varier d’une étude à l’autre : de 0,13 D [22] à 0,78 D [105] pour les microincisions et de 0,24 D [22] à 0,4 D [102] pour les mini-incisions. S’il semble délicat de distinguer nettement micro-et mini-incisions en termes d’astigmatisme chirurgicalement induit, les valeurs, dans la majorité des études, sont faibles et permettent une assez bonne prédiction autour de 2 mm.




Comment utiliser l’incision pour diminuer l’astigmatisme préopératoire ?


S’il est possible de choisir une incision destinée à réduire l’astigmatisme induit (courte et temporale), il est également possible de faire varier les caractéristiques de l’incision pour réduire l’astigmatisme préopératoire en l’absence d’utilisation d’implant torique. Cette action est multiparamétrique et peu précise, mais des tendances peuvent se dégager. Bien qu’il soit utile de s’éloigner de l’axe optique pour limiter l’astigmatisme induit, il faut signaler que la plupart des chirurgiens ont abandonné les incisions sclé-rales, en particulier dans le secteur temporal où elles sont peu confortables et peu esthétiques. Il est par ailleurs démontré que cela est inutile en dessous de 2 mm [45].


S’il n’existe pas ou peu d’astigmatisme cornéen préopératoire (inférieur ou égal à 0,75 D), une incision la plus courte possible située dans le secteur temporal sera le mieux à même de préserver l’astigmatisme préopératoire. S’il existe un astigmatisme inverse préopératoire, l’utilisation d’une incision temporale standard (3 mm) limitera l’astigmatisme inverse induit par une incision supérieure et pourra éventuellement corriger une partie de l’astigmatisme préopératoire. La limite en termes de taille est constituée par la sécurité postopératoire : l’incision n’étant pas suturée, il existe un risque de défaut d’étanchéité, d’autant qu’elle aura été sollicitée au cours de l’intervention.


S’il existe un astigmatisme préopératoire significatif conforme ou oblique (supérieur à 0,75 D), une incision de taille standard sur le méridien le plus cambré pourra avoir un effet correcteur.


En cas d’utilisation d’un implant torique, on choisit habituellement une incision la plus neutre possible afin de mieux prédire le résultat final. Cette incision sera donc la plus courte possible et située sur le site temporal, éloignée de l’axe optique. L’astigmatisme chirurgicalement induit limité permet de mieux prévoir l’astigmatisme final.



INTÉRÊT DE LA MICROINCISION EN DEHORS DE L’ASTIGMATISME


Outre la réduction de l’astigmatisme chirurgicalement induit, la microincision présente d’autres avantages diversement appréciés dans la littérature. Les mini-incisions et microincisions n’étant habituellement pas suturées, leur taille réduite accroît la sécurité postopératoire en limitant théoriquement le risque de fuite ou de contamination pour peu qu’elles aient été bien structurées et convenablement préservées pendant la chirurgie.




Endophtalmies


Lundström a montré que les incisions cornéennes et/ou la localisation temporale accroissaient le risque d’endophtalmie d’un cas pour 5 500 procédures par rapport à des incisions scléro cornéennes et/ou supérieures [60]. Le plus souvent, un défaut d’affrontement des berges est retrouvé [64]. La réduction de taille d’incisions réduit théoriquement le risque de contamination postopératoire. Cependant, il semble que la préservation de la structure incisionnelle doive être prise en considération, en particulier concernant la phaco émulsification biaxiale pour laquelle l’absence de manchon en silicone et la taille très réduite des incisions peuvent constituer des facteurs traumatiques menant à un défaut d’étanchéité.



Limitation des pertes cellulaires


Si Kahraman [49] retrouve des pertes endothéliales supérieures dans un groupe d’incisions biaxiales 1,4 mm comparé à des incisions coaxiales de 3,2 mm, la majorité des auteurs [24, 66, 104] ne montre pas de différence significative de pertes endothéliales entre microincision biaxiale et microincision coaxiale.




