7: Imagerie du système nerveux

Chapitre 7 Imagerie du système nerveux





Techniques d’imagerie




Scanner ou tomodensitométrie


Cet examen est devenu incontournable, notamment dans le contexte de traumatisme crânien.


Il permet l’exploration des différentes structures osseuses avec une grande précision, grâce notamment aux coupes fines submillimétriques et des reconstructions de grande qualité qu’il offre. Il permet également l’exploration du parenchyme cérébral en cas de contre-indication à la réalisation d’une IRM ou lors d’un examen de débrouillage avant l’IRM.


L’étude vasculaire est de très bonne qualité grâce à l’angioscanner réalisé après injection intraveineuse de produit de contraste iodé.






Imagerie par résonance magnétique



Positionnement des coupes en IRM


Il est primordial de choisir un plan de coupe facilement reproductible et constant pour les différents patients.


Le plan le plus souvent utilisé est celui unissant le bord inférieur du genou et du splénium du corps calleux pour les coupes axiales (fig. 7.1).



Le plan coronal est choisi parallèle à celui du tronc cérébral.


Il est conseillé alors de commencer par un plan sagittal pour pouvoir s’orienter.


L’étude des hippocampes (en cas d’épilepsie ou de démence) est choisie perpendiculairement à l’axe des lobes temporaux, repérés sur des coupes parasagittales.


L’étude de la région hypophysaire se fait par des coupes parallèles et perpendiculaires à la tige pituitaire, en plus des coupes sagittales.


L’étude d’un nerf crânien ou d’une lésion d’une autre origine nécessite deux plans de coupe : parallèle et perpendiculaire à la structure explorée.


L’injection de produit de contraste n’est pas systématique ; elle permet de mettre en évidence les zones de rupture de barrière hémato-encéphalique (BHE) (notamment en cas de tumeur, d’accident vasculaire cérébral ou de processus infectieux) et les zones d’hypervascularisation par néo-angiogenèse (malformation vasculaire ou tumeur).


La question de positionnement des coupes ne se pose plus au scanner, car avec les scanners multidétecteurs, les coupes sont submillimétriques, et les coupes reconstruites dans les différents plans sont de très bonne qualité. Il est certain qu’à l’avenir, les séquences IRM seront améliorées et, comme pour le scanner, il n’y aura plus à réaliser plusieurs plans de coupe, mais uniquement une acquisition volumique avec des reconstructions dans les différents plans de l’espace.





Séquences utilisées


















Accidents vasculaires cérébraux


Un accident vasculaire cérébral (AVC) est la conséquence d’une perturbation aiguë des fonctions cérébrales, focale ou généralisée, provoquée par un processus vasculaire pathologique.


Il s’agit dans 80 % des cas d’une ischémie, dans 15 % des cas d’une hémorragie intracérébrale ou intraventriculaire, et dans 5 % des cas d’une hémorragie méningée.


Les AVC représentent la troisième cause de décès en France, après les maladies cardiovasculaires et les cancers, et la première cause de handicap chez l’adulte.


Les facteurs de risque sont nombreux : l’âge, l’hypertension artérielle, les cardiopathies, le tabac, le diabète, l’hypercholestérolémie, la contraception œstroprogestative, l’obésité, les antécédents familiaux d’AVC, etc.


Il n’est pas toujours possible de porter un diagnostic étiologique et topographique univoque sur la base des seuls critères cliniques. Les examens complémentaires et notamment l’imagerie constituent une aide précieuse. Reconnaître le type d’AVC, « ischémique ou hémorragique », est primordial afin d’instaurer le traitement adéquat, et cela n’est possible que par l’imagerie.


Il est très fréquent de commencer par la réalisation d’un scanner cérébral dont l’accès est plus facile et plus rapide pour affirmer ou au contraire éliminer une hémorragie. En effet, le scanner est très sensible pour la détection des hémorragies intracrâniennes.


L’IRM peut également être pratiquée d’emblée, recherchant à la fois une lésion ischémique ou hémorragique si l’accès à cet examen est facile (encadré 7.1).




AVC ischémique


L’AVC ischémique peut être artériel et, dans ce cas-là, le début est souvent brutal avec un hypersignal en diffusion. Il peut être aussi veineux, et dans cette situation, le tableau est souvent différent avec des céphalées inhabituelles, une épilepsie, etc.



AVC ischémique artériel



AVC ischémique constitué


Reconnaître la nature ischémique du déficit est primordial dans le but d’instaurer un traitement thrombolytique.


L’élimination de la nature hémorragique est primordiale, grâce à la séquence T2 écho de gradient (appelée aussi T2*) ou bien avec le scanner sans injection. L’IRM cérébrale est devenue l’examen de référence pour le diagnostic précoce de l’infarctus cérébral.


