Chapitre 7 Imagerie du système nerveux
Techniques d’imagerie
Scanner ou tomodensitométrie
Cet examen est devenu incontournable, notamment dans le contexte de traumatisme crânien.
Imagerie par résonance magnétique
L’IRM représente l’examen de référence en matière d’exploration du système nerveux central.
Imagerie par résonance magnétique
Positionnement des coupes en IRM
Le plan le plus souvent utilisé est celui unissant le bord inférieur du genou et du splénium du corps calleux pour les coupes axiales (fig. 7.1).
Le plan coronal est choisi parallèle à celui du tronc cérébral.
Il est conseillé alors de commencer par un plan sagittal pour pouvoir s’orienter.
Notions importantes propres à la neuroradiologie
La substance grise (SG) comprend le cortex, les noyaux gris et le corps cellulaire des neurones.
La substance blanche (SB) est constituée par les tractus des axones myélinisés.
Le signal des vaisseaux est variable en fonction du flux circulant ou non et de la séquence.
Séquences utilisées
Séquence T1
Elle donne une image anatomique (la SG est grise, la SB est blanche, le LCS est noir, la graisse est blanche). L’injection d’agent de contraste se fait sur la séquence pondérée en T1, permettant de rechercher une prise de contraste anormale (fig. 7.2).
Séquence T2 spin écho (SE)
Le contraste est inversé par rapport à la séquence T1 (la SG est blanche, la SB est grise, le LCS est blanc, la graisse est blanche) (fig. 7.3).
Séquence FLAIR (fluid attenuated inversion recovery)
C’est une séquence pondérée en T2, obtenue par inversion-récupération (IR) avec annulation du signal de l’eau pure, ainsi les espaces sous-arachnoïdiens, et le contenu des ventricules est noir. Elle permet une bonne différenciation entre tissus sain et pathologique, surtout dans les régions périventriculaires (fig. 7.4).
Séquence T2 écho de gradient (EG) dite T2*
C’est une pondération T2 avec accentuation des effets de susceptibilité magnétique.
Séquence de spectroscopie par résonance magnétique
Cette technique a un intérêt dans les maladies métaboliques ainsi que dans le diagnostic et le suivi sous traitement de certaines tumeurs cérébrales.
Séquence de perfusion
C’est une technique utilisée essentiellement en cas de pathologie ischémique artérielle aiguë.
La comparaison se fait avec une zone saine.
Cette technique peut être également utilisée pour l’exploration des tumeurs gliales.
Accidents vasculaires cérébraux
Un accident vasculaire cérébral (AVC) est la conséquence d’une perturbation aiguë des fonctions cérébrales, focale ou généralisée, provoquée par un processus vasculaire pathologique.
L’IRM peut également être pratiquée d’emblée, recherchant à la fois une lésion ischémique ou hémorragique si l’accès à cet examen est facile (encadré 7.1).
Encadré 7.1 Protocole IRM en cas de suspicion d’un AVC
• Sagittal T1 : permet une exploration globale et recherche une anomalie focale pour adapter le protocole.
• Axial diffusion : c’est la séquence clé qui permet d’objectiver une lésion ischémique et de la dater.
• Axial FLAIR : c’est une séquence très sensible à l’œdème.
• Axial T2 écho de gradient (T2*) : permet de bien détecter les saignements intracrâniens.
• ARM en temps de vol sur le polygone de Willis : permet d’explorer la perméabilité vasculaire du Willis.
AVC ischémique
L’AVC ischémique peut être artériel et, dans ce cas-là, le début est souvent brutal avec un hypersignal en diffusion. Il peut être aussi veineux, et dans cette situation, le tableau est souvent différent avec des céphalées inhabituelles, une épilepsie, etc.
AVC ischémique artériel
AVC ischémique constitué
Reconnaître la nature ischémique du déficit est primordial dans le but d’instaurer un traitement thrombolytique.
À la phase aiguë
TDM
Le scanner est souvent normal à la phase très précoce, on recherche :
• une hypodensité de la substance grise avec une dédifférenciation substance blanche-substance grise ;
• un effacement du noyau lenticulaire, de la tête du noyau caudé et du cortex insulaire ;
• un effacement des sillons corticaux et de la vallée sylvienne ;
• le signe de l’artère cérébrale moyenne hyperdense : hyperdensité spontanée signant la présence d’un thrombus intravasculaire ;
L’angioscanner artériel peut montrer l’occlusion artérielle.
IRM
La diffusion est positive de quelques minutes après le début des symptômes jusqu’à 9 jours sous forme d’un hypersignal diffusion avec chute de l’ADC (encadrés 7.2 et 7.3).
Un hypersignal FLAIR au niveau des branches artérielles est visible dès les premières heures (à partir de la 4e heure environ) (fig. 7.5).
Accident ischémique transitoire
L’accident ischémique transitoire (AIT) est classiquement défini par la survenue brutale et transitoire d’un épisode déficitaire, focalisé, disparaissant sans séquelle clinique en moins de 24 heures.
Étiologie des AVC ischémiques artériels
Athérosclérose
Elle représente environ 40 % des étiologies.
L’évaluation du degré de la sténose au niveau cervical se fait selon la méthode proposée par le NASCET (North American Symptomatic Carotid Endarterectomy Trial), plus largement utilisée que les recommandations européennes (ECST – European Carotid Surgery Trial) (fig. 7.6).
Dissection des artères à destinée encéphalique
Elle représente au moins 20 % des ischémies de l’adulte de moins de 45 ans.