TECHNIQUES CHIRURGICALES


Deux principales techniques permettent de réaliser une phaco-émulsification par mini- ou microincision : biaxiale, pour laquelle l’irrigation est séparée des ultrasons, et coaxiale. Si la technique coaxiale est dans son principe assez proche de la technique standard et ne nécessite habituellement que quelques cas pour démarrer, il n’en va pas de même pour la technique biaxiale. Par ailleurs, les lasers femto seconde destinés à la chirurgie de la cataracte font leur apparition (cf. infra). La réalisation automatisée, assistée par OCT, des incisions, du capsulorhexis et du traitement du noyau facilite le traitement de la cataracte par des microincisions.



PHACOÉMULSIFICATION BIAXIALE


C’est cette technique — même si elle ne s’est pas imposée actuellement — qui permet les plus petites tailles d’incisions (fig. 7-15). L’avènement de nouveaux implants et de nouvelles cartouches est susceptible de lui procurer un regain d’intérêt dans le futur si elle n’est pas supplantée par le laser femtoseconde. Elle nécessite une certaine habileté chirurgicale, sa courbe d’apprentissage peut inclure quelques dizaines de cas et elle ne peut devenir routinière que par une utilisation systématique. Elle requiert une instrumentation spécifique (couteaux, pinces à capsulorhexis, irrigateur). L’absence de manchon coaxial en silicone rend plus aléatoire l’équilibre fluidique, d’autant que l’infusion est réduite et le risque de dommage à l’incision accru dans un premier temps. Enfin, si la taille d’incision est inférieure à 1,7 mm, un agrandissement pré alable à l’injection est le plus souvent requis. Les principaux écueils sont constitués par les incisions, qui doivent être construites de manière très rigoureuse et de taille adéquate, par la réalisation du capsulorhexis à l’aiguille ou à la pince à commande distale, par le maintien de la chambre antérieure pendant la phase de quadrant en particulier à la désocclusion. Les réglages hydrodynamiques sont plus délicats au départ et doivent tenir compte de tous les éléments de chaque configuration.




PHACOÉMULSIFICATION MICRO-COAXIALE


La phacoémulsification coaxiale ne nécessite que peu de modifications de la technique chirurgicale habituelle. Elle peut être réalisée à l’aide d’ultrasons longitudinaux, torsionnels ou mixtes. Certaines études [87] montrent une plus grande efficacité des ultrasons torsionnels par rapport aux ultrasons longitudinaux image (vidéo 7-3). Cette e technique ne nécessite pas ou peu de modifications des paramètres de la machine et sa courbe d’apprentissage est très brève, d’autant que l’infusion est bien préservée. L’équilibre hydrodynamique, y compris à la désocclusion, est aisé à maintenir. Aucune instrumentation spécifique n’est nécessaire en dehors d’une pince à capsulorhexis adaptée à des incisions comprises entre 1,8 mm (fig. 7-16) et 2,2 mm.




LENTILLES INTRAOCULAIRES DESTINÉES AUX MINI-ET MICROINCISIONS


Les lentilles destinées aux microincisions (fig. 7-17) doivent répondre à un cahier des charges incluant la déformabilité permettant de passer sans dommage à travers la microincision, mais produisant également un comportement intrasacculaire postopératoire équivalent à celui des meilleures lentilles existantes.



Il faut distinguer deux grandes catégories de lentilles intraoculaires:




MATÉRIAUX


C’est essentiellement le matériau qui détermine la taille d’incision. Il détermine également en partie (avec le dessin) le comportement intraoculaire postopératoire de l’implant. Il existe deux principales catégories de matériaux : les acryliques hydrophobes et les acryliques hydrophiles [7]. Les silicones ne sont pas utilisés pour la microincision. Les lentilles intraoculaires faites de matériaux acryliques hydrophobes, dont les qualités optiques et le comportement postopératoire sont réputés et démontrés, ne peuvent pas encore rivaliser avec celles faites d’acryliques hydrophiles, plus déformables, en termes de taille d’incision. Pour ces matériaux hydrophobes, les tailles possibles d’incisions se situent actuellement autour de 2,2 mm si l’injection est pratiquée en chambre antérieure et autour de 2 mm si l’injection est réalisée à la berge. Les matériaux acryliques hydrophiles, forts de leur déformabilité, peuvent être injectés par des incisions de 2 mm en chambre antérieure et moins de 1,8 mm à la berge.