Contrairement au scanner qui est souvent normal durant les 24 premières heures, l’IRM est positive dès la première heure et montre un œdème cytotoxique caractéristique de l’AVC ischémique. Cet œdème cytotoxique est en hypersignal en diffusion avec restriction du coefficient apparent de diffusion (ADC), et ce dès les premières heures de la symptomatologie.


La séquence FLAIR permet également de voir l’infarctus cérébral sous forme d’hypersignal après quelques heures (au moins 4 à 6 heures).


Dans le même temps l’angio-IRM du polygone de Willis en temps de vol (sans injection de produit de contraste) permet de rechercher l’occlusion artérielle responsable de l’AVC ischémique.


L’exploration des troncs supra-aortiques (TSA) peut être faite par un écho-Doppler artériel des TSA ou par une angio-IRM ou angioscanner des TSA après injection de produit de contraste.


L’IRM de perfusion permet de détecter des zones de pénombre correspondant à des zones qui souffrent, mais potentiellement viables si on instaure un traitement précoce.



À la phase aiguë



IRM

Avant 6 heures, les séquences classiques T1 et T2 sont normales. Ce n’est qu’à partir de 48 heures que les séquences conventionnelles T1 et T2 deviennent positives (hyposignal T1, hypersignal T2).


La diffusion est positive de quelques minutes après le début des symptômes jusqu’à 9 jours sous forme d’un hypersignal diffusion avec chute de l’ADC (encadrés 7.2 et 7.3).




Un hypersignal FLAIR au niveau des branches artérielles est visible dès les premières heures (à partir de la 4e heure environ) (fig. 7.5).



L’angio-IRM retrouve l’occlusion artérielle.





Étiologie des AVC ischémiques artériels




Dissection des artères à destinée encéphalique

Elle représente au moins 20 % des ischémies de l’adulte de moins de 45 ans.


Elles sont soit spontanées, soit en rapport avec une anomalie préexistante de la paroi artérielle (syndromes de Marfan, d’Ehlers-Danlos, dysplasie, etc.), soit post-traumatiques (« Sur le vif » 7.1) ou postinfectieuses.



Le tableau clinique associe de façon variable des cervicalgies, un syndrome de Claude Bernard-Horner, une paralysie oculomotrice et des signes neurologiques. Le diagnostic repose sur la mise en évidence de l’occlusion totale ou partielle du vaisseau concerné, et la visualisation de l’hématome intimal.


L’angioscanner et l’ARM identifient la sténose ou l’occlusion et son étendue.


Les dissections carotidiennes se localisent souvent en aval de la bifurcation (à hauteur de C1-C2-C3). Les dissections vertébrales touchent fréquemment le segment V3 (à hauteur de C1-C2). Chez l’enfant, les dissections post-traumatiques et spontanées sont fréquentes et représentent une cause importante d’ischémie cérébrale.


L’hématome de paroi est visible sur les séquences IRM axiales en pondération T1 avec saturation de la graisse avant injection, sous forme d’un hypersignal spontané, augmentant ainsi les dimensions du vaisseau et réduisant la lumière circulante (fig. 7.7). Cet hématome peut également être visualisé sur le scanner avant injection, sous forme d’hyperdensité spontanée. Il faut savoir que cet hématome peut être iso-intense à la phase aiguë, rendant la confirmation de la dissection parfois difficile.






AVC ischémiques veineux : thrombose veineuse cérébrale


La thrombose veineuse cérébrale (TVC) ou thrombophlébite cérébrale entraîne une symptomatologie pléomorphe qui peut faire errer le diagnostic.


Les étiologies les plus fréquentes sont les infections locorégionales (notamment ORL et cérébrales), les perturbations hormonales (post-partum, contraceptifs oraux) (« Sur le vif » 7.2), les troubles de l’hémostase, les maladies auto-immunes et inflammatoires (maladie de Crohn, lupus, maladie de Behçet, etc.), les néoplasies et hémopathies, les traumatismes, la thrombose sur cathéter, etc.



Dans 25 à 35 % des cas, aucune cause n’est retrouvée.


Le tableau clinique est dominé par les céphalées, mais parfois des crises d’épilepsie inaugurent les TVC, responsables d’un œdème ou d’une transformation hémorragique le plus souvent.


Les TVC touchent par ordre de fréquence décroissant le sinus sagittal supérieur, les sinus transverses, le sinus droit, les veines profondes, les veines corticales et les sinus caverneux.



Imagerie des TVC


L’IRM est le meilleur examen, permettant à la fois une analyse vasculaire et parenchymateuse.


Un scanner avec injection de produit de contraste peut être réalisé en première intention, permettant une excellente visualisation des différents collecteurs veineux et notamment de la TVC ; néanmoins, la répercussion parenchymateuse est moins bien analysée que sur l’IRM.


La découverte d’un hématome, surtout s’il est lobaire, doit faire rechercher l’obstruction d’un collecteur veineux.