Elles sont soit spontanées, soit en rapport avec une anomalie préexistante de la paroi artérielle (syndromes de Marfan, d’Ehlers-Danlos, dysplasie, etc.), soit post-traumatiques (« Sur le vif » 7.1) ou postinfectieuses.
L’angioscanner et l’ARM identifient la sténose ou l’occlusion et son étendue.
L’hématome de paroi est visible sur les séquences IRM axiales en pondération T1 avec saturation de la graisse avant injection, sous forme d’un hypersignal spontané, augmentant ainsi les dimensions du vaisseau et réduisant la lumière circulante (fig. 7.7). Cet hématome peut également être visualisé sur le scanner avant injection, sous forme d’hyperdensité spontanée. Il faut savoir que cet hématome peut être iso-intense à la phase aiguë, rendant la confirmation de la dissection parfois difficile.
Embolies d’origine cardiaque
Elles représentent environ 20 % des étiologies des AVC ischémiques, souvent secondaires à une fibrillation auriculaire, une valvulopathie avec ou sans endocardite, ou une prothèse valvulaire.
Ces AVC correspondent parfois à des emboles multiples (voir fig. 7.5).
AVC ischémiques veineux : thrombose veineuse cérébrale
La thrombose veineuse cérébrale (TVC) ou thrombophlébite cérébrale entraîne une symptomatologie pléomorphe qui peut faire errer le diagnostic.
Les étiologies les plus fréquentes sont les infections locorégionales (notamment ORL et cérébrales), les perturbations hormonales (post-partum, contraceptifs oraux) (« Sur le vif » 7.2), les troubles de l’hémostase, les maladies auto-immunes et inflammatoires (maladie de Crohn, lupus, maladie de Behçet, etc.), les néoplasies et hémopathies, les traumatismes, la thrombose sur cathéter, etc.
Sur le vif 7.2 Thrombose veineuse cérébrale
Son médecin lui propose de réaliser un scanner cérébral en urgence.
Dans 25 à 35 % des cas, aucune cause n’est retrouvée.
Imagerie des TVC
L’IRM est le meilleur examen, permettant à la fois une analyse vasculaire et parenchymateuse.
TDM
Elle peut montrer les conséquences de cette thrombose sous forme :
• d’un ramollissement veineux sous forme d’une hypodensité cortico-sous-corticale liée à un œdème vasogénique ;
• d’un hématome intracérébral, le plus souvent de siège cortico-sous-cortical, dont la topographie est directement liée au siège de la TVC ;
• d’une hyperdensité spontanée du sinus thrombosé (elle diminue après le 8e jour).
L’injection de produit de contraste permet de visualiser le « signe du delta » ou « triangle vide », qui correspond au rehaussement de la paroi du sinus, et la persistance d’un thrombus endoluminal hypodense (fig. 7.8).
IRM
La visualisation directe du thrombus est souvent possible avant même l’injection de produit de contraste durant les premiers jours, en hypersignal en T1, T2, FLAIR et en diffusion. (voir fig. 7.8). Des faux positifs peuvent se voir en raison d’un flux ralenti pouvant être à l’origine d’un hypersignal. Ce même thrombus est en hyposignal en pondération T2* (T2 écho de gradient). Il faut également se méfier des asymétries des sinus latéraux par hypo- ou aplasie.
Après injection de gadolinium, le thrombus est responsable d’un hyposignal T1, avec prise de contraste de la paroi du sinus, reproduisant le « signe du delta » décrit au scanner (encadré 7.4).
Encadré 7.4 Granulations de Pacchioni
Les granulations de Pacchioni sont localisées au sein du sinus sagittal supérieur et des sinus transverses, responsables en angioscanner et en angio-IRM d’un défaut de rehaussement. Elles ne doivent pas être confondues avec un thrombus. Elles ont une densité et un signal proches de celui du liquide cérébrospinal, donc très hypodenses au scanner et fortement hyperintenses en T2 à l’IRM (fig. 7.9).
L’angio-IRM confirme la thrombose, apprécie son extension et son évolutivité sous traitement.
AVC hémorragiques
Hématome intracérébral
Les hématomes intracérébraux (HIC) représentent environ 15 % de l’ensemble des AVC.
Sémiologie de l’hématome
TDM
La sémiologie de l’hématome intracérébral est typique à la phase aiguë ; il est spontanément hyperdense, avec des densités variant entre 50 et 70 unités Hounsfield (UH) (fig. 7.10).
Certains HIC peuvent diffuser et inonder le système ventriculaire et les espaces sous-arachnoïdiens.
IRM
L’hématome intracérébral prend un signal variable selon son âge et selon la séquence.
Les modifications biochimiques de l’hémoglobine au cours du temps modifient le signal de l’HIC en pondération T1, T2 et T2* (fig. 7.11) (tableau 7.1).
Le signal de l’hématome en diffusion est très variable et non spécifique.
Bilan étiologique d’un hématome intracérébral
Lorsqu’un HIC est localisé dans la région capsulothalamique, la région capsulaire externe ou la région lenticulaire externe chez un patient hypertendu, il s’agit d’un hématome lié à une complication de l’hypertension artérielle, et le bilan peut se limiter au scanner. Les hématomes compliquant l’hypertension artérielle ont rarement une topographie lobaire ou vertébrobasilaire.
Les hématomes du tronc cérébral chez l’adulte jeune sont souvent dus à un angiome caverneux.
L’angiopathie amyloïde (dépôts de substance amyloïde) peut être responsable d’hématome lobaire récidivant chez le sujet âgé du fait de la fragilisation de la paroi artérielle (fig. 7.12).