Un matériau résistant au stress mécanique est une condition préalable à la conception d’une lentille intraoculaire destinée à la microincision. En effet, il doit permettre le passage de l’implant à travers le tunnel d’injection d’une cartouche dont le diamètre interne est inférieur à 1,30 mm pour des tailles d’incisions inférieures à 2 mm, voire 1,10 mm pour des tailles d’incisions inférieures à 1,5 mm. Ce matériau doit donc accepter sans dommage les contraintes très importantes de la micro-injection. Ici, des propriétés comme la déformabilité ou la résistance à la déchirure s’avèrent plus importantes que, par exemple, l’indice de réfraction qui permet pourtant de réduire les épaisseurs des optiques. Ce sont probablement de nouveaux matériaux qui nous mèneront vers des incisions encore plus petites, avec un comportement encore meilleur et des capacités optiques supérieures.


Si le matériau joue un rôle indéniable pour réduire la taille des incisions, il joue également un rôle dans le comportement intrasacculaire postopératoire [5] : opacification de la capsule postérieure, opacification de la capsule antérieure, rétraction sacculaire et stabilité de la lentille intraoculaire.


Avec la diminution croissante de la taille des incisions, de nouvelles études prospectives devront confirmer le bon comportement des nouveaux produits. Modifier le matériau ou le dessin d’une lentille intraoculaire même de manière minime n’est jamais anodin d’un point de vue biologique.



DESSINS


Les premiers implants destinés à la microincision avaient pour principal objectif la taille d’incision plus que le comportement postopératoire. Faits d’acrylique hydrophile, particulièrement fins, dénués de barrière postérieure sur 360°, ils comportaient deux zones d’appui équatoriales, les rendant susceptibles de favoriser des opacifications capsulaires postopératoires précoces, des contractions sacculaires excessives pouvant aller jusqu’au capsulophimosis, voire des subluxations. Les modèles suivants ont tenu compte de ces points faibles pour un meilleur comportement à moyen et long terme.




Haptiques


Tous les implants destinés à la microincision sont monoblocs. Les haptiques sont conçues pour stabiliser l’optique de la lentille intraoculaire et éviter tout déplacement lors de la contraction sacculaire postopératoire. Leur angulation postérieure peut également contribuer à la limitation de l’opacification capsulaire postérieure par accroissement de l’angulation capsulaire postérieure précocement après l’intervention. Ces haptiques doivent accepter 1 mm à 2,00 mm de compression dans le sac capsulaire sans décentrement de l’optique. Ce point est d’autant plus important que la réduction d’épaisseur des implants, facteur indispensable pour espérer passer par une petite incision, modifie de façon importante la stabilité de l’implant et oblige de ce fait à reconcevoir totalement les anses pour les adapter à cette situation nouvelle. Des anses larges, multiples pour répartir les efforts, voire angulées pour accentuer la pression sur la capsule postérieure et ainsi renforcer l’effet de la barrière de 360°, sont autant d’éléments favorables. Les feuillets capsulaires antérieur et postérieur ont ainsi la possibilité d’adhérer précocement l’un à l’autre.


L’aptitude effective à la microincision dépend du matériau (déformable et résistant), du dessin (volume et forme compatibles avec une injection par une cartouche de petit diamètre) et du système d’injection (en particulier la cartouche). C’est la cartouche qui détermine la taille de l’incision après injection, en particulier son diamètre interne à l’extrémité dans le cas d’une injection « à la berge » (sans introduire le biseau dans la chambre antérieure).


Jun 6, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 7: Implantation multifocale

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