IRM

La visualisation directe du thrombus est souvent possible avant même l’injection de produit de contraste durant les premiers jours, en hypersignal en T1, T2, FLAIR et en diffusion. (voir fig. 7.8). Des faux positifs peuvent se voir en raison d’un flux ralenti pouvant être à l’origine d’un hypersignal. Ce même thrombus est en hyposignal en pondération T2* (T2 écho de gradient). Il faut également se méfier des asymétries des sinus latéraux par hypo- ou aplasie.


Après injection de gadolinium, le thrombus est responsable d’un hyposignal T1, avec prise de contraste de la paroi du sinus, reproduisant le « signe du delta » décrit au scanner (encadré 7.4).




Les modifications parenchymateuses correspondent à un œdème vasogénique souvent en sous-cortical, provoqué par l’hyperpression veineuse qui est secondaire à la thrombose. Cet œdème vasogénique apparaît en hyposignal T1, hypersignal T2 et FLAIR, mais il n’existe pas d’hypersignal en diffusion (contrairement à l’œdème cytotoxique de l’ischémie artérielle qui est en hypersignal diffusion). Secondairement, une souffrance cellulaire peut apparaître, avec notamment un hypersignal diffusion et chute de l’ADC en rapport avec un œdème cytotoxique.


Il est également possible qu’un hématome survienne. La meilleure séquence pour sa visualisation est la séquence T2*. Il apparaît alors sous forme d’un hyposignal.


L’angio-IRM confirme la thrombose, apprécie son extension et son évolutivité sous traitement.


L’ARM peut se faire sans injection, dite en temps de vol, ou après injection de gadolinium. Cette dernière, plus efficace et plus rapide, permet de détecter des thromboses des veines plus distales.



AVC hémorragiques



Hématome intracérébral


Les hématomes intracérébraux (HIC) représentent environ 15 % de l’ensemble des AVC.


L’hypertension artérielle et les troubles de la coagulation sont à la fois des facteurs étiologiques et favorisants. Les autres causes classiques sont l’angiopathie amyloïde, les malformations vasculaires, les tumeurs hypervascularisées, les thromboses veineuses cérébrales, les vascularites et la prise de toxiques.


Le scanner représente une excellente modalité pour le diagnostic de l’hématome, notamment à la phase hyperaiguë et aiguë.



Sémiologie de l’hématome



TDM

La sémiologie de l’hématome intracérébral est typique à la phase aiguë ; il est spontanément hyperdense, avec des densités variant entre 50 et 70 unités Hounsfield (UH) (fig. 7.10).



La densité de l’hématome peut néanmoins être parfois basse (anémie), rendant le diagnostic difficile ou conduisant à de faux diagnostics, notamment de tumeurs cérébrales.


Certains HIC peuvent diffuser et inonder le système ventriculaire et les espaces sous-arachnoïdiens.


L’effet de masse de l’HIC dépend de la taille, de la topographie et de l’étiologie de cet hématome. Cet effet de masse peut induire un engagement sous la faux du cerveau, temporal, tentoriel ou dans le trou occipital. Il peut également être à l’origine d’une hydrocéphalie avec hypertension intracrânienne.


L’évolution de l’hématome est marquée par sa résorption de la périphérie vers le centre sous forme d’une hypodensité qui progresse vers le centre, conduisant aux stades chroniques à des cavités porencéphaliques.


À partir de la 3e semaine, l’hématome est totalement hypodense, et seule l’IRM permet de confirmer la nature hémorragique de cette hypodensité.




Bilan étiologique d’un hématome intracérébral


Lorsqu’un HIC est localisé dans la région capsulothalamique, la région capsulaire externe ou la région lenticulaire externe chez un patient hypertendu, il s’agit d’un hématome lié à une complication de l’hypertension artérielle, et le bilan peut se limiter au scanner. Les hématomes compliquant l’hypertension artérielle ont rarement une topographie lobaire ou vertébrobasilaire.


Une localisation peu commune, notamment chez un sujet jeune, non hypertendu, oriente vers une rupture d’un anévrisme intracrânien.


Les hématomes du tronc cérébral chez l’adulte jeune sont souvent dus à un angiome caverneux.


Les angiomes veineux (anomalies veineuses de développement) et les télangiectasies capillaires ne donnent presque jamais d’hématome intracrânien. Ainsi, la survenue d’un HIC chez un patient ayant une anomalie veineuse de développement doit faire rechercher un angiome caverneux associé, responsable du saignement (car l’association d’une anomalie veineuse de développement et d’un cavernome n’est pas rare, et c’est le cavernome qui est responsable du saignement).


Un hématome de topographie inhabituelle chez le sujet jeune doit faire rechercher une malformation artérioveineuse (MAV), un angiome caverneux, une thrombophlébite cérébrale ou une tumeur cérébrale.


L’angiopathie amyloïde (dépôts de substance amyloïde) peut être responsable d’hématome lobaire récidivant chez le sujet âgé du fait de la fragilisation de la paroi artérielle (fig. 7.12).


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Apr 24, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on 7: Imagerie du système nerveux

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